Wilfrid Lauriano Do Rego : « Nos entrepreneurs seront les nouveaux ambassadeurs de la France en Afrique »

En août 2017, le Président français, Emmanuel Macron, a créé un Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) auquel il a attribué la mission de se rapprocher des diasporas africaines via la société civile et de donner un nouveau visage aux relations entre la France et l’Afrique. Véritable outil de soft power, le CPA a achevé le 5 février une tournée en France dédiée à l’Entreprenariat. Il y a dévoilé de nouvelles mesures d’accompagnement des entrepreneurs désirant investir en Afrique mais aussi les résultats d’un sondage inquiétant sur l’intégration de la diaspora africaine en France.

Dans cet entretien accordé à l’Afrique des Idées, le coordonnateur de ce Conseil, Wilfrid Lauriano Do Rego, revient sur ce malaise profond qui traverse la diaspora et brandit la carte de l’entreprenariat pour y remédier. Nommé en 2019, en succession de Jules Armand Aniambossou, ce franco-béninois de 61 ans est actuellement un des acteurs de la politique africaine d’Emmanuel Macron. Membre de l’influent Club du XXIème siècle – un think tank select qui vise à pro­mouvoir la diversité dans la société française – Wilfrid Lauriano Do Rego est également Président du conseil de surveillance du cabinet d’audit KPMG France où il a acquis une longue expérience dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.

L’Afrique des Idées : Selon un sondage que vous avez commandé au cabinet Opinionway, 73% des membres de la diaspora africaine affirment que l’égalité des chances n’est pas respectée en France. Vous attendiez-vous à ce résultat ?

Wilfrid Lauriano Do Rego : En toute sincérité, non. Je savais que ce sentiment existait mais je ne pensais pas qu’il serait de cette ampleur. Le plus surprenant pour moi est que la diaspora africaine place l’inégalité des chances bien avant l’éducation et l’emploi qui sont, comme vous savez, des sujets majeurs pour la population française. La diaspora interrogée dans le cadre de cette étude voulait montrer qu’elle n’avait pas les mêmes chances de compétir que le reste des Français. Elle nous met face à un très grand malaise, mais elle nous montre aussi l’existence de leviers d’amélioration.

Lesquels ?

Au sein du CPA, nous sommes convaincus que le remède à ce malaise est l’entreprenariat. Les différents porteurs de projets que nous avons pu rencontrer durant cette tournée en France ont relevé trois obstacles qui les empêchaient de saisir leur chance et d’initier leurs propres projets : la formation, le mentoring et le financement. Nous leur avons proposé sept solutions très concrètes. Aider l’entrepreneuriat, c’est œuvrer pour l’égalité des chances.

Avant d’arriver aux solutions, comment comprendre que ce sentiment d’inégalité des chances en France soit aussi important chez la diaspora africaine alors que 54% de cette dernière se dit satisfaite de sa position sociale ?

Certes, les membres de la diaspora africaine s’inquiètent des inégalités dans notre société mais en même temps ils acceptent l’existence de leviers d’amélioration comme l’éducation. Je tiens à rappeler que 75% des sondés estiment que la relation entre la France et le continent africain est une chance et qu’ils sont prêts à se lancer dans des projets d’entreprenariat en lien avec le continent. Donc, quelque part, nous sommes face à une inquiétude mais aussi à des pistes de solutions.

Près de 54% des personnes interrogées dans le cadre de ce sondage disent ne pas appartenir à la diaspora africaine. Comment peut-on faire partie d’une diaspora et ne pas l’assumer ?

C’est toute l’ambiguité du terme « diaspora ». Ceux qui réussissent et qui sont d’origine étrangère ont peut-être le sentiment qu’on veut les ramener en arrière en leur parlant de leurs origines. Certains refusent cette notion d’appartenance. Le sujet que vous soulevez est très complexe. La définition de la diaspora reste, à mon sens, liée à l’histoire de chacun. Elle invoque l’acceptation ou non de ses propres origines, l’appartenance à la première, deuxième ou troisième génération, la tranche d’âge…Durant ce Tour de France de l’Entreprenariat, j’ai personnellement relevé trois types d’audiences : des entrepreneurs qui ne voulaient pas parler de diaspora parce qu’ils se pensaient uniquement français. D’autres qui étaient preneurs de toutes les pistes d’intégration et puis une troisième tranche qui ne voulait pas parler d’Afrique mais préférait trouver son chemin ici en France. Tout cela pour vous dire qu’il n’y a pas une seule diaspora, mais plusieurs.

Cette ambiguïté ne convoque-t-elle pas le débat crispé sur les identités qui a lieu actuellement en France ?

Tout à fait. Je pense que cette notion de diaspora est complétement liée à l’identité. Certains vous diront qu’ils sont français tout court. D’autres se voient français mais d’origine africaine.

Les trois quarts des sondés déclarent ne pas envoyer d’argent en Afrique alors que les transferts de la diaspora africaine vers leur continent – près de 10 milliards d’euros en 2019 – dépassent de loin les aides au développement. Comment expliquez-vous cette contradiction ?

Cela est surprenant en effet. Il me semblait que la solidarité de la diaspora africaine était beaucoup plus forte. Pendant cette période de la Covid-19, nous avons tous remarqué que nos concitoyens d’origine africaine s’étaient mobilisés pour aider leurs familles en Afrique. Ce qui me pousse à dire que ce chiffre a été peut-être focalisé sur les transferts d’argent directs et ne prend pas en compte les pistes indirectes d’envoi d’argent (ndlr : remise en espèce via des proches)

Vous disiez tout à l’heure que le Tour de France de l’Entreprenariat a débouché sur sept solutions concrètes. Comment comptez-vous les implémenter ?

En effet, durant notre tournée, nous avons pu percevoir combien l’entreprenariat est l’enseignement le plus précieux. Il existe un potentiel d’innovation encore inexploité chez nos jeunes et, pour le mettre en valeur, nous allons nous adjoindre le soutien de grands partenaires français telsBPI France, l’Agence Française de Développement, Business France et Expertise France.

Quant aux solutions que nous mettons en place, elles sont au nombre de sept :

-Solution 1 :  Deuxième phase du Programme MEETAfrica pour les jeunes entrepreneurs.

– Solution 2 : « PASS Africa », un parcours unique dédié aux entrepreneurs plus matures.
– Solution 3 :  Créer la communauté « PASS Africa / EuroQuity ».

– Solution 4 : Application web CPA pour l’entrepreneuriat des diasporas.
– Solution 5 : Valoriser les diasporas dans le programme « Entrepreneuriat pour tous ».
– Solution 6 : Nouveau programme « Talents en commun » pour les experts de l’action publique.
– Solution 7 : Le Chèque Relance V.I.E pour la mobilité des jeunes professionnels en Afrique.

Chaque pays africain a sa propre politique d’entreprenariat et d’émergence industrielle. Avez-vous confronté vos ambitions avec la réalité des marchés cibles en Afrique ?

Nous ne sommes que des catalyseurs. C’est aux entrepreneurs d’étudier la faisabilité de leurs projets dans les marchés cibles et de nous convaincre de la pertinence de leurs choix. Ils y sont d’ailleurs obligés. Sans une étude de marché convaincante, aucun projet ne pourra être financé. Il faut garder à l’esprit que nous ne sommes pas dans une logique de dons ou de subventions. Les projets doivent tenir la route. Maintenant, au cas où les candidats au financement présentent des projets incomplets, nous nous engageons à les accompagner jusqu’à ce qu’ils arrivent à livrer des projets viables.

Le CPA veut-il faire de ces nouveaux entrepreneurs les ambassadeurs de la France en Afrique ?

Oui. Ces entrepreneurs seront mis aux avant-gardes dans la relation entre la France et l’Afrique. Le Président Emmanuel Macron s’est engagé à développer de nouveaux liens avec l’Afrique par le prisme de la société civile et de l’entreprenariat.

A un an de la présidentielle en France, quel bilan faites-vous de l’action du CPA ?

Le Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) a été fondé par le Président, Emmanuel Macron, en août 2017 pour véhiculer une nouvelle vision de la politique extérieure de la France envers l’Afrique. Il réunit des personnalités issues de la société civile qui croient à la puissance de l’entreprenariat dans le développement du continent. Depuis cette date, le CPA a accompagné des chantiers majeurs comme la restitution des biens culturels en Afrique, la réforme du franc CFA et, tout récemment, le Tour de France de l’Entreprenariat. Le 5 février dernier, pour souligner encore plus son engagement africain, le Président Macron a clôturé la dernière étape de ce Tour en présence de deux ministres : Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, et de Franck Riester, ministre délégué, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité.

Quel est le chantier qui vous tient à cœur et que vous auriez aimé mener au sein du CPA ?

En toute franchise, c’est l’accès de la diaspora africaine à l’espace public. Le sondage sur les diasporas africaines a montré que 80 % des personnes interrogées ne se sentent pas représentées dans l’espace public français (médias, fonction publique, élus…). Remédier à cette situation permettrait à la population africaine qui se sent marginalisée de se regarder autrement. Une plus grande visibilité des Africains dans nos espaces publics abolirait les clichés et permettrait de voir ces derniers dans des postures de réussite et de challenge.

