Entretien avec Lynda Aphing-kouassi Directrice Générale du Cabinet International KAIZENE

Lynda Aphing-kouassiMère d’une petite fille de 11 ans, d’origine ivoirienne, Lynda Aphing-kouassi est la  Directrice Générale du Cabinet International KAIZENE, un des cabinet de formation de renom en Afrique basé à Londres Pall Mall Piccadilly et à Abidjan Zone 4.

Diplômée de l’université de Hull, elle a commencé à travailler dans le domaine bancaire à Santander, la Société Générale, Vaultex (une filiale du groupe HSBC) en tant que responsable d’équipe, directrice des investissements puis banquière d’affaires à Londres, membre du Conseil d’Administration de l’Organisation for Talents Within (organisation non gouvernementale à Atlanta) et membre de l’Institut des Directeurs de Londres (I.O.D). Elle milite en faveur d’une Afrique innovante, capable de prendre son destin en main à travers l’entrepreneuriat et l’autonomisation des femmes. Lynda est résolument engagée à apporter sa pierre à l’édifice pour le développement de l’Afrique.

 

ADI : Pouvez-vous nous en dire plus sur les origines du cabinet KAIZENE ?

 Tout d’abord sachez que le Cabinet KAIZENE vient du mot « Kaizen » d’origine japonaise qui une très ancienne pratique de formation qui signifie détermination, le changement pour le meilleur ainsi que la continuité dans le développement et le perfectionnement.

La pratique « Kaizen » est reconnue mondialement comme une méthode compétitive aboutissant au succès, mais est également le pilier de la stratégie d’avancement que toute organisation devrait pratiquer selon nous, car elle assimile à la fois le développement personnel et celui de l’entreprise.

Ainsi créé depuis 2015, KAIZENE, Cabinet international basé à Londres et à Abidjan, est spécialisé dans le renforcement des capacités des entreprises publiques et privées, Formations Professionnelles, compétences techniques et non techniques, Coaching, Responsabilité sociétale et Conférence annuelle sur les infrastructures et BTP à savoir :

1.DÉCEMBRE 2015 : OIL MINING AND GAS – LONDRES

2.AVRIL 2016 : SECTEUR PÉTROLIER DÉFIS ET OPPORTUNITÉS – ABIDJAN

3.OCTOBRE 2016 : ELECTRIFICATION DE L’AFRIQUE – CAPE TOWN

4.DÉCEMBRE 2017 : BTP ET INFRASTRUCTURES – DAKAR

5.DÉCEMBRE 2018 : BTP ET INFRASTRUCTURES – KIGALI

La 6ème édition est prévue en Ethiopie en Octobre 2019

 

ADI : Vous avez décidé de créer votre propre entreprise. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Apres identification de certains problèmes axés sur le capital humain j’ai eu La volonté de contribuer au développement de nos sociétés et en particulier de fournir des services à valeur ajoutée permettant de renforcer nos capacités et de renforcer l’importance du capital humain dans les entreprises et de promouvoir les talents pour le développement de notre société.

Mon objectif est également de travailler avec les entreprises pour développer leurs missions de RSE afin de créer des actions durables pour nos pays et de contribuer à l’autonomisation de la femme.

Mais surtout parce que j’avais un rêve de grande envergure auquel je croyais vraiment qui répondait a un problème de notre société et pour lequel je travaille avec acharnement et détermination.

 

 ADI : Faites-vous face à beaucoup de concurrence ? Quelle stratégie avez-vous adopté afin de relever ce défi ?

Le marché de nos jours est de plus en plus concurrentiel, nos collaborateurs représentent alors notre atout principal.

Nous mettons l’accent sur les formations ludiques qui sont à caractère personnel, nous offrons également des formations sur mesure, un coaching en développement personnel et par-dessus tout, nous n’oublions pas nous-mêmes de nous former et de nous documenter constamment pour être les meilleures versions de nous-mêmes afin de pouvoir aider les autres à travers nos formules afin d’être les meilleures versions d’eux-mêmes. Nous travaillons aussi sur des programmes axés pour les femmes et leur développement.
 ADI : Comment avez-vous financé votre début de la phase création d’entreprise ? 

J’avais quelques économies, pas un montant énorme mais je me suis néanmoins engagée et j’ai même offert des formations gratuites afin de me faire connaitre.

J’ai surtout eu la Fondatrice de l’école Grain de soleil qui a eu confiance en nous et a accepté de nous donner une chance ce qui nous a permis d’avoir un fond de roulement pour continuer et ainsi démarra notre belle expérience.

 

ADI : Qu’en est-il du marché de la formation et du coaching en Afrique ? 

L’optimisation de nos ressources humaines nécessite d’une part la convergence entre les objectifs personnels de vos employés (liberté d’expression-image- recherche de reconnaissance mesurée), et d’autre part le développement de la culture et la vision de l’entreprise. C’est ainsi que la formation prend tout son sens. De nombreuses études démontrent l’efficacité de la formation dans la croissance de l’entreprise et dans le processus de développement d’un État. Les résultats de la formation sont concrets et mesurables tant dans la productivité que dans la montée en puissance économique du pays.

Grâce à ses effets de levier sur la croissance et l’emploi, la formation professionnelle est primordiale pour les pays développés et nos pays en développement, en zones rurales et urbaines. Elle permet d’accompagner la croissance et la compétitivité des entreprises d’une part, et prévenir l’exclusion des jeunes du marché du travail d’autre part, car vecteur d’une croissance inclusive et durable.

Le coaching est très important car, sert à réécrire notre histoire, nous permet d’impacter positivement, de créer l’inspiration en l’autre et de devenir un leader ; étant ainsi une solution pertinente et efficace qui permet d’explorer les solutions possibles pour résoudre la situation actuelle d’une personne et l’aider à définir ses actions à mettre en œuvre pour atteindre ses solutions désirées. Concernant le coaching axé sur le genre précisément des femmes, le travail s’accentue davantage sur leur développement personnel, leur personnalité, l’intelligence émotionnelle et sur leur estime de soi afin de prendre leur place dans les postes directionnels et aussi de mieux s’affirmer dans la société.

 

ADI : Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez dû faire face et qui vous suivent aujourd’hui ?

L’intégration :

Il faut apprendre à mieux connaitre son environnement et l’intégrer sans complexes. La meilleure manière de l’intégrer est d’être humble et demander de l’aide quand le besoin se présente. Rester soi-même mais faire preuve de sérieux quand il s’agit du travail. Comprendre sa motivation première.

Le genre :

Le fait d’être une femme dans le passé ne facilitait pas le sérieux durant les échanges et parfois ses échanges déviaient vers le rapport social. Il a fallu une rigueur et une fermeté pour obtenir les contrats par mérite me voyant parfois obligée de refuser certains si je sentais que l’intérêt était autre que le travail. L’absence de parité également à des postes de responsabilité il est important de regarder la femme dans le milieu du travail comme son égal et surtout lui donner la crédibilité qu’elle mérite dans ses taches.

L’estime de soi :

La connaissance de moi et la confiance en moi la détermination et la motivation m’ont beaucoup aidé à surmonter ses principales difficultés parmi d’autres car ils m’ont permis d’apprendre à avoir confiance en moi, à croire en moi et à apprécier les échecs et m’en souvenir comme des expériences positives me permettant de ne rien regretter. Par-dessus tout le support de ma famille, ma fille et mon réseau féminin m’ont permis d’aller au-delà de ses difficultés et de les surmonter avec force et ténacité. Eviter de compromettre sa moralité et ses principes.

La réputation :

Nous commettons tous des erreurs et ne pouvons pas faire l’unanimité le plus important est de continuer à travailler et croire au processus. Chaque erreur est une leçon il faut savoir se relever après ses erreurs et quelque soit la durée se relever et faire preuve de force et de détermination pour ne pas laisser la place au découragement quand les critiques ne sont pas positives. Réparer du mieux que possible ses fautes et continuer l’aventure la détermination le travail bien fait et le temps nous feront toujours surmonter le négatif et répareront toujours notre réputation. Par-dessus tout faire de son mieux pour préserver sa réputation mais continuer à prendre des risques pour se développer et de diriger selon ses principes et ses valeurs. Ne jamais laisser l’opinion négative des personnes définir qui nous sommes.

Cependant, aujourd’hui j’ai pu surmonter toutes ces difficultés et je peux affirmer qu’elles n’existent plus.

 

ADI : C’est quoi pour vous la responsabilité sociétale et quel est son importance pour les entreprises ? 

