Depuis 2006, la France célèbre tous les 10 mai, la « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition". C’est invariablement l’occasion de byzantins– et franchement accablants – « débats » sur la « repentance », l’opportunité des « lois mémorielles », la « quantification » de l’esclavage, l’échelle des « souffrances humaines », etc. Cette année, la polémique porte sur la « réparation » de l’esclavage, et pour une fois, la controverse dépasse le cadre français, stricto sensu. La question est un peu plus profonde que cela, et concerne aussi l’Afrique contemporaine.
Il est impossible d’écrire une histoire de l’esclavage qui épargne les Africains. Et il est inopportun d'écrire une histoire de l'Afrique qui esquiverait la question de l'esclavage en Afrique. Et tous les efforts dans ce sens sont aussi vains que puérils. L’horreur du commerce transatlantique et l’inconcevable brutalité des esclavagistes et des négriers n’étaient certainement pas moindres que l’abjecte cruauté bien établie dans une multitude de royaumes et chefferies africaines avant et durant les siècles de la traite négrière. Il suffit de relire Doguicimi (1938), le formidable roman-essai historique du Béninois Paul Hazoumé pour s’en rendre compte. La description des sacrifices d’esclaves dans le royaume d’Abomey qu’il y fait rend presque secondaires l’élégance de la prose et la qualité de la figure principale de l’ouvrage, cette Doguicimi, mélange d’Antigone et de Schérazade, martyre et prophète.
On peut ergoter autant qu’on le souhaite sur la question, mais même sur les aspects purement « quantitatifs » – et Dieu sait l’inanité de tels calculs – l’Afrique ne peut échapper au blâme. Les travaux d’Olivier Pétré-Grenouilleau – aussi vilipendés par les militants associatifs qu’ils ont été loués pour leur qualité historique par des historiens professionnels et de bonne foi – sont édifiants : il est probable que la traite « orientale » – pour ne pas dire « arabo-musulmane » – d’Africains ait été deux fois plus importante que le même trafic entre l’Afrique et l’Amérique. Il est établi également que les « flux » d’esclaves au sein même de l’Afrique Noire aient été d’une ampleur au moins similaire. Ce qui ne fait qu’effleurer le rôle joué par les chasseurs d’esclaves et les royaumes esclavagistes. Pour un autre regard sur le bilan de la traite négrière on pourra se reporter à cette analyse d'Emmanuel Leroueil.
Cela implique que parler de compensation financière de l’esclavage aujourd’hui, en ne centrant la focale que sur les cités et nations occidentales ayant participé à et bénéficié de ce commerce serait une supercherie – laissons de côté les aspects éthiques d'une évaluation financière des profits en question et des compensations monétaires de ces vies détruites.
J’avoue franchement ne pas comprendre grand-chose à la fureur et à l’excitation que ces questions soulèvent en Europe et aux Etats-Unis. Il devrait être relativement simple d’acter que l’esclavage était une abomination et que les premiers devoirs que cet épisode historique impose sont de faire en sorte que jamais il ne puisse être reproduit, et enseigner aux futures générations à décortiquer et rejeter les « arguments » pseudo-scientifiques, moraux ou religieux qui ont servi à le justifier. Le reste est commentaires et chicaneries.
Mais je suis encore plus abasourdi par la forme que ces débats prennent en Afrique. Il y a aujourd’hui une forte tendance parmi les plus éminents historiens africains contemporains, à adopter une vision presque revanchiste de l’histoire du continent. Cela prend le plus souvent la forme d’une incroyable susceptibilité sur tout ce qui touche au passé de l’Afrique subsaharienne essentiellement. Tout effort visant à tempérer l’enthousiasme des partisans de la « négritude » de l’Egypte antique est une résurgence de la bête immonde. Toute indication de la part jouée par des Africains dans la traite négrière devient ipso facto une façon de « blâmer les victimes ». Toute discussion vaguement équilibrée de la colonisation peut être convertie en disculpation du roi Léopold de Belgique. Ainsi de suite. Et cela ne s’arrête pas au passé lointain. Même des aspects aussi peu sujets à controverse que le « règne » du Colonel Kadhafi en Libye ou certains éléments de la présidence de Laurent Gbagbo deviennent l’objet de virulentes contestations. L’injure n’est d’ailleurs jamais loin : dans les pages mêmes de ce site, les murmures de trahison et d’autodénigrement ont abondé.