Réformer l’enseignement technique et la formation professionnelle pour l’employabilité des jeunes en Afrique

Étreintes par le sous-emploi et le chômage des jeunes, les économies africaines devront réinventer leur système éducatif. Si le débat n’est pas nouveau, notamment en ce qui concerne le rôle de l’éducation dans la formation du capital humain, ses termes devront avancer en incluant les spécificités de la formation professionnelle. Lire plus  dans ce rapport (avec un Erratum, page 8, lire 100 M d’emplois)

Enquête sur les attentes des jeunes Africains en matière de formation

Cette enquête constitue une première tentative pour comprendre les facteurs qui déterminent
les choix de formation des jeunes Africains et ce qu’ils espèrent autour de leur formation
pour améliorer leur employabilité. Bien que les résultats fournissent des indications générales
sur les attentes des jeunes Africains, elles ne devraient pas être considérées comme des faits
stylisés. On retient tout au moins les besoins des jeunes Africains en matière de formation pourrait
trouver une réponse dans l’ETFP, dont le potentiel reste très marginalement employé en Afrique.Enquete sur les attentes des jeunes africains en matière de formation

Entretien avec Douglas Mbiandou, fondateur de 10.000 codeurs

L’Afrique des Idées a rencontré 10.000codeurs, un programme de formation pour les développeurs. Son fondateur Douglas Mbiandou revient dans cet entretien sur le rationnel derrière la mise en place de ce projet.

ADI : D’où vous est venue l’idée de fonder 10.000codeurs ? 

A l’aube de mes 40 ans, je me suis demandé comment je pouvais contribuer au développement d’un continent de plus d’un milliard d’Africains, et ce après avoir contribué en 12 ans à la formation de plus de 3000 informaticiens en France. J’ai pensé qu’il faudrait 1 développeur pour 1000 habitants. On tombe alors sur le nombre 1.000.000. Comme cela faisait beaucoup à former je me suis dit que si j’arrivai déjà à former un centième, ce serait pas mal, ça donne 10.000, d’où 10.000codeurs !

ADI : En quoi consiste votre initiative, pourriez-vous nous donner un aperçu général de vos activités ?

Fédérer, Former, Insérer : dans le cadre d’une volonté de lutter contre le chômage des jeunes en Afrique, tout en repositionnant le continent comme acteur de l’industrie numérique mondiale, nous fournissons en Afrique à des jeunes, des femmes et des professionnels en reconversion des savoir-faire et savoir-être correspondant aux besoins de l’industrie mondiale du logiciel. Nous créons ainsi les conditions d’une autonomisation financière de nos bénéficiaires, et ce dans un secteur très porteur pour lequel les besoins sont plus qu’énormes.

Nous animons des formations sur 12 mois « Développeur d’applications Web Mobile » totalisant 450 heures en cours du soir avec un format de 3 fois 3h par semaine (18h-21h) et nous nous engageons à insérer sous 6 mois les bénéficiaires qui arrivent au bout du programme.

ADI : Ce n’est pas votre première expérience entrepreneuriale, mais c’est la première en Afrique, avez-vous rencontrez des difficultés particulières ?

La première difficulté fut de toucher notre cible : les jeunes. J’ai mis du temps avant de comprendre que c’est à travers les réseaux sociaux et WhatsApp que j’avais plus de chance de les atteindre. Il y a aussi le fait de raconter l’histoire des 100 premiers bénéficiaires : des parcours inspirant à partir desquels les 9900 autres vont s’identifier. Aujourd’hui nous enregistrons 1500 demandes d’inscription au programme à partir du formulaire (http://bit.ly/2BiZ0Og).

La deuxième difficulté a été de constituer un réseau de formateurs pédagogues : des professionnels du développement d’applications déterminés comme moi à jouer leur rôle. Ils sont aujourd’hui dix sur le continent répartis dans les 3 pays suivant : la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun. Ils ont pu suivre un cursus de formateurs leur permettant de bénéficier des 12 ans d’expériences de formation professionnelle du centre Objis. Nous avons besoin de 200 formateurs pour former les 10000codeurs. Nous en avons actuellement une dizaine dont Serge Komi INNOCENT à Abidjan, Daniel FOUOMENE à Yaoundé, Gabriel KWAYE KANT à Douala, Ousseynou SENE à Dakar. Je les remercie particulièrement car je peux vous dire qu’ils mouillent le maillot au-delà de mes espérances, et pour la joie et l’expertise de cette nouvelle génération de codeurs Africains !

La dernière difficulté reste le modèle économique. Former, valoriser et insérer un bénéficiaire 10000codeurs coute 6000 euros, soit dix fois plus que ce que paye les bénéficiaires actuellement. Notre pari est de montrer que nous sommes capables de former ET insérer ; nous pourrons alors obtenir les faveurs des Etats, des organismes d’aide au développement ainsi que des entreprises. Nous allons établir les partenariats rendant possible la phase industrielle de 10.000codeurs.

ADI : Quels sont les retours que vous avez reçus sur votre projet ?

Sur la base d’éléments factuels (interaction sur les réseaux sociaux, invitations dans les événements liés au numérique, perception de la jeunesse etc…) il apparaît que le projet est perçu non seulement positivement, mais aussi comme étant une initiative à fort potentiel pour la formation des jeunes et des femmes sur notre continent. C’est très encourageant et nous positionne comme une entreprise responsable.

Ce sont les histoires de nos bénéficiaires qui inspirent. Comme celle de Stéphanie NTAMACK au Cameroun : femme, maman, esthéticienne de 34 ans qui a choisi 10000codeurs pour se reconvertir en développeuse d’applications informatique. Ou encore celle de Mohamed TRAORE en Côte d’Ivoire : de formation gestionnaire, il est aujourd’hui l’un des meilleurs éléments de sa promotion. Ces cas donnent envie à d’autres de s’investir dans ce secteur en bénéficiant d’un accompagnement de professionnels responsables.

ADI : Comment voyez-vous l’avenir de 10.000codeurs ?

En 2018 nous allons continuer à raconter l’histoire de ces 100 premiers qui nous ont fait confiance. Nous souhaitons mettre en œuvre des cours en journée et un volet de e-learning pour attirer encore plus d’intéressés. En parallèle, nous menons un travail relationnel pour valoriser notre travail auprès des autorités des pays pilotes ainsi que d’autres pays sensibles à l’emploi de leur jeunesse. Dès 2019 nous souhaitons qu’Objis ne soit pas un contributeur financier parmi tant d’autres.

Nous allons fédérer les jeunes et les femmes en Afrique qui croient en notre vision, et ce à travers des groupes WhatsApp que nous créerons progressivement. Aujourd’hui, nous en avons déjà en Guinée, au Tchad et à la République Démocratique du Congo. Une occasion de garder contact et montrer notre volonté de proximité.

10.000codeurs sera également positionné comme fondation d’une plateforme en cours d’élaboration où codeurs, entrepreneurs et investisseurs seront au service de nouveaux usages du numérique en Afrique. Nous souhaitons devenir un partenaire privilégié des organisations patronales, des Etats, ainsi que des écoles de formation informatique en Afrique et cela dans le cadre de l’écosystème 10000codeurs

ADI : Une dernière chose que vous souhaitez ajouter ?

Combattons le chômage des jeunes et des femmes en Afrique. Comment ? Avec l’apprentissage des compétences pratiques en programmation web Mobile, des Soft skills, de l’anglais et de l’entrepreneuriat pour gagner entre 5000 FCFA (7,5 euros) et 1 million FCFA (1500 euros) et plus par jour.

 

 

Plus d’informations sont disponibles sur les liens suivants :

Vidéo de présentation 10000codeurs par Douglas MBIANDOU : https://www.youtube.com/watch?v=mqpbZ567OKA

Site 10000codeurs : www.10000codeurs.com

Site Douglas MBIANDOU : www.douglasmbiandou.com

Site plateforme 10000besoins : www.10000besoins.com

Demande d’inscription programme 10000codeurs : http://bit.ly/2BiZ0Og

Contact : contact@10000codeurs.com

Demande de Rdv et renseignements pays : Tel / WhatsApp

•Côte d’Ivoire : Noel N’GUESSAN au 00 225 58 66 13 07

•Sénégal : Senebou BADJI au 00 221 77 201 31 33

•Cameroun (Yaoundé) : Stéphanie NTAMACK au 00 237 568 375 60

•Cameroun (Douala) : Pierrette MAKANI au 00 237 6 96 23 19 54

Entretien avec Lionel Yao, fondateur de S-Cash Payment

L’Afrique des Idées a rencontré S-Cash Payment, une solution bancaire, totalement digitale. Son fondateur Lionel Yao, revient dans cet entretien sur le rationnel derrière la mise en place de cette plateforme.

ADI : En quoi consiste votre initiative, pourriez-vous nous donner un aperçu général de vos activités ?

Nous avons développé le premier compte sans banque 100% mobile pour les personnes exclues des systèmes financiers classiques, afin de leur permettre de bénéficier de solutions d’épargne, de crédits et d’un porte-monnaie électronique permettant d’acheter 24h sur 24 sans prendre le risque de transporter de la liquidité sur soi. Ce projet nous a couté plus de 25 millions Franc CFA jusqu’à présent. 

D’où vous est venue l’idée de fonder S-Cash Payment ? 