 La Responsabilité sociétale pour moi c’est le développement humain et le respect de notre Environnement.

C’est l’élément prioritaire dans le développement des entreprises. Ainsi, dans toutes les actions que nous menons (nos prestations, projets et activités, etc.), nous nous assurons de leur valeur ajoutée. Il en est de même pour chacun de nos employés avec lesquels nous formons une « Unité de développement ».

Toute entreprise et tout Etat pour se développer et être productif doit se doter d’une politique de gouvernance adéquate et adopter des règles de conformité et d’éthiques qui permettent de répondre aux préoccupations sociales et environnementales de droits de l’homme et des clients et la RSE favorise le respect des droits de l’homme et contribue au développement durable et bien-être de nos sociétés en prenant en compte les attentes de toutes les parties prenantes. Une politique de RSE est nécessaire pour tous et son importance est à un très haut niveau.

ADI : Quelle est la stratégie globale de votre entreprise pour l’atteinte des ODD ? 

 A Kaizene nous insistons plus sur :

  1. L’Accès à une éducation de qualité : à travers nos formations qualifiantes, spécialisées et adaptées aux besoins des professionnels et aux jeunes que nous encourageons dans leurs initiatives d’entrepreneuriat après identification de leur aptitudes à être entrepreneurs car nous ne sommes pas tous appelés à être entrepreneurs.
  2. L’Égalité du genre : par notre engagement pour l’entrepreneuriat féminin autonomisation de la femme, la parité dans les conseils d’administration, la formation des femmes et des jeunes sur le leadership féminin, la confiance en soi et l’estime de soi, la prise de parole et la communication parmi tant d’autres.
  3. L’Innovation et les infrastructures : chaque année nous organisons des conférences ayant pour but de répondre aux défis infrastructurels de notre continent. Ces conférences visent à accroitre les investissements en faveur de l’innovation, l’énergie, des logements et des transports afin de travailler à la réduction de la pauvreté et de palier aux soucis de nos populations.
  4. Les Partenariats pour les objectifs mondiaux : l’un des objectifs de nos conférences annuelles est de favoriser la création de partenariat entre le secteur public et privé et des synergies autour des enjeux infrastructurels pour le développement du continent, des enjeux de la formation avec pour objectifs de pouvoir outiller nos populations afin de favoriser un partenariat gagnant- gagnant.

ADI : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et aux jeunes diplômés qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

  • Aux femmes tout d’abord, elles doivent être conscientes que leur féminité n’est pas une faiblesse, mais une opportunité à saisir afin d’exceller dans tout milieu.
  • Rester soi-même et ne pas accepter ce qui n’est pas acceptable. Avoir une estime de soi et se documenter constamment, faire des recherches car la connaissance est notre pilier comme nous le traduit la bible. Etre Humble et ne pas laisser la société dicter qui nous devons êtres.
  • Ensuite, définir ce que représente pour chacun la réussite professionnelle (réussite financière, de réussite sociale, d’accomplissement de soi, de bonheur au travail, de conciliation travail-famille, inspirer les autres…). Cette étape est essentielle afin d’établir un plan d’action et de développement pour y arriver. Pour exceller dans quoi que ce soit, il est essentiel de miser sur ses talents.
  • Il est donc essentiel de connaitre ses forces naturelles et ses limites (sans oublier son objectif !) afin de pouvoir les utiliser, optimiser le développement de leur carrière, atteindre leurs objectifs, en misant sur les accélérateurs et la formation appropriée cela pour maîtriser notre intelligence émotionnelle et ne pas hésiter à en apporter de l’empathie et notre maîtrise du risque afin de contribuer au développement du changement.
  • L’entrepreneuriat n’est pas un moyen de devenir milliardaire à la première tentative c’est vraiment une expérience difficile, qui nécessite un travail avec acharnement et l’identification d’une solution a un problème de la société et une confiance en Dieu, en soi et en son idée. Mais une expérience magnifique.
  • Se doter d’un état d’esprit de gagnant et assumer ses échecs et accepter les critiques et rester patients.
  • Un autre point à prendre en considération est de développer son réseau de contacts car le succès, c’est aussi les relations. Pour booster votre carrière, il faut savoir s’entourer des bons contacts et réseaux d’influence auprès desquels l’on peut s’instruire, apprendre mutuellement et se développer tous ensemble. Il faut trouver son mentor cette personne assez connecte qui pourrai en tout temps et en toute chose se porter garant pour vous et garant de vos références.

Tels sont pour Lynda Aphing-kouassi d’excellents moyens de favoriser le développement de nos entrepreneurs.

 

Pour plus d’info : 

https://kaizene.org/en/home/  

 

Interview de Moufida Mohamed, Co-Fondatrice de COCOMOON Beauty

Moufida est là co-fondatrice de CocoMoon Beauty, première marque bio-cosmétique aux Comores à valoriser le Coco dans une gamme de soin 100% naturelle inspirée des secrets de beautés traditionnelles. Entre tradition et modernité, cette marque a su redonnée toutes ces lettres de noblesse à ce produit emblématique dans un packaging frais et authentique. Celle-ci fait non seulement le bonheur des Nappies mais également des touristes en quête de produits représentatifs du pays, CocoMoon Beauty a su s’imposée dans le marché local et la région grâce à un concept simple, innovant et durable tout en valorisant la beauté noire au naturel.

Sélectionnée par la prestigieuse fondation africaine Tony ELUMELU en 2017, elle s’est par la suite imposée à La Réunion en raflant 2 prix lors de la rencontre internationale du développement durable organisée par le Club Export : celui du meilleur porteur de projet au concours ambition jeune Océan indien et celui du meilleur pitch élévator décerner par le public.

Son engagement pour la promotion et la valorisation des Comores lui a valu d’être parmi les 10 personnalités de l’année 2018 qui ont marqué le paysage comorien. Autant de distinctions qui prédisent un avenir florissant pour cette jeune femme dynamique et passionnée originaire des « Iles de la Lune » qui a tenté l’aventure de l’entrepreneuriat il y a 2 ans.

ADI : Est-ce que vous pouvez nous dire qui est donc Moufida Mohamed?

Je m’appelle Moufida. J’ai 35 ans. Je suis mariée et maman de 3 garçons. J’ai vécu une grande partie de ma jeunesse en France où j’ai passé un diplôme d’Etat en soins infirmiers orienté en santé mentale. Je me suis installée aux Comores, il y a bientôt 10 ans lorsque j’ai rencontré mon mari qui est chef d’entreprise d’une agence de communication. Arrivée là-bas après une période d’inactivité, j’ai intégré une des entreprises familiales où j’ai pu développer des compétences en gestion d’entreprise et management. Hyper active de nature, je me suis immédiatement investi dans des associations et institutions œuvrant pour développement socio-économique du pays tel qu’EFOICOM ou la Synergie Jeunes. J’ai participé avec des jeunes et des femmes à la création d’activités génératrices de revenu, dans la formation professionnelle et le leadership. Bien que j’ai moins de temps aujourd’hui je continue à le faire notamment à travers des initiatives telles que la 1re Édition de « 24 H pour entreprendre Comores » organisé par OIA group dans lequel j’ai participé en tant que coach. Je suis quelqu’un qui aime les rencontres enrichissantes et voir autant de jeune avec un si grand potentiel m’a réconforté. Je réalise que les Comores aussi se réveille et se révèle à l’image du continent africain.

ADI : Pouvez-vous nous parler de votre concept et comment est née votre entreprise ?

Je voulais avant tout créer un projet qui me ressemble, ou je pouvais allier ma passion et ma créativité dans quelque chose qui aurait du sens.

Avec CocoMoon nous proposons des soins de beautés naturelles pour les femmes noires et Afro, à la fois respectueux du corps, car nos produits sont sans agents chimiques ni parfum de synthèse et qui préserve l’environnement, car nous valorisons également les déchets issus de la production en faisant du combustible pour la coque ou même de la provende avec le tourteau, nous sensibilisons également sur la nécessité de s’assumer tel que nous sommes et ne pas se laisser enfermer dans des codes imposés poussant certaines à se mettre en danger en se dépigmentant ou en faisant l’usage excessif de produits nocif tel que le défrisage. Notre slogan est « Osez le Nature » et « Révélez votre Beauté ».
Dans la diversité que propose le terroir comorien, j’ai été particulièrement inspirée par le coco, arbre de vie par excellence, du fait de sa multiple opportunité de création et d’innovation qu’il offre pour répondre de façon durable au défi d’aujourd’hui et de demain. En cosmétique, c’est un produit exceptionnel car peut être décliner en gammes de soins capillaires et corporels selon les inspirations de chacun.