Je crois comprendre – et même sympathiser avec – les ressorts de cette hypersensibilité. C’est certainement une réponse à ce que Césaire avait synthétisé ainsi: « et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ; que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux portes de la négrerie ». Une part de cet effort vise, peut-être inconsciemment à panser, cette blessure et « l’omniniant crachat » qu’elle constitue. Et l’on pourrait raisonnablement penser que dans la lutte contre le racisme et la haine raciale, certains coups sont peut-être permis. Le temps de la modération et des « d’un côté… mais de l’autre » viendra plus tard. Cet article (en anglais) sur la question du statut des travailleurs ayant bâti les pyramides d'Egypte (esclaves ou travailleurs libres) revient sur la difficulté qu'il y a à écrire de façon objective sur une question complexe, lorsque la discussion est essentiellement politisée, hypée, à fleur de peau.
C’est, à mon avis, une mauvaise stratégie. D’abord parce que c’est une façon malhonnête de penser et d'écrire l’histoire. Si les fantaisies nordiques en vogue dans l’intelligentsia européenne aux XIXe et XXe siècles ont été (en grande partie) discréditées, c’est beaucoup à cause de l’horreur des crimes du nazisme, mais aussi parce qu’elles étaient purement et simplement… fantaisistes. Cette histoire de l’Europe (et des origines des « races » européennes) n’était pas de l’histoire. On le sait désormais, moins à cause des crimes commis en son nom que parce que de meilleures méthodes historiques l’ont démontré. Occulter les subtilités et complexités de l’histoire de l’Afrique pour apporter une réponse à ces théories reviendrait à s’amputer les deux jambes pour montrer la normalité des performances d’Oscar Pistorius. Cette vision quantitative et exclusivement compétitive de l'histoire s'élève rarement au dessus d'un vulgaire qui a la plus grosse…
Dans un second temps, ça induit d’innombrables dissonances cognitives: prétendre que des jeunes gens débarqués de Bretagne ou de Lisbonne connaissaient assez bien les contreforts du Fouta Djallon pour aller y capturer des africains, par exemple. Ou bien s’obstiner à « démontrer » que la philosophie grecque est née en Egypte [dans l'excellent quoiqu'excessif "Not Out of Africa", (1996) Mary Lefkowitz a apporté à cette question une réponse assez claire et tranchante], s'enthousiasmer sur le fait que le nom egyptien pour "volcan" soit bidmuch plutôt que badadoum, ou soutenir que les Sérères sont les descendants des pharaons et d’autres sottises du même acabit. — Sur ces points on pourra se reporter soit au compte rendu assez équilibré que fait Mohamed Mbodj sur la question de l'afro-centrisme – (pdf) et à cette critique plus ancienne de certains travaux de Théophile Obenga (pdf).
Enfin, cela revient à commettre un crime impardonnable : raconter des bêtises aux enfants. De la même façon que des générations entières d’écoliers français et américains sont élevés dans une vision complètement irréelle de figures comme Charles de Gaulle ou Georges Washington, cette façon d’émasculer et de simplifier l’histoire de l’Afrique revient le plus souvent à en donner une vision idéalisée et assez sotte à des générations de jeunes africains.
L’histoire de l’Afrique est un objet d’étude capital. En elle-même, comme simple curiosité et comme récit, certainement. Mais aussi parce que ces conséquences sur les structures actuelles du continent – qu’elles soient sociales, économiques ou politiques – sont considérables. Il est impossible, en revanche, de ne pas être découragé par la façon assez politisée et moyennement scientifique dont elle prend la forme dans le débat public aujourd’hui : entre omissions volontaires et susceptibilité.
Le fait est qu’étudier l’histoire de l’Afrique revient à accepter la possibilité qu’elle ne révèle rien de très glorieux ni de très positif. Cela tombe bien, l’historien n’est pas un griot.
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Sur Petré Grenouilleau, ce n'est pas à un africaniste européen d'écrire l'Histoire de l'Afrique. C'est aussi simple que cela.
Aussi, croire qu'étudier l'Histoire est un simple hobbie de chercheur qui s'ennuie, me parait bien naif. L'Etude de l'Histoire, à moins de n'etre qu'une succession aride de faits, est forcément subjective et je dirais même politique. Croire que Petré Grenouilleau est animé d'un soucis de restitution objective de l'Histoire Africaine c'est comme croire que Bernard Henri Levi deviendrait de bonne foi lorsqu'on évoquel'Histoire de la Shoah. Bref, chacun s'abreuve à la source qu'il veut, mais nous avons des Historiens assez compétents et spécialisés pour se passer de salades de personnes qui croient que l'Afrique leur appartient tjrs. Le bail de location est fini, y compris dans le domaine de la Recherche Historique. Que Petré Grenouilleau nous parle du Moyen Age barbare de l'Europe et de l'Esclavage des Slaves (etymoligie du mot Slavery) par les romains. Dernière chose : L'Histoire de l'Afrique est bien plus positive qu'on ne le croit. L'Afrique des Idées deviendrait elle afro pessimiste ?