En 2015 lors d’un voyage au Nigeria en bus, j’ai été frustré et peiné parce que je ne disposais pas de compte bancaire, ni de produit bancaire comme les cartes de crédit pour effectuer mes transactions en naira. Ce constat m’a amené à chercher une solution dématérialisée  qui pourrait répondre aux problèmes de tous ceux qui étaient ou se retrouveraient dans ma situation. En faisant les recherches, je me rendu compte qu’en Afrique, on dénombre 925 millions de personnes non bancarisées en Afrique dont 420 millions en Afrique subsaharienne alors que 277 millions possèdent des smartphones et un compte mobile Money. Dès lors la solution que nous voulions proposer était possible et se justifiait. C’est dans cette optique que mon équipe (2 financiers et 3 codeurs) et moi, avions décidé de nous investir totalement pour créer S-Cash.

L’administration vous a-t-elle aidé dans vos démarches ?

Nous avons obtenu un fonds d’amorçage auprès de la fondation jeunesse numérique (www.fjn.ci), on espère plus dans le future. Au delà, d’un intérêt réel pour notre projet, nous n’avons pas reçu pour l’heure d’autres concours de l’Etat. Il n’y a pas de dispositifs d’appui concrets à des initiatives comme la nôtre malheureusement ; cela aurait été le bienvenu.

Quels sont les retours que vous avez eu sur votre projet ?

Nous avons seulement lancé pour le moment la version test (MVP) pour acquisition client. En termes de commercialisation véritable cela se fera dans les mois à venir. Nous recevons chaque jours de nos leads des messages nous demandant l’horizon de commercialisation de S-Cash car impatient d’utiliser la solution. Seules les banques demeurent réticentes à l’ouverture de leur système par peur des cybers attaques.

Comment voyez-vous l’avenir de S-Cash Payment ?

Je vois S-Cash comme une entreprise leader et experte dans la fourniture de solutions de finances digitales pour promouvoir l’inclusion financière en Afrique. Après la conquête du marché national, nous avons pour but de nous étendre sur toute l’Afrique subsaharienne !

Une dernière chose que vous souhaitez ajouter ?

La solution S-Cash est toujours en phase test et ne sera commercialisée que cette année. Mais nous avons déjà récolté un investissement de plus de 35 millions Franc CFA. Et nous restons ouverts à tout investisseur qui souhaiterait appuyer notre initiative pour contribuer à renforcer l’inclusion financière en Afrique.

Pour suivre le développement de S-Cash Payment, suivre leur page sur Facebook : @scash4you, Twitter: @scashpayment ou Instagram: @scash_payment

FinTechs in Africa: Multifaceted Tools to Promote Financial Inclusion

Mina lives in Sahuyé, 70 km away from Abidjan. Since 2008, she has used a mobile money account which she uses to send money to her aunt in Ouagadougou and to save a few bucks each month. Along with 100 million other people, Mina is now able to have access to basic financial services, which she did not have before. To what extent do FinTechs allow financial inclusion on the continent? Do they indeed offer financial services to all, from the Cape to Algier, from Dinga in Central African Republic and to Gondere in Ethiopia?. FinTechs are not a unique and global solution for Africa – it would be reductive to say that they are. They nevertheless offer a relevant response to daily challenges, as well as innovations that change profoundly the global financial ecosystem.

The singular breakthrough of FinTechs in Africa

Africa positions itself as new territory for financial services. Africa is one of, if not the only continent to have leaped directly to dematerialized financial services, without having to go neither through permanent agencies nor through large-scale landlines. This particularity can be explained through unpropitious access to the classic financial offer. Formal services are provided by agencies concentrated in urban areas, while the rural areas represent 2/3 of the African population and with high interest rates and commissions (around 10.07% in the ECOWAS region for example), one can then easily explain why people resort to inexpensive financial technologies.

This has then promoted a wider financial inclusion by granting access to basic financial services to a larger number of people and to marginalized communities. While the percentage of unbanked populations is 66% in Africa, with noticeable differences between countries, A resort to FinTechs is bringing about major change with 12% of Africans being able to access to financial services via FinTechs.However, it is clear that mobile money is only a solution among many others that are available to solve the problem. There are also money transfers, banking services, investment and wealth management operations, etc. This diversity is reflected in the diversity of African markets themselves, of their maturity and their needs. If some options, especially mobile money, are indeed fruitful in one country they may not make sense in another where a more or less sophisticated option would be more useful. Furthermore, some countries' profiles facilitate the deployment of one solution, where elsewhere the same solution would only respond partially or even not at all to increasing access to financial services. M'Pesa's success in Kenya, based on a demand-driven solution, has not been duplicated in Tanzania or Nigeria. These failures are linked to the diversity of ecosystems, highlighting the importance of adopting a plural approach to financial inclusion.

 

Challenges to FinTechs face and Solutions

Mobile Money today is the most developed and successful platform for financial inclusion in Africa. It positions itself as a gateway for a variety of services for its users. However, many issues must be solved to truly provide inclusive access, that is, financial service accessible to all, including those at the « bottom of the pyramid » Financial inclusion of people at the bottom of the pyramid remains indeed challenging, with or without FinTechs. This population, who live below the poverty line, carry out small operations, not above 2$ a day. Yet the agent-based model in the mobile banking system, whose revenue is 100% dependent on transactions, needs a certain total amount to become profitable. Considering 1$-operations conducted by an agent who spends monthly between 150 and 200$ and takes a percentage per transaction, the agent should register an amount of 20.000$ to get to the break-even point, which amounts to 2 transactions per minute, 8 hours a day, 7/7… Moreover, bragging about mobile penetration figures in Africa should not obliterate some realities. Mobile user rates in some African countries do not exceed 30% – on 100 people, only 30 in Burundi and 6 in Eritrea use a mobile phone. Digital data are also coming short. According to the telecoms company Tigo, only 20% of its clients / customers throughout the continent use data. Even if innovative financial services are multiplying, access to basic services is not yet guaranteed on the continent.

Other challenges remain to be overcome in order to  increase FinTechs ‘ coverage and ensure equal access to all, such as interoperability, which hinders domestic and international money transfers and efforts regarding financial education and awareness. While Rwanda can be cited as an example in terms of financial education, other countries like Nigeria do not promote FinTechs culture. For example, the Rwandan government has supported the implementation of digital platforms for basic services (Irembo) : payment for electricity bills, administrative procedures, etc. On the contrary, the economy in Nigeria is mostly based on liquidity with street agents, called Esusu or Ajo, operating day-to-day informally.

 

FinTechs potential provide a visionary ambition for Africa

If these limits / boundaries must be solved, the development of FinTechs paved the way for major progress towards financial inclusion. Financial inclusion is not limited to payments nonetheless. This « frugal innovation » deploys a wide range of financial services made accessible to most. Among the proposed services, there are of course the classic banking services, offering the possibility to those excluded from the banking system to take out a loan (as with Aire or Kreditech), insurance and micro insurance, investment, payment and online transfer services. Startups like Afrimarket, Azim or Mergims facilitate money or goods transfers safely at reduced rates. WeCashup and Dopay offer the possibility to pay online and/or get paid electronically, without any risk of corruption or security breach.

Moreover, these services not only increase financial inclusion, but also increase social inclusion with products facilitating access to basic services in health and education. For example, the Senegalese FinTech Bouquet Santé relies on the diaspora to solve some deficiencies in the national health system.These initiatives are supported by a range of elements facilitating the deployment  of digital solutions. First, the simplicity of the technology most frequently used, the USSD, as well as the dynamism of this sector which constantly offers innovations improving this technology and new applications. Second, the low cost of mobile phones, which promotes an easy and increasing penetration. Third, the ability to set up an extended distribution network, even in rural areas, throughout an agent-based system for mobile money. Finally, the increasing trend for players to seize this opportunity and to develop partnerships (between operators, banks, cooperatives, microfinance institutions) and facilitate the growth of their services with an effort in training and raising awareness.

So far, FinTechs have achieved a lot in increasing access to financial services. Today, the coverage of mobile money services in Africa exceeds 80%. In Kenya, access to banking services has increased by 58% since 2007, the year when the national unicorn M'Pesa was launched. It is undeniable that access to basic services has been reinforced on the continent with 15.4% of the total value of transactions in 2014 regarding bill payments and trade transactions.The growing access and participation in the financial system is not an end in itself, but a means to an end. They offer major direct and indirect advantages. At the heart of the system, they allow to reduce costs for trans-border funds transfers and for financial services by 80-90%, allowing companies to offer their services to low-income customers while securing their profitability. For users, they decrease the insecurity that goes with cash and provide the possibility to smooth their consumption, to manage risks linked to financial shocks by saving money, and step by step / little by little, to invest in education and health. For companies, facilitating access to credit by creating credit history allows them to grow and create jobs.

Last but not least, the growing interoperability and openness promoted by African regional integration offer exciting perspectives. Beyond mobile money, the bitcoin and block chains are a work in progress in Africa; some dare say that they could bear a revolution, the Impala Revolution. The block chain, which allows for the establishment of credit history, to check and/or create a basic financial identity may even be the next innovative leverage for financial inclusion and a tool for Africa to pioneer FinTechs at global level. To conclude, the possibility of providing larger access to financial services implies proposing tailored solutions covering the full range of needs on the continent, even adopting a local perspective because what is true in the capital city is not true anymore in a village. As a result, it is key not to believe in a single model capable of solving Africa's challenges as a single and homogenous entity. Finally, the key issue is to maintain the entrepreneurial vitality that can be observed for now in the FinTech sector.

Translated by:

Manon Richert

The Iroko project: The Crowd lending Pioneer in West Africa

The Iroko project is the first crowdlending platform in West Africa. The objective is to allow individuals to lend their savings directly to small and medium-sized companies in West Africa, for a fixed term and interest rate.

