Conférence « Quel rôle des écrivains dans nos sociétés ? »

De gauche à droite : Jean-Luc Raharimanana, Bernard Magnier, Lareus Gangoueus, Yahia Belaskri

Il y a un mois, Terangaweb se joignait à l’Observatoire de la Diversité Culturelle et à mon blog littéraire pour organiser une table ronde sur le thème du rôle et de la place de l’écrivain dans nos sociétés. Sujet ouvert qui a un intérêt certain à la fois pour le romancier, l’éditeur et le lecteur. Pour échanger autour de cette question, les écrivains Raharimanana, Yahia Belaskri se sont prêtés à cet exercice en compagnie de Bernard Magnier, directeur de la collection "Lettres africaines" chez Actes Sud. Ce fut un vrai plaisir de conduire ce débat dans le très beau cadre de l’Auditorium du Centre culturel Jean Cocteau des Lilas.

Les avis des auteurs sont partagés sur la définition même du concept « nos sociétés », c'est-à-dire le public éventuel que ceux-ci aimeraient toucher ou pas, le rapport avec ce dernier en particulier avec ses attentes très diverses suivant qu’il est en Occident ou en Afrique, l’absence d’un lectorat réel en français à Madagascar ou en Algérie. Au fil des échanges, le propos s’est centré sur la littérature même, sur l’esthétique, la fonction même de l’écriture et de l’art dans nos sociétés actuelles. Des fonctions différentes suivants notre poste d’observation. Finalement, pourquoi un écrivain se prête-il à cet exercice d’écrire et d’être publié s’il ne croit pas à la portée, à la puissance de son discours ? « D’ailleurs ne s’agit-il que d’esthétique ou également de puissance dans l’écriture des contemporains ? » posera quelqu’un dans le public.

Raharimanana dit très bien le but de son projet : « Arriver à ce moment où le texte, l’œuvre littéraire éclipse l’auteur ». Les écrivains ont également répondu à la question de la feuille de route, de l’ordre de mission venu d’Afrique dicté par un universitaire congolais qui ressemble à beaucoup de points de vue à ce que j’entends au sujet de la nouvelle génération. Une terrible charge dont ils se sont chargés de se délester. A raison sûrement.

Le terme de nouvelle génération a eu le don d’agacer, mais il n’est pas une invention du blogueur que je suis. Il était commun il y a quelques années de désigner de nouvelle génération, toute la dream-team d’auteurs qu’incarnent encore aujorud’hui les Abdourahmane Waberi, Sami Tchak, Raharimanana, Alain Mabanckou, Patrice Nganang, Léonora Miano, Kangni Alem et bien d’autres. Des auteurs qui souvent se sont extraits à la fois du classicisme de l’écriture des auteurs des indépendances, et de certaines thématiques. Il me semble qu’entre Henri Lopès, Ahmadou Kourouma et Raharimanana, il y a deux courants différents, deux générations de romanciers…« Le je a remplacé le nous des anciens » indique Bernard Magnier.

La posture franche de Yahia Belaskri sur la place réelle du romancier dans les sociétés africaines, sur le poids réel, sur leur capacité d’influencer ne manquera pas d’interpeler ceux qui prendront le temps d’écouter cette rencontre. Avec tout le respect et la fascination qu’il a pour l’illustre homme de lettres algérien Kateb Yacine, il se pose la question de la réception de ces œuvres aujourd’hui en Algérie. Il n’est pas utile que j’entre dans plus de détail, la vidéo de la rencontre est disponible sur le site de Sud Plateau-TV. Visionner et venez réagir sur Terangaweb.

Lareus Gangoueus
 

Quel est le rôle de l’écrivain dans nos sociétés ?

