Les start-up sont devenues une source indispensable de croissance pour transformer l’économie des pays Africains. Celles-ci créent de nouvelles capacités de production, de nouveaux emplois et introduisent des solutions innovantes pour redynamiser l’activité d’un pays.
Pourtant, la performance d’une entreprise n’est pas uniquement due à ses atouts internes (comme son organisation, sa productivité, ou sa maitrise technologique). Elle dépend surtout de l’écosystème dans lequel elle se développe (fournisseurs, fonds d’investissement, universités, partenaires commerciaux…), qui constituent autant d’atouts pour faire décoller un projet. La Silicon Valley, en Californie, est le modèle emblématique de cette importance vitale de l’écosystème dans la réussite d’une start-up, et a vu germer les projets entrepreneuriaux les plus réussis de ces dernières décennies.
LA CREATION D’ENTREPRISES EN FORTE CROISSANCE
L’Algérie est encore loin du modèle d’économie de la connaissance basée sur l’innovation. Comme de nombreux pays de la région, son économie reste basée sur les hydrocarbures, qui représentent un tiers du PIB et 95% des exportations. Cette situation que beaucoup lui envient la rend particulièrement vulnérable aux fluctuations du cours de pétrole et ralentit le développement d’autres secteurs. La diversification de l’économie constitue ainsi le principal défi pour l’Algérie au cours des prochaines années, afin de générer de nouveaux relais de croissance et de faire face à une demande interne de plus en plus forte.
Depuis le passage d’une économie dirigée à une économie de marché (enclenchée à la fin des années 1980), l’Algérie a misé sur le développement d’un tissu de Petites et Moyennes Entreprises (PME), en mettant en place des dispositifs juridiques et financiers particulièrement incitatifs.
Grâce aux réformes structurelles entreprises par les pouvoirs publics, la création d’entreprise a fortement augmenté : plus de 80% des entreprises actuellement recensées en Algérie ont moins de dix ans. De plus, le rythme annuel de création reste très soutenu, avec un taux de croissance à deux chiffres sur la période 2005-2014. Sur ces entreprises nouvellement créées, 90% sont actives sur le secteur tertiaire (dont la moitié pour des activités de commerce). Malgré une forte volonté de développer l’industrie et de favoriser la production nationale, le secteur industriel ne représente que 10% des créations d’entreprise, et reste relativement délaissée et peu compétitif face aux produits d’importation.
Après ces quelques années de croissance soutenue, les PME représentent aujourd’hui plus de 95% du tissu d’entreprises à l’échelle nationale, et sont à l’origine de la moitié des richesses générées par le secteur privé (hors hydrocarbures). La marge de progression reste pourtant très importante, puisque l’Algérie compte une moyenne de 30 PME pour 1000 habitants (contre 50 à 100 PME pour 1000 habitants dans les pays de l’OCDE). Selon le recensement économique de 2012, il existe plus d’un million de PME en Algérie, dont 98% sont des structures privées.
PORTRAIT ROBOT DE L’ENTREPRISE ALGERIENNE TYPE
La très grande majorité des entreprises algériennes (95%) sont des des Très Petites Entreprises (TPE), sous la forme de SARL ou EURL. Elles emploient 2 millions de salariés, soit un tiers des 7 millions de salariés que compte le pays. Comme en Italie ou en Allemagne, la plupart de ces entités sont gérées par un cercle familial qui unit le propriétaire unique et ses principaux collaborateurs sur lesquels reposent le pouvoir de décision et les responsabilités. Les PME algériennes sont très majoritairement orientées vers le marché local : seule une centaine sont considérées comme exportatrices.
Les caractéristiques intrinsèques de ces entreprises (structure, activités, taille) expliquent en grande partie leurs difficultés en termes de compétitivité à l’international et de maturité technologique. Même si l’innovation n’est pas inexistante, elle reste limitée à des secteurs très concurrentiels (comme l’agroalimentaire ou l’industrie), ou dans les activités fortement soutenus par les pouvoirs publics, qui prennent en charge les dépenses d’investissement.
LES SECTEURS PORTEURS
L’agriculture est sans doute le secteur qui a le plus grand potentiel en Algérie, qui est le premier importateur africain de denrées alimentaires (près des deux tiers de ses besoins sont assurés par l’importation, en particulier pour le blé et le lait). Elle est parfois surnomée le « pétrole vert » de l’Algérie.
Des millions d’hectares sont en effet sous-exploités (voire inexploités), alors que la « facture alimentaire » n’a cessé de croitre. Afin de contrer cette situation, l’Etat Algérien a mis en place un dispositif en ouvrant notamment le secteur aux investissements étranger et en mettant en place des dispositifs de financement pour les agriculteurs locaux.
En ce qui concerne l’industrie, les PME sont principalement réparties dans le domaine pharmaceutique, la métallurgie et le textile. L’industrie algérienne ne répond qu’à environ 20% des besoins du marché pharmaceutique (qui est l’un des plus importants d’Afrique et du Monde Arabe), les investissements dans ce secteur sont aujourd’hui importants afin de favoriser la production sur l’importation, à la faveur de dispositifs incitatifs et de réglementations avantageuses pour les acteurs nationaux.
DES OBSTACLES A SURMONTER
En premier lieu, le financement des entreprises est une problématique majeure, en raison des retards du système financier Algérien, notamment le manque de fonds d’investissement privés. L’accès au financement bancaire reste globalement plus compliqué qu’ailleurs.Face à cette situation, des dispositifs publics ont été mis en place pour accélérer les procédures, en particulier pour les jeunes porteurs de projets. Ainsi, une Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes a été créée, et est sans aucun doute le dispositif d’accompagnement le plus avantageux et le plus connu en Algérie. L’ANSEJ accorde des prêts sans intérêts pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, et une exonération d’impôts pendant plusieurs années.
L’accès au foncier est également un challenge pour les entreprises, et constitue une problématique ancienne. La solution proposée passe par la création de zones d’activités et de villes nouvelles spécialisés dans certaines activités, à l’image de Sidi Abdellah (banlieue d’Alger), qui constitue un pôle d’excellence pour les nouvelles technologies et abrite l’incubateur d’entreprises le plus important du pays. S’il existe évidemment certains freins à l’entrepreneuriat en Algérie, aucun ne semble insurmontable, preuve en est le nombre impressionnant de start-up créées chaque année depuis le début des années 2000.
Avec ses infrastructures (réseaux d’énergie et de transports parmi les plus développées d’Afrique), son potentiel humain, et sa position géographique privilégiée, l’Algérie constitue un écosystème entrepreneurial qui connait d’importantes évolutions et a un immense potentiel. Il devra savoir s’intégrer aux écosystèmes régionaux et mondiaux pour bénéficier des opportunités qui lui font aujourd’hui défaut et qui le feront passer à la vitesse supérieure.
Nacim KAID SLIMANE
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