L’entrepreneuriat : modèle de développement pour l’Afrique?

Lors d'un échange passionnant avec Mr Bonaventure MVE ONDO, philosophe, ancien recteur de la Francophonie et de l'université Omar Bongo, nous nous sommes arrêtés sur des chiffres alarmants : plus de 120 millions de jeunes sortiront des systèmes éducatifs d'ici 2020 en Afrique subsaharienne et les 3/4 de ces jeunes ne trouveront pas d'emploi. Si le marché de l’emploi se raréfie en Europe par exemple, a t-il jamais existé en Afrique ? Quelles y ont les réelles perspectives d'emploi ? Les entreprises internationales joueront-elles le jeu en créant des emplois dans la sous région ? Les autorités africaines et internationales ont-elles prévu des plans d'actions opérationnels ? Est-ce que l'entreprenariat ne serait pas une solution efficace pour permettre à un plus grand nombre d'occuper une place d'acteur économique dans une Afrique en pleine croissance ?

Je crois personnellement que l'entrepreneuriat est une conséquence logique de la mutation de notre société. En quittant l'ère industrielle pour passer à l'ère de l'information, le nord et le sud se retrouvent dans une situation presque similaire : la nécessité de revoir leurs fondamentaux socio-économiques et l'obligation de concevoir de nouvelles approches dans le domaine du travail.  J’imagine parfois que dans un futur proche où nos petits-enfants et arrière-petits-enfants découvriront le « salariat » en allant visiter les musées ! En effet notre économie, fondée sur l’industrialisation et la consommation date du début du 19ème siècle, soit plus de 200 ans ce qui est infiniment petit à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Il y a eu d’autres modèles avant et il y a aujourd’hui l’opportunité de créer de nouveaux modèles durables. Ceci est un enjeu majeur pour l’Afrique et une grande responsabilité. Mais c’est surtout une grande chance car contrairement à l’époque industrielle qui nécessitait de gros investissements et des équipements lourds, on peut aujourd’hui créer son entreprise seul chez soi avec un téléphone, un ordinateur, une connexion internet et surtout de la matière grise ! C’est sans précédent. Et pendant que les monopoles perdus nous parlent de « la crise », il n’y a jamais eu autant d’initiatives et de success stories. Même si créer son entreprise nécessite certaines aptitudes et compétences, notamment la gestion, nous serons de plus en plus nombreux à tenter notre chance en « Terre entrepreneuriale ». De la révolution industrielle à la révolution individuelle, quelle sera le modèle de développement de l’Afrique à l’aube du 22ème siècle ?

C'est pour faire un tour d'horizon de la situation globale et des spécificités de chaque pays que je me suis tournée vers des opérateurs économiques confirmés ou débutants pour prendre le pouls de cette économie africaine qui fait l'objet de toutes les convoitises.

 

Episode 1 : Au Bénin les jeunes diplômés créent leur job !

 

Lors d'un séjour à Cotonou, j'ai eu le plaisir de rencontrer une équipe de jeunes diplômés qui a décidé de prendre son avenir en main en créant sa propre structure. Ils partagent leur expérience et leur vision du futur. Une génération ambitieuse qui est à l'écoute d'un monde qui bouge mais qui doit composer avec ses réalités et les usages locaux.

Entretien avec Steve Hoda, Directeur des opérations et Vianio Kougblenou Directeur Général du cabinet Intellect Consulting 

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Présentez-nous votre structure 

Intellect Consulting est le seul cabinet-conseil pluridisciplinaire du Bénin géré par de jeunes Béninois. Fondé en Janvier 2012, le cabinet propose ses expertises en vue de favoriser le développement économique des pays africains. Les activités du cabinet tournent autour de 7 départements (Recherche-Formation et Développement – Informatique – Communication et Stratégie – Ingénierie solaire – Management des Projets – Juridique – Évènementiel & Création) et repose sur les valeurs telles que la responsabilité, la réactivité, l’éthique et la qualité. Le cabinet, à ce jour, travaille en partenariat avec plus d’une dizaine de partenaires à travers le monde. (Consulter www.intellect-consulting.com pour plus d’informations)

 

Quelle est globalement la situation des jeunes diplômés au Bénin ?

La question de l’emploi est un véritable problème dans notre pays le Bénin. Il suffit simplement de voir le nombre de candidats lors des concours de la fonction publique pour s’en rendre compte.

 

Quels sont les dispositifs mis en place pour favoriser l'emploi ? Sont-ils opérationnels ?

Pour favoriser l’emploi, l’État a mis en place des Business Promotion Center (BPC) qui sont des cadres qui incitent les jeunes à la création de leur emploi. Ces BPC accompagnent les micro-entrepreneurs dans leur idée d’entreprise.

En dehors de cela, l’État a mis en place l’Agence Nationale pour le Promotion de l’Emploi qui accompagne également les jeunes dans la mise en œuvre de leur propre entreprise et aussi pour l’employabilité dans une entreprise qu’elle soit privée ou publique. Mais il faut noter que ces structures ne sont pas tellement opérationnelles.

 

Comment vous est venue l'idée de créer votre entreprise ?

Nous sommes pour la plupart membres de l’Association des Volontaires du développement Durable (AVD-Bénin) qui est une organisation non gouvernementale que nous avons créée en 2011. Vu qu’il était difficile d’avoir des financements et que la plupart d’entre nous étaient diplômés dans divers domaines, nous nous sommes dit « pourquoi ne pas mettre en place un cabinet-conseil pour financer nos activités ? » C’est ainsi que nous avons crée Intellect Consulting.

 

Comment ont réagi vos familles ?

La génération de nos parents ne sait rien de ce qu’on appelle « entrepreneuriat ». Ils préfèrent voir leurs enfants au sein d’une grande entreprise, signe de réussite pour eux. C’est donc normal qu’ils soient restés sceptiques au départ. Maintenant, ils nous apportent leurs bénédictions puisqu’ils sont conscients qu’il n’est plus facile de trouver un emploi.

 

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous avons deux grandes difficultés. La première est qu’il est difficile pour les banques de nos pays d’accompagner les start-up. Vous êtes donc bien conscients qu’une jeune entreprise qui se bat seule risque de disparaitre. Ce qui fait que le taux de « mortalité » des entreprises est très élevé. À côté de cela, il faut dire que la fiscalité dans notre pays n’est pas une fiscalité de développement. Elle tue plutôt les entreprises.  

Deuxième difficulté : Nous sommes très jeunes et la génération des personnes aux affaires ne fait pas confiance à la jeunesse qu’elle estime immature et incompétente.

 

Comment a été accueillie votre initiative ? Que pensent vos camarades de promotion de votre projet ?

C’est une initiative qui a été bien accueillie et qui force l’admiration autour de nous. Nos amis de promotion sont fiers de nous même s’ils trouvent le pari trop risqué.

 

Quels sont vos atouts ?