The project:

The project was created by two former students of Paris HEC (who graduated in June 2016), passionate about the dynamics and stakes that cross the African continent, especially West Africa.

Their work is based on a threefold observation: in the coming decades, the creation of millions of jobs represents a major challenge of the region, but SME’s are the main levers of job creation. However, these companies often lack the necessary funds for their development. This is the famous “missing middle” or “missing link” of financing. Since September 2015, they have been working on the opportunity of crowdfunding for small and medium businesses from West Africa and they conducted a feasibility study in April/May 2016 in Senegal and Ivory Coast. This study led to partnerships notably with Cofina group and Lendopolis (KissKissBankBank Group).

There were 3 objectives: to develop a legal operational model in the West Arican legal framework (there is no regulation on crowdlending in West Africa yet), to gauge the SMB and lender's interest in the service and to create strategic partnerships with local institutions. Then, they  presented and published their report (which is available on their website) and went back in October to start their activity.

The aim of the pilot stage (october to march) is to realize the three first lendings of about 30 millions CFA francs each. The first collection will start after the first project presentation during the launching event in Dakar on November 15th. They also joined the Cofina Group business incubator in Dakar.

Function and business model

The pivot of their model is their partnerships with agencies that assist SME’s, such as the Entreprise Upgrading Office or the ADEPME in Senegal. Every small and medium business funded is supported and  tutored by these agencies for at least a year.  These provide quantitative and qualitative information on the companies they assist and act as trusted third parties. The applications transmitted by these agencies are then reviewed by the Iroko Project team, and for those selected, presented to the lender community. The needs of the projects funded, vary between 10 and 100 million CFA francs. If the needs are more substantial, they can be complemented with a traditional bank loan. Once the project is presented online, lenders choose individually if they want to contribute, depending on the quantitative and qualitative information available on the company and its team. They also decide the amount they want to lend: between 100 000 and 2 million CFA francs. During this phase, lenders have the possibility to exchange with the manager and ask questions about the company activity. Data on social and environmental impacts are also highlighted, following the setting up of credit are also highlighted. These include: number of jobs created, reduction in the use of fossil energy, impact on local products etc. Once the collection is completed, the credit is disbursed and the reimbursements start. The proposed remuneration to lenders equals the credit interest rate and is around 9 to 14% each year.

The service proposes a complementary source of financing and a performing savings product, affordable for individuals. Once the credits have been set up, the Iroko project teams are in charge of following up the reimbursements and the possible recovery in partnership with the agencies. Concerning the default risk, as a last resort, it is supported by the lenders who are actually paid for the risk taken.

The economic model relies on the amount drawn during the credit setup, incurred by the company at a rate of 4,5 % of the total credit amount.For the lenders, the service is free and joining the community is very simple. Iroko project is open to every resident having a bank account in CFA francs. The only documents required are an ID and and bank transfer information.

Conclusion

The goal is to create a dynamic network where lenders and borrowers coordinate their funds, competence and know-how to encourage the development of the West African economic structure. The team is aware that their service targets the West-African privileged part of the population who have a strong savings capacity.   Developing innovative and popular payments channels such as mobile money is a priority.  However, these solutions are still very expensive and very difficult to bear by the parties at stake (SMB, lenders, Iroko Project).

Finally, the team hopes that their initiative helps the implementation of a specific regulation for crowd lending in this region. That is the reason why they discuss with the Senegalese authorities and the UEMOA zone to support the reflexion in that way.

The official project launching is scheduled on November 15th 2016 in Dakar.

You can contact the Iroko project team at contact@iroko-project or on Facebook and Twitter

Translated by

Anne-Sophie Cadet

Entretien avec Bénédicte Kudiman, fondatrice de Beto academy

L'Afrique des Idées a rencontré Beto Academy, une plateforme d'enseignement en ligne qui veut promouvoir les langues africaines et créer de l'emploi sur le continent africain. Sa fondatrice Bénédicte Kudiman revient sur le rationnel derrière la création de cette plateforme d'entrepreneuriat social et leurs ambitions. 

ADI : En quoi consiste votre initiative, pourriez-vous nous donner un aperçu général de vos activités ?

Beto academy est une plateforme d'enseignement des langues africaines (toutes présentées dans notre catalogue) par des enseignants qui résident dans des pays africains pour un public qui vient des quatre coins du monde. Aussi, depuis peu nous sommes sollicités pour réaliser la traduction des textes en langue européenne vers des langues africaines.

ADI : D’où vous est venue l’idée de fonder une académie des langues africaines ? 

Je fais partie de ces enfants qui ont vu leurs parents se priver pour envoyer des sous dans leurs pays d'origine. À la maison, il y a des plaisirs auxquels nous avons dû renoncer parce qu'il fallait aider tel ou tel membre de la famille au pays. Peut-on leur en vouloir ? Dans la plupart des pays africains, les gens ne sont pas payés à la fin du mois, et lorsqu'ils le sont, les sommes sont ridicules.

Nous sommes partis du constat que les autorités africaines n’ont pas la capacité de fournir à tous un emploi tel qu’elles le suggèrent dans leur programme politique. Le pouvoir politique ne  suffit pas pour assurer à tous un revenu suffisant. Le pouvoir est chez celui qui détient de quoi l'acheter…

Nous sommes en mesure de créer de la plus-value. La première matière première d'un pays c'est sa population. Nous sommes créateurs et sources de revenue. La matière première que nous proposons est inépuisable et d'une valeur inestimable : Les langues.

ADI : Quelles sont les modalités d'inscription et le profil type des adhérents ? 

Pour s'inscrire en tant qu'étudiant à une langue il n'y a pas de profil type. Vous pouvez être germanophone, anglophone, francophone. Les cours ont un coût qui reste très accessible. Il y a plusieurs options disponibles, la plus basique au prix de $15/mois inclut 1h30 d’enseignement, alors que la plus avancée au prix de $40/mois propose 4h d’enseignement. Il faut cependant prendre soin de s’enregistrer durant nos sessions d’inscriptions.

Pour ceux qui souhaitent devenir enseignants, nous recherchons des personnes motivées, qui parle couramment la langue qu’ils veulent enseigner, et bien sûr possédant une connexion Internet !

ADI : Comment voyez-vous l'avenir de Beto academy ?

Nous espérons que lorsqu'une personne souhaite faire des affaires ou immigrer dans un pays Africain que l'équivalent du TEF ou du IELTS soit requis. Nous espérons être amenés à la traduction d'œuvres littéraires en langues africaines, mais aussi de films, documentaires, et de chansons. Et bien évidement devenir une académie de référence et reconnue pour l’apprentissage des langues africaines de façon équitable. 

Mais plus sérieusement nous espérons faire partie des plus grands employeurs en Afrique.

ADI : Quel est votre bilan aujourd’hui : le nombre de personnes à qui cela a bénéficié et ce que cela a apporté en plus dans le plan de carrière de ces gens ?

Nous avons à peine un an et deux mois. Il est difficile de dire ce que cela à apporter en plus dans le plan de carrière de ceux qui ont suivi nos cours. Cela dit nous avons pu voir défiler pas moins de 3000 élèves et engager plus de 70 enseignants, c'est encourageant !

N’hésitez pas à contribuer à la cagnotte du projet :

https://www.leetchi.com/c/projets-de-benedicte-16821845

Plus d’informations sont disponibles sur le site de Beto academy :

http://www.betoacademy.com/

 

 

Les nouveaux agriculteurs : Anturia Mihidjai, la femme qui change la vision de l’agriculture aux Comores

nutrizone-agriculture-anturiamL’agriculture est, avec la pêche, le pilier de l’économie dans l’archipel des Comores. Mais elle est de loin la plus plébiscitée. La société lui préfère les emplois de bureau, les hauts postes politiques, et les fonctions culturelles, plus prestigieux en surface que les métiers de la terre. Pourtant, la donne est en train de changer. Entretien avec Anturia Mihidjai, fondatrice de Nutrizone Foods, qui instaure le changement avec une démarche innovante : valoriser les ressources alimentaires locales.  

Pouvez-vous nous présenter Nutrizone Foods ?

J’ai créé Nutrizone Foods vers fin 2014, dans le but de valoriser les produits alimentaires locaux et d’encourager leur consommation par la population a travers la transformation agroalimentaire.

Comment vous est venue l’idée d’entreprendre ?

L’idée de créer une entreprise m’a habitée depuis mes études universitaires au Kenya. L’environnement entrepreneurial Kenyan m’a vraiment impressionné par son dynamisme. J’ai su, durant mes études, que l’entrepreneuriat était ce que je voulais. De  retour au pays en 2012, je me suis dit que l’agriculture était mon domaine : elle me permettait de commencer avec un capital minimal. Je suis partie avec un avantage non négligeable : celui d’être issue d’une famille d’agriculteurs.

Quelles difficultés avez-vous surmonté pour réaliser ce projet ?

Je n’avais pas fait d’études commerciales : je suis infirmière et prothésiste dentaire. Cela a occasionné quelques doutes. D’autre part, il me fallait convaincre ma famille, ce qui n’était pas simple : culturellement, l’agriculture est vue comme un métier dégradant, « sale », aux Comores. Il était impensable qu’ayant fait mes études à l’université, je décide de m’investir dans une telle activité. Mais à présent, mon entourage l’accepte.

