Dans son acception large, le secteur public fait référence à l’administration centrale (Etat, ministères), aux collectivités territoriales, aux organismes en charge de la sécurité sociale ainsi qu’aux agences et opérateurs rattachés à l’administration centrale. Souvent qualifiée de « nébuleuse », et en Afrique sans doute plus qu’ailleurs, l’administration publique joue un rôle fondamental dans toute société, en ce qu’elle constitue ce que Max Weber a appelé « le type le plus pur de domination légale »[1] et qu’elle est la matérialisation la plus perceptible de l’Etat.
En Afrique, cette place de l’administration publique et plus encore les méthodes de gestion qui y prévalent, conduisent souvent à de nombreuses situations d’inefficience. Celles-ci appellent des réformes structurelles qui n’ont pas été véritablement menées dans la plupart des pays.
Au-delà de ce constat, il existe aujourd’hui un certain nombre d’enjeux d’accélération de la transformation du secteur public qui rendent impérieuse la recherche d’une plus grande efficacité dans l’action publique. Quatre de ces facteurs sont particulièrement déterminants.
Le premier réside dans l’évolution des attentes de populations de plus en plus conscientes de la nécessité de mettre les fruits de la croissance économique au profit de la réduction de la pauvreté.
Rompant avec la morosité économique des décennies 1980 et 1990, l’Afrique a enregistré au cours de la dernière décennie un redressement économique significatif qui s’est traduit par une forte croissance de son PIB. Celui-ci a augmenté de 5,2% en moyenne entre 2001 et 2010 sur l’ensemble du continent.
Source : Les Perspectives Economiques de l’Afrique, 2012, BAD, OCDE, PNUD, CEA
En dépit de la croissance économique enregistrée en Afrique au cours des dernières années et des perspectives optimistes, le continent continue de faire face à des enjeux majeurs de réduction de la pauvreté avec près de la moitié de sa population vivant en deçà du seuil de pauvreté.
Selon les données de la Banque Mondiale, le ratio de la population pauvre disposant de moins de 1,25 dollar par jour s’élevait encore à 47,5% en Afrique subsaharienne en 2008. Ce ratio atteint même 69,2% en ce qui concerne la population disposant de moins de 2 dollars par jour.
Certes, la croissance en elle-même constitue une condition nécessaire à la réduction de la pauvreté.[2] Toutefois, pour que cette croissance ait un impact plus marqué sur la réduction de la pauvreté en Afrique, il est tout aussi nécessaire que les ressources financières qu’elle génère soient gérées de façon efficace.
Le deuxième est la pression qui existe sur les ressources financières des Etats. Si la croissance économique de l’Afrique a généré des ressources publiques importantes, il n’en demeure pas moins que beaucoup de pays restent encore dépendants des flux d’aide au développement qui continuent d’occuper une part non négligeable de leurs budgets. Or la crise financière mondiale de 2009 et la crise économique qui s’en est suivie amène les partenaires bilatéraux au développement à réduire considérablement l’aide extérieure au développement.
Le troisième est la transformation structurelle de nos économies qui doivent davantage faire place au secteur privé. L’Afrique constitue sans doute l’une des régions du monde dans lesquelles le secteur public a occupé une place aussi importante pendant 50 ans sans discontinuité. Cette place s’explique notamment par le fait qu’aux lendemains des indépendances, l’administration publique est devenue le principal pourvoyeur d’emplois de la plupart des économies africaines. Depuis, elle continue aussi de régir l’essentiel de l’activité économique, en particulier dans les états francophones ayant souvent hérité de la tradition jacobine de centralisation du pouvoir.
Le dernier enjeu majeur est lié aux avancées démocratiques et au rôle de plus en plus important de la société civile en Afrique. Ces deux phénomènes suscitent une exigence de transparence dans la gestion des finances publiques de plus en plus forte vis-à-vis de l’administration. Lorsqu’on y ajoute l’extension de l’assiette fiscale qui touche dans certains pays des classes moyennes dont la proportion grandit, cette exigence de transparence est sans doute appelée à aller crescendo.
Au regard de ces quatre enjeux, Il est aujourd’hui nécessaire pour les administrations publiques africaines de suivre en profondeur deux logiques deb transformation : d’une part l’amélioration de l’efficience dans la gestion des finances publiques et la mise en œuvre des politiques publiques et d’autre part l’amélioration de la qualité du service public. Ces deux axes de transformation du secteur public en Afrique feront l’objet d’un prochain article sur Terangaweb –l’Afrique des Idées.
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Le véritable problème qu'on a chez nous c'est l'absence de rigueur et de discipline en termes de travail. Combien parmi nous font une journée entière de travail?…C'est rare. La productivité des fonctionnaire est faible. On a toujours des hommes qui empochent l'argent sans abattre le travail équivalent. Que dire des retards au bureau, les siestes…
Aussi tant que les dirigeants continueront à abattre les entrepreneurs qui cherchent à apporter quelque chose au marché du travail, rien ne décollera.