Quelle identité nationale pour la Tunisie?

 

Il y a dans l’Histoire des dates que l’on ne saurait oublier. Le 20 Octobre en fait incontestablement partie : tandis que les tunisiens prennent massivement le chemin des urnes à l’occasion de l’Assemblée Constituante, le CNT libyen annonce la capture du colonel Kadhafi. Deux évènements concomitants qui rappellent– comme je l’écrivais au lendemain du 14 Janvier 2011– que le destin du peuple tunisien est sensiblement lié à celui de ses voisins, la chute de Moubarak puis de Kadhafi le prouvent.

Le 14 Janvier a ainsi ouvert la voie à ce que d’aucuns appellent « l’ivresse des possibles », à une nouvelle ère où, certes, tout reste à construire, mais où tout semble permis. Les tunisiens rêvent et se donnent les moyens de concrétiser leurs aspirations ambitieuses. Edouard Herriot n’affirmait-il pas que « L’utopie est une réalité en puissance » ?

Néanmoins, force est de constater que la configuration politique et sociétal a changé durant les dix derniers mois, la nation tunisienne cherchant de nouvelles bases, de nouveaux piliers sur lesquels s’appuyer. Dès lors, certaines questions n’ont guère tardé à  s’imposer d’elles–mêmes et se sont invitées à la table des débats. « Qui sommes-nous », « quelle société voulons-nous pour demain »? Si la Nation tunisienne s’était auparavant construite et incarnée sur et à travers des hommes forts et charismatiques à l’instar de Bourguiba, désormais il s’agit de se construire sur des idées, des concepts, qui permettront la mise en place d’une « communauté d’imaginaire »[1] solide. Le fameux kit do-it-yourself suppose qu’en plus des habituels signes distinctifs d’une Nation (drapeau, hymne), la Tunisie doive trouver et renforcer ses spécificités. Ce processus déjà amorcé change désormais de forme,  c’est une révolution de la nation en tant que telle qui est en marche.

Dès lors, la vaste question de l’identité nationale a ressurgi, question que l’on croyait pourtant réservée aux amateurs de discours populistes.

Retour sur une problématique qui divise.

Les enjeux et conséquences de l’article 1 de la Constitution de 1956

La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain: sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république.

Force est de constater que les principaux débats ont tourné autour de cet article controversé pour les laïcs, indispensable pour les autres. En consacrant l’islam comme religion d’Etat, nous nous retrouvons dans une situation ambiguë. En effet, le Droit public tunisien ne s’inspire pas du Coran ni de la Chari’a. Nous citerons par exemple le Code du statut personnel qui a aboli la polygamie, la répudiation, ou encore la levée des réserves de la CEDAW par le gouvernement de transition, le 16 Août dernier.

Néanmoins, un problème se pose avec le maintien de cet article pour le moins discuté, problème que l’on saisit  mieux à la lumière de l’affirmation de Portalis qui affirmait qu’«  une foule de choses sont nécessairement abandonnées à l’empire de l’usage, à l’arbitrage des juges. »

En effet, tandis que les autres pays musulmans ne laissent guère la place à l’ambiguïté, la Tunisie la nourrit en restant silencieuse sur les enjeux du droit de la famille (à titre d’exemple le mariage d’un musulman et d’un non-musulman), laissant le juge tunisien trancher au cas par cas.

La position timorée de la Tunisie s’explique par la dialectique à laquelle est soumise sa population et son gouvernement- et par là même se pose la question de l’identité tunisienne. Entre aspiration à une société plus moderne, prônant et inscrivant au sommet de la hiérarchie des normes l’égalité parfaite entre les sexes, et une volonté de ne pas se couper de ses bases arabo-musulmanes, la Tunisie est aujourd’hui plus que jamais tiraillée entre ces deux perspectives.

Preuve en est, deux blocs antithétiques se sont renforcés au lendemain de la révolution : celui des laïcs d’un côté, celui des tunisiens plus favorables à la préservation des règles religieuses de l’autre.