L’autre difficulté est liée à la pénétration du marché, l’environnement entrepreneurial aux Compres étant un peu plus compliqué qu’ailleurs pour un concept nouveau comme le mien. Ce n’est qu’après avoir présenté le projet devant un concours entrepreneurial national en 2013, au cours duquel j’ai été sélectionnée, que j’ai compris que je pouvais bien faire quelque chose.  J’ai commencé a m’impliquer, et à chercher des opportunités de formation.

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Farine de sagou, par Nutrizone Foods.

Et l’environnement entrepreneurial du continent africain, était-il plus favorable ?  

En 2014, j’ai été selectionnée par le Programme Young African Leaders Initiative (YALI) grâce auquel j’ai beneficié de ma toute première formation en entrepreneuriat et affaires a la Clark Atlanta University. J’avais toute la motivation dont j’avais besoin, et tout mon temps aussi : les six semaines durant lesquelles je m’étais absentée de mon travail d’infirmière de pharmacie pour suivre la formation du YALI m’ont valu la perte de mon emploi ! Je n’avais donc qu’un seul choix : exploiter ma motivation et les 150 euros que j’avais avec moi.

Aujourd'hui, l'agriculture est encore vue comme un métier de "paysan", donc forcément dégradant, peut-être à cause des relations féodales qu'entretenaient les grandes cités avec leurs serfs, à qui était réservée l'activité agricole…

Avant, j'avais la même vision que celle que notre culture entretient envers l’agriculture et la pêche. A l’école, j’avais honte de dire que ma mère payait mes frais de scolarité en produisant et en vendant des tomates et des feuilles de feleke*. Ce projet, c’est un hommage à mes parents et à leur noble métier.

 Je me rendais dans les champs de ma famille, je cueillais les sagous*,  les cassais et les séchais. Puis je payais pour le broyage et j’emballais ma farine dans des sachets à fermeture zip que je me suis procurés durant mon séjour aux Etats Unis.

 Je distribuais gratuitement les échantillons a des amis en échange de leur avis sur la manière dont je pourrais améliorer le produit. Apres plusieurs essais, j’ai fini par y arriver. L’étape la plus difficile fut ensuite de convaincre les supermarchés et autres distributeurs d’accepter de proposer ma farine dans leurs rayons. Le sagou est un produit qui d’habitude ne se vend qu’au marche local et non en rayons, et j’avais de bien faibles compétences en vente. Le premier magasin à accepter mes produits fut le supermarché Mag Market.

Les plus grands soutiens que j'ai eu, ont été mes coachs et mentors, et un financement de la fondation Tony Elumelu.

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Le sagou n'est vendu que sur le marché; local. Le commercialiser (ici, sachet de sagou précuit) contribue à changer la vision d'un métier essentiel.

Comment avez-vous fait face aux barrières culturelles ?

Ce qui m'a aidé à continuer, c’est d’abord l’envie de me prouver à moi-même que je suis capable de changer les choses, notamment dans un contexte où la plupart des jeunes sont convaincus que pour réussir dans la vie, il faut soit vivre à l'extérieur, soit s’impliquer dans la politique et les nombreux travers dont elle souffre.

Ayant vécu au Kenya, j'ai été contaminée, si l’on peut dire, par cette niaque entrepreneuriale. Je ne suis pas près d'accepter que ce projet échoue alors que chez mes amis, dans d'autres pays, ce concept fonctionne.

* Le feleke (ou bredy mafana à Madagascar) est une plante dont les feuilles sont appréciées pour leur goût proche de la menthe, et utilisées en sauce. 

** Le sagou est une fécule du sagoutier, probablement un lointain cousin du palmier, connue pour ses qualités nutritives. 

Kapital Plus Plus : Pionnier du crowdfunding à Madagascar

Kapital Plus Plus, plateforme de crowdfunding à Madagascar, met en relation les porteurs de projets malgaches avec des investisseurs malgaches ou étrangers.

 

Le crowdfunding est un marché très prometteur en matière de chiffres d’affaires d’autant plus qu’il représente une alternative innovante aux sources de financements classiques. Une étude menée récemment pour la Banque Mondiale concernant le marché du crowdfunding des pays émergents avait abouti à un potentiel de 95 milliards de dollars sur les 10 prochaines années. C’est ainsi que le lancement de la plateforme de crowdfunding Kapital Plus-Plus à Madagascar constitue certainement une offre pour les porteurs de projets malgaches de réaliser leurs projets et pour les investisseurs de devenir actionnaires dans ces projets.

Les porteurs de projets malgaches peuvent soumettre leur projet pour une étude complète avant de la publier sur la plateforme si les résultats sont concluants. La plateforme de crowdfunding Kapital Plus Plus contribuera à faciliter les ouvertures d’investissements ainsi que des accès aux offres bancaires et des institutions de microfinances à Madagascar. Une fois le projet présenté en ligne, les investisseurs choisissent individuellement les projets sur lesquels ils veulent contribuer, en fonction des informations quantitatives et qualitatives disponibles en ligne. Ils décident également du nombre de tickets d’entrée qu’ils veulent prendre. Une fois la collecte complétée, le fonds est décaissé et la réalisation du projet débute. La rémunération proposée aux investisseurs sera disponible dès que l’entreprise née du projet commence à obtenir des bénéfices sur le marché prévu. Lorsque les fonds sont mis en place, Kapital Plus Plus se charge de suivre l’utilisation des fonds suivant l’ordre du jour dans la réalisation du projet.

Pour tous types de projets économiques à Madagascar, la plateforme de crowdfunding Kapital Plus Plus propose à la fois une source de financement pour les porteurs de projet malgaches et en contrepartie un produit d’épargne performant pour les investisseurs malgaches et étrangers. L'objectif est également de créer un réseau dynamique où porteurs de projets  et investisseurs mutualisent leurs fonds mais également leurs expertises et savoir-faire pour favoriser le développement du tissu économique malgache. Le taux de bancarisation étant très faible à Madagascar, Kapital Plus Plus s’est adossé à des établissements bancaires et de microfinances pour assurer les métiers de LAB, KYC. Un système innovant a été mis en place afin de lutter contre le détournement de fonds avant et après la réalisation de chaque projet.

 

N’hésitez pas à contacter les équipes de Kapital Plus Plus à contact@kapitalplusplus.com  ou sur https://www.facebook.com/kapitalplusplus/

Iroko project : pionnier du crowdlending en Afrique de l’ouest

untitlediroko project est la première plateforme de financement participatif en dette rémunérée (crowdlending) en Afrique de l’ouest. L'objectif est de permettre aux particuliers de prêter directement leur épargne à des PME en Afrique de l'ouest, pour une durée et à un taux d'intérêt fixés à l'avance. 

Présentation du projet

Ce projet a été crée par deux anciens étudiants d’HEC Paris (diplômés en juin 2016) et passionnés par les dynamiques et les enjeux qui traversent le continent africain, et notamment l’Afrique de l’ouest. Leur travail est parti d’un triple constat : dans les décennies à venir, la création de millions d’emplois représente le défi majeur de cette région, or ce sont les PME qui sont les principaux leviers de la création d’emplois. Cependant, ces entreprises manquent souvent du financement nécessaire à leur développement, c’est le fameux « missing middle » ou « chainon manquant » du financement.

Depuis septembre 2015, ils ont travaillé sur l’opportunité du financement participatif pour les PME de la zone et ont notamment réalisé une étude de faisabilité, en avril-mai 2016, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cette étude a été l’occasion de nouer différents partenariats, notamment avec le Groupe Cofina et Lendopolis (du groupe KissKissBankBank)[1].

L'objectif était triple : développer un modèle légal opérationnel dans le cadre juridique ouest-africain (qui ne possède pas encore de régulation propre au crowdlending), tester l’intérêt des PME et des prêteurs pour le service et nouer des partenariats stratégiques avec des institutions locales. Ils ont ensuite soutenu et publié leur rapport (qui est disponible sur leur site) et sont revenus en octobre pour démarrer l’activité. L’objectif de la phase pilote (octobre-mars) est de réaliser les trois premiers crédits, d’environ 30 millions FCFA chacun.

La première collecte débutera après la présentation du premier projet, lors de l'événement de lancement le 15 novembre à Dakar. Dans ce contexte, ils ont également rejoint l’incubateur du Groupe Cofina à Dakar.

Fonctionnement et modèle économique

Le pivot de leur modèle est leur partenariat avec des agences d’accompagnement de PME, comme le Bureau de Mise à Niveau ou l’ADEPME au Sénégal. L’intégralité des PME financées sur leur plateforme sont en effet suivies par ces agences depuis au minimum un an. Celles-ci  fournissent une information quantitative et qualitative sur les entreprises qu’elles accompagnement et agissent comme des tiers de confiance. Les dossiers transmis par ces agences sont ensuite étudiés par les équipes d'iroko project et, pour ceux retenus, présentés à la communauté de prêteurs. Les besoins des projets financés sur la plateforme varient entre 10 et 100 millions de FCFA. Si les besoins sont plus conséquents, ils peuvent également arriver en complément d’un crédit bancaire traditionnel.

