Les perspectives économiques du continent sont plutôt bonnes pour 2014, selon le Fonds Monétaire International. En effet, l’institution table sur une croissance accélérée de 5,5% en 2014 contre 4,9% l’année précédente. Cette croissance est soutenue par des investissements de plus en plus importants dans les infrastructures et par l’amélioration des perspectives dans les pays exportateurs de pétrole. Selon le FMI, l’inflation devrait être contenue cette année dans plusieurs pays et le solde budgétaire devrait également s’améliorer. Par contre, le déficit extérieur devrait se creuser davantage compte tenu des importations litées aux investissements directs étrangers et du niveau élevé des investissements dans les infrastructures – à noter que le tissu industriel local est quasi inexistant –. Cet article fait une synthèse de la publication du FMI sur les perspectives économiques d’avril 2014[1].
Ces prévisions – qui sont de court terme – doivent selon l’institution être maintenues face à la nouvelle donne mondiale. Elles reposent en effet sur l’hypothèse que les effets du ralentissement économique des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et du resserrement des conditions monétaires dans le monde ne seront pas très prononcés en Afrique Sub-saharienne. Mais quel impact pour le sous-continent d’un ralentissement de la croissance des pays émergents et d’un redressement de la politique monétaire mondiale ?
Ces dernières années, on a assisté à une accélération de la croissance dans les pays émergents, notamment la Chine. Cette évolution rapide a eu pour conséquence l’augmentation du volume des échanges avec l’Afrique sub-saharienne. La croissance du continent a ainsi été boostée à travers non seulement la demande mais aussi les prix élevés des produits d’exportations et des flux d’investissements. Un ralentissement de l’activité économique en Chine par exemple, se traduisant par le retrait de l’investissement au profit de la consommation, devrait impacter les prix des produits et inciter les entreprises de ces pays à moins investir à l’étranger. De leur côté, les conditions financières mondiales, ayant été allégées pour résorber la dernière crise mondiale ont créé une forte disponibilité des capitaux mais surtout un afflux massif des capitaux vers les pays en développement, notamment ceux d’Afrique sub-saharienne. Le redressement des conditions financières mondiales entraînera donc un recul des investissements directs étrangers.
L’institution financière internationale estime que l’impact immédiat de ces ajustements au niveau mondial sera limité, du moins dans la plupart des pays. En effet, la reprise de la croissance mondiale devrait créer un environnement favorable à travers la demande extérieure. Néanmoins, l’ajustement des conditions financières pourrait constituer un goulot d’étranglement pour les économies vulnérables d’un point de vue budgétaire et/ou politique. Pour un maintien de cette croissance, les politiques macroéconomiques devraient être axées sur le renforcement des soldes budgétaires creusés par la crise, profitant ainsi du climat favorable actuel, la préservation des dispositifs de protection sociale, le maintien de l’inflation et surtout le renforcement de l’intégration sous régionale.
Ces perspectives du FMI portent sur le court terme et l’idéal pour les Etat d’Afrique sub-saharienne serait de trouver les mécanismes pour mettre en place un socle structurel devant favoriser une croissance soutenue et inclusive. Ces dernières décennies, bon nombre de ces pays ont connu des taux de croissance de l’ordre de 5% à 6%. Cependant, force est de constater que les problèmes structurels demeurent dans ces pays. En effet, les fruits de cette croissance ne sont perçus que par une infime partie de la société. Pour une croissance inclusive et profitable à tous, le FMI préconise une utilisation rationnelle du potentiel humain existant et une amélioration des services financiers.
L’action des autorités politiques sur le potentiel humain doit d’abord passer par l’accroissement des possibilités d’emploi, moyen efficace pour réduire la pauvreté. Les entreprises familiales étant très développées sur le sous-continent et tournées vers l’agriculture et les services, les politiques devraient être orientées sur la création d’un environnement favorable au développement de ces activités. Le gain de productivité sous-jacent devrait favoriser la transformation structurelle des économies. La facilité de l’accès aux services financiers devraient également être promue afin d’encourager l’entreprenariat et la création d’entreprises. Ceci pourrait par exemple passer par la mise en place de reformes telles que la promotion de l’utilisation des NTIC dans les transactions financières.
La stabilité macroéconomique passe aussi par un environnement monétaire potable. Si ces dernières années, les taux d’inflation dans plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne est passée sous la barre des 10%, les autorités monétaires doivent doubler de vigilance afin d’atténuer les risques d’instabilité macroéconomiques. Elles doivent affronter le défi soulevé par le resserrement du cadre financier international entraînant une hausse des coûts de financement et un risque grandissant de reflux de capitaux. Certaines réformes doivent être menées afin de garantir l’efficacité de la politique monétaire. Il s’agit notamment de l’amélioration de la qualité et de la fréquence des données permettant ainsi de disposer de l’information pour intervenir au moment opportun. En plus, Les banques centrales doivent surveiller l’excédent monétaire en circulation en améliorant la gestion de la liquidité, élargir le panel d’instruments de politique monétaire et aussi stabiliser le secteur financier.
En somme, si les perspectives économiques pour l’Afrique sub-saharienne restent favorables, il n’en demeure pas moins que celles-ci soient fortement dépendantes de l’évolution de l’activité économique extérieure. Bien que l’impact des ajustements extérieurs soit limité, certains Etats restent vulnérables sur les plans budgétaire et politique. Ces dernières années les économies du sous-continent ont connu des croissances accélérées. Néanmoins, celles-ci n’induisent pas le décollage économique du continent. Pour garantir une croissance inclusive et soutenue, les autorités devraient profiter des performances actuelles pour asseoir une base macroéconomique stable en perspective d’une croissance soutenue favorisant d’importantes restructurations économiques. Les politiques devraient dans cette optique être axées sur l’exploitation de la ressource humaine disponible et l’amélioration des conditions d’accès au crédit en vue de favoriser l’entreprenariat. Selon le FMI, les autorités monétaires pour leur part devraient veiller à l’assainissement de l’environnement financier au travers de diverses reformes.