J’étais aussi cet enthousiasme par le potentiel évolutif et durable du projet car il faut savoir que tout s’utilise dans le coco du déchet a la coque, des feuilles au tronc etc. Et cela cadre bien avec mon mode fonctionnement actuel, car j’ai eu une réelle prise de conscience sur le mode de consommation que nous avions. Je suis très attentive aux produits que je consomme qui sont le plus possible locaux et bio que ce soit pour l’alimentation ou les soins de beauté en tant que grande adepte de la cosméfood et de low-cosmetique.
Le choix a été également motive bien sûr pour sa valeur culturelle car l’huile de coco fait partie des secrets de beauté ancestrale de la femme comorienne qui malheureusement été délaissé au profit de produits beaucoup plus nocifs mais qui jouissent de la réputation du « Made in Ailleurs ».

Je voulais montrer au Comorien qu’on pouvait utiliser des produits fabriqués au Comores dans des standards de qualités égaux aux produits exportés tout en participant à l’économie du pays.
Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse de voir qu’il y a une prise de conscience et une participation active dans ce sens en termes de consommation locale.

ADI: comment un projet aussi innovant qu’ambitieux a-t-il été accueilli par la communauté comorienne ?

Je pense clairement qu’il y a un avant et après CocoMoon, car nous avons su redonner toute sa valeur à ce produit simple et multi-fonctionnel qui jusqu’ici était associe aux personnes démodées, âgées.

Personnellement, j’ai réalisé son efficacité grâce à internet quand j’ai arrêté le defrisage. Je chercherai le moyen de « dompter » ma crinière et j’ai vu à travers le mouvement Naturalista que l’huile de coco avait beaucoup de succès, car très efficace et adapte aux cheveux afro. Du coup, je me suis réconcilié avec cette huile si précieuse qui jusque-là ne faisait pas partie de mes produits favoris, car comme beaucoup d’autres, j’avais cette image péjorative du coco. Cette (re)découverte m’a donné envie d’aller plus loin.

Au début, je fabriquais mes produits pour le fun et par souci économique et j’ai commencé à le faire partager autour de moi et ça a plu. J’ai eu envie de partager ma passion à plus grande échelle et le projet a été tout de suite bien accueilli par le public. Je pense qu’au-delà de la qualité du produit ce qui a plu, c’est l’image positive et moderne que nous avons su véhiculer à travers la marque.

Beaucoup de jeunes femmes se sont reconnues dedans et surtout cela a permis de valoriser l’image de la femme comorienne au-delà des frontières, car nous avons eu la possibilité à d’exposés nos produits lors de salon à l’étranger. Pour moi ça été un grand soulagement de voir que les gens ont compris la démarche et ne sont pas restes bloquer sur les représentations négatives du coco. Et c’est un hommage au savoir-faire de nos « Koko » (aînée / grand-mère) qui avait compris les vertus de la nature.

ADI : après un accueil chaleureux de la communauté et une reconnaissance qui dépasse les frontières de l’archipel grâce à vos distinctions quelles sont vos perspectives pour CocoMoon ?

Nous envisageons de passer à la vitesse supérieure afin de répondre à la demande croissante. Pour cela, nous devons mécaniser notre production, car actuellement, tout est réalisé de façon artisanale.  En exportant la marque CocoMoon profitant ainsi de l’opportunité inouïe que nous offre l’ère du digitale.
Nous travaillons sur les déclinaisons de la gamme qui pour l’instant a été très bien accueillie par nos clientes dans l’archipel et de la diaspora, car très efficace pour les cheveux afro qui ont besoin d’une attention particulière.

Mais le plus gros du travail reste dans la sensibilisation des communes sur le reboisement des cocoteraies qui vieillissent. Notre mission est de sécuriser notre production tout en faisant en sorte qu’elle s’approprie ce patrimoine agricole afin qu’il soit un atout économique au regard des multiples secteurs concernés. (alimentation, artisanat, textile, énergie, etc.)

ADI : c’est un projet très ambitieux, comment faites-vous pour assurer la réalisation de vos projets et votre vie personnelle ?

Je pense que cela repose en trois mots : Organisation, Priorisation et Collaboration ! Et c’est autant valable dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle.

Je ne travaille pas seule dans ce projet. J’ai une associée qui est ma cousine et sœur de cœur. Et j’ai la chance d’être entouré d’entrepreneurs dans ma famille donc ils comprennent ma démarche et m’accompagnent grâce à leurs conseils et leur soutien dans le processus de réalisation de ce projet. D’ailleurs, je ne le considère pas vraiment comme un travail ou une activité dans le sens traditionnel, c’est devenu un mode de vie dans lequel je m’épanouis dans ce que j’aime faire et aime partager. Mes enfants aussi sont très impliqués et inspirés. Ils aiment beaucoup observer le processus de fabrication, il leur arrive même de cueillir et collecter des plantes ou des graines pour que j’en fasse des « ingrédients ».

ADI : quel conseil donneriez-vous à ceux et celles qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Qu’il faut oser se lancer. Suivre son intuition, sortir des sentiers battus et de sa zone de confort car c’est de la que naissent les plus beaux projets et les plus belles innovations. Choisir un projet en adéquation avec leur passion leur compétence. Faire les choses avec enthousiasme et conviction. Je leur dirais également de toujours se former, s’informer et être à l’écoute des besoins des autres pour mieux les servir, car c’est comme ça qu’on arrive à donner de la valeur à ce que l’on fait. En tout, je pense que c’est la clé de la réussite.

Pour plus d’info :

Emil : moufida.mohamed@cocomoon-beauty.com

https://web.facebook.com/Cocomoon-1884782145143362

Restructurer les stratégies de croissance pour l’atteinte des ODD en Afrique

Les pays africains ont enregistré un taux de croissance relativement rapide depuis le début du nouveau millénaire, ce qui s’est à son tour traduit par des améliorations dans plusieurs domaines tels que le commerce, les rentrées de recettes fiscales, le développement de l’infrastructure et la fourniture de services sociaux et vice-versa. En effet, au cours de la période 2001-2007, l’Afrique a été l’une des régions de l’économie mondiale qui a connu la croissance la plus dynamique, et il est intéressant de noter que cette amélioration de la courbe de croissance a été largement répartie entre les pays, pour connaitre après un déclin considérable de 6.1% en 2007 à 2.2% en 2016 (taux de croissance réelle du PIB). Malgré les progrès accomplis par la région durant la dernière décennie, le profil actuel de la croissance n’est ni inclusif ni durable.

Les pays africains sont fortement tributaires des ressources naturelles qui sont les moteurs de la croissance économique. Pourtant, la plupart de ces ressources − combustibles fossiles, minéraux métalliques et non métalliques (90 % des ressources naturelles de Platinum, 50% des ressources d’or, 50 % des ressources de diamant et 33 % des ressources d’uranium) − sont des ressources non renouvelables et sont en train de s’épuiser très rapidement, ce qui a des conséquences négatives pour la croissance future et la durabilité. La dépendance à l’égard d’une croissance basée sur les ressources est également un sujet de préoccupation pour les responsables africains parce que les prix des produits de base sont extrêmement volatils et soumis aux caprices de la demande mondiale. Cette instabilité des prix a des conséquences négatives pour l’investissement et rend plus difficile la planification macroéconomique.

La production et la productivité agricoles par habitant sont encore faibles dans la région par rapport à la moyenne mondiale, ce qui a de graves conséquences pour la sécurité alimentaire et la stabilité sociale. La Banque africaine de développement estime qu’en Afrique la production vivrière par habitant représente environ 56 % de la moyenne mondiale. De plus, on estime qu’environ 30 % de la population totale de l’Afrique subsaharienne était sous-alimentée en 2010 (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Programme alimentaire mondial (PAM), 2010). Quelques signes positifs d’une augmentation de la productivité agricole sont apparus au cours de la dernière décennie (Block, 2010). Dans le passé, cependant, la croissance de la production agricole provenait en grande partie d’une expansion de la superficie cultivée plutôt que d’un accroissement de la productivité. Avec la densification croissante de la population rurale, la taille des exploitations agricoles a diminué et de plus en plus de ruraux ont été repoussés vers des terres plus fragiles. L’intensification durable de la production agricole est nécessaire pour doper la productivité et la production agricoles et renforcer la sécurité alimentaire dans la région.