Une fois le projet présenté en ligne, les prêteurs choisissent individuellement s’ils veulent y contribuer, en fonction des informations quantitatives et qualitatives disponibles sur l’entreprise et son équipe. Ils décident également du montant qu’ils souhaitent prêter : entre 100 000 FCFA et 2 millions FCFA. Lors de cette phase, les prêteurs ont la possibilité de communiquer avec le dirigeant de la PME et de questionner son activité. Egalement, sont mis en avant des données sur les impacts sociaux et environnementaux attendus suite à la mise en place du crédit : nombre d’emplois créés, réduction de l’usage d’énergies fossiles, impact sur la production locale, etc.

Une fois la collecte complétée, le crédit est décaissé et les remboursements débutent. La rémunération proposée aux prêteurs est égale au taux d’intérêt du crédit et se situe entre 9 et 14% par an.

Le service propose donc une source complémentaire de financement pour les PME et un produit d’épargne performant et accessible pour les particuliers.

Une fois les crédits mis en place, les équipes d'iroko project se chargent de suivre les remboursements et de réaliser d’éventuels recouvrements, en partenariat avec les agences d’accompagnement. En ce qui concerne le risque de défaut, il est, en dernier recours, porté par les prêteurs, qui sont donc rémunérés pour le risque qu’ils prennent.

Le modèle économique repose sur une commission prélevée à la mise en place du crédit, supportée par la PME et qui s’élève à 4,5% du montant du crédit.

Pour les prêteurs, le service est gratuit et rejoindre la communauté de prêteurs est simple : iroko project est ouvert à tous les résidents possédant un compte bancaire en FCFA. Les seules pièces démandés sont un document d’identité valide et un RIB.

Conclusion

L'objectif est de créer un réseau dynamique où prêteurs et emprunteurs mutualisent leurs fonds mais également leurs expertises et savoir-faire pour favoriser le développement du tissu économique ouest-africain.

L'équipe a conscience que leur service s’adresse encore à une partie privilégiée de la population ouest-africaine, bancarisée et possédant une capacité d’épargne importante. Développer des canaux de paiement innovants et populaires, comme le mobile money, est une de leurs priorités. Néanmoins, ces solutions restent encore trop onéreuses et difficilement supportables pour les parties en présence (la PME, les prêteurs ou iroko project).

Enfin, l'équipe souhaite que leur initiative permette de favoriser la mise en place d’une régulation propre au financement participatif dans la région. C’est pourquoi ils sont en discussion avec les autorités du Sénégal et de la zone UEMOA pour accompagner la réflexion dans ce sens.

 

Le lancement officiel du projet est prévu pour le 15 novembre 2016, à Dakar. N’hésitez pas à contacter les équipes d’iroko project à contact@iroko-project ou sur Facebook et Twitter


[1]  L’un des leaders du crowdlending en France

 

 

 

 

 

Redéfinir « l’innovation » dans la technologie médicale en Afrique

L'innovation – le mot à la mode peut-être le plus utilisé dans le monde du développement international – se présente de plusieurs façons mais, dans la plupart des cas, il fait référence à une variante d'une nouvelle technologie. Il peut s'agir d'une lanterne alimentée par la puissance solaire, d'un dispositif portable de filtration d'eau ou d'un test de diagnostic en temps réel. Il est cependant rare que l'innovation se concentre sur des systèmes nécessaires à la durabilité et à l'efficacité de ces technologies. Autrement dit, l'innovation porte trop souvent sur le produit et non sur le process

Pour les futurs entrepreneurs sociaux étudiant des sujets tels que la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques, il est tentant de se concentrer sur l'innovation au sens traditionnel et orienté sur le produit, particulièrement en Afrique. Après tout, dans un continent confronté à des défis sociaux, économiques et environnementaux, des technologies innombrables pourraient avoir un impact immédiat et de grande portée. Par conséquent, pourquoi ne pas mettre ses talents à l'œuvre pour concevoir et développer de nouveaux produits ?

« Parce qu'il est moins important d'avoir une nouvelle technologie qu'une technologie qui fonctionne », affirme Francis Kossi, un entrepreneur social et ingénieur biomédical togolais, qui s'est lancé dans la redéfinition du terme « innovation » en Afrique de l'Ouest. « Ce dont nous avons besoin, ce sont des systèmes de distribution et de réparation des produits dont nous disposons ».

Il se trouve qu'en Afrique, pratiquement 8 dispositifs médicaux sur 10 sont en panne et hors d'usage – la plus grande partie étant des dons ou des appareils d'occasion. Il en résulte que les équipements existants ne sont d'aucune utilité pour les patients auxquels ils sont destinés – non pas en raison de quelque limitation technologique, mais simplement parce qu'il n'y a pas de pièce de rechange ou qu'ils nécessitent un simple réglage qui les rendraient fonctionnels. Comme l'affirme Kossi, « les gens en Afrique ne pensent pas à des choses comme l'entretien, et de nombreuses vies sont perdues à cause de cela ».

 

Kossi est un type d'entrepreneur rare. Issu d'une grande famille modeste de 10 enfants, à l’extérieur de la ville de Lomé au Togo, il étudie la physique et les maths jusqu'à ce que des envies de théâtre en Europe le démangent. Mais il change de trajectoire après quelques années.

Une opportunité se présente pour étudier en Europe et poursuivre son éducation scientifique et technique, et il laisse expirer son visa – se retrouvant temporairement dans un camp de réfugiés belge.

 

Un champ d'équipements médicaux en panne au Malawi

Il se fraye toutefois un chemin vers une école d'ingénierie où il est le seul Africain. C'est alors qu'il découvre une nouvelle voie : ramener son acuité technique en Afrique de l'Ouest et transformer les vies au moyen de la technologie – mais non pas dans le sens conventionnel.

Revenant à Lomé, avec un petit conteneur d'outils et de matériels, Kossi démarre Homintec, une entreprise de services en génie biomédical (GBM), avec pour mission l'amélioration des soins de santé dans la région en assurant le fonctionnement continu de l'équipement des hôpitaux. Tout comme les dispositifs médicaux fonctionnels, les entreprises de service GBM sont, en Afrique de l'Ouest, rares et éloignées. La plupart des hôpitaux font part de leurs difficultés à trouver des techniciens biomédicaux ou des ingénieurs d'entretien, ce qui a des conséquences graves sur leur capacité à fournir des services de santé de qualité.

« Nous souhaitons que nos médecins et infirmiers puissent fournir des soins de qualité – afin que les enfants soient traités et que les femmes accouchent en sécurité – mais que peuvent-ils faire lorsqu'une pièce manque sur un appareil et qu'ils ne savent pas qui est le fabricant ? Remarques de Kossi. « Comment peut-on espérer qu'un appareil nous aide à traiter des os cassés si nous ne pouvons pas traiter l'appareil cassé ? »

Ces questions motivant son travail, Kossi déménage Homintec au Bénin voisin en 2013, où l'économie est plus stable mais où les cimetières d'équipements médicaux hors d'usage s'accumulent dans les salles des hôpitaux et les espaces aux alentours. C'est devant ce décor qu'Homintec commence à progresser, autant sur le plan commercial que sur le plan social. En l'espace de quelques années seulement, la société passe de cinq à trente employés, et signe des contrats avec des dizaines d'hôpitaux en Afrique de l'Ouest, la plupart d'entre eux desservant les communautés les plus vulnérables de la région. Les intervenants en matière de santé commencent rapidement à s'appuyer sur Homintec pour son support d'équipements, avec ses techniciens devenus des experts fiables dans la technologie allant des machines d'anesthésie aux équipements de diagnostic et aux appareils de radiologie.

Kossi posant dans une salle d’opération à Cotonou, Bénin

Homintec est désormais une société multinationale, bien établie dans le processus d'ouverture d'une école de formations spécialisées en GBM, travail du bois, mécanique, électromécanique, ingénierie et automatisation, et apportant son réseau, son expertise et sa vision à l'avènement de la nouvelle génération d'ingénieurs biomédicaux en Afrique de l'Ouest. Kossi croit que « Peu de choses contribuent plus au développement social et économique qu'une population que des professionnels hautement qualifiés, particulièrement dans une spécialité telle que le GBM ». « Et nous avons un rôle important à jouer dans cet effort ».

Pour un entrepreneur social comme Francis Kossi, la technologie est toujours reine, mais l'innovation réside dans les petites choses de l'écosystème qui entourent cette technologie. En créant une équipe de techniciens d'entretien des équipements médicaux, Homintec garantit le fonctionnement fiable de ces équipements, de façon à ce que les docteurs et infirmiers puissent se concentrer sur les soins de santé et maintenir leurs patients en bonne santé, au lieu de se soucier des machines en pannes qu'ils ne savent pas réparer. Le résultat est une nouvelle approche avec pour objectif d'assurer le fonctionnement correct des équipements médicaux et, dans ce cas, une nouvelle définition de « l'innovation ».

 

Par Adam Lewis, Gradian Health Systems®

Gradian Health Systems est une société d'appareils médicaux à but non lucratif qui équipe les hôpitaux à ressources limitées pour l'administration d'une chirurgie sûre. Gradian fournit l'équipement approprié, la formation clinique et technique et un service continu à la clientèle afin de garantir que les hôpitaux des pays en développement puissent dispenser des soins chirurgicaux et anesthésiques de haute qualité. La technologie centrale de la société, la Machine d'Anesthésie Universelle (UAM), est un poste de travail d'anesthésie marqué CE, conçu pour fonctionner sans électricité ni oxygène, et permettant aux utilisateurs de l'utiliser en toute confiance quel que soit leur environnement.


