Avec beaucoup d’humour, de style et de révolte, Anas Atakora évoque sa vision d’une véritable poésie togolaise. Apprentis sorciers en poésie, s’abstenir car ça décoiffe.
Il est actuellement trop facile de devenir poète au Togo. Poète par-ci, poète par-là avec des « discours » qui ne peuvent obliger Gnoussira Analla qu’à "colorer (ses) nuits de solitude/ et de piment écrasé". Soit !
Récemment encore, je reçus un homme d’un âge certain dans une de mes classes de Terminales m’informant vouloir vendre sa poésie à mes élèves avec bien entendu une autorisation de l’établissement. Alors je m’autorisai à jeter un coup d’œil sur "ses poèmes" et là, je lui refusai l’accès à la salle ! Vives incompréhensions entre le poète venu vendre ses piètres vers et l’enseignant chargé de « planter des virgules » salvatrices dans les jeunes esprits !
Ils sont nombreux les « poètes » de ce genre dont les « œuvres » polluent et gauchissent le chant poétique togolais. Comme si la poésie consiste à clamer et proclamer ses amours et ses espoirs dans un style honteusement ordinaire. Que ces soi-disant poètes existent, cela peut ne pas gêner, qu’ils fassent eux-mêmes la publicité de leurs "œuvres" sur leurs sites et autres réseaux sociaux, cela peut aussi ne pas gêner puisque le temps fera son tri, mais que de sérieux sites d’infos en fassent la publicité, cela ridiculise notre poésie ! Je voudrais taire les noms sauf celui d’un certain Ganyo Komi Maglo dont l’œuvre Cri de mon âme a été malheureusement légitimée sur le site Togocultures. Non ! Il faut cesser de banaliser la poésie au Togo! Le chant (champ) poétique togolais connaît de vraies voix : Gnoussira Analla, Anaté Kouméalo, Nicaise Assouan, Ewomsan Dieudonné et bien d’autres, notamment Jean-Jacques Séwanou Dabla. Je mentionne le nom de ce dernier parce que, de passage à Lomé dans le cadre du festival Plumes francophones, l’auteur de L’éternité mythique a animé un atelier de poésie du 15 au 19 mars 2013. Cet atelier fut pour nous d’heureux moments d’échanges qui ont rassuré notre conviction en ces termes :
« L’enfant n’a rien à faire
Dans un camp militaire » n’est pas de la poésie !
Pour finir donc ce texte, je relaie le discours de Dabla soulignant que la poésie n’est pas simplement une recherche de rimes, mais plutôt une manière différente de dire et de voir le monde. Donc, tant que le langage est normal, convenu alors il n’y a pas encore de poésie car dira-t-il : « la poésie est une parole différente ». Pour réussir cette parole différente, Dabla conseille de :
– Se départir des vieux symboles
– Travailler à renouveler le langage
– Laisser libre cours à la créativité
– Faire de l’engagement un prétexte à l’écriture et non un enjeu
Poétiquement Demain !
Un article d’Anas Atakora repris sur son blog Bienvenue sur les monts !
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Anas ne va pas se faire que des amis avec ce type d'articles, mais je jubile derrière mon écran !
Et pas qu'un peu! MDR
Une critique assez juste, je ne serais pas aussi dur que toi sur certains points mais il est incontestables que nombres de pseudo auteurs jettent l'opprobre sur la poésie avec leurs oeuvres bancales, aproximatives et d'une mortifères platitude. Bien des écrits m'ont donné envie de jetter les oeuvres dans une trou sans fond. Dans ce ballet de médiocrité et de miévrerie, je comprends que certains aient des envie de suicide … ou de meurtres … Thypam, Diop ou Césaire (Arthur R, Charles B et j'en passe … ) doivent se retourner dans leur tombe… quant à nous, attendant le déluge (de feu et de ciseaux) salvateur, nous rongeons notre frein! j'ai dit
Les mots sont alignés, une vérité poétisée
Ce que je valide de façon engagée
Mieux d'apprendre que de bafoue
Je suis d'accord avec vos pensées…@W@