Nos atouts : Nous sommes jeunes diplômés dans plusieurs domaines (droit, informatique, journalisme, économie, gestion, finance, ingénierie solaire, e-marketing…). Nous avons fait pour la plupart des expériences dans de grandes entreprises de la place.

Intellect-Consulting s’est également entouré de personnes qui ont du succès dans leur domaine d’expertise, afin de bénéficier d’une formation continue pour notre équipe car nous souhaitons apporter un service de haute qualité sur le marché africain. Nous avons noué des partenariats avec des entrepreneurs & des experts en France, en Suisse, au Sénégal, au Togo, au Canada et en Inde. Ils nous apportent leur concours sur le plan méthodologique et sur le plan des idées.

Pour nous faire connaître et vulgariser le métier de consultant et plus largement la prestation de service intellectuel, nous avons également un magazine économique en ligne « LeConsultant ».

redim

Qu'apportez-vous à vos clients ?

Nous accompagnons nos clients pour développer leur chiffre d’affaires tout en adoptant une attitude éco-responsables. Tout le monde fait du business au Bénin, mais combien d’entreprises sont vraiment rentables ? Nous les aidons à préparer l’avenir en étant plus performantes.

 

Quels objectifs souhaitez-vous atteindre ?

Notre objectif : Nous souhaitons accompagner sur les trois prochaines années plus de 100 entreprises à développer leurs activités et leur chiffre d’affaires dans la sous-région.

 

Vous êtes-vous déjà imaginé ce que vous deviendrez dans 10 ans ?

Dans 10 ans, nous envisageons devenir un grand groupe qui accompagne les chefs d’États africains dans les processus de développement économique. C’est pourquoi, nous avons travaillé sur la vision de l’Afrique à l’orée 2050 que vous pouvez lire en allant sur ce lien : http://stevehoda.over-blog.com/2014/04/quand-intellect-consulting-vous-plonge-dans-l-afrique-de-2050.html

 

Quelles sont les aptitudes indispensables pour réussir ?

Pour réussir, il faut avoir une vision, des objectifs clairs et mettre les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs. Cela demande beaucoup de discipline, de rigueur et surtout de persévérance.

 

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui veulent se lancer ?

Pour les jeunes qui veulent se lancer, nous les encourageons et nous leur disons qu’ils ont fait le meilleur choix. Maintenant, il leur revient de bien mûrir leur idée de projet, de s’entourer de personnes qui partagent la même vision qu’eux et de maintenir l’esprit d’équipe.

Ils rencontreront certainement des difficultés qui sont des marches vers le succès. Ils ont donc besoin d’un esprit guerrier pour avancer.

 

Quels sont vos prochains défis ?

  • Mettre en place différentes micro-entreprises à travers le projet CAFE (Conférence/Plan d’Action Africain sur l’Entrepreneuriat). À cet effet, nous travaillons avec Lawson Investissements pour la mise en place d’une ferme agricole à Zinvié au Bénin.
  • Servir de foyer d’opérationnalisation pour aider la diaspora à investir au Bénin.
  • Amener tous les professionnels, élèves et étudiants à maitriser les logiciels de leur domaine respectif.
  • Installer l’énergie solaire dans bon nombre de foyers béninois.

 

Article de Jenny-Jo Delblond : Coach financière et passionnée d’entrepreneuriat elle est spécialiste de l’éducation financière. Elle intervient en France, aux Antilles et en Afrique pour accompagner les entrepreneurs et les chefs d’entreprises. Conférencière, consultante et formatrice elle démystifie l’argent et permet aux gens de développer leur créativité financière pour augmenter leurs revenus et améliorer leur qualité de vie. Jenny-Jo a coutume de dire qu’elle est diplômée de la Haute École de la Vie, car autodidacte, c’est dans les entreprises qu’elle acquiert son expertise pratique dans le domaine des affaires et de la vente.

 

L’entrepreneuriat : un modèle de développement pour l’Afrique?

Lors d'un échange passionnant avec Mr Bonaventure MVE ONDO, Philosophe, ancien recteur de la Francophonie et de l'université Omar Bongo, nous nous sommes arrêtés sur des chiffres alarmants : plus de 120 millions de jeunes sortiront des systèmes éducatifs d'ici 2020 en Afrique subsaharienne et les 3/4 de ces jeunes ne trouveront pas d'emploi. Si le marché de l’emploi se raréfie en Europe par exemple, a t-il jamais existé en Afrique ?

Quelles y ont les réelles perspectives d'emploi ? Les entreprises internationales joueront-elles le jeu en créant des emplois dans la sous région ?

Les autorités africaines et internationales ont-elles prévu des plans d'actions opérationnels ? Est-ce que l'entreprenariat ne serait pas une solution efficace pour permettre à un plus grand nombre d'occuper une place d'acteur économique dans une Afrique en pleine croissance ?

Je crois personnellement que l'entrepreunariat est une conséquence logique de la mutation de notre société. En quittant l'ère industrielle pour passer à l'ère de l'information, le nord et le sud se retrouvent dans une situation presque similaire : la nécessité de revoir leurs fondamentaux socio-économiques et l'obligation de concevoir de nouvelles approches dans le domaine du travail.  J’imagine parfois que dans un futur proche où nos petits-enfants et arrière-petits-enfants découvriront le « salariat » en allant visiter les musées ! En effet notre économie, fondée sur l’industrialisation et la consommation date du début du 19ème siècle, soit plus de 200 ans ce qui est infiniment petit à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Il y a eu d’autres modèles avant et il y a aujourd’hui l’opportunité de créer de nouveaux modèles durables. Ceci est un enjeu majeur pour l’Afrique et une grande responsabilité. Mais c’est surtout une grande chance car contrairement à l’époque industrielle qui nécessitait de gros investissements et des équipements lourds, on peut aujourd’hui créer son entreprise seul chez soi avec un téléphone, un ordinateur, une connexion internet et surtout de la matière grise ! C’est sans précédent. Et pendant que les monopoles perdus nous parlent de « la crise », il n’y a jamais eu autant d’initiatives et de success stories. Même si créer son entreprise nécessite certaines aptitudes et compétences, notamment la gestion, nous serons de plus en plus nombreux à tenter notre chance en « Terre entrepreneuriale». De la révolution industrielle à la révolution individuelle, quelle sera le modèle de développement de l’Afrique à l’aube du 22ème siècle ?

C'est pour faire un tour d'horizon de la situation globale et des spécificités de chaque pays que je me suis tournée vers des opérateurs économiques confirmés ou débutants pour prendre le pouls de cette économie africaine qui fait l'objet de toutes les convoitises.

Episode 1 : Au Bénin les jeunes diplômés créent leur job !

Lors d'un séjour à Cotonou, j'ai eu le plaisir de rencontrer une équipe de jeunes diplômés qui a décidé de prendre son avenir en main en créant sa propre structure. Ils partagent leur expérience et leur vision du futur. Une génération ambitieuse qui est à l'écoute d'un monde qui bouge mais qui doit composer avec ses réalités et les usages locaux.