Malkin R, Perry L. Efficacité des dons d'équipements médicaux pour améliorer les systèmes de santé : combien d'équipements médicaux sont en panne dans le monde en développement ? Medical & Biological Engineering & Computing, 2011, Volume 49, Édition 7, pages 719 à 722.

Cordero I. Dons de dispositifs médicaux : considérations sur les sollicitations et l'approvisionnement. Organisation mondiale de la santé : Genève, 2011. [accès au site ici (en anglais) : http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/44568/1/9789241501408_eng.pdf]

Mullally, S. Efficacité de l’ingénierie clinique dans les hôpitaux des pays en voie de développement. Carleton University: Ottawa, 2008. [accès au site ici (en anglais) :https://curve.carleton.ca/system/files/etd/51fd9e39-238e-4060-81b7-1c85d95617b2/etd_pdf/04d6de4ce03a151f3351c5e4f7a4ec51/mullally-clinicalengineeringeffectivenessindeveloping.pdf]

TIC, Entrepreneuriat et les start-up technologiques

Notre précédent article sur les Télécommunications en Afrique dressait un panorama du secteur sur le continent, avec des chiffres témoignant de l’importance et de la croissance du secteur aujourd’hui et pour les années à venir. La croissance attendue du nombre d’abonnés mobiles en Afrique et le développement de la data vers des réseaux plus rapides (3G et 4G) font du secteur des NTIC un secteur privilégié par les entrepreneurs et startups africaines et les investisseurs.

La multiplication et le succès des incubateurs numériques dans les grandes capitales africaines témoignent de l’esprit d’entreprenariat et d’innovation qui se développe chez les jeunes africains. En particulier, l’Afrique du Sud, le Kenya ou le Nigéria sont des places incontournables dans l’écosystème de l’entrepreneuriat numérique en Afrique, de par le nombre de structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs…), du nombre de startups qui voient le jour et des financements qu’attire le secteur. Les KINGS (Kenya, Côte d’Ivoire, Nigeria, Ghana et Afrique du Sud) représentent ces pays africains en plein essor économique, et porteurs du développement des NTIC et du digital, aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans la cour des grands.

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D’autres pays, comme le Maroc, Maurice ou le Sénégal ne sont pas en reste et attirent de nombreuses entreprises du secteur des TIC. En 2015, les investisseurs et les institutions d’aide au développement auraient accordé près de 185 millions de dollars de financement aux startups africaines.

 

Les principaux incubateurs numériques en Afrique

Afrique du Nord

Afrique de l'Ouest

Afrique de l'Est

Afrique du Sud

WikiStartp.tn

Flat6Labs.com

PlugAndPlayEgypt.com

Tahrir2.com

 

JokkoLabs.net

Cticdakar.com

iLabLiberia.org

MobileWebGhana.org

mFriday.org

CCHubNigeria.com

WennovationHub.com

ActivSpaces.com

Tekxl.com

IceAddis.com

iHub.co.ke

HiveColab.org

TheHubKampala.com

kLab.rw

Teknohama.or.tz

 

mLab.co.za

Google.co.za/Umbono

BongoHive.com

i-Hub.mg

 

 

Source : Etude Forbes Afrique 2015

 

En effet, aux quatre coins de l’Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest et Centrale, les entrepreneurs jouissent d’espaces d’échanges, de création et de développement, leur permettant de développer des applications et outils répondant aux besoins de la société et des consommateurs africains. Par ailleurs, l’organisation d’évènements, concours et Hackathons contribue à favoriser l’esprit entrepreneurial et à l’animation du secteur des TIC.

 

"Contraction de "hack" et "marathon", un hackathon est un événement lors duquel des équipes (composées de développeurs, mais aussi parfois de designers et de chefs de projet) doivent développer un projet informatique, en général un logiciel ou une application. Elles doivent le faire sur une période limitée, et généralement courte (une journée, une nuit, un week-end). Le but est donc de coder rapidement quelque chose de malin (d'où le "hack"). Il s'agit aussi de développer de manière intensive, sans s'arrêter (d'où le marathon). C'est aussi souvent une compétition festive à l'issue de laquelle un jury choisit et récompense des gagnants." Journal du net

 

Prenons l’exemple de Tekki48, un événement de 2 jours dédié aux startups organisé à Saint-Louis au Sénégal par le CTIC Dakar et Jokkolabs, en partenariat avec une université locale. L’événement a accueilli plus de 100 participants venus de tout le pays et 50 projets ont été pitchés devant un jury composé des acteurs clés de l’écosystème de l’entrepreneuriat au Sénégal. En particulier, depuis ces dernières années, les applications et startups technologiques à succès se concentrent sur des secteurs de l’économie dont le développement va de pair avec la croissance du continent. On retrouve ainsi des applications et plateformes dans les services financiers, avec l’essor des startups de la Fintech (M-Pesa, WeCashUp), du secteur de la santé, Healtech (JokkoSanté, Gifted Mom), de l’éducation, Edutech (WikiAfrica), de l’énergie et dernièrement, le secteur agricole (XamMarse, Trade at Hand).

Le point commun de ces startups technologiques à succès est l’aptitude qu’elles ont à allier esprit entrepreneurial et utilité sociale, ce qui leur permet non seulement de toucher un marché large, mais également d’attirer plus facilement des financements. Nous évoquons la question des financements à juste titre, car bien que le secteur des TIC soit prometteur en Afrique, les startups technologiques restent confrontées aux mêmes difficultés et contraintes que les startups classiques.

 

C'est aussi une question de financements et de ressources humaines!

En premier lieu, il n’est pas évident pour tous de trouver les financements nécessaires au développement de son projet. Prix, concours, emprunts ou Business Angels sont autant de pistes pour les entrepreneurs avertis, mais encore faut-il convaincre les investisseurs. Les structures d’accompagnement et de coaching jouent un rôle central sur ce volet, par le biais de l’incubation, des formations et ateliers divers. Par ailleurs, le développement de certaines plateformes requiert des compétences technologiques ou sectorielles (tel est le cas des startups technologiques dans le domaine de la santé ou des secteurs financiers par exemple), mais aussi commerciales et managériales. « Un technicien inventif et compétent est rarement un vendeur ou un homme d’affaires dans l’âme. », souligne Claude Migisha co-fondateur de The iHills Network, et membre fondateur de kLab, dans un article dédié au sujet.

Ces ressources humaines peuvent s’avérer difficiles à trouver et/ou coûteuses pour une jeune startup. De plus, les coûts de développement se répercutent parfois sur le prix du produit/service, ce qui limite son accessibilité à la population. Il convient donc que ces innovations technologiques, notamment celles ayant un impact social évident, soient accompagnées par le développement d’un environnement des affaires favorable ; on parle d’un accès facilité au financement, des infrastructures technologiques entretenues et la formation d’une ressource humaine adaptées. Au Kenya, suite à l’ICT Innovation Forum (Mars 2015), Bitange Ndemo, le précédent Secrétaire Permanent au ministère de l’information, de la communication et de la technologie, et Uhuru Kenyatta, le Président de la république, souhaitent faire du Kenya une « startup nation », par le biais de mesures encourageant l’innovation chez les jeunes, le financement de la recherche et du développement, dans l’optique notamment de créer des emplois.

 

 

Ndèye Fatou Sène

 

Sources

 

Entrepreneuriat féminin : LAFEENT, l’association qui accompagne les entrepreneures africaines

LAFEENTL’association « L’Africaine, Femme Entrepreneur » (LAFEENT) est une association à but non lucratif qui a pour objetif de promouvoir l’entreprenariat des femmes africaines, en Afrique et ailleurs. Ses activités sont centrées autour du conseil , de la formation et de l’emploi. Discussion avec sa présidente, Meyia NTOLO.

« Les femmes africaines représentent aujourd’hui plus de 50% de la population du continent Africain. Elles sont donc des actrices incontournables, des forces pour son développement », déclare d’emblée Meyia NTOLO, Présidente et fondatrice de l’association. 

« Nous avons l’ambition de travailler à transmettre aux femmes Africaines les connaissances et informations nécessaires pour leurs projets de création d’entreprise , de sensibiliser le plus grand nombre à l’entreprenariat, d’aider au développement de PME et TPE déjà existantes, de travailler avec les différents états et organisations à la réduction du secteur informel par l’information, la formation et l’accompagnement».

Les missions que s’est donnée l’association LAFEENT sont diverses : (i) faire la promotion de l’entreprenariat des femmes africaines en Afrique ; (ii) accompagner les femmes africaines dans leurs projets ; (iii) encourager les femmes hésitantes à créer leur propre emploi ; (iv) promouvoir la conscience professionnelle dans le monde du travail et (v) intéresser les femmes et jeunes femmes/filles à l’entreprenariat

« Nous apprenons aux femmes à découvrir et développer leurs talents. Nous travaillons à valoriser leurs intelligences, leurs compétences, ainsi que leurs réalisations», ajoute Meyia NTOLO. L’association se donne comme objectifs de former les femmes pour leur fournir les connaissances indispensables dans leurs projets de création et de gestion d’entreprises. Il s’agit d’aider les femmes africaines à s’épanouir professionnellement en Afrique et ailleurs.

LAFEENT entend également accompagner les femmes dans leurs recherches d’emplois en Afrique, et permettre le développement de leurs compétences et talents (notamment à travers des ateliers). Enfin, l’association permettra de former un réseau de femmes entrepreneurs pour assurer un échange d’expériences et l’entraide entre ses membres, en particulier en informant les femmes Africaines de la diaspora souhaitant investir ou s’installer en Afrique sur les modalités de création d’entreprise dans leurs pays d’origine.

