Repose en paix, Boubacar Joseph NDIAYE

Boubacar Joseph Ndiaye était le conservateur de la maison des esclaves de Gorée. Il est l’une des figures sénégalaises les plus connues dans le monde, notamment des touristes mêmes si des travaux scientifiques sur la traite négrière ont conduit à remettre ses propos passionnés en perspective.

Issu d’une famille d’origine goréenne, Boubacar Joseph Ndiaye est né le 15 Octobre 1922 à Rufisque. Après ses études primaires à Gorée, il entre à l’école professionnelle Pinet-Laprade de Dakar. En 1943 il participe à la guerre avec l’armée française. Il a notamment participé à la bataille du mont Cassin en tant que tirailleurs sénégalais. Depuis 1962 il était le conservateur de la maison des esclaves de Gorée. Il est décédé le 06 février à l’âge de 87 ans à Dakar. Il repose désormais au cimetière de Camberéne.

Vous pouvez voir une petite vidéo sur Joseph Ndiaye en cliquant sur ce lien…

Joseph Ndiaye, conservateur de la maison des esclaves de Gorée

 

Thierry Diouf 

Faut-il utiliser les langues nationales à l’école?

S’il est une question lancinante dans le milieu de la recherche universitaire en Afrique c’est bien l’introduction, plutôt l’utilisation des langues nationales à l’école. Un colloque s’était récemment tenu à Dakar (Sénégal) sur le thème « Multilinguisme et Politique des langues en Afrique de l’Ouest Francophone et Anglophone ». Le but avéré était de mettre à profit ce multilinguisme comme défi pour la politique d’éducation. Le postulat de départ était que l’utilisation des langues nationales à l’école serait non seulement un vecteur de la valorisation des langues nationales, mais aussi un moyen de promouvoir la culture africaine. S’il convient de louer et d’encourager une telle finalité, force est de remarquer que cela peut poser des problèmes en pratique.

Les différents pays africains ont pour principale caractéristique ou richesse, serais-je même tenté de dire, d’être dotés d’un vivier linguistique non négligeable. A ce titre, toutes les langues ne peuvent pas être utilisées comme moyen d’enseignement et se posera en conséquence un problème de sélection. Cette sélection n’est toutefois pas souhaitable en ce qu’elle est d’une part source de conflit et d’autre part fait prévaloir une culture sur une autre. Une telle situation serait donc de nature à compromettre les finalités recherchées.

En outre, introduire les langues nationales dans le système éducatif revient à remettre en cause l’utilisation du français, du portugais ou de l’anglais, c’est selon, comme langue officielle. Pourtant ces langues, même si on peut y voir un impérialisme culturel, ont permis d’éliminer toutes les particularités linguistiques. Et en tant que vecteur d’unité, leur maintien s’avère nécessaire.

De plus, le contexte présent de la mondialisation n’est pas propice à l’utilisation des langues nationales, à titre principale, dans le système éducatif. En effet, l’introduction des langues nationales comme vecteur de l’enseignement, reviendrait à en faire les langues officielles. Le temps que nécessiterait une telle introduction n’est pas négligeable.  Et dans un contexte de compétition accrue, cela peut paraitre contre productif d’encourager une voie nationale dans le seul but de promouvoir  la culture africaine, les inconvénients qui en découlent paralysant l’objectif principal recherché.

Outre cette contrainte liée au temps, il y a aussi la question des avantages d’une telle promotion au niveau international. Les risques qui pèsent sur une telle opération justifient d’y renoncer.  Certains esprits  citeront l’exemple de la Chine pour justifier de la possibilité d’utiliser les langues nationales comme moyen de promotion des valeurs et de l’histoire africaine. Mais il faut souligner que la Chine n’est pas dans la même situation que l’Afrique. Elle a toujours promu le chinois ; sa résurrection économique présente facilite naturellement le développement de sa langue. L’Afrique ne se trouve pas dans la même situation. Les langues coloniales sont aujourd’hui rentrées dans son histoire mais aussi dans son patrimoine. Troquer la langue du colon pour les langues nationales aurait des conséquences difficiles à déterminer.

Pour autant il est louable et même nécessaire de promouvoir la culture africaine. Je partage amplement le postulat de départ. Ce sont les moyens que je réfute. La promotion de la culture africaine peut passer par d’autres procédés. La promotion du cinéma et des valeurs africains, le développement des programmes d’histoire sont, entre autres, d’autres moyens de promotion de notre riche culture.

 Thierry Lucas DIOUF

 

 

 

OHADA ou l’unité de l’Afrique par le droit

Nul n’ignore que la colonisation a eu pour conséquence la balkanisation du continent. Pour autant, cette division n’est pas irréversible. Et à l’heure où la régionalisation s’impose dans une économie de plus en plus mondialisée, le continent africain ne pouvait être en reste. La balkanisation politique née de l’époque coloniale et la tendance naturelle des différents Etats à refuser tout transfert de souveraineté, tout au plus pour ce qui est des secteurs sensibles, pouvaient laisser augurer d’un retard de l’Afrique à la mise en place d’organisations régionalisées. Pourtant aujourd’hui, la mise en place de l’Union africaine montre la capacité des Etats africains à œuvrer ensemble pour la fin de la balkanisation, même si l’on peut s’interroger sur son efficacité. Cette tendance a gagné bien d’autres terrains notamment le secteur juridique où L’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) participe de cet esprit en harmonisant les différents droits des affaires du continent.

