"Le moteur principal de l'empreinte écologique de l'Afrique est l’augmentation de la consommation, soutenue par la croissance démographique et la forte expansion de l'économie régionale".
Avant-propos, Rapport de l'empreinte écologique de l’Afrique (2012, p.4)
Récemment, le Programme des Nations Unies pour l'environnement a organisé un banquet avec des produits que des chaînes internationales de supermarchés avaient rejetés parce qu’ils ne répondaient pas aux critères réglementaires en termes de calibre, de forme et autres caractéristiques. En bref, le produit n'avait pas l'air bon, il était « laid ». Mais, du point de vue du goût, était-il savoureux ?
Avec l'augmentation des revenus, la tendance est au changement des modes de vie et des habitudes alimentaires. Désormais, il y a plus de choix, qu’il s’agisse de l’alimentaire ou de biens plus chers, tels que des véhicules, des logements et d'autres biens. Et quand on a plus d'argent à dépenser, on a tendance à intégrer plus de variétés et plus d'aliments coûteux à son régime alimentaire. Toutefois, les réponses diffèrent selon qu’il s’agisse de pays en développement ou de pays développés. Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), on a tendance, dans les pays en développement, à délaisser les denrées de base comme les céréales, les racines, tubercules et légumineuses, pour adopter plus de produits issus de l'élevage (viande et produits laitiers), d’huiles végétales et de fruits et légumes. Alors que dans les pays développés, la majorité des consommateurs peuvent déjà s’offrir ce qu'ils préfèrent, et quand leurs revenus augmentent, les changements dans leurs habitudes et leurs achats alimentaires sont relativement modestes. Mais leurs attentes, quant à ce qui est mis à leur disposition, changent-elles ?
Alors que nous sommes de plus en plus nombreux à pouvoir se permettre de n’acheter à manger que ce que l’on aime, va-t-on se montrer plus difficile ? Va-t-on exiger que notre alimentation apparaisse plus attrayante ? Et dans quelle mesure cette tendance s'étendra-t-elle à d’autres domaines de notre vie?
Imaginez l'ampleur du gaspillage en termes de terres, d’eau, de ressources minérales et d’énergie, qui entre en ligne de compte dans la production, la transformation et la distribution des marchandises qui, aujourd’hui, font partie de nos modes de vie, et la facilité avec laquelle nous les rejetons, les éliminons et les remplaçons.
Le Rapport de l'empreinte écologique de l’Afrique estime ainsi que nous avons utilisé l'équivalent de 1,5 planète Terre en 2008 pour satisfaire nos modes de consommation. En d'autres termes, un an et demi environ serait nécessaire à notre Terre pour régénérer les ressources que l'humanité a englouties cette année-là. La spirale de la consommation non viable est lancée.
A l’occasion d'un séminaire sur ce que signifiait la croissance verte pour l’Afrique pour le personnel de la BAD, en janvier 2013, l’Institute for Global Environmental Strategies (IGES) a avancé une proposition intéressante pour intégrer la consommation durable : le cadre de l’Attitude Facilitator Infrastructure (AFI) (Akenji, 2012). Ce dispositif, qui a été présenté lors du sommet Rio+20, suggère que, pour engager une consommation durable à grande échelle, trois volets sont nécessaires et doivent fonctionner de concert : la bonne volonté des parties prenantes (par exemple une prédisposition à être un consommateur “durable”, une volonté politique) ; des initiateurs qui fassent en sorte que les actes reflètent bien les attitudes (par exemple, des incitations encourageant les comportements vertueux, et des contraintes dissuadant les effets indésirables – telles que des variables juridiques, administratives, culturelles ou liées aux marchés) ; et des infrastructures adaptées, grâce auxquelles les modes de vie durables deviendraient la solution de facilité (aménagement urbain “intelligent”, notamment).
Autrement dit, ce dispositif offre une approche qui ouvre, à long terme et à un niveau systémique, sur un environnement où les alternatives durables deviennent un choix par défaut.
Nous sommes conscients du danger imminent que représente le consumérisme effréné, tandis que la classe moyenne urbaine en Afrique ne cesse de croître – il s’agit là d’aspirations “légitimes”. Quel type de modèle ou d’approche pourrait être appliqué au contexte africain afin de maintenir une consommation durable ?
Un bon point de départ serait d’inclure les denrées de formes irrégulières, qui sont de plus en plus absent des étals de nos supermarchés locaux (voire de nos échoppes traditionnelles) en Afrique, qui eux aussi font en sorte, de plus en plus, de nous fournir des fruits et légumes « parfaits ».
Un article de Musole M. Musumali initialement paru sur le blog de la Banque Africaine de Développement.
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