A l’instar d’autres nations africaines, l’Algérie célèbre le cinquantenaire de son indépendance. Cette date symbolique constitue non seulement une occasion de réfléchir sur l’Histoire du pays au cours des dernières décennies (ce qui a été abondamment commenté par les médias), mais aussi et surtout une opportunité pour préparer le chemin qui reste à parcourir. Le cinquantenaire de l’indépendance doit en effet être autant un regard vers le passé qu’un tournant vers l’avenir.
Les efforts et les sacrifices consentis par le peuple Algérien pour obtenir son indépendance ont été immenses : des millions de morts, blessés, orphelins et de déplacés ; l’usage massif et systématique de la torture, ainsi que le regroupement de 2 millions de personnes (soit un Algérien sur cinq) dans des camps. Huit ans de guerres contre l’une des armées les plus puissantes du monde et qui a mobilisé l’ensemble de ses moyens matériels et humains (plus d’un million et demi de soldats français ont été envoyés en Algérie). Ces souffrances ont été d’autant plus marquantes qu’elles ont été précédées par cent ans de colonisation et de répression policières et armées (depuis la guerre de conquête jusqu’aux massacres du 8 mai 1945) affligées à une population qui ne dépassait pas les dix millions d’habitants en 1954.
Après une indépendance si chèrement acquise, il est d’autant plus normal que les attentes des Algériens pour le développement de leur pays soient tout aussi immenses. Si le parcours réalisé ces cinquante dernières années aurait difficilement pu être à la hauteur de l’espoir et des espérances, il convient de constater une réalité moins visible mais incontestable : malgré les épreuves, l’Algérie a considérablement progressé sur le plan du développement humain et économique. Après le retard des années 1990, elle se développe aujourd’hui à un rythme soutenu et se rapproche davantage de son véritable potentiel et du niveau de vie requis pour sa population. Les revenus acquis grâce aux hydrocarbures y contribuent certainement, mais ne constituent pas une explication unique ni suffisante aux progrès socio-économiques du pays, car beaucoup de pays mieux dotés en ressources naturelles ne bénéficient pas de la même progression.
Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse
Il est important de relever trois constats. D’abord, cette situation favorable n’est pas uniquement liée aux ressources pétrolières, puisqu’au cours des dix dernières années, le taux de croissance annuel hors hydrocarbures a été de 5% en moyenne. De plus, cette croissance a généré des emplois (même si cela reste insuffisant) et le taux de chômage est passé sous la barre des 10% à partir de 2010. Enfin, le niveau d’endettement a progressivement baissé pour devenir quasiment nul, suite à un remboursement anticipé de la dette publique au cours des années 2000. Alors que le niveau d’endettement asphyxiait l’économie algérienne entrainant ainsi de graves conséquences sociales et politiques (comme on le voit actuellement dans certains pays développées ou en développement), l’Algérie s’est libérée du poids de la dette.
Ces performances macroéconomiques saluées par le FMI ou la Banque Africaine de Développement n’ont pu être atteints que grâce à des programmes d’investissements massifs de la part de l’Etat, qui ont permis une mise à niveau des infrastructures et une amélioration du développement humain. Depuis 2010 l’Etat algérien investit près de 300 milliard de dollars sur cinq ans, à travers un plan d’investissements qui s’échelonnera jusqu’en 2014.
En outre, de grands projets ont été achevés au cours des dernières années, dont les effets se répercutent positivement sur l’économie du pays et sur le niveau de vie de la population. La construction de l’autoroute Est-Ouest, qui relie les frontières algéro-marocaines aux frontières algéro-tunisiennes traverse toutes les grandes villes algériennes sur une distance de plus de 1200 kilomètres, réduisant considérablement les temps de trajets. La construction d’un million de logements est également un projet important du secteur des travaux publics, auquel contribuent activement les entreprises étrangères.
Alors que le manque d’eau potable a longtemps été l’un des problèmes majeurs durant plusieurs années, des projets de construction de barrages et de stations de dessalement d’eau de mer ont permis de sécuriser l’approvisionnement en eau courante dans les grandes villes, et ce alors que le pays est naturellement confronté à une situation de stress hydrique parmi les plus graves au monde .En particulier, le barrage stratégique de Béni Haroun (1 milliard de mètres cubes) permet d’approvisionner une partie importante du centre et de l’Est du pays, alors qu’au Sahara, des canalisations permettent de transférer quotidiennes 50 000 mètres cubes d’eau sur une distance de plus de 700 kilomètres, vers Tamanrasset, dont l’approvisionnement en eau pourra ainsi être sécurisé pour plusieurs dizaines d’années. Ces projets d’infrastructures ne sont que quelques exemples des progrès réalisés par l’Algérie indépendante, et consolident à la création les bases d’un développement durable et créateur d’emplois.
L’autre volet des investissements publics, à savoir celui concernant le développement humain donne également des résultats probants. Alors qu’il n’était que de 0,443 en 1980, l’indice de développement humain est ainsi passé de 0,602 à 0,698 entre 2000 et 2011, faisant de l’Algérie l’un des dix pays ayant le plus progressé dans le monde.
Nacim Kaid Slimane
A suivre : la situation du développement humain en Algérie cinquante ans après l’indépendance
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