Le grand vent de l’Histoire souffle sur les terres africaines en ce début d’année 2011. Au terme d’une semaine de scrutin référendaire, du 9 au 16 janvier, les électeurs sud-soudanais se sont mobilisés à plus de 90% pour affirmer l’indépendance de leur territoire. Le territoire en question est vaste, d’une superficie supérieure à la France métropolitaine (environ 590 000 km²), mais faiblement peuplé (environ 9 millions d’habitants). Le pays qui ne naîtra officiellement qu’en juillet 2011 et dont on ne connaît pas encore le nouveau nom, sera l’un des plus pauvres du monde : très faiblement doté en infrastructures, un indice de développement humain parmi les plus faibles (85% d’adultes analphabètes), il dispose cependant d’un certain nombre d’atouts parmi lesquels des terres agricoles fertiles et ses ressources pétrolières (80% des réserves pétrolières du Soudan estimées à 6 milliards de barils, pour une production actuelle aux alentours de 450 000 barils/jour).
Sur la situation sociale du Sud-Soudan : la note de l’ONG Oxfam présente sur le terrain : http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/apres-referendum-soudan_note-oxfam_110107.pdf
Sur les enjeux pétroliers au Sud-Soudan : http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/01/10/soudan-le-spectre-dune-nouvelle-guerre-du-petrole/
Sur les enjeux de la consolidation du nouvel Etat : article en anglais de Foreign Policy : http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/01/07/making_a_country
Ce référendum offre l’espoir de mettre un terme au conflit politique et aux deux guerres civiles extrêmement meurtrières (plusieurs millions de morts et de déplacés) et tellement peu connues qui ont ravagés cette région.
Sur l’histoire de la construction postcoloniale du Soudan et du conflit entre le Nord et le Sud : un long article de l’université de Laval, didactique et assez complet mais dont le focus sur le problème linguistique met sans doute dans l’ombre d’autres facteurs du conflit : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/soudan.htm
Sur le processus de paix : présentation par la force de sécurité de l’ONU au Soudan du processus de paix : http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/unmis/background.html
Le Sud-Soudan devra faire face à quatre enjeux particulièrement importants pour pouvoir ensuite s’occuper sereinement du bien-être de sa population et de son développement économique : régler avant juillet 2011 la question du tracé exact des frontières le séparant du reste du Soudan ; gérer le nouvel afflux de population, possiblement plusieurs millions de sud-soudanais présents dans le Nord ou dans le reste du monde ; trouver un modus-vivendi sur la répartition des richesses pétrolières avec le Soudan ; réussir à sortir de l’étranglement du passif de dettes de l’Etat soudanais pour ne pas tuer dans l’œuf la construction de son Etat-moderne.
A Terangaweb, nous serons particulièrement attentifs aux évolutions du benjamin de la famille africaine, et nous rapporterons régulièrement à votre attention les avancées de la construction de cet Etat et de sa société.
Emmanuel Leroueil
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Un nouvel état qui nait avec des problemes bien anciens (frontieres, transhumance, …)! Tout ce que j'espere c'est que le SPLM ne répete pas els erreurs de sautres mouvements de libération et adopte une approche beacoup plus inclusive au lieu d emonopolisier la scene politique. Les négociations avec les états voisins à commencer par le soudan (Nord) est aussi crucial, beaucoup de précautions doivent etre prises pour mettre en place une veritable coopération. N'importe quelle maladresse négligeance de part et d'autres pourrait réenflammer la région! Bienvenue au Sud Soudan! en esperant viabilité, prosperité, stabilité et paix à ce nouvel état!
Malheureusement les premiers mois d'indépendance du Sud-Soudan sont particulièrement difficiles. Une rébellion (financée par le Soudan d'Omar El Béchir ?) sème la discorde au Sud-Soudan et fait courir le risque de graves dérapages meurtriers. Comme tu le soulignes Lamia, le risque est aussi, face à cette menace, que le pouvoir sud-soudanais continue dans sa logique militariste et ne fasse pas sa mue vers un pouvoir civil.
Pas d'avancées non plus sur les délimitations des frontières avec le grand frère du Nord, même si c'est encore trop tôt pour s'inquiéter en la matière. Mais le constat général, c'est que le contexte n'est pas du tout favorable à ce que le nouveau pouvoir se consacre à sa tâche la plus prioritaire, à savoir l'amélioration des conditions de vie de sa population et mettre les bases d'un développement économique pérenne et dynamique. Il faut juste espérer que le vent tourne et que les bonnes fées se penchent sur ce berceau avant qu'il ne soit trop tard…