L’Observatoire de la Diversité Culturelle et le cercle de réflexion TerangaWeb « L’Afrique des Idées » vous invitent à débattre avec Jean-Luc Raharimanana, Yahia Belaskri et Bernard Magnier sur le thème « Quel est le rôle de l'écrivain dans nos sociétés ? ». Cette manifestation se déroulera à l’Auditorium du Centre culturel Jean Cocteau, 35 place Charles de Gaulle, Les Lilas (M°ligne 11 Mairie des Lilas), le vendredi 4 Mai 2012, de 19h00 à 21h00. L'entrée est libre et la rencontre sera suivie d'une collation et d’un temps de dédicaces.

En compagnie des romanciers Jean-Luc Raharimanana, Yahia Belaskri, avec Bernard Magnier spécialiste des littératures africaines et directeur de la collection « Lettres africaines » aux éditions Actes Sud, il s'agira d’aborder et d'interroger des postures d’écriture (l’écrivain francophone est-il guide ou témoin ?), leur légitimité d'auteurs physiquement éloignés de leur terre d’inspiration tout autant que la réception de leurs œuvres (lectorat occidental, de la diaspora africaine et du continent). Au travers de son expertise sur les littératures africaines, Bernard Magnier apportera son regard d’éditeur sur ces questions et présentera la collection qu’il dirige chez Actes Sud.

La seconde phase de cette rencontre qui se veut interactive aura pour objet d’interpeler les publics présents, sur leur rapport en général à la littérature africaine. La rencontre sera animée par Réassi Ouabonzi, animateur du blog littéraire Chez Gangoueus et responsable de la rubrique culture de TerangaWeb. Des lectures des œuvres des auteurs seront faites.

copyright Thierry Hensgen/Institut Français. Jean-Luc Raharimanana, est un homme de lettres malgache, né en 1967 à Antananarivo. Il est l’auteur d’une œuvre dense à la croisée de plusieurs genres littéraires. Sa dernière publication est « Les cauchemars du gecko » paru chez Vents d’ailleurs suite à l’interprétation à Avignon de la pièce de théâtre du même nom qui n’a pas laissé indifférent le public du festival.

Yahia Belaskri, est un homme de lettres algérien, ancien journaliste, né en 1952 à Oran. Il a obtenu le Grand Prix Littéraire Ouest France/Etonnants voyageurs 2011 pour son roman « Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut » dans lequel l’auteur brosse un portrait très sombre de l’Algérie. Son nouveau roman « Une longue nuit d'absence » vient de paraitre chez Vents d’ailleurs.

Bernard Magnier est actuellement l’un des plus brillants spécialistes de la littérature africaine. Journaliste de profession, il travaille depuis plusieurs années avec Radio France Internationale et il dirige la collection «Lettres africaines» aux éditions Actes Sud. Il est également conseiller littéraire au Centre National du Livre, au Centre Georges Pompidou ou encore au théâtre Le Tarmac. Il est aussi programmateur du festival « Littératures métisses » d’Angoulême.

Contact ODC/Terangaweb : 01.48.46.07.20 / reassi.ouabonzi@terangaweb.com

Les organisateurs :
Observatoire de la Diversité Culturelle – promeut la citoyenneté par la diversité culturelle
www.diversité-culturelle.org

TerangaWeb « L’Afrique des idées » – est une association indépendante qui vise à promouvoir le débat d’idées et la réflexion sur des sujets liés à l’Afrique. Notre think tank est majoritairement composé d’étudiants, de doctorants et de jeunes professionnels africains, ainsi que de personnes tout simplement passionnées par – et bien informées sur – le continent africain.
http://www.terangaweb.com

Chez Gangoueus – Blog littéraire traitant des lettres venues d’Afrique des diasporas africaines
http://gangoueus.blogspot.fr

Alors, rendez-vous le 4 mai à l’Auditorium du Centre culturel Jean Cocteau,
35 place Charles de Gaulle, Les Lilas (Métro ligne 11, Station Mairie des Lilas), de 19h00 à 21h00.
Faites circuler l'information!

 

Réassi Ouabonzi