Dans la course à la définition des piliers de la nouvelle Nation tunisienne, chacun présente sa propre vision de sa communauté d’imaginaire. Si les premiers arguent que l’exception tunisienne réside dans son avant-gardisme- en rompant notamment avec certaines pratiques jugées discriminatoires- les seconds revendiquent l’intégration de la Tunisie dans le courant suivi par ses voisins en se rattachant aux valeurs et principes prônés par l’Islam, source de Droit.

L’incident de la diffusion du film Persépolis– qui fait écho aux remous provoqués par le film de Nadia Al Fani, laïcité Inch’Allah- sur la chaine privée Nessma est une démonstration de cette dialectique et des paradoxes que vivent les tunisiens. L’islam interdisant la représentation de Dieu, une scène du film où ce dernier apparaît sous les traits d’un vieillard barbu a provoqué la colère d’une certaine partie de la population.

Bien qu’anecdotique, cet événement reflète particulièrement bien le fossé qui se creuse jour après jour entre les deux franges de la société. Si certains estiment que les règles et principes musulmans ont l’ascendant sur la notion de liberté (d’expression en l’occurrence), leurs adversaires rétorquent que rien ne saurait justifier la censure au nom d’obscures valeurs.

« Ils commencent par contrôler internet sous prétexte de nous protéger du X, s’indignent ces derniers, maintenant, ils attaquent Nessma sous prétexte que Persépolis ne respecte pas le sacré , et au lieu de condamner l’agressivité et la brutalité dirigées contre cette dernière , certains partis amplifient ce vent de haine et proposent une commission de censure religieuse !Et en suivant le même principe , ils censureront tous les films où les actrices ne sont pas voilées, la météo également puisque seul Dieu sait le divin, tout documentaire scientifique qui remet en cause la théorie de l’évolution » lit-on dans certains groupes crées dans les réseaux sociaux.

Face à ce conflit d’idées, la réaction des partis a été très attendue.

Parmi les principales forces politiques, Ettakatol propose dans le point 2 de son programme la formulation suivante : « L’identité du peuple tunisien est enracinée dans ses valeurs arabo-musulmanes, et enrichie par ses différentes civilisations ; elle est fondamentalement moderne et ouverte sur les cultures du monde ». Il propose également d’inscrire le principe de la « séparation des champs politique et religieux et l’ouverture sur les valeurs universelles ».

Le Pôle Démocratique et Moderniste– coalition du parti Ettajdid  et de listes indépendantes- dans son point 26, choisit la même voie en insistant sur le principe de la laïcité et de la surveillance des lieux de culte par l’Etat afin d’en garantir la neutralité, principe auquel adhère pleinement le Parti Démocrate Progressiste.

Seul Ennahdha fait cavalier seul en affirmant le maintien de l’article 1 et ajoute dans son programme la mention suivante : « L’islam constitue un référentiel fondamental et modéré qui est en interaction, par le biais de l’effort d’interprétation et d’application (ijtihâd), avec toute expérience humaine dont l’utilité est avérée. »

La nouvelle Nation tunisienne et le Monde

La Tunisie a été depuis le 19ème siècle un laboratoire à ciel ouvert dans le Monde arabe, et en donne une nouvelle fois la preuve. Certes, sa superficie et sa population ne sont pas de taille à rivaliser avec l’Egypte, néanmoins force est de constater que le monde a les yeux rivés sur elle, assistant à la naissance et aux balbutiements d’une démocratie naissante.

Comme l’a affirmé Benjamin Stora, d’aucuns estiment que cette révolution pour la dignité est en réalité un phénomène de rattrapage, d’  « entrée dans un monde déjà constitué ». Oui, mais seulement en regardant vers l’avenir, il est nécessaire d’être réconcilié avec son passé, en paix avec ses origines.