L’idée, née de la volonté de créer un droit commun des pays francophones, a d’abord donné lieu à la création d’une institution qui avait pour nom l’Union africaine et mauricienne d’études et de recherches législatives (Bamrel). Faute de moyens, le Bamrel, comme bien d’autres institutions éphémères sur le contient, devait être abandonné. Pour autant, l’entreprise fut poursuivie et sous l’impulsion de Paul Bayzelon, l’OHADA a été instituée.

Créée par le Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique signé le 17 octobre 1993 à Port-Louis (Ile Maurice), l’OHADA regroupe aujourd’hui 16 pays (les 14 pays de la zone franc CFA, ainsi que les Comores et la Guinée Conakry). Comme son nom suffit à l’indiquer, l’OHADA entend jouer un rôle dans l’uniformisation du droit en Afrique. Elle entend participer à la politique d’encouragement de l’intégration de l’Afrique dirigée vers une union économique et un grand marché par la réalisation d’un « droit unifié des affaires » dans le but de rationnaliser et d’améliorer l’environnement juridique des entreprises. La poursuite d’un tel but a nécessité des efforts de transferts de souveraineté en matière législative et judiciaire. Il est vrai que la crainte de l’isolationnisme conjuguée à la diminution des investissements au cours des années 1980-1990 ont largement concouru à l’effectivité du transfert de souveraineté, mais il est plus enthousiaste d’y voir la volonté des Etats de dépasser la balkanisation juridique.

Il a fallu dés l’abord choisir entre deux techniques, l’unification ou l’harmonisation. La seconde option fut retenue, mais l’analyse du système en vigueur aujourd’hui (l’adoption par le Conseil des ministres d’actes uniformes qui sont immédiatement applicables sur le territoire de chaque Etat partie) tend à montrer une forte volonté pour la technique de l’unification. La question de l’organisation a aussi été discutée avec une volonté de créer un organe pour créer le droit, un autre pour l’appliquer et un troisième pour coordonner l’action de l’organisation. Dés lors, un Conseil des ministres de l’OHADA, une Cour commune de justice et d’arbitrage, un secrétariat permanent et une école régionale supérieure de la magistrature en charge de la formation approfondie et de la spécialisation des magistrats se chargent de mener à bien la politique d’intégration.

A l’heure du bilan, prés de quinze années après sa mise en place, force est de reconnaitre que l’intégration juridique est en passe d’être réussie. Le droit des sociétés, le droit de la concurrence, le droit du travail et le droit de l’arbitrage entre autres des 16 pays relèvent  de l’organisation. Même s’il faut relativiser la place du droit dans la société africaine, force est de reconnaitre qu’il s’agit là d’un développement appréciable tant il est porteur d’espoir. Gageons que cette intégration au travers d’un véritable transfert de souveraineté gagne les autres organisations régionales, pour que l’Afrique pèse de tout son poids dans un monde où le fédéralisme prend goût.

                                                                                              Thierry Lucas DIOUF

L’enfer de nos universités

L’éducation nationale souffre de véritables maux. Depuis belle lurette déjà les grèves deviennent le lot quotidien de la maison du «  petit Nicolas ». La crainte d’une année blanche, le risque d’un taux d’échec élevé aux examens planent comme une épée de Damoclès. Cette instabilité constante dans le temple du savoir interpelle tout citoyen et ce à bien des égards.

Le monisme universitaire, symbolisé par l’existence d’une seule université, la fameuse Cheikh  Anta Diop, est certes en partie du passé, mais les problèmes universitaires n’en sont pas moins cruciaux. Pis ils tendent à croitre, malheureusement au summum de l’impénétrable. Les amphithéâtres accueillent toujours du monde, les mets du restaurant universitaire  n’ont rien encore de gastronomique (on se souvient de l’épisode de la fameuse viande avariée), les bourses tardent toujours à arriver, la cohorte des professeurs politiciens ne cessent de croitre Continue reading « L’enfer de nos universités »

Repose en paix, Boubacar Joseph Ndiaye

Boubacar Joseph Ndiaye était le conservateur de la maison des esclaves de Gorée. Il est l’une des figures sénégalaises les plus connues dans le monde, notamment des touristes mêmes si des travaux scientifiques sur la traite négrière ont conduit à remettre ses propos passionnés en perspective.

Issu d’une famille d’origine goréenne, Boubacar Joseph Ndiaye est né le 15 Octobre 1922 à Rufisque. Après ses études primaires à Gorée, il entre à l’école professionnelle Pinet-Laprade de Dakar. En 1943 il participe à la guerre avec l’armée française. Il a notamment participé à la bataille du mont Cassin en tant que tirailleurs sénégalais. Depuis 1962 il était le conservateur de la maison des esclaves de Gorée. Il est décédé le 06 février à l’âge de 87 ans à Dakar. Il repose désormais au cimetière de Camberéne.

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Joseph Ndiaye, conservateur de la maison des esclaves de Gorée

Thierry L. Diouf