Une autre caractéristique de l’actuel profil de croissance de l’Afrique, c’est que la croissance a eu pour corollaire la désindustrialisation, ce qui ressort du fait que la part de l’industrie manufacturière dans le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique est tombée de 15 % en 1990 à 10 % en 2008. Le recul le plus prononcé a été observé en Afrique de l’Ouest, où la part du secteur manufacturier a chuté de 13 à 5 % durant la même période. Néanmoins, il y a eu aussi une désindustrialisation considérable dans les autres sous-régions de l’Afrique. Par exemple, en Afrique de l’Est, la part du secteur manufacturier dans le produit intérieur brut est passée de 13 % en 1990 à quelque 10 % en 2008 et en Afrique centrale de 11 à 6 % au cours de la même période. De surcroît, en Afrique du Nord, la part du secteur manufacturier a légèrement baissé passant d’envions 13 % à 11 % et en Afrique australe de 23 à 18 %. Le recul de la part du secteur manufacturier dans la production africaine est un sujet de préoccupation, car le secteur manufacturier a été historiquement le principal moteur d’une croissance économique robuste, rapide et soutenue (CNUCED et Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), 2011).

De plus, l’Afrique a connu une croissance urbaine rapide. La part de la population urbaine dans la population totale est aujourd’hui d’environ 40 % et devrait atteindre, d’après les projections, 60 % environ d’ici à 2050. Historiquement, une industrialisation et une transformation agricole impulsée par l’industrie ont été d’importants facteurs d’urbanisation en rendant possible l’absorption de la main-d’œuvre migrant des secteurs ruraux vers les secteurs urbains et modernes de l’économie. Cependant, l’urbanisation de l’Afrique n’a trouvé son impulsion ni dans l’industrialisation ni dans la révolution agricole. Jedwab (2012) montre que la croissance urbaine spectaculaire observée en Afrique durant les dernières décennies n’a pas tiré son dynamisme d’une révolution industrielle ou agricole mais, au contraire, des exportations de ressources naturelles. Il soutient qu’étant donné qu’en Afrique la rente tirée des ressources naturelles est essentiellement dépensée sous forme de biens et services urbains, ceux-ci rendent les villes relativement plus attirantes et incitent la main-d’œuvre à quitter les zones rurales.

L’actuel profil de la croissance économique de l’Afrique est particulièrement préoccupant, vu que la région a une population jeune et de plus en plus nombreuse et comptera d’ici à 2050, d’après la division de la population de l’ONU, près de 29 % de la population mondiale âgée de 15 à 24 ans. De surcroît, les projections indiquent que la population africaine en âge de travailler s’accroît de 15,3 millions de personnes par an, et que ce nombre devrait encore augmenter au cours des décennies à venir. Si le fait d’avoir une population jeune et de plus en plus nombreuse génère des opportunités en alimentant une offre de main-d’œuvre abondante à fort potentiel créatif, cela signifie aussi que les pays africains devront s’engager sur des sentiers de croissance qui génèrent des emplois sur une grande échelle afin d’absorber la main-d’œuvre supplémentaire. En particulier, ils devront abandonner les stratégies de croissance sans emplois et opter pour des modes de croissance inclusive à forte intensité de main-d’œuvre et générant des possibilités d’apprentissage pour les jeunes. Les récents événements d’Afrique du Nord ont montré qu’un sentier de développement qui génère de la croissance sans amélioration significative de l’emploi risque de provoquer des troubles sociaux et politiques, avec de sévères conséquences pour les efforts en faveur d’un développement durable. Les faits récents montrent que l’Afrique est passée par un processus de changement structurel au cours des trente dernières années, mais que ce processus n’a pas été une transformation structurelle de nature à renforcer la productivité. En effet, parallèlement à ce processus, l’économie axée sur les produits de base a pris une importance croissante, de même que les activités économiques informelles à faible productivité dans le secteur des services. Un changement structurel de ce type a en fait ralenti le processus de croissance économique au lieu de le dynamiser, étant donné qu’il ne s’est pas accompagné d’une réorientation vers des secteurs à forte productivité au détriment de secteurs peu productifs (McMillan et Rodrik, 2011). Si les pays africains veulent réaliser une croissance économique vigoureuse et soutenue, ils doivent donc passer par le processus de transformation structurelle impliquant un accroissement de la part des activités manufacturières et des services modernes à forte productivité dans le produit intérieur, allant de pair avec une augmentation de la productivité et de la production agricole. Ces dernières années, les responsables africains ont relevé le défi de la croissance axée sur les ressources en renouvelant leur engagement politique en faveur de la transformation structurelle et en adoptant, aux niveaux national et régional, plusieurs initiatives visant à diversifier la structure de leur production et de leurs exportations (CNUCED et ONUDI, 2011).

Dans le un contexte de la transformation structurelle, le découplage entre l’utilisation des ressources naturelles et les impacts environnementaux, d’une part, et la croissance économique, de l’autre, est d’une importance critique pour relever le défi de la durabilité environnementale en Afrique. Tel qu’il est défini par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le découplage consiste à utiliser moins de ressources par unité de produit économique (en d’autres termes, à accroître la productivité des ressources ou l’efficience des ressources) et à réduire l’impact environnemental de toute ressource utilisée ou de toute activité économique entreprise. Le découplage peut être soit absolu c’est-à-dire nécessiter une diminution de la quantité absolue de ressources utilisées, indépendamment de la production générée – ou relatif, ce qui implique que de plus en plus de ressources peuvent être utilisées, mais à un taux inférieur au taux de croissance de la production.

Si le découplage absolu peut être nécessaire au niveau mondial pour répondre à des défs environnementales mondiaux (tels que le changement climatique), la préoccupation première des responsables africains devrait être pour le découplage relatif parce que la région a des taux d’utilisation des ressources par habitant très faibles par rapport à la moyenne mondiale, et aussi parce que la région n’est pas l’un des principaux pollueurs. En outre, l’Afrique a actuellement un très faible revenu par habitant, elle n’est pas passée par un processus normal de transformation structurelle et elle aurait besoin d’une plus forte croissance économique à court et à moyen terme pour pouvoir réaliser des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté. La région a donc besoin d’une plus large marge de manœuvre pour promouvoir la transformation structurelle et relever les défs présents et futurs du développement. De plus, la transformation structurelle ne devrait pas être considérée comme une fin en soi mais plutôt comme un élément d’une stratégie plus expansive de transformation structurelle. En Afrique, il y a eu un certain nombre d’initiatives visant à promouvoir le découplage en même temps que la transformation structurelle. Parmi ces initiatives, le Cadre décennal africain de programmes pour une consommation et une production durables (PNUE, 2005) occupe une place importante. Ce cadre s’inscrit dans le Processus de Marrakech, effort global visant à soutenir la mise en place d’un cadre décennal de programmes sur la consommation et la production durables, comme il est demandé dans le Plan de mise en œuvre du Sommet de Johannesburg sur le développement durable. La sixième Table ronde africaine sur la consommation et la production durables s’est tenue en 2010 au Caire, et son principal objectif était d’œuvrer à la transformation structurelle et au développement vert en Afrique grâce à la mise en œuvre intégrée de pratiques industrielles plus propres et plus efficientes et à la promotion de styles de vie durables (ARSCP, 2010). Ses participants sont convenus de mettre en œuvre plusieurs initiatives qui ont trait à la consommation et à la production durables et qui peuvent favoriser le découplage des ressources et de l’impact. Dans le cadre du Processus de Marrakech, et avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et du PNUE, des centres nationaux pour une production propre ont été créés en Afrique du Sud, en Égypte, en Éthiopie, au Kenya, au Maroc, au Mozambique, en Ouganda, au Rwanda (en cours de création), en République Unie de Tanzanie, en Tunisie, et au Zimbabwe. Parmi les objectifs de ces centres, il y a l’aide à apporter aux pays en développement de la région pour qu’ils améliorent l’utilisation efficiente de l’eau, de l’énergie et des matières premières, l’amélioration de la compétitivité des industries africaines et l’ouverture de nouvelles voies d’accès au marché mondial. De plus, ces centres stimulent la création de partenariats public-privé et encouragent l’élaboration et le transfert de technologies innovantes. Ils peuvent donner un puissant élan aux efforts de découplage.

L’Afrique a besoin de repenser ses stratégies de croissance et de trouver les moyens de les rendre plus compatibles avec l’objectif du développement durable. Le développement durable, tel qu’il est défini dans le rapport Brundtland, est un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre l’aptitude des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». Tel qu’il a été défini lors du Sommet mondial de 2005 pour le développement durable, le développement durable comprend trois piliers interdépendants qui se renforcent mutuellement : développement économique, équité sociale et durabilité environnementale. En particulier, il exige des responsables qu’ils tiennent compte des conséquences de leurs choix et de leurs décisions sur les générations futures et que le bien-être social soit maximisé dans une perspective intertemporelle plutôt que dans l’immédiat.