"Ce n'est pas à un africaniste européen d'écrire l'Histoire de l'Afrique. C'est aussi simple que cela"… Bah justement, ce n'est pas aussi simple que ça. C'est même assez faux et légèrement dangereux. Il y a quelque chose dans l'argument qui traîne dangereusement près de "l'Afrique aux Africains". Il suffit juste de changer d'échelle et ça donne l'histoire de Dakar aux Dakarois, celle de Libreville aux librevillois, etc. On n'est plus très loin de la Côte d'Ivoire aux Ivoiriens.
Je ne vois pas ce que BHL vient faire ici : la raison pour laquelle BHL est BHL tient justement au fait que sa vision des choses est partiale, biaisée et uni-directionnelle. Ton argument assume implicitement que tout le monde agit comme lui, que toute recherche historique et tout argument étant systématiquement biaisés et politisés, autant que ce soient "les nôtres" qui concoctent la saucisse… Il n'y a rien qui crie autant aveu de faiblesse et complexe d'infériorité que ça. Je crains tellement peu ce qui ressortira des recherches des historiens, que je ne crains pas que tous ceux qui le souhaitent y aillent. Pétré Grenouilleau ou ma grande-tante s'ils ont les qualifications pour. Ou même BHL pendant qu'on y est.
Le but de l'article était justement la défense d'une histoire "positive", dans le sens de "scientifique", "rationnelle" et peut-être objective : libérée du besoin de répondre à des polémiques ou espérances de nature essentiellement politiques. Je vois mal une histoire de l'Afrique "positive", dans le sens que tu utilises. Un refrain, une chanson peut-être. Un film, mouais. Mais la dernière chose que je voudrais c'est que les livres d'histoire deviennent des manuels de développement personne. C'est la voie la plus rapide vers une version africaine de "nos ancêtres les Gaulois"
Je ne suis pas vraiment partisan de "l'Afrique aux Africains". Pétré Grenouilleau ou BHL, comme tu le dis Joel, l'essentiel est que le débat historique soit scientifique, rationnel, et constructif. Que le passé soit positif ou négatif, on ne peut pas le changer; on peut juste s'efforcer de faire éclater la vérité toute nue, de la comprendre, et de s'en servir pour de meilleurs lendemains. L'histoire est une science qui étudie le passé, pour comprendre le présent, et préparer l'avenir (leçon introductive de M. Mbacké au PMS). Il en va de l'histoire comme de la sociologie, de l'économie, ou du droit. Va-t-on interdire aux Africains de se spécialiser sur l'Europe, le Moyen-Orient ou l'Amérique Latine? Jean-Jacques Servan Schreiber, auteur de "Quand la Chine s'éveillera" se retournerait dans sa tombe!
*de ne pas se spécialiser
Si l'Histoire est une science, alors elle n'appartient à personne, elle est un bien public mondial si on peut dire, et de ce ce fait, la question de la couleur de le peau du chercheur est moins pertinente (bien moins) que la rigueur de sa méthodologie.
Ecrire un contre mythe (pas une contre Histoire) n'apportera rien … C'est décider de répondre à une betise par une betise.
La dernière fois où j'ai eu droit à un tel florilège c'était avec un collègue historien africain-américain. En trouver pareil sur ce site me pousse à me demander si je n'avais pas surréavaluer TERANGA WEB. L'illusion positiviste a toujours le défaut de faire exactement ce qu'elle reproche.
Il est normal que l'Afrique soit (justement) incluse dans toute histoire de l'esclavage (espérons aussi dans l'histoire de l'amour, de la fraternité…). Pour dire que l'exclusivité tout comme l'exclusion de l'Afrique sur les questions du monde (c'est dire si l'histoire en est une d'importance) n'a pas lieu d'être qu'importe le sujet.
Il aurait été utile d'avoir quelques noms des "historiens professionnels et de bonne foi" qui auraient "loué" les travaux d’Olivier Pétré-Grenouilleau. En réalité, ils se recrutent chez les tenants de la ligne Pierre Nora (JP Azema, ou hélas Marc Ferro hélas encore : quelle misère qu'il ait apporté sa signature à telle aventure peu scientifique), avec l'exception notable de Pap Ndiaye (EHESS) qui s'est fendu d'une médiocre tirade sur GRIOO.COM pour laver à grande lessive l'honneur de Pétré-Grenouilleau.