La Tunisie doit écrire seule son Histoire, néanmoins on ne peut que constater l’importance de l’influence de facteurs exogènes qui dictent implicitement le chemin à emprunter. En tête : Al Jazeera et les chaines satellitaires moyen-orientales à l’instar d’Iqra’ et Al Ressala. L’impact des médias sur l’imaginaire collectif n’est plus à démontrer et ces derniers œuvrent à façonner une image de soi, par looking-glass-self. Ainsi, la question « Qui suis-je ? » trouve écho dans la réponse à l’interrogation « Qui pensez-vous que nous sommes ? ».

Ces chaînes ont vocation à informer, mais elles apportent également leur propre contribution -de taille- à ce débat sensible qui taraude les esprits. Dans une optique panarabe ou panislamique et compte tenu d’un fort auditorat tunisien, le petit écran présent dans nos salons est un rappel incessant que la Tunisie se doit d’adopter des valeurs en adéquation avec celles de ses voisins. Or, ces valeurs sont le fruit de l’Histoire propre à chaque pays, et le tunisien semble nourrir une sorte de schizophrénie latente.

Lorsqu’Iqra’– et autres chaines religieuses- critiquait ouvertement le Code du Statut Personnel en fustigeant la Tunisie d’adopter sciemment des lois trop progressistes envers la femme, le reproche était davantage celui d’une chaine empreinte du wahhabisme déplorant la « perte » de valeurs musulmanes au profit de lois « occidentales », lois jugées « étrangères à notre culture » imposées par des « collaborationnistes des puissances coloniales occidentales. »

Des femmes libres de travailler, de sortir sans tuteur -indépendantes en somme- voilà de quoi susciter l’ire des e-prédicateurs religieux. Depuis, le discours a changé, les angles ont été arrondis, les chouyouks, pour certains, se sont repentis quant aux droits et au rôle de la femme musulmane.

A l’instar du slogan porté par les manifestants aux lendemains du 14 janvier 2011, « Obama : Yes we can, Tunisian : Yes we do !), à l’heure où la Tunisie est l’objet d’un véritable processus de démocratisation, les résultats du mardi 24 Octobre et l’avenir devraient nous dire si l’alliance du « Peuple et du goupillon » est viable dans ce petit pays qui n’en a pas fini de donner de grandes leçons au Monde entier.

Aïcha GAAYA

Article initiallement paru chez notre partenaire ArabsThink


[1] Traduction du concept théorisé par Benedict Anderson, « imagined communities » dans son ouvrage Imagined communities : reflections on the origin and spread of nationalism

L’opportunisme islamiste en Tunisie : vers le hijack d’une révolution ?

Islamistes. Voilà un mot qui en effraie plus d’un aujourd’hui, à tort ou à raison. Se revendiquant terre de tolérance depuis des millénaires, la Tunisie ne pensait pas un jour avoir à composer avec cette entité qu’on peine souvent à définir. Mais l’expérience démocratique suppose que la voie doive aujourd’hui être ouverte à tous les Tunisiens, quel que soit leur bord politique. Dès lors, le parti Ennahda s’est attelé à une lourde tâche, celle de se modeler une nouvelle réputation, et de chasser les fantômes des expériences précédentes, algérienne pour n’en citer qu’une. Seulement a-t-il réellement fait son mea culpa ?

Quand, le 30 Janvier 2011, Rached Ghannouchi (photo) – leader historique du mouvement islamiste Ennahda en exil à Londres depuis 22ans – annonçait son retour à Tunis, d’aucuns ont tiré la sonnette d’alarme. Entre fascination et répulsion, les journaux se sont emparés du personnage afin d’en percer le mystère, en en faisant de la sorte l’homme politique tunisien le plus interviewé (loin devant le président provisoire Fouad Mbazaa, invisible médiatiquement). A cette époque, celui-ci niait farouchement toute accusation d’opportunisme, se présentant comme un simple citoyen heureux de fouler sa terre patrie après vingt ans d’exil, sans ambition politique. Six mois plus tard, c’est un tout autre visage qu’il nous livre, remplissant des stades entiers et présentant un discours pour le moins lissé et édulcoré, destiné au public le plus modéré et à un Occident inquiet de voir un islamisme radical prendre racines à ses frontières. Se faisant, il nous entraine dans les coulisses d’une lutte acharnée pour la conquête du pouvoir, dont l’arène est aussi bien la rue que la mosquée…Comme l’affirme l’universitaire Raja Ben Slama, « Les islamistes font de la politique dans les mosquées et prient dans la rue ».