Entretien avec Steve Hoda, Directeur des opérations et Vianio Kougblenou Directeur Général du cabinet Intellect Consulting 

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Présentez-nous votre structure 

Intellect Consulting est le seul cabinet-conseil pluridisciplinaire du Bénin géré par de jeunes Béninois. Fondé en Janvier 2012, le cabinet propose ses expertises en vue de favoriser le développement économique des pays africains. Les activités du cabinet tournent autour de 7 départements (Recherche-Formation et Développement – Informatique – Communication et Stratégie – Ingénierie solaire – Management des Projets – Juridique – Évènementiel & Création) et repose sur les valeurs telles que la responsabilité, la réactivité, l’éthique et la qualité. Le cabinet, à ce jour, travaille en partenariat avec plus d’une dizaine de partenaires à travers le monde. (Consulter www.intellect-consulting.com pour plus d’informations)

 

Quelle est globalement la situation des jeunes diplômés au Bénin ?

La question de l’emploi est un véritable problème dans notre pays le Bénin. Il suffit simplement de voir le nombre de candidats lors des concours de la fonction publique pour s’en rendre compte.

 

Quels sont les dispositifs mis en place pour favoriser l'emploi ? Sont-ils opérationnels ?

Pour favoriser l’emploi, l’État a mis en place des Business Promotion Center (BPC) qui sont des cadres qui incitent les jeunes à la création de leur emploi. Ces BPC accompagnent les micro-entrepreneurs dans leur idée d’entreprise.

En dehors de cela, l’État a mis en place l’Agence Nationale pour le Promotion de l’Emploi qui accompagne également les jeunes dans la mise en œuvre de leur propre entreprise et aussi pour l’employabilité dans une entreprise qu’elle soit privée ou publique. Mais il faut noter que ces structures ne sont pas tellement opérationnelles.

 

Comment vous est venue l'idée de créer votre entreprise ?

Nous sommes pour la plupart membres de l’Association des Volontaires du développement Durable (AVD-Bénin) qui est une organisation non gouvernementale que nous avons créée en 2011. Vu qu’il était difficile d’avoir des financements et que la plupart d’entre nous étaient diplômés dans divers domaines, nous nous sommes dit « pourquoi ne pas mettre en place un cabinet-conseil pour financer nos activités ? » C’est ainsi que nous avons crée Intellect Consulting.

Comment ont réagi vos familles ?

La génération de nos parents ne sait rien de ce qu’on appelle « entrepreneuriat ». Ils préfèrent voir leurs enfants au sein d’une grande entreprise, signe de réussite pour eux. C’est donc normal qu’ils soient restés sceptiques au départ. Maintenant, ils nous apportent leurs bénédictions puisqu’ils sont conscients qu’il n’est plus facile de trouver un emploi.

 

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous avons deux grandes difficultés. La première est qu’il est difficile pour les banques de nos pays d’accompagner les start-up. Vous êtes donc bien conscients qu’une jeune entreprise qui se bat seule risque de disparaitre. Ce qui fait que le taux de « mortalité » des entreprises est très élevé. À côté de cela, il faut dire que la fiscalité dans notre pays n’est pas une fiscalité de développement. Elle tue plutôt les entreprises.  

Deuxième difficulté : Nous sommes très jeunes et la génération des personnes aux affaires ne fait pas confiance à la jeunesse qu’elle estime immature et incompétente.

 

Comment a été accueillie votre initiative ? Que pensent vos camarades de promotion de votre projet ?

C’est une initiative qui a été bien accueillie et qui force l’admiration autour de nous. Nos amis de promotion sont fiers de nous même s’ils trouvent le pari trop risqué.

 

Quels sont vos atouts ?

Nos atouts : Nous sommes jeunes diplômés dans plusieurs domaines (droit, informatique, journalisme, économie, gestion, finance, ingénierie solaire, e-marketing…). Nous avons fait pour la plupart des expériences dans de grandes entreprises de la place.

Intellect-Consulting s’est également entouré de personnes qui ont du succès dans leur domaine d’expertise, afin de bénéficier d’une formation continue pour notre équipe car nous souhaitons apporter un service de haute qualité sur le marché africain. Nous avons noué des partenariats avec des entrepreneurs & des experts en France, en Suisse, au Sénégal, au Togo, au Canada et en Inde. Ils nous apportent leur concours sur le plan méthodologique et sur le plan des idées.

Pour nous faire connaître et vulgariser le métier de consultant et plus largement la prestation de service intellectuel, nous avons également un magazine économique en ligne « LeConsultant » : http://intellect-consulting.com/la-mediatheque/bulletin/

 

Qu'apportez-vous à vos clients ?

Nous accompagnons nos clients pour développer leur chiffre d’affaires tout en adoptant une attitude éco-responsables. Tout le monde fait du business au Bénin, mais combien d’entreprises sont vraiment rentables ? Nous les aidons à préparer l’avenir en étant plus performantes.

 

Quels objectifs souhaitez-vous atteindre ?

Notre objectif : accompagner sur les trois prochaines années plus de 100 entreprises à développer leurs activités et leur chiffre d’affaires dans la sous-région.

 

Vous êtes-vous déjà imaginé ce que vous deviendrez dans 10 ans ?

Dans 10 ans, nous envisageons devenir un grand groupe qui accompagne les chefs d’États africains dans les processus de développement économique. C’est pourquoi, nous avons travaillé sur la vision de l’Afrique à l’orée 2050 que vous pouvez lire en allant sur ce lien : http://stevehoda.over-blog.com/2014/04/quand-intellect-consulting-vous-plonge-dans-l-afrique-de-2050.html

 

Quelles sont les aptitudes indispensables pour réussir ?

Pour réussir, il faut avoir une vision, des objectifs clairs et mettre les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs. Cela demande beaucoup de discipline, de rigueur et surtout de persévérance.

 

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui veulent se lancer ?

Pour les jeunes qui veulent se lancer, nous les encourageons et nous leur disons qu’ils ont fait le meilleur choix. Maintenant, il leur revient de bien mûrir leur idée de projet, de s’entourer de personnes qui partagent la même vision qu’eux et de maintenir l’esprit d’équipe.

Ils rencontreront certainement des difficultés qui sont des marches vers le succès. Ils ont donc besoin d’un esprit guerrier pour avancer.

 

Quels sont vos prochains défis ?

  • Mettre en place différentes micro-entreprises à travers le projet CAFE (Conférence/Plan d’Action Africain sur l’Entrepreneuriat). À cet effet, nous travaillons avec Lawson Investissements pour la mise en place d’une ferme agricole à Zinvié au Bénin.
  • Servir de foyer d’opérationnalisation pour aider la diaspora à investir au Bénin.
  • Amener tous les professionnels, élèves et étudiants à maitriser les logiciels de leur domaine respectif.
  • Installer l’énergie solaire dans bon nombre de foyers béninois.