En réalité le Prix du Sénat décerné à Pétré-Grenouilleau célèbre plus une vision de l'histoire, qu'une honnête écriture de l'histoire. Ce sont les mêmes qui voulaient une abrogation de la loi Taubira, Gayssot, … Ce sont les mêmes qui disaient (ironiquement) que la France devrait se doter de la tombe de l'esclave inconnu : l'auteur de ces propos est appelé "le Pape des Sciences Humaines" (non-fiction.fr), Pierre Nora lui-même.
Pareil : des noms et des analyses, please, quand vous parlez d'une "forte tendance parmi les plus éminents historiens africains contemporains, à adopter une vision presque revanchiste de l’histoire du continent."
Vous allez bien vite en besoigne, en essayant d'assassiner toute la pensée de l'afrocentricité (à distinguer de l'Afrocentrisme, comme nous y invite la page wikipédia à laquelle vous renvoyez même si elle est truffée d'apologies à Pétré-G.), en la ramenant à une " vision quantitative et exclusivement compétitive de l'histoire".
C'est comme l'école postcoloniale ou celle qui se réclame de Cheikh Anta Diop : les méthodologies, disciplines et buts visés sont aussi diverses que leurs auteurs souvent.
Je vais m'en tenir juste au cas de Pétré-G. que vous portez aux nues. Vous seriez bien inspiré de lire cet article : http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/num-dakar-02/010013428.pdf il est extrait des Actes du Séminaire sur "Gorée dans la Traite atlantique : mythes et réalités (Gorée, 7-8- avril 1997) édités par le Prof Djibril Samb.
Dès l'entame (et l'édition de l'infâme ouvrage de Pétré-G), l'édifice de P. Curtin est mis à terre. C. Becker l'analyse bien dans l'article en ligne supra. La principale source de Grenouilleau est précisément Curtin qui s'appuie sur Gaston-Martin et D. Richon. Voilà donc que l'imprécision décriée 10 ans plus tôt par des scientifiques – réunis dans une volonté sénégalaise d'examiner sans faux fard le passé de Gorée avec des historiens qui ne sont pas tous d'accord (De Benoist en particulier) – sert de faux vernis Grenouilleau. L'édifice qu'il batit est friable non pas seulement pas les chiffres imprécis, il l'est pas ses conclusions et même son titre : "les traites négrières". Les Africains qui mettaient des Noirs en captivité ne le faisaient pas au nom d'une couleur de peau (Ibrahima Thioub rappelle qu'il y a eu des esclaves blancs), idem pour les "Arabes" (terme recouvrant les Kabyles, …) qui razziaient Noirs, Blancs…
Mettre traites négrières au pluriel ne repose sur aucun fait sérieux, surtout si cela sert un but politique qui tend à diluer la traite négrière (id est atlantique) dans un magma difforme.
Ce faux voile de scientificité remonte à bien loin, certains ayant fait du positivisme avant Comte. Tous les echafaudages raciales ne sont-ils pas le fait de scientifiques ? De philosophes qui sortaient les Nègres de l'histoire à ceux qui dissertaient sur l'égalité des races (Cuvier dépeçant le sexe de Sarah Bartjmann dénommée la Vénus hottentote, tant pis si vous avez pensé Gobineau).
Je vous renvoie à une militante qui n'en est pas moins scientifique (A lire : Du racisme français) : http://lmsi.net/Une-negrophobie-academique
Comme une promotion, Grenouilleau diffuse son fiel à l'IEP de Paris. La plainte visait moins son livre (contrairement à ce que laisse penser la propagande de Pierre Nora) que ses propos négationnistes sur l'esclavage comme crime contre l'humanité. Nora ergote pour dater précisément cette notion juridique à 1945 et non rétroactive (si on suit sa logique, le génocide nazi contre les juifs n'en serait pas un : ce qui serait abject d'induire). Autour de Gérard Noiriel (qui est contre l'abrogation de la loi Taubira et autres dites "mémorielles) se regroupent plusieurs historiens qui n'ont pas signé la pétition et qui estiment que la juste réponse n'est pas de se poser en victimes, c'est plutôt réagir sur le terrain de la science. Or là il y a manque d'arguments, surtout quand on voit comment Nora éructe contre l'esclavage et la colonisation. Après tout Nora défend son beafteack et ses errements : il a commis un ouvrage de 4.700 pages où l'esclavage – que vous estimez centrale dans l'histoire de l'Afrique – est réduite à la portion congrue. C.-Vidrovitch ne cache pas son effarement devant l'explication de Nora sur son silence : En présentant l’ouvrage à l’époque, Nora avait affirmé lors d’une conférence à l’EHESS qu’il n’y avait rien d’autre [que l'Exposition Coloniale de 1931] sur les lieux de mémoire coloniaux, parce qu’il « n’en avait pas trouvé » (CCV – http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1452). Or la défintion même de Nora contredit son propos : des personnes et leurs actions peuvent être lieux de mémoire. Donc exit Toussaint Louverture, Dessaline, les tombes des antillais, les forts français.
