J’hésite toujours à écrire que la croissance économique est en train de trouver un équilibre en Afrique sub-saharienne. Il y a eu de nombreux rapports dans les années 1960, 1970, 1980, et même dans les années 1990 soutenant que la croissance en Afrique était sur le point de décoller. Grande déception quelques années plus tard. Les statistiques économiques et sociales de l'Afrique de la dernière décennie semblent pour une fois véritablement prometteuses.
La Banque mondiale publie un rapport intitulé «Pouls de l'Afrique" deux fois par an, et la plus récente édition (PDF) propose d'assez intéressantes statistiques.
Voici le taux de croissance du PIB réel de l'Afrique sub-saharienne, représenté par la ligne jaune. Les barres bleues, à titre de comparaison montrent les taux de croissance annuels du PIB réel parmi les autres économies en développement du monde – hormis la Chine, qui est maintenant classée par la Banque mondiale comme une économie «à revenu moyen supérieur».
La ligne rouge omet l'Afrique du Sud, qui est également considérée comme une économie «à revenu moyen supérieur" selon les normes mondiales. Le pays a souvent été, durant la dernière décennie, à la traîne par rapports aux taux de croissance du reste de l'Afrique sub-saharienne. Il y eu clairement une stagnation avec les crises financières et économiques mondiales de 2009, mais un rebond rapide a été noté au cours des dernières années.
Plus rapide que la moyenne pour les pays en développement d’Afrique la croissance porte également ses fruits dans les économies les plus faibles. La part de la population dans les pays pauvres en d'Afrique subsaharienne en dessous du niveau de consommation de 1,25 dollar par jour est passée de 65% à la fin des années 1990 à 49% au cours des dernières années. Les taux d'inégalité, mesurée par le coefficient de Gini sont également en baisse. Des données plus détaillées montrent également des avancées dans plusieurs domaines: la mortalité infantile, l'espérance de vie, la scolarisation, l'accès à l'assainissement, etc.
Seulement, la question centrale sur les performances de croissance de l'Afrique dans la dernière décennie est de montrer leurs liens avec la hausse des prix mondiaux des matières premières et des produits de base. En effet, il s’agit donc de savoir si la croissance chutera à nouveau si les prix fléchissent. Comme dit le rapport:
« La demande soutenue de ressources naturelles de l'Afrique, ainsi que les récentes découvertes de pétrole, gaz et minéraux, entre autres, au Ghana, en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie et au Mozambique, avec un environnement macro-économique amélioré, soutiennent des perspectives de croissance économique solides. La question pertinente est de savoir comment la nouvelle richesse des ressources trouvées peut être convertie en recettes fiscales et en dépenses publiques efficaces pour favoriser le développement durable, l'amélioration du bien-être humain, et la réduction plus rapide de la pauvreté. En d'autres termes, comment pouvons-nous éviter une autre «malédiction de la ressource » …
Trois axes fondamentaux de la gestion des ressources naturelles, incarnant chacun leur propre dynamique politique, sont mis en évidence: transparence dans la conclusion des contrats, efficacité dans la collecte des impôt et priorisation dans l’investissement public
La figure ci-dessous distingue la croissance économique entre pays riches et pauvres en ressources d'Afrique sub-saharienne. De toute évidence, la croissance a été plus rapide dans les économies riches en ressources. Mais le temps montre que, comparativement aux résultats économiques vraiment difficiles de l'Afrique dans les années 1980 et 1990, la dernière décennie n'a pas été totalement sombre.
La question pour l'Afrique est de renforcer la croissance inclusive : il s’agit, non seulement d’une croissance économique basée sur la hausse des prix des ressources naturelles et des matières premières, mais aussi d’une croissance plus largement basée sur la hausse de la productivité dans l'agriculture et la fabrication, les connexions sur les marchés mondiaux, la fourniture des services dans les villes en expansion, le développement des infrastructures, etc.
Qui sait, peut-être que l'Afrique a enfin trouvé une place au soleil de la croissance.
Article reproduit avec l'aimable autorisation du Professeur Timothy Taylor – Editeur du Journal of Economic Perspectives. Publié initialement sur le site "Conversable Economist" : " Africa's Economic Pulse ".
Traduit de l'anglais (USA) par Hamidou Anne.
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