L’économie de la santé de ne jours prend la moindre place dans le système économique général des pays africains ; portant la santé reste un droit humain et a une valeur inestimable. Il serait temps de penser à investir dans le secteur de la santé en Afrique, ceci contribuerait à améliorer l’état de santé des africains, à sauver des vies et surtout permettrait d’atteindre les Objectifs Millénaire de Développement (OMD), notamment ceux relatif au VIH/SIDA, à la tuberculose, à la mortalité infantile et maternelle.
« Les individus en bonne santé sont plus productifs, gagnent, épargnent, investissent, consomment davantage et travaillent plus longtemps » selon une étude de la HHA (Health Harmonisation in Africa) portant sur l’investissement dans la santé en Afrique (1) . De ces facteurs en ressort un impact positif sur le produit intérieur brut (PIB) de la nation. Selon cette même étude « qu’une année de vie de plus augmenterait le PIB de 4 % ». Une meilleure santé réduirait les coûts financiers des soins de santé pour la famille, la communauté, le secteur privé et le gouvernement. Au-delà de l’aspect social l’amélioration de la santé des populations constitue, une opportunité économique qui nécessite de lourds investissements pour que ce secteur puisse efficacement contribuer à l’essor économique du continent.
Harmonisation des dépenses de santé
Contrairement à d’autres domaines qui sont en plein essor d’investissement (le tourisme, le secteur minier…) en Afrique, celui de la santé est loin d’en faire partie. Afin d’harmoniser le taux d’investissement des différents pays africains dans le domaine de la santé, en 2001 différents chefs d’états ont tenu une conférence à Abuja. Ce grand rassemblement s’est tenu suite à une augmentation très importante du taux de VIH dans la population africaine. Il en ressort alors que chaque état attribuerait 15% de son budget à la santé.
Depuis cette conférence, l'OMS a déclaré que seuls le Rwanda et l'Afrique du Sud ont atteint les 15%, tandis que la Commission de l'Union africaine a rapporté que seuls six États membres de l'Union Africaine ont dépassé le seuil des 15% : le Rwanda (18,8%), le Botswana (17,8%), le Niger (17,8%), le Malawi (17,1%), la Zambie (16,4%), et le Burkina Faso (15,8%)(2). D’autres pays ont fait des efforts considérables pour augmenter leurs budgets mais cela reste toujours inférieur aux 15% fixés. Et dans la plupart des cas, ces investissements sont financés sur ressources extérieurs.
La difficulté des pays africains à atteindre cet objectif relève de plusieurs raisons. Les systèmes de gouvernance diffèrent et la motivation varie d’un pays à l’autre. Il semble que les états préfèrent investir dans les milieux novateurs en plein essor comme l’informatique ou encore dans les mines et le pétrole. Enfin la croissance démographique de certains pays allant plus vite que la croissance économique, il parait évident que les investissements régressent, plus encore dans le domaine de la santé.
Mise au point du l’état d’investissement actuel
On distingue différents types d’investisseurs à savoir l’Etat, le secteur privé, les fonds étrangers, l’aide publique au développement, les différents organismes internationaux (OMS, ONU …).
En ce qui concerne l’Etat, sa part dans les dépenses de santé ne cesse de diminuer : à titre d’exemple en 2009 le financement public ne représente que 22,4% du financement total de la santé au Togo. (3). Des fonds importants proviendraient des organismes internationaux et de l’aide publique au développement : de nombreux pays d'Afrique dépendent encore fortement des ressources extérieures pour financer leur secteur de la santé. « Dans 26 des 33 pays d’Afrique subsaharienne, le soutien des donateurs représente plus de la moitié des investissements alloués à la riposte au VIH » lit-on dans un communiqué de presse de l’ONUSIDA Genève en Novembre 2012. Les organismes et coopératives internationaux font des investissements sous forme de programmes de lutte contre les différentes maladies. Il s’agit souvent des financements basés sur les résultats et il apparait clairement que certains de ces financements ont porté leurs fruits. L’accès aux traitements antirétroviraux pour les patients atteints de VIH est facilité et le nombre de cas de nouvelles infections au VIH a considérablement baissé : depuis 2001 on enregistre une baisse de 71 % au Botswana, 58 % en Zambie, 50 % au Zimbabwe et 41 % en Afrique du Sud (4). Le nombre de décès dû au paludisme a diminué (baisse de 25% entre 2000 et 2010) et actuellement, presque 1 foyer sur 2 en Afrique est équipé d’une moustiquaire (5).
