La Guinée s’oriente vers des élections législatives non-libres ni transparentes. Prévues pour 2010, elles ont été repoussées à plusieurs reprises en raison des inexactitudes du fichier électoral et du climat socio-politiques. Elles doivent finalement avoir lieu le 28 septembre 2013. Mais le contexte reste aussi tendu et les points de désaccords sont nombreux.
Avec l’accord politique inter-guinéen, négocié le 3 juillet 2013, notamment grâce à la longue médiation de l’envoyé spécial de l’ONU Saïd Djinnit, les acteurs politiques étaient parvenus à trouver des compromis sur les principaux points de désaccord et à fixer les élections législatives au 24 septembre. Malgré les avancées obtenues début juillet, les principales revendications continuent de tourner autour du fichier électoral. Il semblerait que le processus ne soit pas entièrement maîtrisé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Anomalies électorales
Plusieurs anomalies ont été relevées par l’opposition : le « dédoublonnage » des électeurs, la répartition inégale des bureaux de vote, la distribution imparfaite des cartes d’électeurs et l’affichage très incomplet des listes électorales (pourtant prévu selon la la loi 30 jours avant le scrutin). Celle-ci a longtemps menacé de se retirer du processus électoral si ces dysfonctionnements n’étaient pas pris en charge, et il a fallu une nouvelle intervention internationale pour que le 21 septembre, un délai supplémentaire de quatre jours soit octroyé à la CENI. Ce report de la dernière heure, destiné à régler les contentieux techniques, a surtout permis de maintenir l’opposition dans le processus électoral et d’éviter qu’elle n’annonce son retrait, une décision qui aurait pu d’ailleurs lui porter préjudice. Dans l’immédiat, cette décision a contribué à apaiser les tensions entre les dirigeants politiques.
Mais au-delà de ces irrégularités qui pourraient décrédibiliser le processus, il existe de vraies appréhensions autour des élections à venir. Ainsi, la décision du 21 septembre de reporter les élections de quatre jours n’a pas empêché des échauffourées d’éclater dès le lendemain entre activistes de la majorité présidentielle (RPG) et de l’opposition (UFDG) faisant vingt blessés à Conakry. De tels affrontements à la base entre militants ont effectivement fini d’instaurer l’insécurité et continuent de semer le doute dans les esprits. Les affrontements entre la base des deux partis, et la polarisation ethnique qui s’en suit, constituent une épée de Damoclès. Ces nombreux paramètres posent le débat sur les risques de conflits ethniques qui pourraient nuire de façon très sévère à l’avenir de ce pays.
Risques d'ethnicisation des violences
Rien n’est plus dangereux qu’une campagne électorale « ethnicisée » : on sait pertinemment qu’une telle situation ne favorise en aucune manière un climat propice à la tenue de ces élections. Non seulement ces affrontements accentuent la crainte du peuple guinéen mais aussi ils constituent un mauvais couloir arpenté par certains jeunes pour se faire gratuitement du mal. Cette place des jeunes dans ces affrontements pré-électoraux à connotation ethnique n’est d’ailleurs pas une exclusivité guinéenne : on la retrouve dans de nombreux autres pays africains, et cela devrait pousser la jeunesse africaine à se pencher sur le modus operandi de son engagement politique.
La situation en Guinée-Conakry est l’occasion pour les instances régionales de s’interroger une nouvelle fois sur l’instauration et l’application de systèmes incontournables pour résoudre les crises pré- et post-électorales. Il est inadmissible que pour une raison ou pour une autre, des élections législatives ne puissent pas se tenir depuis 2010, qu’une partie des citoyens guinéens soit terrorisée, qu’un système politique bloque et pollue l’atmosphère. Il en va de la santé économique et sociale du pays.
Considérant au total tous les événements auxquels ce pays a dû faire face depuis des années, il est grand temps que les acteurs politiques de la Guinée aillent aux urnes dans la paix et la confiance.
Blaise Guignane Sene
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"La Guinée s’oriente vers des élections législatives non-libres ni transparentes." RIEN dans cet article ne montre en quoi ces élections ne seront ni libres ni transparentes. Et surtout à aucun moment les auteurs de ces entraves supposées à la liberté et la transparence ne sont désignés. Devrions nous, comme il s'agit d'un pays africain, prendre cette première phrase de l'article comme un pré réquis? De grâce, essayons sur ce site d'approfondir les analyses. Evitons ces raccourcis faciles. Ayons le courage de nos opinions. Donc en quoi ces élections ne seront ni libres ni transparentes? Quels sont ceux qui jouent avec le processus démocratique en Guinée? Entendons nous bien, je ne connais pas particulièrement la situation dans ce pays. Mais l'article me laisse sur ma faim!
M.Doudou Bédi,j'ai retenu cette phrase parce que la situation de ce pays le présageait et vous pouvez vérifier les informations que je donne.Et ce n'est pas dans nos attitudes de jeter l'anathème sur les pays africains car cela n'aurait aucun sens.Vous pouvez,bien entendu,attaquer la portée de cet article et le sanctionner:vous en avait le plein droit.Cependant il ne faudrait pas mettre en avant ses ambitions politiques mais il faut regarder la réalité en face et oser en parler pour le plus grand bonheur de tous.
Gratias!!