 

Article de Jenny-Jo Delblond Coach financière et passionnée d’entrepreneuriat elle est spécialiste de l’éducation financière. Elle intervient en France, aux Antilles et en Afrique pour accompagner les entrepreneurs et les chefs d’entreprises. Conférencière, consultante et formatrice elle démystifie l’argent et permet aux gens de développer leur créativité financière pour augmenter leurs revenus et améliorer leur qualité de vie. Jenny-Jo a coutume de dire qu’elle est diplômée de la Haute École de la Vie, car autodidacte, c’est dans les entreprises qu’elle acquiert son expertise pratique dans le domaine des affaires et de la vente.

L’African School of Economics: un projet d’excellence

L’African School of Economics (l’école d’économie africaine, ASE) verra le jour à la rentrée de l’année scolaire 2014-2015. Son but est de répondre au manque d’écoles en Afrique où la formation et la recherche n’ont rien à envier à celles des meilleures universités du monde. ASE souhaite devenir une école de classe mondiale qui pourra contribuer au développement de l’Afrique à travers une formation excellente, des projets de recherche créatifs et des solutions innovantes et africaines pour éclairer les politiques et décisions économiques des pays africains.

Le projet de l’African School of Economics est porté et conduit par Léonard Wantchekon, professeur béninois d’économie politique à l’Université de Princeton. Il avait déjà créé en 2004 à Cotonou l’Institut de Recherche Empirique en Economie Politique (IREEP), un institut qui fournit une expertise en matière de gouvernance et de politiques publiques. L’ASE se veut un prolongement du succès de l’IREEP, qui incorporera tout ce qui fait le succès d’un grand département d’économie comme celui de l’université de Princeton ou de l’Ecole d’Economie de Toulouse.

A travers ses programmes de niveau Master : Master en business (MBA), Master en Administration Publique (MPA), Master en Mathématiques, Economie et Statistiques (MMES) et Master en développement (MDS), l’école préparera des professionnels africains à des postes managériaux importants dans les agences de développement ou les multinationales, de même que des entrepreneurs cherchant à monter leur propre entreprise. Elle réduira également la fameuse « fuite des cerveaux » en proposant à des étudiants de très grande qualité une formation du niveau des standards internationaux. L’école aura également deux programmes doctoraux (un doctorat en économie et un doctorat en management) à travers lesquels elle entend faire mieux entendre les voix et les avis africains les mieux informés dans les débats sur les questions qui touchent le continent.

Si comme on peut le voir dans un article paru sur TerangaWeb, des Masters MMES ou MBA de bonne qualité existent déjà dans la région au Sénégal (CESAG), au Cameroun (l’ISSEA), en Côte d’Ivoire (l’ENSEA) ou en Afrique du Sud (à l’université de Cape Town), l’African School of Economics entend se distinguer en proposant une formation plus complète et plus diversifiée : à la fois quantitative et qualitative, professionnalisante mais aussi académique, à forte composante managériale mais également encrée sur les sciences sociales, la recherche théorique et appliquée. L’école projette de recruter les meilleurs professeurs africains dans les disciplines qu’elle couvre et d’aligner leur rémunération sur les niveaux du marché mondial. A travers des partenariats avec de grandes universités et centres de recherche de par le monde (les universités de Princeton, Harvard, Yale, Columbia et New York aux Etats Unis, les universités de Laval et d'Ottawa au Canada, les Ecoles d’Economie de Paris et de Toulouse et l’Ecole Polytechnique en France, l’Ecole d’Economie de Londres et l’université d’Oxford au Royaume-Uni), l’école aura à sa disposition des professeurs affiliés provenant de ces institutions. Ces partenariats permettront également  aux étudiants de l'ASE d’interagir avec ces institutions académiques reconnues et d’avoir une ouverture internationale en Afrique et en dehors pour leur carrière, qu’elle soit en entreprise ou universitaire. ASE aura également trois centres consacrés à la recherche : l’IREEP qui existe déjà, l’Institut d’Etudes Africaines (IAS) et l’Institut pour le développement  du secteur privé (IPSD). En plus des opportunités de recherche que pourvoiront ces centres, ce seront également des véhicules qui assureront une partie du financement de l’école, qui engageront des partenariats avec des agences gouvernementales et des entreprises privées et qui donneront des emplois rémunérés aux étudiants désireux de financer en partie leurs études par ce canal.

Dans un récent article paru sur Terangaweb, Georges Vivien Houngbonon tout en se réjouissant de la mise en place imminente de cette grande école, posait la question de son accessibilité à tous et de sa représentativité à l’échelle du continent, sujette à caution par sa localisation géographique.

Il est vrai que le choix du Bénin pour implanter l’école peut susciter un débat. L’initiateur du projet invoque pour justifier ce choix le caractère démocratique du pays, sa relative stabilité politique de même que son bon classement en termes de respect des droits humains, son implantation géographique assez centrale et la relative qualité de son système éducatif. Le fait que ce petit pays qui était qualifié de «Quartier Latin de l’Afrique» soit francophone alors que les enseignements de l’école seront dispensés en anglais, permettra une attraction d’étudiants francophones et anglophones et facilitera les partenariats avec de grandes institutions académiques en France, au Canada et dans les pays anglo-saxons de premier plan. Mais l’attractivité de l’école viendra d’abord et avant tout de sa réputation d’excellence. Si elle arrive à remplir ses objectifs et à s’aligner sur les exigences internationales de qualité, de rigueur, de recherche et d’enseignements à la pointe de ce qui se fait dans le monde, elle attirera des étudiants africains de l’ensemble du continent. Ses partenariats ciblés avec des institutions dont la renommée n’est plus à faire ne feront qu’améliorer cette attractivité.

Quant au fait que l’école soit privée et donc payante avec des frais de scolarité qui seront vraisemblablement élevés, c’est en réalité un problème plus mineur qu’il n'en a l’air. D’abord de nombreux étudiants africains arrivent à trouver les moyens d’aller étudier en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, en quête d’une formation de qualité. Ils pourront la trouver, plus près d’eux et à des coûts relativement réduits. Quant aux étudiants brillants provenant de famille modeste, l’école proposera des bourses. Il y aura également des financements qu’ils pourront obtenir à travers la recherche dans les centres de l’école et des crédits dont l’obtention serait probablement facilitée par l'école.

Il est très important de noter que cette école fixera un standard et un exemple d’école de classe mondiale en Afrique. Ensuite, des écoles du même genre pourraient se multiplier sur le continent. Et comme le souhaite Georges Vivien Houngbonon dans son article, les Etats africains pourraient se saisir de cette initiative pour la répliquer. Il sera encore plus facile pour ces Etats d’octroyer des bourses aux meilleurs étudiants de leur pays pour aller y étudier, amoindrissant ainsi au passage les coûts de transport et le risque de faible attractivité de l’ASE pour les pays plus éloignés. L’African School of Economics a pour but de devenir une école du même niveau que les meilleures dans les disciplines qu'elle couvre et d'être un étendard de l’excellence africaine, c’est tout le mal que nous lui souhaitons.