Mais il paraitrait que ces fonds soient mal repartis et surtout mal gérés. « Les ressources disponibles ont été utilisées de manière non rationnelle, en partie à cause du manque d’utilisation systématique de processus et d’outils pour fixer les priorités dans l’utilisation des maigres ressources » publie l’HHA. De plus, les ressources n’ont pas été déployées de manière efficiente. Notons que l’Afrique n’est pas le seul continent à utiliser les ressources de manière non rationnelle : au plan mondial, 20 à 40 % des dépenses des systèmes sanitaires sont gaspillées, les pays les plus pauvres en gaspillant une proportion encore plus élevée. Si les ressources (aide publique au développement et budget alloué à la santé) étaient bien utilisées, alors Un des objectifs de l’OMS serait atteint, à savoir chaque africain doit consacrer au moins 61§ à la santé. Pour atteindre, il faudra définir de nouvelles bases d’investissement : nous traiterons ce point dans un article à venir.
Nelly Agbokou
Webographie :
1. investir_sante_afrique.pdf [Internet]. [cité 10 sept 2013]. Disponible sur: http://www.who.int/pmnch/media/membernews/2011/investir_sante_afrique.pdf
2. abuja-f.pdf [Internet]. [cité 10 sept 2013]. Disponible sur: http://www.ppdafrica.org/docs/policy/abuja-f.pdf
3. PNDS_TOGO.PDF [Internet]. [cité 10 sept 2013]. Disponible sur: http://www.internationalhealthpartnership.net/fileadmin/uploads/ihp/Documents/Country_Pages/Togo/PNDS_TOGO.PDF
4. L’ONUSIDA annonce une chute de plus de 50 % des nouvelles infections à VIH dans 25 pays alors qu’il reste 1 000 jours pour atteindre les objectifs mondiaux de la riposte au sida [Internet]. [cité 30 août 2013]. Disponible sur: https://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2012/november/20121120prresults/
5. Un nouveau rapport révèle qu’une Afrique en meilleure santé pourrait favoriser davantage la croissance économique du continent [Internet]. [cité 30 août 2013]. Disponible sur: http://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2013/july/20130715prabuja/
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Il y a juste un point sur lequel je ne suis pas d'accord. Dans l'article, l'auteur compare les investissements dans la santé et ceux fait dans d'autres domaines comme les mines et le tourisme, mais je trouve que les deux ne peuvent être comparés. Or, les depenses de santé ne peuvent être classés parmis les investisments, mais plutôt parmi les charges. Elle n'apportent pas de retour immédiat sur investissement. Du coup je trouve tout à fait normal que les gouvernement mettent l'accent sur les investissements dans les secteurs porteurs. Aprés , la question est de savoir comment les bénéfices tirés de ces investissements seron utilisés, et là on rejoint la bonne gouvernance dont parle l'auteur.
on peut penser que les depenses de santé sont une charge, dans le cas ou cela ne rapporte rien a l'etat. mais si on prend la definition du larousse du mot investir, il dit qu'invertir c'est "placer des fonds dans quelque chose en vue d'en tirer un bénéfice". oui l'etat met de l'argent dans differents programmes de santé, dans la construction des hopitaux, dans la prevention, dans la subventions des centres de santé , cliniques et autre… tout ceci dans le but d'obtenir un "benefice" a savoir l'amelioraton de l'experance de vie, diminution du taux de mortalité… bien sur ce benefice n'est pas un benefice qui peut se chiffrer en dollars et dans un laps de temps court (quelques années) comme lors de l'investissement dans le secteur minier, mais qui se chiffre en terme d'amelioration des differents indicateurs de santé et ce sur des dizaines d'annees.
oui je suis d'accord que les etats investissent dans les domaines porteurs, mais il doivent penser au domaine de la santé car il pourrait s'averer etre un secteur porteur?
C'est absolument ahurissant de lire que les dépenses de santé sont une charge pour un état. Le développement repose sur le capital humain, c'est à dire l'Homme. Et ce dernier doit être en bonne santé pour le supporter.. L'Afrique a donc intérêt à investir massivement dans la santé. Les occidentaux l'ont si bien compris. Je soutiens donc la position de Mme Agbokou avec qui je souhaite amplement échanger. SVP tapez Donatien Robé sur facebook madame pour me retrouver car nous menons le même combat.
L’éducation et la santé paraissent comme des domaines qui ne contribuent pas directement à accroitre la production nationale. Pourtant leur contribution à la croissance économique est très déterminante en ce sens que le ménage en bonne santé n'effectuera pas de dépense énorme pour ça santé donc sera à mesure d'épargner. Cette épargne constituée est utilisé par les agents à besoin de financement qui eux même ont besoin d’être en bonne santé pour la bonne gestion de leur investissement; pour ne citer que ça. Tout cela participe à la croissance économique donc capable de booster le développement .Pour rejoindre Mr ROBE, le capital humain est un facteur déterminant de la croissance donc le développement il est puisque urgent d’investir dans la santé pour une croissance inclusive et donc le développement.