Ce n’est pas seulement l’Afrique, cependant, qui a besoin de réaliser un développement durable. On observe un mouvement universel général en faveur de la prise en compte des considérations environnementales dans le processus décisionnel sur les dimensions économiques et sociales. Il faut souligner que ces efforts internationaux devraient être gérés d’une manière qui ne réduise pas la marge de manœuvre dont les pays africains ont besoin pour promouvoir la transformation structurelle durable. Au demeurant, la communauté internationale a un rôle important à jouer en appuyant la transformation structurelle durable par des mesures dans les domaines clefs du commerce, des finances et du transfert de technologie.

La jeunesse africaine : principale acteur du développement durable ?

Adopté le 25 septembre 2015 par les chefs d’État et de Gouvernement réunis lors du Sommet spécial sur le développement durable, l’Agenda 2030 fixe 17 objectifs de développement durable (ODD) déclinés en 169 cibles pour répondre aux défis de la mondialisation en se fondant sur les 3 composantes – environnement, social et économie – du développement durable.Une grande question persiste : comment les mettre en place et quels seront les principaux acteurs de cet agenda 2030 ?

De nos jours, la population mondiale des moins de 30 ans dépasse les 4 milliards d’individus. Selon une étude menée par les Nations Unis, 89,7 % vivent dans les pays émergents et en voie de développement, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Par conséquent, il est essentiel et légitime de s’interroger sur la place grandissante de la jeunesse africaine dans le développement durable du continent.

L’entrepreneuriat : une arme redoutable de lutte contre le chômage des jeunes

Une formidable énergie d’entreprendre s’est emparée du continent africain. Du nord au sud, de l’ouest à l’est, on enregistre chaque jour la création de nombreuses startups. A l’origine de cette révolution, une jeunesse qui a décidé de se lancer dans l’auto-emploi, afin de résoudre le manque d’emploi auquel elle fait face.

Selon une étude du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) publiée en 2015, 60 % des jeunes africains interrogés, âgés de 18 à 34 ans, se disent « optimistes quant au potentiel économique de l’entrepreneuriat et croient avoir les compétences et le savoir requis pour créer une entreprise »

« Le jeune africain doit être conscient de son potentiel et être entreprenant afin de sortir de la précarité, et de résoudre le problème de l’emploi des jeunes qui demeure un défi dans nos pays. Nous devons nous libérer de ces idées, selon lesquelles, diplôme en main, il nous faut à tout prix travailler dans la fonction publique. Ou encore que pour entreprendre il faut avoir des diplômes. Ce ne sont que des idées fausses qui empêchent de nous prendre en charge », commente NJeelee Chinamal, une jeune entrepreneuse mauricienne, Directrice Générale pour l’Afrique de l’Ouest à ABAX Services, un prestataire international de services fiduciaires, de conseil et d’affaires. ABAX Services emploie 250 personnes dans 7 pays dont 5 africains (comme l’île Maurice ou la Côte d’Ivoire) et gère près de 24 milliards de dollars d’actifs pour leurs clients, comme par exemple Ecobank ou encore eMoney Solutions.

Comme NJeelee Chinamal, ils sont des millions de jeunes à travers le continent à proposer des emplois grâce à des startups qu’ils ont eux-mêmes créées. Certaines sont devenues des véritables succss stories, avec des dizaines de jeunes comme employés. C’est le cas par exemple de KENTIA HOLDING Sarl, un groupe malgache de sociétés de services aux entreprises. Son fondateur, Prospérin Tsialonin, est un jeune entrepreneur qui vient de lancer une campagne de création de 100 start-ups, pour faire de Madagascar le Silicon Valley africaine. On peut également citer SIHUWO La KOMOR, entreprise spécialisée dans la conception des outils de communications et publicitaires, formation en art plastique, sculpture et design, lancée par un jeune entrepreneur comorien. Celui-ci, Sultane Abdourahim Cheikh, explique : « L’entrepreneuriat des jeunes Comoriens connait d’énormes défis en termes de pérennisation dû au manque de soutien et d’encadrement, surtout financier. Beaucoup de ces jeunes entrepreneurs ou porteur de projets ont des moyens très limités par rapport à leurs ambitions. Mais le génie est là. Il faudrait juste une attention de l’État pour encourager la création de petites et moyennes entreprises pour réduire le taux de chômages des jeunes. »

Pour encourager les jeunes à se lancer dans cette voie, les investisseurs ne manquent pas d’idées. De nombreuses compétitions créatives sont financées par de multiples acteurs, telles que « le concours mondial d’innovation 2030 » mis en place pour inciter les jeunes à démontrer leurs capacités d’entrepreneurs, en proposant des solutions innovantes correspondant aux besoins des populations.

Les actions citoyennes : Prise de conscience et voix des jeunes

La jeunesse est-elle contrainte ou obligée de s’engager ? N’est-ce pas souvent elle qui dit :« Nous ne sommes pas des objets mais des sujets » ou encore « nous ne sommes pas des victimes mais de véritables acteurs » ? N’est-ce pas elle qui souhaite construire un monde meilleur et plus juste ? Cette jeunesse est donc dans l’obligation de s’engager. Sur quoi alors porte l’engagement des jeunes ? Pour certains, il porte sur la quête du bien-être social et pour d’autres, sur la lutte contre le sous-développement, bref, sur la capture du développement.

Le développement est une notion complexe, qui reste difficile à cerner, comme le montrent l’évolution des OMD vers les ODD et l’adoption de ces derniers en 2015. Face à ce nouvel agenda 2030, peut-on parler d’engagement communautaire des jeunes envers les ODD ? Les ODD paraissent effectivement offrir aux jeunes une opportunité pour jouer un rôle important dans leur diffusion et leur mise en œuvre et d’assurer la pleine participation des jeunes femmes et hommes. Les jeunes s’approprient ainsi ces thématiques pour garantir leur succès.

A titre d’exemple, il a été mis en évidence le rôle non seulement des entreprises, mais aussi des jeunes sur la mise en place d’une responsabilité sociétale et environnementale dans le secteur économique lors du Salon RSE & Initiatives pour le Développement Durable 2017, organisé par Ur-CSR Consulting en partenariat avec le Ministère de l’Industrie et du Développement du Secteur Privé de Madagascar, l’UNICEF et Friedrich Ebert Stiftung.

Cette reconnaissance est à souligner car les ODD, et surtout les déclarations qui les entourent, restent des théories qui ont besoin d’être concrétisées. Il convient désormais aux différents acteurs de la société civile, plus particulièrement la jeunesse, d’agir pour transformer ces engagements en des réalisations concrètes sur le terrain.

Par ailleurs, l’implication de la jeunesse dans les organisations non gouvernementales ainsi que dans les associations est de plus en plus perceptible. Le nombre de ces entités croit à un rythme exponentiel en Afrique, et son impact économique est loin d’être négligeable. Par exemple, en Afrique du Sud, où l’on dispose de statistiques relativement détaillées, les 98 920 ONG enregistrées en 1998 fournissaient un peu plus de 1 % du PIB et de 9 % de la main-d’œuvre non agricole du secteur formel de l’économie.

ODD 13 : Le mouvement des jeunes pour le changement climatique.

Les changements climatiques génèrent de nombreuses incertitudes au sujet de notre avenir. Une seule chose est certaine : nous laisserons cette planète à nos enfants, aux jeunes et aux futures générations. Les jeunes sont de plus en plus conscients des défis et des opportunités inhérents à la transition nécessaire vers une croissance à faible intensité en carbone, et bon nombre d’entre eux rejoignent le dialogue mondial sur les solutions possibles, s’impliquent et passent à l’action. Les efforts de ces jeunes, qui œuvrent dans le monde entier afin de bâtir leur avenir en luttant contre les changements climatiques, sont une inspiration pour nous tous. Le travail entrepris par et pour les jeunes est essentiel si l’on veut créer une véritable ambition politique, visant à parvenir à un nouvel accord universel sur les changements climatiques.

« Ce n’est qu’en autonomisant les jeunes dans les différents processus de prise de décision (…), que la protection du climat est possible. Nous nous réjouissons de fournir une plate-forme pour les jeunes dans la ville de la COP22 pour démontrer l’importance qu’ils ont dans l’action climatique et pour renforcer les réseaux de jeunes africains qui travaillent sur la durabilité et le développement bas carbone », a déclaré Fadoua Brour, membre de l’organisation de la jeunesse marocaine, chargée de la conférence de la jeunesse sur le changement climatique le 4 novembre 2016.