Tite Yokossi

Les Préoccupations des Béninois : L’eau potable et les infrastructures routières (Actes 5 et 6)

expozinsouQuelles sont les principales préoccupations des béninois ? C’est pour apporter des éléments de réponse à ces questions que la fondation Zinsou, présente au Bénin et dédiée à l’art africain, a commandé un sondage réalisé auprès des populations béninoises. Les dix grands thèmes qui ressortent du sondage sont dans le désordre: l’accès à l’éducation, la régularisation de la circulation, l’augmentation des salaires des fonctionnaires, l’aide aux cultivateurs, l’accès à l’eau potable, le renforcement de la sécurité, la réparation des routes, l’accès à l’électricité, l’aide aux éleveurs et l’accès aux soins.

La Fondation Zinsou a rencontré Kifouli Dossou, artiste sculpteur béninois, et lui a demandé de réaliser une représentation artistique de ces grandes questions pour en porter le message. L’artiste  a choisi, pour ce faire, de sculpter des masques Guèlèdè, représentant chacun l’une de ces dix préoccupations majeures. Ces masques ont fait l’objet d’une exposition gratuite  dans les locaux de la fondation Zinsou basée à Cotonou.

Nous abordons tour à tour ces 10 thèmes dans une série d’articles illustrée par les photographies des masques sculptés par l’artiste – qui ont été gracieusement mises à notre disposition par ladite fondation. Après avoir abordé successivement la revalorisation du salaire des fonctionnaires, la modernisation de l’agriculture et les questions de sécurité (sécurité sur les routes et sécurité des biens), nous nous penchons sur l’accès à l’eau potable et les problèmes d’infrastructures routières. 

 

On veut de leau potable, Sinzinzin. Sculpture de Kifouli Dossou, Peinture de Kifouli Dossou, 2010 - 2011
On veut de leau potable, Sinzinzin. Sculpture de Kifouli Dossou, Peinture de Kifouli Dossou, 2010 – 2011
5. L'accès à l'eau potable

Le 28 juillet 2010, l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a reconnu, par le biais d’une résolution, le droit à une eau potable propre et de qualité, comme un droit fondamental de l’homme, essentiel au plein exercice du droit à la vie et des autres droits fondamentaux. Le Bénin, en pays signataire, a répondu favorablement à ce vote qui s’inscrit dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), horizon 2015.

Si le Bénin de par son réseau hydrographique est un pays qui ne manque pas d’eau, en 2009, seulement 63,6% de sa population avait accès à une source améliorée d’eau potable. Un accès insuffisant à l’eau potable surtout dans les zones rurales. Le vrai problème qui se pose n’est pas le manque d’eau mais bien l’eau sale. Comme l’illustre le masque Guélédé, dans de nombreux villages, les femmes font de longues distances pour trouver de l’eau souvent polluée par des animaux ou par d’autres villageois qui s’y lavent ou y font leurs besoins. Les enfants sont souvent affectés par des maladies hydriques comme la diarrhée, la dysenterie, la fièvre typhoïde, le choléra, etc. Certaines filles abandonnent l’école parce qu’elles sont obligées d’aller chercher de l’eau à la rivière pour aider leurs mères dans les tâches ménagères. Le manque d’eau potable entraîne de nombreux problèmes qui vont au-delà des problèmes de santé.

Il semble que le gouvernement béninois ait pris la mesure des enjeux relatifs à l’eau potable et qu’il veuille atteindre l’objectif de l’accès à l’eau potable pour tous les béninois d’ici 2015 (conforme aux OMD). En milieu urbain et surtout en milieu rural, le taux de couverture est sans cesse amélioré par la construction de plus de 550 points d’eau par an et ce, depuis 1990. Depuis 1992, bien plus de 8 000 installations  hydrauliques (forages équipés de pompes à motricité humaine, puits cimentés à grand diamètre, adductions d’eau villageoises) ont été réalisées. La cadence de construction de points d’eau a doublé sur les dernières années mais n’est toujours pas suffisante puisqu’on estime qu’environ 1500 « équivalents point d’eau » (EPE) et 200 réhabilitations par an sont nécessaires pour atteindre l’OMD en matière d’eau.

Les populations béninoises, surtout en milieu  rural, attendent que les efforts du gouvernement en la matière soient accrus et qu’au-delà de la construction de points d’eau, de plus amples moyens soient mobilisés pour aider les zones reculées à gérer, maintenir en bon état et tirer le meilleur parti des infrastructures d’eau potable et d’assainissement.

04.Réparer les routes6. Améliorer les infrastructures routières

Le réseau routier national du Bénin qui fait un peu plus de 6000 km de long est composé de 7 routes classées Inter-Etats et de 39 routes classées Nationales. A ce réseau classé s’ajoutent les voies urbaines des villes principales comme Cotonou et Porto-Novo et les pistes de desserte rurale aménagées. L’inspection du réseau en 2007 a permis de constater que seulement un quart du réseau était en bon état, 54% en état passable, 14% en mauvais état et le reste, en chantier d’aménagement. L’on peut donc apprécier l’étendue du défi posé au Fonds routier, l’organisme en charge des infrastructures routières depuis 1996, qui, au-delà de la réalisation des grands travaux en chantier, gère le programme de maintenance des routes.

La maintenance d’une route requiert en fonction de son âge et de sa constitution technique trois types d’interventions : un entretien courant normal permettant le maintien de la route en bon état, un entretien améliorant permettant de corriger certaines sections de la route fortement dégradées et un entretien périodique pour renouveler entièrement la couche de roulement. Le programme de maintenance est essentiel quand on sait l’importance d’un réseau routier de qualité pour la bonne marche d’un pays.

Les routes en mauvais état limitent le transport des biens et des personnes et gardent certaines zones, enclavées. C’est un frein à l’écoulement des produits agricoles et des marchandises et de façon générale aux échanges et au développement. Cette situation est également responsable de maints accidents de la route et favorise l’insécurité comme on a pu le voir dans le troisième article de cette série.

Devant l’importance de ces enjeux, l’on ne saurait continuer à construire des routes sans y apporter la qualité nécessaire – gage de durabilité – et à rester en deçà des exigences en matière de maintenance. Il est vrai qu’ici et là des chantiers de construction de routes et d’échangeurs sont en cours ou terminés mais les béninois attendent une plus grande volonté politique en la matière, pour leur garantir ce bien public vital.

 

Tite Yokossi

Copyright de la seconde image: Reparer les routes, Alileniyon. Sculpture de Kifouli Dossou, Peinture de Kifouli Dossou 2010 – 2011

Les préoccupations des Béninois : l’agriculture (ACTE 2)

 
expozinsouQuelles sont les principales préoccupations des béninois ? C’est pour apporter des éléments de réponse à ces questions que la fondation Zinsou, présente au Bénin et dédiée à l’art africain, a commandé un sondage réalisé auprès des populations béninoises. Les dix grands thèmes qui ressortent du sondage sont dans le désordre: l’accès à l’éducation, la régularisation de la circulation, l’augmentation des salaires des fonctionnaires, l’aide aux cultivateurs, l’accès à l’eau potable, le renforcement de la sécurité, la réparation des routes, l’accès à l’électricité, l’aide aux éleveurs et l’accès aux soins.
 