Le lancement des activités est prévu en fin d’année 2016.

Retrouvez toutes les informations sur LAFEENT sur son site internet. Vous pouvez aussi suivre l'association sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram

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Les 10 jeunes entrepreneurs les plus talentueux d’Afrique

Ils sont jeunes, sont souvent partis de rien, ont parfois (déjà) connus plusieurs échecs avant de connaitre un succès. Et pourtant, ils ont réussis à créer des startups en plein développement créant des emplois et des perspectives dans leur pays d’origine.  

Zoom sur le parcours de dix jeunes entrepreneurs africains inspirés et inspirants !

1/ Momarr Mass Taal, 28 ans, Fondateur de Tropingo Foods, Gambie

Il aime dire qu’il a atterri dans l’entrepreneuriat par accident, à défaut d’une carrière dans l’administration… A 17 ans, Taal commence à imprimer des motifs sur ses t-shirts pour les personnaliser. Il commence ensuite à le faire pour ses amis, avant de créer sa propre marque de vêtements. Quelques années plus tard, il vend ses produits dans cinq pays d’Afrique.

Mais ce succès dans le textile ne lui suffit pas, et surtout n’exploite pas toutes les potentialités de son pays. Taal se lance alors dans l’agroalimentaire, en créant une entreprise de conditionnement de mangues et d’arachides. Tropingo Foods emploie aujourd’hui 140 personnes et exporte ses produits vers l’Europe et vers l’Asie pour un chiffre d’affaires de 1.5 millions d’euros par an.

2/ Mark Doumba, 29 ans, cofondateur de Clikafrik, Gabon

Alors qu’il se trouve à Dubaï, plusieurs amis de Mark Doumba lui demandent d’acheter et de leur délivrer certains produits. Réalisant la demande liée à cette situation, Doumba décide d’en faire un business : il recrute des personnes pour acquérir des produits de consommation et des pièces industriels à Dubaï, avant de les acheminer vers l’Afrique, essentiellement vers des PME et des consommateurs en quête de produits introuvables sur leur marché.

Les revenus de ce commerce explosent, permettant à Doumba de se lancer un fond d’investissements ciblant des PME en Afrique. Clikafrik compte aujourd’hui dans son portefeuille plus de 500 entreprises au Gabon et 200 au Sénégal, générant un revenu d’un million d’euros par an.

3/ Barclay Okari, 24 ans, Fondateur de Impact Africa Industries, Kenya

Okari a grandi dans un pays marqué par la violence, dans lequel, comme il le raconte sur sa propre expérience,  des enfants voient des cadavres sur le chemin de l’école, notamment durant les périodes électorales…   A l’âge de 11 ans, il commence à travailler dans l’entreprise familiale, et fonde à 15 ans sa première société, dans l’informatique. Celle-ci faillite au bout d’un an. Il récidive deux ans plus tard, également dans le domaine de l’informatique. Deuxième échec.

En 2010, Okari change totalement de secteur, en se lançant dans la fabrication de serviettes hygiéniques et couches bébé… Impact Africa Industries était né, et cette fois ci, il connaitra le succès. Son entreprise compte aujourd’hui plus de 80 salariés, et exporte ses produits en Ouganda et au Soudan du Sud, pour un chiffre d’affaire d’environ de 700.000 euros.

4/ Michael Muthiga, 29 ans, fondateur de Fatboy Animations, Kenya

Depuis sa plus tendre enfance, Michael Muthiga a développé une passion pour le dessin et la peinture. Ses parents furent impressionnés par son talent, mais craignaient que cette passion le conduise à l’échec scolaire. Pour tenter de « l’éloigner » littéralement des arts, son père l’a même transféré dans une école rurale. Paradoxalement, c’est là où il apprendra encore plus qu’en ville, grâce à un enseignant qui a remarqué son intérêt pour le dessin et lui apprit comment faire des dessins animés. Muthiga avait découvert sa vocation !

Il poursuivit sa formation dans ce domaine en apprenant à travers des vidéos en ligne libre d’accès. Après être passés par quelques jobs dans lesquels il économisait l’essentiel de son salaire, il réunit les fonds nécessaires pour acheter un équipement complet, et crée sa société en 2010. Fatboy Animations a percé dans le domaine de la publicité, accumulant les contrats. Avec son équipe de 9 personnes, il réalise aujourd’hui une dizaine de campagnes par mois.    

5/ Edwin Bruno Shayo, 29 ans, Fondateur de Smart Codes, Tanzanie

Il vendait des cassettes à 13 ans. Puis des CD à 17 ans. Après avoir réussi son acheter son premier ordinateur, il commence à faire des cartes de visites pour les entreprises, avant de se lancer dans la création de site web… Voilà comment Shayo a créé Smart Codes, une agence aujourd’hui spécialisée dans le marketing digital, qui emploie une trentaine de personnes et a un chiffre d’affaires de 300.000 euros par an. Ce succès lui a valu plusieurs prix et distinctions dans son pays, où il a été nommé « Young Achiever of the year » en 2015.

6/ Vital Sounouvou, 25 ans, Fondateur de Exportunity, Benin

L’histoire de Vital Sounouvou commence mal. A l’âge de six, il est atteint du paludisme. Le traitement qu’il reçoit lui sauve la vie mais le rend paralysé. Il continue d’utiliser des béquilles pour se déplacer. Ceci ne l’a pas empêché de faire des études et d’être diplômé.

Sounouvou a fondé Exportunity, une plateforme qui promeut les opportunités d’exportations en Afrique en mettant en contact producteurs et acheteurs sur tout le continent, et même ailleurs, à travers un simple téléphone. Exportunity compte 750 clients et une base de données de 85000 entreprises. Elle emploie 17 personnes.

7/ Joel Macharia, 29 ans, fondateur de Abacus, Kenya

A 29 ans, Joel Macharia a toute une vie entrepreneuriale derrière lui. Il a amassé beaucoup d’argent, a tout perdu, s’est endetté, et a tout reconstruit ! Il aime raconter qu’à l’âge de 8 ans, il revendait son déjeuner contre de l’argent, ou parfois des bonbons…

Macharia aime l’argent, et celui « l’argent des autres », comme lui disait son oncle. Ce dernier, travaillant dans le secteur bancaire, lui apprend quelques ficelles du métier. A 19 ans, il commence à mettre en pratique ce qu’il a appris avec l’argent de quelques personnes qu’il avait réussi à convaincre. Il joue en bourse et gagne, mais son business s’effondre en 2008, en grande partie à la suite des violences postélectorales qu’a connues le Kenya et de l’effondrement de la bourse locale.

C’est ainsi qu’il se retrouve fortement endetté, à l’âge de 22 ans, et contraint de travailler dans un autre domaine que ce qui l’intéresse. Juste le temps de « se refaire une santé » (ce qui prendra quand même 5 ans), et de lancer Abacus. Sa société de services financiers accompagne aujourd’hui plus de 3000 investisseurs.

8/ Sulley Amin Abubakar, 29 ans, fondateur de Zaacoal, Ghana

Trois personnes sont des sources d’inspiration pour Abubakar: Steve Jobs, Elon Musk, et sa grand-mère. Il place d’ailleurs sa grand-mère en tête de la liste, et dit avoir développée son esprit entrepreneurial en le voyant, en fil des années, vendre tout type de produit qui lui passait sous la main, des balais aux cigarettes.  

L’idée développée par Abubakar est  simple: recycler les déchets produits par les vendeurs de noix de coco dans la région d’Accra (il y en a plus d’un millier) pour en faire du charbon de bois. Une idée « verte » qui permet de traiter ces déchets dont la municipalité avait beaucoup de mal à se débarrasser. Cette idée est même devenue rentable, et sa production ne cesse d’augmenter!

9/ William Elong, 23 ans, Fondateur de Will & Brothers, Cameroun

William Elong voit les choses en grand. Et il avance très vite. A 18 ans, il obtient son premier diplôme en gestion. Cinq ans et quelques aventures plus tard, il décide de créer une société capable de montage de drones, destinée aussi bien aux usages civils (agriculture, médias, tourisme) que militaire. Son seul moyen au départ est une présentation Powerpoint…

Elong est aujourd’hui en pleine levée de fonds pour devenir le premier constructeur de drones au Cameroun, avec un projet de quadricoptére équipés de caméra haute définition capables de voler à une altitude de 500 mètres pendant une vingtaine de minutes.

10/ Uneku Atawodi, 28 ans, Fondateur de Bamboo Green Concepts, Nigeria

Atawodi a une passion: le polo. Elle l’a pratiqué en compétition et a beaucoup voyagé à cette occasion. Avec l’aide de son père, elle acquiert un hôtel à Abuja, et l’aménage pour la pratique du polo. Elle organise ensuite une levée de fond pour ouvrir un établissement similaire à Lagos, capitale économique du pays.

A travers à son expérience personnelle qui lui a permis de constater les difficultés à organiser une levée de fonds pour une PME, Uneku Atawodi lance une plateforme de crowdfunding, dénommée Malaik, sur laquelle près de 300.000 euros ont été levés en deux mois. Sa société, Bamboo Green Concepts, compte 67 employés à plein temps et plus d’une centaine à temps partiel.

 

Nacim KAID SLIMANE

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