Une responsabilité dont les jeunes ont conscience : « La lutte contre les changements climatiques ne concerne pas les ours polaires. Elle nous concerne, toi et moi. Elle est une question de paix et de confiance. » (propos de jeunes assistant à l’atelier régional consacré à l’application de l’article 6 de la CCNUCC en Afrique, en 2010 en Gambie.)

Mesures d’accompagnement des jeunes dans la mise en place des ODD

Les parcours des jeunes sont très divers et hétérogènes, mais la situation de certains jeunes est particulièrement préoccupante. Selon le dernier rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), en 2013 le monde comptait 75 millions de jeunes au chômage. 38 millions de ces jeunes chômeurs vivent en Afrique. En tout, l’Afrique compte 200 millions d’habitants âgés de 18 à 24 ans, soit 40% de la population active. Le taux de chômage parmi cette population est le double de celui des adultes. Ces jeunes sans perspectives professionnelles constituent, aux yeux de l’OIT, une « génération perdue, menaçant la cohésion sociale ». En Afrique, plus de la moitié de ces jeunes sont des chômeurs volontaires. Ces jeunes, très présents sur les réseaux sociaux, et devant la télévision et les divertissements pour ceux qui y en ont accès, restent en attente de l’appui familial, surtout celui de la diaspora pour ses dépenses quotidiennes. Certains refusent de travailler par faute de conditions de travail qui sont insatisfaisantes (salaire précaire, pas d’assurance maladie, …) tandis que pour d’autres, l’idée même de travail n’est pas dans leurs esprits, étant donnée la précarité de leur vie et le manque d’éducation.

Il est donc nécessaire et primordial que tous les acteurs de la vie socio-économique prennent des mesures radicales dans l’insertion de ces jeunes à travers les objectifs de développement durable comme l’objectif 4 : Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.

Des politiques d’encadrement et de suivi des initiatives de ces jeunes doivent être mise en place par les Etats et les autres acteurs de la société civile à l’exemple de la Jeune Chambre Internationale(JCI). Celle-ci s’est donné pour mission, depuis maintenant plus d’un siècle, d’offrir des opportunités de développement aux jeunes, en leur donnant la capacité de créer des changements positifs au sein de leurs communautés et cela à travers 120 pays du monde avec à leurs actifs 200 000 jeunes citoyens actifs engagés.

Les citoyens actifs sont des personnes qui s’investissent dans l’avenir de notre monde, issus de tous les secteurs de la société : chefs d’entreprise, représentants gouvernementaux, docteurs, entrepreneurs, professeurs, fonctionnaires, travailleurs sociaux, étudiants… Ils développent les compétences, les connaissances et la compréhension nécessaires à la prise de décisions et à leur application. En tant que citoyens actifs, les membres JCI ne se focalisent pas que sur des œuvres de bienfaisance ou à servir la communauté. Par la citoyenneté active, la JCI va plus loin en encourageant les jeunes à prendre des responsabilités sur des problématiques locales, et à chercher des solutions sur mesure, durables qui profitent à nos communautés et au monde. Guidés par la passion pour mener le monde dans une nouvelle direction, les membres JCI ont le courage de relever des défis cruciaux de notre époque. Trouver des solutions pour relever ces défis ne peut seulement être possible qu’en impliquant tous les secteurs de la société, gouvernement, monde des affaires et société civile afin d’œuvrer pour de l’impact durable.

Ces programmes, pour être efficaces, doivent néanmoins tenir compte des coutumes et cultures de chaque pays, une notion que les institutions internationales ont tendance à négliger.

Des acteurs interdépendants les uns des autres

Les jeunes aujourd’hui doivent s’engager par eux même et remettre en cause le statut quo. Que cela soit par le biais de l’entreprenariat, de l’action communautaire, nous, les jeunes, devrons reconnaitre notre responsabilité envers le monde et œuvrer ensemble dans la sensibilisation et la mise des objectifs de développement durable.

Toutefois cette jeunesse seule ne pourra pas faire grand-chose. Il sera donc primordial que les secteurs privés et publics s’engagent également, pour les appuyer : ONG, gouvernements, entreprises et populations doivent laisser leurs divergences de côté et travailler ensemble pour construire un avenir meilleur pour les futures générations.

Omar Ibn Abdillah

Sources :

Rapport du GEM sur l’entreprenariat en Afrique : http://www.gemconsortium.org/report

Rapport de l’OIT sur le chômage en Afrique : http://www.ilo.org/addisababa/media-centre/pr/WCMS_514957/lang–fr/index.htm

ABAX Services :  http://www.abaxservices.com/fr/

KENTIA HOLDING Sarl: https://www.kentia-services.com/

Trésor public de Madagascar: http://www.tresorpublic.mg/?revue-de-presse=100-startups-co

Conférence du climat : http://www.cop22-morocco.com/fr/

Salon RSE & Initiatives pour le Développement Durable 2017 : https://www.salonrseiddmadagascar.com/

Concours mondial d’innovation 2030 : https://www.entreprises.gouv.fr/innovation-2030

Statistiques sur la jeunesse de l’ONU : http://www.unesco.org/new/fr/unesco/events/prizes-and-celebrations/celebrations/international-days/world-radio-day-2013/statistics-on-youth

Comment les femmes africaines peuvent-elles tirer parti de la révolution numérique ?

Davantage de transparence, davantage de renouvellement… le numérique est depuis plusieurs années l’allié des progrès de l’égalité entre les femmes et les hommes en entreprise. Toutefois, non seulement la route est encore longue, mais les disruptions technologiques à venir pourraient accroître la fracture d’une manière inattendue si les entreprises ne révolutionnent pas leur manière de garantir la parité, de gérer les compétences et de faire émerger les leaders de demain.

Dans Le cycle des affaires (1939) l’économiste Joseph Schumpeter (1) comparait son concept de « destruction créatrice » à un « ouragan perpétuel ». Les deux côtés d’une médaille : celui de l’innovation qui connaît, à notre époque, une accélération sans précédent, et celui de la tempête, qui balaie tous les secteurs traditionnels sur son passage.

Les terres nouvelles que nous offre aujourd’hui la révolution numérique sont une chance de rebattre les cartes et de permettre à de nouveaux talents, plus adaptés et plus divers, de prendre le leadership des entreprises.

Mais cet « ouragan » est aussi porteur de graves risques de ruptures, et de nouveaux obstacles dans la quête d’égalité, sur laquelle l’Afrique des Idées s’est penchée, à l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes.

  1. Un nouveau risque de fracture entre les femmes et les hommes

Selon l’étude mondiale The future of jobs (2), les secteurs qui sont (et seront) les plus impactés par la digitalisation, la robotique et l’intelligence artificielle sont aujourd’hui majoritairement occupés par des femmes (3). Et cela touche aussi davantage certains métiers dans la vente, les opérations financières, les fonctions supports et administratives, des fonctions qui sont de plus en plus automatisées et qui comptent parmi leur effectif… une majorité de femmes.

L’égalité femmes-hommes, en faveur de laquelle nos sociétés se sont pourtant investies, risque ainsi de subir un contrecoup, d’autant plus que les femmes restent aujourd’hui sous-représentées dans les secteurs qui, eux, prévoient une croissance de l’emploi, comme l’architecture, l’ingénierie, l’informatique et les mathématiques.

Qu’en est-il des technologies de l’information ? Un secteur évidemment stratégique dont la situation est symptomatique du problème. Dans le monde, les femmes ne représentent que 21% des actifs du secteur (4), un chiffre un peu plus élevé en France, avec 33%, selon le Syntec (5). D’autant plus que celles-ci sont concentrées sur des fonctions de ventes pour près de la moitié d’entre elles contre 27% dans la programmation informatique et l’ingénierie.

Si cette tendance se confirme, la quatrième révolution industrielle en cours pourrait engendrer la perte de trois millions d’emplois actuellement occupés par des femmes pour une création d’un demi-million d’emplois seulement… et accroître mécaniquement les inégalités.

  1. Une opportunité de rebattre les cartes

Face à l’accélération de l’innovation technologique, les entreprises ne peuvent plus prédire les compétences dont elles auront besoin à l’avenir.

Dès lors, la seule façon pour les entreprises de rester agiles est de recruter des personnes capables de s’adapter et d’acquérir rapidement et continuellement de nouvelles compétences.