La Fondation Zinsou a rencontré Kifouli Dossou, artiste sculpteur béninois, et lui a demandé de trouver un moyen de représenter ces grandes questions pour en porter le message. L’artiste a choisi, pour ce faire, de sculpter des masques Guèlèdè, représentant chacun ces dix préoccupations majeures. Ces masques ont fait l’objet d’une exposition gratuite dans les locaux de la fondation Zinsou basée à Cotonou.
 
Nous abordons tour à tour ces 10 thèmes dans une série d’articles illustrée par les photographies des masques sculptés par l’artiste – qui ont été gracieusement mises à notre disposition par ladite fondation. Le premier article de cette série portait sur la revalorisation des salaires des fonctionnaires. Cet article a pour sujet l’agriculture béninoise.
 
02.Les cultivateurs
 
Les cultivateurs" / Gléssilê
Sculpture de Kifouli Dossou / Peinture de Wabi Dossou 2010 – 2011
 
2.  Moderniser l’agriculture
 
L’importance de l’agriculture pour le développement est un sujet qui fait aujourd’hui l’unanimité. Ses bienfaits vont bien au-delà de la sécurité alimentaire. Elle a des effets d’entraînements transversaux sur l’économie, du secteur primaire, aux services et à la commercialisation en passant par la transformation et l’industrie.

Au Bénin, le coton est avec le port autonome de Cotonou, l’un des deux poumons de l’économie. Il assure 40% des entrées de devises et contribue en moyenne à 13% du PIB. La filière coton représente également 60% du tissu industriel et nourrit plus d’un tiers de la population. Elle constitue le cœur de l’agriculture béninoise.  
 
 
Image : Evolution de la production de coton de 1999 à 2010
 

Cependant, les chiffres récents de la production de coton au Bénin ne sont pas encourageants. Malgré l’augmentation des cours des matières premières dont le coton, la croissance béninoise n’est pas tirée vers le haut car la production faiblit. Les dernières campagnes ont donné des résultats allant de 130 000 tonnes à 270 000 tonnes, bien en dessous des 350 000 à 400 000 tonnes annuelles que le Bénin produisait autrefois. Concernant la campagne en cours (2012-2013), environ 226 millions de tonnes ont été reçues dans les usines d’égrenage, au début du mois de mars, ce qui laisse présager, d’ici la fin de la saison, une quantité de production totale plus importante mais encore une fois inférieure à 300 000 tonnes. Cette faible production représente un manque à gagner énorme quand on considère les revenus potentiels pour les agriculteurs, les transporteurs, les industriels, les intermédiaires et autres acteurs de la filière. La filière est plus mal organisée que jadis, les cultivateurs peu rémunérés et la productivité est en berne alors même qu’il y a une marge énorme de modernisation de l’agriculture. L’affaire Talon, qui oppose l’ex-magnat du coton béninois au Président de la République n’a pas dû arranger les choses. 

Le gouvernement qui tablait sur des chiffres de production d’au moins 350 000 tonnes invoque les disparités de rendement d’une exploitation à l’autre, indiquant que le rendement à l’hectare a varié de 2 tonnes de coton à 600 kg pour un rendement moyen de 1 à 1,2 tonnes. Des différences énormes ! Dans un tel contexte, il est tout de même surprenant qu’une meilleure allocation des moyens de productions et des intrants n’ait pas été réalisée pour privilégier les cibles les plus productives.

 
Le Bénin a lancé un Programme ambitieux de Relance du Secteur Agricole dans le but de devenir en 2015 une puissance agricole dans la sous-région. Ce programme de plus de 300 milliards de FCFA, financé en grande partie par le Koweït, a pour but d’améliorer la productivité agricole dans différentes communes du Bénin. Il est censé s’appuyer  sur des techniques de production plus modernes alliant mécanisation, maîtrise de l'eau, intensification agricole et exploitation des terres en toute saison, de même que sur les écoles agricoles et les jeunes agriculteurs modernes et diplômés.
 
Ce programme vient certainement à point nommé pour sortir l’agriculture béninoise de l’ornière dans laquelle elle se trouve. Encore faut-il qu’il soit exécuté avec rigueur et professionnalisme. Prendre en compte les revendications des agriculteurs qui sont légitimes et leur donner les bonnes incitations est crucial dans ce processus. Il ne s’agit pas seulement de remplacer la houe par le tracteur et de mieux former et rémunérer les agriculteurs – ce qui serait déjà une avancée importante – mais de réorganiser l’ensemble de la filière (utilisation des intrants, production, transformation, exportation).
 
Cette réorganisation a commencé depuis la campagne 2010-2011 qui a vu la mise en place de plusieurs initiatives parmi lesquelles la création de coopératives villageoises, la sensibilisation des producteurs à la base et la dynamisation des comités de crédits intrants. Il a été également procédé au paiement intégral des producteurs au titre de la précédente campagne. Il est important de continuer à faire un travail en profondeur et d’utiliser au mieux (à travers la formation, la maintenance et une meilleure allocation) les moyens qui ont été mobilisés à commencer par le matériel agricole constitué de tracteurs, de motoculteurs, de débroussailleuses et autres charrues, récemment acquis pour plus de 7 milliards de FCFA.
 
Tite Yokossi

La situation de l’éducation au Bénin (1)

Point n'est besoin de rappeler l'importance de l’éducation d’un pays pour son économie et son développement. Elle ne joue pas seulement sur le capital humain nécessaire à l’activité économique, elle est aussi fondamentale pour une administration efficace et des institutions en bonne santé. Elle irrigue tous les ingrédients nécessaires à la bonne marche d’un pays. Avec une moyenne de 4,3 années d’étude relevée en 2005 contre 6,2 en Asie de l’Est (Source : AFD), l’Afrique subsaharienne a de nombreux défis à relever en matière d’éducation. Ils se posent en termes d’accès inégal et restreint (6% de la cohorte en âge d’aller dans l’enseignement supérieur y ont accès), de qualité et d’adaptation au marché du travail et à ses besoins spécifiques.

 

Au Bénin, pays de près de 9 millions d'habitants, un plan décennal de développement du secteur de l’éducation (PDDSE, 2006-2015) a été mis en place et est arrivé à la fin de sa première phase (2006-2011). Sous l’impulsion des autorités béninoises, la première phase du PDDSE a fait l’objet d’une évaluation commanditée et conduite par plusieurs organismes indépendants dont la Danida et l’Agence Française de Développement. Le bilan de l’évolution de chacun des 6 ordres d’enseignement de l’éducation béninoise a été décliné dans un rapport remis aux autorités compétentes.