La mosquée, nouvelle chaire de campagne politique ?

Il est évident qu’Ennahda part avec une considérable avance sur ses adversaires, même les plus compétents, car elle dispose d’un atout de taille : la mosquée. Malgré les mises en garde du Ministre des affaires religieuses, M. Laroussi Mizouri, contre l’instrumentalisation de ces lieux de culte à des fins politiques, la réalité sur le terrain est bien différente. En effet, bien que n’incitant pas directement les fidèles à voter pour leur parti, les islamistes sapent les chances de leur antagonistes par le biais des imams qui, au nom de l’Islam, légitiment le programme d’Ennahda et critiquent avec virulence les idées des autres partis- les laïcs en particulier.

En milieu rural, cette stratégie est d’autant plus efficace que la mosquée joue un rôle pivot dans la vie sociale. Loin de rassurer, Rached Ghannouchi nourrit l’ambiguïté en affirmant que la chose politique fait partie intégrante du discours religieux. Peut-on dès lors affirmer que la campagne électorale en vue des élections en Octobre se fait à armes égales ? En incitant tout bon musulman à voter pour lui, le parti s’assure une victoire dans les urnes, sans avoir besoin de peaufiner un quelconque programme. Dans le monde de l’après 14 Janvier, peut-on réellement gagner des élections en ayant pour seul message « L’islam est la solution » ? Le passé obscur des membres d’Ennahda (agression au vitriol, complot contre l’Etat) sera-t-il mis de côté par les électeurs, partisans de la théorie de la seconde chance ? Réponse le 23 Octobre prochain.

Docteur Jekyll & Mister Hyde

Aujourd’hui, nous pouvons affirmer qu’Ennahda jouit d’une assise populaire considérable et a pris un poids conséquent au sein de la vie politique. Enchainant les meetings et les actions sociales, se présentant comme la première victime de l’ère Ben Ali et Bourguiba, il apparaît clairement que sa campagne électorale est bien lancée. Sous l’égide de son chef pour le moins charismatique, elle entame une parade de séduction au pas militaire et à un rythme soutenu. Stratégie payante et pour le moins efficace.
Cependant, ce parti est loin d’être une entité homogène, et oscille sans cesse entre deux positions antagoniques afin de satisfaire ses branches modérées et extrêmes. Cette attitude lui confère une position schizophrène, présentant un double visage, un double discours qui lasse ses détracteurs et déroute les observateurs. Ainsi, le parti nourrit l’ambiguïté en adoptant des positions mesurées (acceptation des valeurs républicaines, du Code du Statut Personnel), mais ne condamne pas fermement les actions de ses militants les plus virulents.

L’attaque contre l’AfricArt lors de la projection du film de Nadia Al Fani, Ni maitre ni Allah, n’a fait l’objet d’aucune condamnation, provoquant des remous au sein d’une majorité de la population, consternée. Dans son communiqué de presse, R. Ghannouchi a simplement « regretté l’usage de la violence » tout en qualifiant de « provocation » le film de la réalisatrice tunisienne qui avait revendiqué sur le plateau de la chaine Hannibal TV son athéisme. Comment interpréter ce contraste saisissant entre un discours lissé, peaufiné dans les moindres détails afin de satisfaire un Occident qui a les yeux rivés sur eux, et des positions pour le moins contestables dès qu’il s’agit d’évènements concrets ? Peut-on en déduire que son aile dure domine et dicte sa ligne de conduite aux plus modérés ?