C’est une opportunité pour tous, et en particulier pour les femmes, de changer la donne et d’accélérer des transformations qui ont trop tardé à venir. Pour les entreprises, nourrir la capacité d’apprendre et l’agilité des collaborateurs est indispensable si elles veulent tirer profit de ces transformations.

Et, sur le front de la capacité d’apprentissage, force est de constater que les femmes ont une longueur d’avance : les emplois qualifiés sont les plus demandés, et la tendance ne fait que s’accélérer. C’est un indicateur très encourageant pour l’avenir : dans deux tiers des pays du monde, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être diplômées (6).

En Afrique d’ailleurs des progrès ont été enregistrés en matière d’éducation  des femmes puisque le taux brut de scolarisation au primaire des filles dans cette région qui était de 44,43% en 1970,  atteignait 97% en 2013. Le dernier Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous (EPT), publié en 2015, indique ainsi que 17 pays d’Afrique subsaharienne sur 117 pays dans le monde ont atteint la parité au primaire. 

  1. Recommandations : l’une des clefs pour l’égalité est la capacité d’apprentissage

« Le futur du travail ne sera pas un monde d’hommes, mais un monde de compétences », expliquait Mara Swan, Vice-présidente exécutive de Global Strategy and Talent chez ManpowerGroup, lors du dernier Forum économique mondial, à Davos. Selon elle, pour surmonter ce risque de fractures, la clef est là : « Il faut comprendre que nous vivons une véritable révolution des compétences, sans doute inédite dans l’histoire, et que le monde de demain appartiendra à celles et ceux qui donnent la part belle à l’apprentissage tout au long de leur carrière. »

Il faut continuer à encourager les entreprises et les individus à investir massivement – et durablement – dans le développement des compétences et du capital humain qui sont, les principaux vecteurs de réduction des inégalités de toute nature. « C’est cette capacité  d’apprentissage qui est la clef pour trouver un nouvel équilibre sur le marché du travail. »

Dans cette grande « révolution des compétences » (7) que nous vivons tous et à l’heure où 65% des métiers qu’exerceront les membres de la Génération Z n’existent pas encore, il semble pertinent d’envisager que cette capacité d’apprentissage sera à terme la clef d’un véritable équilibre sur le marché du travail. 

Cette solution durable permettra de remettre les compétences et la résilience des collaborateurs quel que soit leur sexe au cœur des organisations. La compétence acquise avant l’entrée dans l’entreprise et consolidée tout au long de la carrière deviendrait alors le seul et unique critère de sélection et de performance.

A nous tous, à nos niveaux, de faire que cet « ouragan » qu’annonçait Schumpeter soit une chance pour l’égalité !

Omar Ibn Abdillah

Sources

  1. Le cycle des affaires, Joseph Schumpeter (1939)
  2. https://www.weforum.org/agenda/2017/01/future-of-jobs-women-female-automation/
  3. http://reports.weforum.org/future-of-jobs-2016/gaps-in-the-female-talent-pipeline/
  4. http://reports.weforum.org/future-of-jobs-2016/information-communication-technology/
  5. http://www.femmesdunumerique.com/actualites/secteur-numerique-ou-sont-les-femmes
  6. https://www.weforum.org/agenda/2017/01/future-of-jobs-women-female-automation/
  7. « Révolutionnons les compétences » Alain Romilhac
  8. La révolution des compétences

Le système financier malgache

Madagascar sort de cinq ans de crise politique. Dans ce contexte délicat, il est utile de faire le point sur la santé du système financier. Il croît à partir d'une petite base et des risques apparaissent mais restent contenus. Les réformes visant à soutenir le développement du secteur financier sont néanmoins essentielles dans la mesure où il ne peut actuellement soutenir la diversification et la croissance économiques du fait d'un accès restreint aux financements. Un système financier plus développé permettrait de renforcer l'effet des politiques publiques, tant budgétaires que monétaires, et de faire de l'accès au crédit un moteur de la croissance. Il est nécessaire de renforcer la surveillance, d’améliorer la mise en place de la réglementation et de définir un cadre de résolution des crises pour assurer la stabilité financière.

  1. Panorama

Evolution du taux de change

Ces dernières années, Madagascar a enregistré une volatilité considérable des  flux de la balance des paiements. Cette volatilité était imputable à des investissements de grande échelle dans des projets miniers  et à l’instabilité économique causée par la récente crise. Il est donc difficile de porter un jugement définitif sur la stabilité et la compétitivité extérieures de Madagascar. Si les modèles du taux de change ne donnent pas une évaluation claire de la valorisation, d’autres preuves plus larges mettent en exergue l’insuffisance de la compétitivité.

 

Répercussion du taux de change à Madagascar

On estime que la répercussion du taux de change sur les prix intérieurs se situe aux environs de -0.35 à son pic, chiffre similaire aux estimations pour les autres pays d’Afrique subsaharienne. Il est également prouvé que les chocs plus marqués sur le taux de change ont une répercussion plus prononcée sur les prix que les chocs de moindre envergure. Cela suggère que les autorités devraient laisser le taux de change réagir aux chocs au lieu de laisser les déséquilibres s’accumuler ce qui finira par déboucher sur des corrections plus perturbatrices.

 

La mobilisation des recettes fiscales à Madagascar

Le ratio des recettes fiscales de Madagascar est l’un des plus faibles d’Afrique subsaharienne, et est loin de répondre aux besoins de développement importants du pays. L’objectif du gouvernement est de porter le ratio des impôts au PIB à 14 % environ à moyen terme. Pour y parvenir, il faudra prendre des mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt, notamment en limitant les incitations fiscales, en faisant mieux respecter les obligations fiscales et en réduisant les possibilités d’évasion fiscale. Pour encourager la morale fiscale, ces efforts devront aller de pair avec une amélioration des services publics. 

 

  1. Recommendations

 

Comme c'est le cas dans de nombreux pays à faible revenu, le secteur bancaire domine le système financier malgache.

Dans l'ensemble, les banques sont en bonne santé mais il existe des poches de vulnérabilité, notamment chez les acteurs les plus récemment arrivés. Les nombreuses IMF offrent des services financiers restreints aux foyers à faible revenu, contribuant ainsi au renforcement de l'accès au système financier. Le reste du secteur financier national se constitue principalement des compagnies d'assurance. Il n'y a pas de marché boursier et le marché obligataire ne finance que l'état. L'analyse comparative montre que le système financier malgache n'est pas particulièrement inhabituel, vu les caractéristiques structurelles du pays.

Le système bancaire est stable mais comporte des poches de vulnérabilité, les principaux risques étant la concentration des crédits et la qualité des actifs; le secteur de la microfinance mérite un suivi minutieux.

Les ISF semblent indiquer que les banques sont, dans l’ensemble, suffisamment capitalisées, rentables et liquides. La profondeur financière s'est renforcée ces dernières années et correspond globalement aux caractéristiques structurelles du pays. Il reste néanmoins une marge d'approfondissement, ce qui faciliterait la mise en œuvre de la politique budgétaire et permettrait de gérer plus facilement la volatilité et de soutenir les investissements et la croissance. Le secteur de la microfinance doit être suivi de près, en particulier la gouvernance des IMF, la fermeture récente d'une institution étant un signal d'alarme clair.

 

La réglementation micro-prudentielle et la surveillance des banques et institutions de micro financement pourrait être renforcée.

Ce processus est déjà en cours avec le renforcement de l'équipe à la Commission de la Supervision Bancaire et Financière (CSBF). De nombreuses lacunes identifiées dans le PESF de Madagascar (2005) et de nombreuses analyses et recommandations faites à l'époque restent pertinentes. Une mesure importante serait de renforcer la surveillance internationale et de signer des arrangements administratifs avec des autorités de surveillance étrangères.

De plus, il ne suffit pas, pour avoir une bonne surveillance d'avoir un cadre réglementaire solide, qui existe déjà à Madagascar, mais il faut vouloir agir et le pouvoir, ce qui semble actuellement moins évident. La capacité d'action doit exister en droit et en fait. Les autorités de surveillance doivent avoir des ressources adéquates, du personnel compétent et en nombre suffisant et doivent rendre des comptes pour contrebalancer leur indépendance opérationnelle.

 

Les autorités sont incitées à améliorer la qualité de leurs statistiques et à avoir une vision plus globale du système financier et des risques systémiques.