 

L’enseignement maternel

 Comme dans les autres pays d’Afrique, l’enseignement maternel n’attire pas les foules. Cependant, au Bénin, les effectifs du préscolaire n’ont cessé d’augmenter passant de 27 673 élèves en 2005 à 97333 en 2010. En cause la stratégie de gratuité de l’enseignement mise en place par le gouvernement en 2006 et des activités de sensibilisation ciblées. Si la parité filles/garçons est respectée, aucune réduction des disparités géographiques ni amélioration de la qualité de l’enseignement n’a été constatée.

 

L’enseignement primaire

 Comme dans le préscolaire, la réforme de la gratuité de l’enseignement a fortement contribué à faire croître le Taux Brut d’Admission (TBA) qui est passé de 99% en 2005 à 132% en 2010 (le pourcentage est supérieur à 100% parce qu’il est rapporté à la population âgée de 6 ans dont ne font pas nécessairement partie tous les nouveaux entrants). Avec un indice de parité de 98% pour le TBA et de 94% pour le Taux Brut de Scolarisation (TBS), l’on se rapproche de la parité parfaite garçons/filles dans l’accès à l’enseignement primaire. Si les disparités géographiques restent très importantes, les progrès réalisés en terme d’accès et d’équité sont également à mettre à l’actif de stratégies de sensibilisation ciblées et de l’extension de cantines scolaires qui améliorent la rétention au cours du cycle.

 Avec l’introduction des nouveaux programmes, près de la moitié des élèves ne maîtrise pas les compétences normalement requises à chaque niveau. Si un effort a été fait concernant la formation des instituteurs, le rapport nombre d’élèves-nombre d’instituteurs reste élevé et a tendance à croître. La disponibilité des manuels scolaires est quant à elle très variable.

 

L’enseignement secondaire général

 En 5 ans, les effectifs ont augmenté de 69% dans le premier cycle (Classe de 6ème à 3ème ) et de 112% dans le second cycle (Seconde à Terminale). La qualité de l’offre en services éducatifs n’a pas suivi cette forte croissance en raison des ressources limitées. Des efforts ont été fait pour améliorer la parité filles/garçons mais ils ont connu un impact réduit. Un aspect important de la qualité des enseignements s’observe à travers le redoublement. Il est resté très élevé (21% en 2005 et 19% en 2009). L’un des problèmes majeurs qui expliquent cette situation est le manque cruel d’enseignants même s’il est en partie comblé par le recrutement d’enseignants dits communautaires par les populations locales elles-mêmes. Les établissements sont obligés pour y faire face de recruter un nombre important d’enseignants vacataires, à la qualification peu avérée et dont le statut est bien précaire. Les équipements (salles de classes, manuels, matériel pédagogique) laissent à désirer.

 

L’enseignement technique et professionnel

 Une évolution positive de la formation professionnelle a été remarquée grâce à un apprentissage en alternance :  travail dans un atelier ou une entreprise en même temps qu'a lieu la formation théorique. Ce dispositif s’est révélé particulièrement adapté à certains pans d’une économie largement informelle. Le nombre d’apprenants reste faible même s’il y a une réelle dynamique le concernant (1370 en 2006 et 5719 en 2010). Quant à l’enseignement technique classique, une dégradation continue a été observée et elle s’est vue à travers la baisse des effectifs (11 249 élèves en 2005 contre 8 266 en 2009). Alors que l’un atouts de cet ordre d’enseignement est la possibilité de le dispenser sous plusieurs formes et à différents niveaux le rendant plus susceptible d’atteindre des couches plus vulnérables et défavorisées, aucune stratégie de promotion d’un accès équitable n’a été mise en place.

 

L’enseignement supérieur

 Au Bénin, le nombre d’étudiants est relativement élevé avec 790 étudiants pour 100 000 habitants contre 299 en moyenne pour l’Afrique subsaharienne en 2006. Dans un pays où les débouchés en termes d’emplois hautement qualifés sont peu nombreux, ces effectifs élevés posent un réel défi. A cela s’ajoute que près de 2/3 des étudiants sont inscrits dans des filières peu efficaces en matière de professionnalisation alors que les effectifs pour celles plus adaptées aux marché du travail ont chuté. Enfin, 80% des individus accédant à l’enseignement supérieur proviennent des 20% des ménages les plus nantis et les filles comptent pour seulement 23% des étudiants de l’enseignement supérieur. L’accès équitable à cet ordre d’enseignement reste donc un défi majeur.

Quant à la recherche scientifique, elle se décline en une mosaïque d’activités plutôt menées de façon individuelle et cloisonnée, ce qui limite son impact socio-économique. Elle reste également peu orientée vers les priorités de développement.

 

L’alphabétisation et l’éducation des adultes

 Le taux d’analphabétisme dans la population adulte béninoise restait important en 2005 où il était estimé à 63%. La principale activité des services en charge du sous-secteur est l’organisation routinière des campagnes d’alphabétisation qui touche environ 30 000 hommes et femmes par an, un niveau insuffisant par rapport aux objectifs fixés (réduire le taux d’analphabétisme de 50% en 2015). Aucune stratégie de décentralisation des efforts mobilisant l’ensemble des opérateurs et des organisations de la société civile n’a vraiment été mise en place.

 

 Cette analyse de la situation de l’éducation au Bénin nous indique des priorités d’action que nous détaillerons dans le deuxième article de cette série.

Tite Yokossi

Marie-Cécile Zinsou, Présidente de la Fondation Zinsou dédiée à l’art africain

Terangaweb : Comment vous est venue l’idée de la création d’une fondation dédiée à l’art africain ?

Marie-Cécile Zinsou : J’ai eu l’idée de la création d’une fondation en 2004 lorsque j’étais professeur d’histoire de l’art au village SOS pour des jeunes béninois orphelins qui avaient entre 10 et 16 ans. Il y avait un vrai engouement pour l’art et une passion absolue pour la culture. J’ai donc promis à mes élèves de les amener au Musée pour voir des artistes contemporains. Et là je me suis rendu compte que j’avais fait une énorme erreur puisqu’en 2004, le musée le plus proche du Bénin où l’on pouvait voir des artistes contemporains était le Kunst Palace de Düsseldorf qui présentait alors Africa Remix. Et quand il y a 80 enfants béninois à amener à Düsseldorf, ce n’est pas une mince affaire.

Alors plutôt que de les amener à Düsseldorf, je me suis dit qu’il valait mieux amener l’exposition de Düsseldorf dans des villes béninoises comme Cotonou ou Abomey-Calavi. En fait, voir des expositions d’artistes africains à Paris ou dans les villes européennes n’est pas difficile mais le problème reste de donner une visibilité à ces mêmes artistes sur le continent africain. C’est donc dans cette optique que nous avons créé la Fondation au départ. L’objectif est de faciliter l’accès des enfants à l’art et à la culture en général avec pour idée de présenter la culture africaine en terre africaine. Il est important de pouvoir parler de notre culture qui est immensément riche et reconnue par tous.

L’intérêt c’est aussi d’avoir quelque chose qui place l’Afrique sur la marche la plus élevée du podium. On ne peut pas nier la culture de l’Afrique ni le travail de ses artistes. Il s’agit d’un travail d’avant-garde sur plusieurs siècles. Ce sont des choses dans lesquelles nous excellons et il y a toute cette partie qui fait de l’Afrique un continent passionnant.