Le duel Mourou vs Ghannouchi, symptôme des dissensions au sein du parti

Quiconque se fie à l’apparente cohésion qui semble caractériser le parti islamiste se trompe lourdement. Dans les colonnes de l’hebdomadaire tunisien Réalités, Zyed Krichen établit déjà ce constat en revenant sur les années d’animosité entre les « frères ennemis » Abdelfattah Mourou et Rached Ghannouchi [1]. En effet, le premier reprochait au second son manque de fermeté envers les membres d’Ennahda à l’origine des attaques de Bab Souika perpétrées en 1991 et des exactions commises durant la même période (attaque d’un hôtel, vitriol contre l’imam Brahim Ouerghi)[2]. De la sorte, si la réputation de Ghannouchi a été entachée par ces évènements, Mourou s’en sort les mains propres et est devenu une figure centrale de l’islamisme modéré, véritable fierté tunisienne. La tension est vive entre les deux hommes, chacun tentant de gagner la bataille de l’image, par chaires interposées, à l’occasion de prêches et d’interventions à la télévision pour le cheikh Mourou, et par le biais des médias pour R. Ghannouchi. Mais Ennahda, plus que n’importe quel autre parti politique, ne peut souffrir l’image d’une formation divisée, l’Umma des croyants se devant d’être unifiée sous une même bannière, sans lutte déclarée pour le pouvoir. Le combat qui oppose ces deux géants est donc une bataille discrète, que ni l’un ni l’autre n’admet ouvertement, mais dont les effets sont néanmoins visibles.

Des accusations de mauvaise foi de plus en plus nombreuses

Depuis son retrait le 30 Mai 2011 de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique présidée par Yadh Ben Achour, Ennahda fait couler beaucoup d’encre à son sujet. Plusieurs accusations lui sont adressées- toutes démenties par son bureau exécutif. Tout d’abord, le financement des partis. Le décret-loi prévoit l’interdiction de financement des partis politiques par des pays étrangers. Les détracteurs affirment que les pays du Golfe auraient largement contribué à remplir les caisses d’Ennahda, qui a surpris par une organisation très minutieuse de ses meetings et par les moyens qu’elle a pu déployer. Des coûts trop onéreux pour un parti resté très longtemps clandestin, selon certains.
Par ailleurs, le parti est accusé de ne pas vouloir signer le Pacte républicain– sorte de minimum vital, qui servira de base pour la future Constitution. Ce pacte réaffirme, entre autres, la séparation des champs religieux et politique, les droits de la femme, et l’identité de la Tunisie dont la langue est l’arabe et la religion est l’islam. D’autre part, les agissements des salafistes de Menzel Bourguiba- ville du gouvernorat de Bizerte à moins de cent kilomètres de Tunis- et d’ailleurs suscitent une levée de boucliers dans un climat de tension palpable en Tunisie.

Entre l’organisation de défilés de jeunes filles vêtues du niqab, les fermetures forcées de maisons closes (jusque là légales et gérées par l’Etat), la diminution de postes de vente d’alcool, les tunisiens découvrent de nouveaux interdits et tabous. Eux qui se targuent d’être les citoyens du pays arabe le plus libéral font l’expérience -douloureuse- du fanatisme religieux. Certains redoutent déjà la période du Ramadan qui approche à grands pas et, avec elle, une recrudescence de la virulence de ses partisans et de ceux du Hizb Ettahrir[3]. Jusque là, il était d’usage de voir des restaurants ouverts durant la journée pour les « dé-jeûneurs » et des femmes non voilées déambuler dans les rues de Tunis et d’ailleurs. Face à ce parti – en apparence seulement – uni et solidaire sous la bannière d’un Rached Ghannouchi imperturbable et inflexible, le Parti Démocrate Progressiste de Maya Jribi, Ettakattol de Mustapha Ben Jaafar ainsi que d’autres partis ont redoublé d’efforts et accompli un travail de fond considérable pour éviter le raz-de-marée islamiste prédit par les sondages.

 

Aïcha Gaaya, article initialement paru sur ArabsThink