En janvier 2013, la banque centrale a constitué une division de la stabilité financière dont le rôle est d'assurer un suivi macro prudentiel du secteur financier et d'identifier les principaux risques systémiques en mettant sur pied un système d'alerte précoce. Il est essentiel de développer cette compétence  alors que le système financier se complexifie, avec des interconnexions de plus en plus nombreuses entre banques et non-banques. Comme la crise mondiale l'a montré, avoir une vision systémique des choses permet aux autorités de surveillance de compléter leur approche micro prudentielle en intégrant les externalités qui s'accumulent. Il faudrait renforcer encore cette fonction. Le prochain Rapport sur la stabilité financière, résultant d'une autoévaluation, est un moyen de faire avancer une analyse de ce type.

 

Un autre domaine d'analyse potentiel est le cadre de prévention et de résolution des crises.

Le fait que des banques théoriquement insolvables puissent poursuivre leurs opérations ou qu'il faille plusieurs années pour fermer de telles banques pourrait illustrer des faiblesses dans le cadre de résolution des défaillances bancaires. Il sera important de définir un système de prévention des crises financières et des régimes spéciaux de résolution pour fermer les établissements bancaires.

Les récents évènements qui se sont déroulés dans la Grande Ile, notamment l’accueil des sommets du COMESA et le plus récent sommet de la francophonie vont apporter une bouffée d’air à l’économie malgache, il reste maintenant au gouvernement de bien gérer les investissements et les dons octroyés par les partenaires mondiaux de Madagascar afin d’éviter de replonger dans la série de crise qu’a connu le pays depuis son indépendance jusqu’aujourd’hui.

 

Omar Ibn Abdillah

 

Développement des Comores : il faut (aussi) regarder au-delà des facteurs économiques!

Avec un indice de Développement humain faible, (moins de 0.550)[1],  les Comores sont un des pays africains les plus inégalitaires du continent. En plus des inégalités, c’est un pays qui connait des problèmes dans sa transformation avec une urbanisation galopante avec plus de 60 % des citadins vivant dans des bidonvilles. À cela, il faut ajouter la crise énergétique qui pèse sur la croissance économique, qui n’a pas dépassé 1.1 % en 2015, et un chômage élevé chez les jeunes. Ces problèmes économiques doivent inciter à  repenser l’économie et les politiques de développement du pays pour répondre aux attentes du peuple comorien comme l’a souligné Son Excellence Monsieur Le Président Azali Assoumani lors de son discours d’investiture en mai 2016: «  Je mesure pleinement l’ampleur de vos attentes et plus particulièrement, l’unité, la paix, la sécurité et le décollage économique de notre pays». Mais au-delà des facteurs économiques qui limitent son développement, les Comores font face également à des problèmes sociaux qui ne sont pas sans effets sur les progrès économiques du pays et qui demandent une remise en cause des comoriens. La question est donc de savoir comment les comportements influent-ils sur le  développement socio-économique des Comores ? Cet article traitera de certaines caractéristiques de la société comorienne qui pourrait être un frein au progrès économique et social des Comores.
 

La faculté de choix
Ces dernières décennies, la recherche sur les sciences naturelles et sociales a développé des théories stupéfiantes sur la façon dont les individus pensent et prennent des décisions. Alors que les gens posent toujours comme hypothèse que les décisions sont prises de façon délibérative et autonome, selon des préférences logiques et des intérêts personnels, de récents travaux montrent qu’il n’en est presque jamais ainsi : on pense de façon automatique – au moment de prendre une décision, les individus utilisent généralement ce qui vient naturellement à l’esprit ; on pense de façon sociale – les normes sociales influent en grande partie sur notre comportement et bon nombre de personnes préfèrent coopérer tant que les autres coopèrent ; et on pense par modèles mentaux – ce que les individus perçoivent et la façon dont ils interprètent ce qu’ils perçoivent dépendent de visions du monde et de concepts issus de leurs sociétés et d’histoires communes.

La belle tradition du ‘Anda’ aux Comores

À l’origine, le ‘Anda’ symbolise le Grand Mariage mais c’est devenu un phénomène social qui joue un rôle primordial dans la vie de chaque comorien. Je ne vais pas ici faire un bilan global du mariage et dire qu’il est mauvais ou pas car ce serait ignorer les maintes ramifications, irremplaçables et essentielles dans le déroulement de la vie aux Comores et qui ne relèvent pas du seul domaine économique. Les effets du ‘Anda’ tels que la gestion du quotidien, la structuration villageoise, le maintien d’une cohésion sociale et l’établissement de systèmes de gouvernance à l’échelle locale et régionale, nous permettent de voir à quel point ce phénomène est ancré en chacun de nous depuis notre naissance. Notre conduite et notre prise de décisions est programmée tel une machine dès notre jeunesse à suivre et respecter tout cela au risque d’être traité de non désirable, d’être banni de la société ou même au sein de nos propres maisons. La majorité des comoriens en sait quelque chose et beaucoup d’intellectuels y ont laissé leurs marques mais le plus important  concernant  le ‘Anda’ est que nous devons trouver le moyen d’allier coutume et modernité et faire en sorte que cette coutume se modernise de façon à répondre aux impératifs de développement du pays.


L’islam est-il un frein pour le développement ?

La religion joue un rôle fondamental en tant que déterminant du développement économique d’une région donnée et dispose d’un impact considérable sur la formation et l’évolution du corpus juridique et institutionnel d’une société, qui est lui-même un déterminant majeur et reconnu de longue date du développement économique. Dans les pays musulmans, l’influence de l’islam est si envahissante qu’elle empêche de nombreux États comme les Comores de s’interroger sur les vraies raisons de leur retard. Toutes les réponses apportées sont religieuses… Si les choses vont mal, nous sommes punis par Dieu pour avoir abandonné le droit chemin comme on a tendance à le souligner quand on est confronté à la mort : « c’est la volonté de Dieu ! » et on met de côté toutes les causes médicales, etc. Toutefois , comme on peut le constater dans plusieurs pays musulmans comme les Émirats Arabes Unis, le Qatar, l’Arabie Saoudite et autres qui sont très avancés qu’aucune religion ne puisse être «  par essence » défavorable au développement économique, puisque l’effet de ses dogmes est contingent aux conditions économiques, sociales et historiques du moment. Dans le cas des Comores où la pratique des lois islamiques que ce soit dans le collectif ou l’individualisme laisse à désirer. Surtout avec la nouvelle génération de «  musulman non pratiquant » qui semble croire qu'il suffit pour être musulman, de le déclarer avec la bouche et cela, même si on n'applique rien des obligations de l'Islam. Tous cela pour dire qu’aux Comores, on a plus nos repères dans la religion mais on tâtonne, nous devons soit nous déclaré pays laïc ou être de vrais musulmans pour le bien de notre développement.


La jeunesse comorienne est-elle une bombe à retardement ?
De nos jours, les jeunes comoriens, s’engagent en politique, et dans beaucoup d’autres secteurs. Ces nouveaux militants ont comme objectif de faire bouger les choses dans notre pays. Défendre les intérêts de la jeunesse paraît être leurs préoccupations majeures. Ils se lèvent ainsi pour revendiquer leurs droits à des conditions de meilleures conditions de vie. Ces jeunes comoriens longtemps défavorisés, veulent à travers leur engagement, avoir la liberté de choisir leur mode de vie. Et s'il n’y avait pas à choisir et que nous étions réduit à un seul mode de vie : la pauvreté ? Devraient-ils abandonner et continuer à critiquer les dirigeants sans bouger le petit doigt ou brandir le drapeau national et construire leurs vies par leurs propres mains ?

Plusieurs études montrent de façon concrète comment ces théories s’appliquent aux politiques de développement. Une meilleure compréhension et une vision plus subtile du comportement humain peut générer de nouveaux outils d’intervention et aider à atteindre des objectifs de développement a beaucoup d’égards – développement du jeune enfant, situation financière des ménages, productivité, santé et autres. En apportant même de légers ajustements au contexte décisionnel, en préparant les interventions sur la base d’une compréhension des préférences sociales et en exposant les individus à de nouvelles expériences et de nouveaux modes de pensée, on peut créer de meilleures conditions de vie.
Cependant n’y a-t-il pas un danger à essayer de changer les normes culturelles et religieuses d’une communauté par un «  big push » visant à modifier rapidement l’équilibre culturel d’une population, et donc ses normes coopératives ? Comme dit l’adage, qui va doucement, va surement. Il y a beaucoup à faire pour ce beau paradis et jeune pays que sont les Comores pour notre développement socio-économique et cela ne dépend que de notre mode de vie individuel et collectif  à nous tous peuple comorien car c’est uniquement ensemble qu’on mènera le bateau à bon port.

 


[1] African Economic Outlook 2016