Terangaweb : Quel a été le parcours de la fondation depuis sa création ?

Marie-Cécile Zinsou : A La première exposition – qui a recueilli beaucoup de visiteurs et qui nous a encouragé à continuer – on a commencé avec Romuald Hazoumé. Cette exposition portait sur le travail d’un artiste béninois immensément reconnu, qui a gagné le grand prix de la Dokumenta 12 de Kassel, dont les œuvres ont été achetées par le British Museum et sont présentes dans les collections nationales anglaises et françaises.

Cela a permis à d’autres artistes majeurs de se concentrer sur la fondation et d’y voir un intérêt. C’est ainsi que nous avons présenté Malick Sidibé juste avant qu’il ne gagne le Lion d’or lors de la biennale de Venise. Nous avons aussi présenté des artistes de l’avant garde sur Bénin 2059 (à quoi ressemblera le Bénin et l’Afrique en 2059 ?), des artistes béninois comme Dominique Zinkpé, Aston, Quenum, etc. des artistes jeunes et  brillants.

On a aussi créé progressivement une collection de 600 pièces qu’on a présentées dans les expositions récréations et manifestes. Ces 600 pièces portent sur les artistes de tout le continent et sur des médiums très différents (photo, peinture, dessin, sculpture, etc.). Cette collection est en développement permanent et nous permet de donner une visibilité très forte aux artistes africains sur le continent.

Par ailleurs, nous recevons également des expositions venant de l’étranger. On a notamment reçu la première exposition africaine du Quai Branly en Afrique ainsi que des Basquiat, ce qui n’était pas particulièrement évident car aucun collectionneur ne s’imaginait prêter des Basquiat en Afrique et on en a quand même eu 64 qu’on a présentés pendant 3 mois à un public subjugué. 

Terangaweb : Et vous n’avez pas eu du mal à gagner en crédibilité et à attirer des partenaires  comme le Quai Branly?

Marie-Cécile Zinsou : Non et en plus c’est le Quai Branly qui est venu nous noir en nous faisant part de son souhait de présenter une exposition en Afrique et en nous demandant la manière dont il fallait s’y prendre. En réalité, la Fondation Zinsou s’est très vite mise à des standards internationaux pour pouvoir échanger avec des institutions tels que le Quai Branly.

Terangaweb : C’est un pari qui est un peu osé de promouvoir la culture en Afrique, êtes vous satisfaite ?

Marie-Cécile Zinsou : On s’est basé sur ce que veulent les gens et on a aussi essayé d’évoluer avec notre public. Ce qui est intéressant c’est qu’au départ il n’y avait pas de public de musée et maintenant on grandit avec lui.  L’institution s’adapte à son public, ce qui ne constitue pas une démarche tout à fait classique mais plutôt celle de quelqu’un comme moi qui à la base n’est pas conservateur de musée. Je suis exactement dans la situation du visiteur et quand je crée une exposition, je le fais en me disant « quand j’entre dans un musée, je sais ce que j’ai envie que l’on m’apporte ».

Terangaweb : Est-ce qu’il existe un vrai engouement du public pour voir  les expositions ?

Marie-Cécile Zinsou : Ah oui, 3 millions de personnes en 6 ans (ndlr : sur un pays de 9 millions d’habitants), je pense qu’on peut appeler cela un vrai engouement du public. Soit dit en passant, notre public est essentiellement composé d’enfants de moins de 18 ans et défavorisés. On pense que les enfants les plus modestes sont ceux qui ont le plus de mal à avoir accès à leur culture puisque ne leur sont offerts que très peu de moyens à cet effet. Il est donc important de les former très tôt et de leur donner l’envie de découvrir davantage leur culture. 

Terangaweb : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Marie-Cécile Zinsou : Il ne s’agit pas de vraies difficultés car on est en Afrique et les choses s’organisent paradoxalement plus vite qu’ailleurs. Par exemple je viens d’avoir les fonds pour monter une nouvelle mini-bibliothèque parce que Sotheby’s a décidé d’en ouvrir une autre et cela va se faire en décembre. Je ne connais aucune autre région du monde où cela peut se faire en moins de 3 mois. En plus nous avons la chance d’avoir une structure de décision assez rapide et d’être dans un pays comme le Bénin dans lequel on exécute très vite les choses. A ce niveau, il n’existe donc pas de réelles difficultés. 

Les difficultés résident plutôt dans les a priori de la classe politique qui pense que l’art n’est pas important ou ceux des gens qui estiment qu’en Afrique il faut plutôt des associations contre le Sida plutôt que pour l’art. Ce sont donc des a priori à combattre mais les gens désarment très vite. 

Terangaweb : Et quelles sont vos perspectives ?

Marie-Cécile Zinsou : Nous allons développer des bibliothèques car elles sont essentielles pour soutenir l’accès à la culture. On travaille sur l’accès des tout petits à la lecture comme une chose naturelle et pas seulement une aptitude que l’on acquiert à l’école. Nous souhaitons que le livre fasse partie de la vie de ces petits enfants et devienne donc une évidence. C’est à cet effet que nous développons un réseau de bibliothèques. Nous en avons déjà quatre et nous espérons pouvoir en ouvrir deux autres dans les prochains mois. Nos partenaires, comme Sotheby’s et Enrico Navarra qui nous avait déjà prêté des Basquiat pour nos expositions, apprécient beaucoup l’aspect très concret de leur aide et le fait de voir leurs projets se développer au quotidien. 

Ce qui est formidable, c’est aussi que les partenaires qui nous soutiennent s’inscrivent dans une relation à long terme. Par exemple toutes les entreprises qui ont sponsorisé les premiers évènements de la Fondation continuent encore aujourd’hui de nous accompagner.

Terangaweb : De façon plus générale, quel est le regard que vous portez sur la philanthropie en Afrique ?

Marie-Cécile Zinsou : Je pense qu’il faut que les gens fassent des choses même si elles pensent que leur action est restreinte. Si je prends l’exemple des bibliothèques, cela touche à peu près 160 enfants par jour, ce qui n’est pas du tout négligeable. Le coût pour monter ce type de projet s’élève entre 10 000 et 15 000 euros, ce qui est largement faisable. Mais les gens, lorsqu’elles ont 10 000 euros, ne pensent pas spontanément à venir voir des organismes comme le nôtre pour développer ce type de projet. Notamment au sein de la diaspora, il faudrait que les gens apprennent à faire des choses à leur échelle, même si cela paraît être une petite échelle, car on trouve toujours un petit projet concret qui peut avoir un impact non négligeable sur la vie des populations. Il y a quelque chose d’intéressant à développer sur la philanthropie de chacun et qui ne demande pas des moyens exubérants. Chacun peut faire quelque chose qui améliore la vie des siens.

Interview réalisée par Tite Yokossi et Nicolas Simel