L’entrepreneuriat est plus courant en Afrique que dans le reste du monde !
L’entreprenariat joue un rôle majeur dans la croissance économique. Les activités entrepreneuriales créent de nouvelles opportunités économiques non seulement pour les hommes et les femmes qui créent leur entreprise, mais aussi en entraînant des créations de postes et en dynamisant l’économie.
Il constitue par ailleurs un bon indicateur du dynamisme d’un pays: les nouvelles entreprises sont en effet souvent celles qui remettent en cause les données du marché en développant de nouveaux produits, de nouveaux services, et de nouvelles formes d’organisation et de production. Elles obligent mêmes les entreprises établies du secteur à se remettre en cause en permanence pour continuer à exister. L’entreprenariat nourrie ainsi les processus innovation, et contribuer à créer un écosystème favorable pour de nouvelles startups et de nouveaux horizons.
Au-delà de l’aspect purement économique, l’entreprenariat peut également être considéré comme un phénomène social, qui permet à des personnes de réaliser des projets individuels ou sociaux qu’une structure existante ne peut pas porter comme elles le souhaitent.
Dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, il peut constituer une façon (ou la seule façon) de surmonter les barrières existantes sur le marché de l’emploi. Par exemple, dans de nombreux pays d’Afrique, on constate que les taux d’entrepreneuriat sont bien plus importants que dans les pays développés: autrement dit, les Africains auront plus tendance à créer une entreprise durant leur vie qu’un Européen ou un Américain.
D’après les données du Global Entrepreuneurship Monitor (GEM), la part de la population qui se considère comme activement impliquée dans le lancement d’une nouvelle entreprise peut grimper jusqu’à 30 à 40% de la population (entre 18 et 65 ans) dans les pays d’Afrique Subsaharienne, contre moins de 10% aux Etats Unis ou dans l’Union Européenne. Ceci s’explique par le fait que l’entrepreneuriat peut représenter tout simplement un « moyen de survie », face aux conditions du marché du travail (recrutements, salaires, progression de carrières…), aussi bien dans le secteur public que privé.
Il faudrait ainsi distinguer la démarche entrepreneuriale engagée « par nécessité » (qui est largement répandue dans les pays à faible revenus), de celle engagée par identification d’une opportunité ou découlant d’une stratégie d’innovation, qui est plus commune dans les pays industrialisés (Reynolds, 2001).
Partant de ce tableau général qui indique le caractère courant de l’entrepreuneuriat en Afrique on peut également relever une deuxième donnée majeure. La parité homme-femme est bien mieux assurée dans l’entrepreneuriat en Afrique que dans le reste du monde !
Les études par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) montrent que les hommes ont généralement plus de « probabilité » que les femmes de créer des entreprises au cours de leur vie, mais les chiffres varient d’un pays à l’autre, et des pays Africains affichent des données particulièrement éloquentes.
L’Afrique subsaharienne affiche de bien meilleurs taux en matière de parité que les autres régions (elle est suivie par l’Amérique Latine), et peut être considérée comme la championne du monde de l’entrepreneuriat féminin ! Au Nigeria, plus grand pays d’Afrique, les femmes constituent près de 40% des personnes ayant le statut d’entrepreneurs. Dans certains pays comme le Ghana, l’Ouganda ou la Namibie, le taux d’entrepreneuriat des femmes dépasse celui des hommes !
Les données disponibles ne permettent pas de confirmer dans quelle mesure ces démarches entrepreneuriales sont plutôt dirigées par « nécessité » ou par « opportunité », mais des critères assez précis indiquent que les femmes ont systémiquement moins accès aux ressources nécessaires (capital, technologie, formation, réseau…) que les hommes.
En particulier, l’accès au financement demeure un obstacle majeur. D’après la base de données de la Banque mondiale sur l’inclusion financière dans les pays en voie de développement, les femmes sont jusqu’à 20 % moins susceptibles d’avoir un compte dans une banque ou d’avoir accés à un emprunt que les hommes.
Par ailleurs, on observe dans les pays à faible revenu que lorsque les femmes obtiennent des prêts, il s’agit très souvent d’une aide accordée par un proche que par une institution financière formelle… Le capital de démarrage d’une entreprise créée par un homme est par ailleurs nettement plus élevé (deux fois plus), ce qui restreint les domaines d’activités (cantonnées très souvent à du commerce de proximité), et les possibilités de croissance.
Dans ce contexte, des initiatives devraient cibler plus précisément l’entrepreneuriat féminin (en particulier sur le volet du financement) pour en faire un levier de développement en Afrique subsaharienne, garantissant une montée en puissance qualitative des entreprises créées, de leurs chiffres d’affaire et du nombre d’emplois créés.
Nacim KAID SLIMANE
Laisser uncommentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par *