De manière plus centrée, je regrette que votre texte soit du même absolutisme que vous semblez condamner (en mettant en épingle des élements isolés comme la plainte de collectif Dom – sans resituer le contexte et dire en toute honneteté comment elle a été retirée : présenté par erreur comme l'initiateur, Claude Ribbe indexe les manoeuvres politiciennes : http://www.claude-ribbe.com/dotclear/index.php?2010/04/20)
Il n'y a pas à accepter ou pas le visage de l'histoire : hideuse et belle. Ce n'est pas parce que les expéditions napoléoniennes ont charié leurs millions de victimes qu'il n'en est pas admiré même par … Pierre Nora.
Joel Té-Léssia, si vous avez étudié au Sénégal, vous avez alors appris que les livres d'histoire y disent l'horreur de l'esclavage, et avec des rois africains (même si il n'est pas dit mot de ceux qui, Africains, ont lutté contre l'esclavage). De même, je ne partage pas votre avis Fary : il n'y a pas une histoire blanche ou noire et l'historien n'a comme premières peau et patrie que la science (je me méfie de la prétentue objectivité totale (disciple de Cheikh Anta, je retrouve chez d'autres historiens cette reconnaissance des choix plus ou moins concients que l'on fait dans nos objets d'étude, comme Djibril Samb qui renvoie à Lucien Febvre et fernand braudel). L'auteur de référence sur la France vichyste est un Américain, Patton. Les travaux de Louis Sala-Molins (pour ne citer que lui) sont uniques par le parcours et l'accuité de son auteur.
Appeler à une sombre perspective de l'écriture est aussi vain que prétendre offrir une histoire lisse. Té-Léssia, vos références me laissent songeur car comme pouvez vous qualifier d'excellente quoique excessif un ouvrage pour pour asséner que son auteure a trancher la question (qui continue de s'agiter puisque vous y consacrez un sacré salmigondis). Vous condamnez les insultes et traitez les recherches sur l'Egypte de sottises. Pourtant si vous avez lu EUTERPE d'Hérodote (pour ne parlant que de lui), il est manifeste que les Egyptiens sont au moins métissés sinon Noirs (même Barack Obama, métis d'une Blanche et d'un Noir , est qualifié de Noir). Ce serait donc la première fois dans l'histoire qu'une population métissée serait qualifiée de blanche. Dans les traductions de Legrand (qui propose la version grecque ET française) et celle de Barguet, mélanokroés est traduit par "peau brune". Depuis quand une peau brune est autre chose que Noire, surtout quand les cheveux sont … crépus ? A supposer que l'on accepte cette traduction – alors que le terme "mélan" revient plusieurs fois et comme pas enchantement renvoie à "noir".
Puisque vous êtes si docte (au point de savoir ce qui est tranché et sot), j'ai le préjugé d'imaginer que vous avez lu Fauvelle Aymar qui a grand soin de dire et répéter qu'il n'a aucune sorte de compétence historienne pour juger/jauger l'oeuvre de Cheikh Anta – même sil y consacre tout son livre L'AFRIQUE DE C.A.D. C'est un amas de procès d'intention, à aucun moment il n'est possible – comme au Caire en 1974 devant 26 éminents égyptologues qui n'ont pu apporter une répartie conséquente (c'est le rapport du colloque qui le dit) – d'affirmer en quoi (toutes) les thèses de CAD seraient fausses. Dépasser l'incantation et éviter d'exclure tout contradicteur, ce sont là les deux exigences qui permettent tout débat… scientifique.
Il est vrai que dans votre commentaire, en raison à la posture de Fary vous dites sans ambiguité votre projet : écrire une histoire positive et objective ; les deux mamelles du positivisme.