La révolution cloud computing en Afrique

Le cloud computing désigne une innovation technique qui permet de stocker sur des serveurs à distance des données et traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur le poste de l'utilisateur. En virtualisant et mutualisant les capacités de stockage, cette technique permet d'importantes économies d'échelle. De plus, le cloud permet à une entreprise ou un utilisateur individuel d'avoir accès à des services, des environnements, des logiciels qu'elle n'aurait pas forcement eue du fait des coûts associés (investissement, études, mise en oeuvre, maintenance…). L'avantage est de pouvoir s’affranchir des contraintes informatiques (choix du logiciel, installation, service interne informatique, mise à jour des éditeurs…).En gros, accéder à plus de services à valeur ajoutée à moins cher.

Il existe trois ensembles de Cloud computing :

IAAS (Insfrastructure As A Service) : Location de matériel (stockage, machine, etc…)
PAAS (Plate-forme As A Service) : Location d'une plate-forme louée à la demande.
SAAS (Software As A service ) : Location d'un service applicatif qui sera disponible uniquement via Internet. Exemple, votre logiciel de messagerie ne vous appartient plus, vous louez pour l'utiliser.

L'explosion du Cloud

A ce jour, près de 500 millions d'utilisateurs sont dans les "nuages". Cela prouve que les entreprises sont demandeuses et les prestataires informatiques prêts à vendre de tels services. Selon KPMG (cabinet d'audit et d'expert comptable), 80% des entreprises françaises auraient déjà démarré un projet en mode cloud. La tendance pour les quatre ans à venir serait une croissance à deux chiffres toujours selon ce cabinet. La partie qui va le plus décoller est sans conteste le mode PAAS (Plate-forme As A Service). Ce qui est intéressant de constater c'est que  les PME/PMI ne sont pas à la traîne dans l'adoption de cette technologique. Si les grands groupes passent en mode "Cloud" pour maîtriser leur budget et le réduire, les PME/PMI adoptent le "Cloud" pour la simplicité d'utilisation et un rapport coût/service plus pertinent que le mode licence classique. Selon Microsoft, le "cloud computing" est jusqu'à 40 fois plus rentable pour une PME, par rapport à la méthode traditionnelle de gestion d'un système informatique interne. Selon les estimations, le passage en mode "Cloud Computing" permettrait d'avoir une consommation d’énergie 38% moins importante par rapport aux système informatique classique. Une enquête a été effectué par le cabinet CSC basée sur un ensemble de 3645 utilisateurs du cloud et après utilisation, il apparaît que 82% d’entre eux indiquent avoir fait des gains financiers. 52% confirment avoir amélioré leur efficacité. Quand à la consommation d’énergie ils sont 64% à affirmer qu'une réduction de la consommation énergétique a été démontrée.

Le Cloud pour l'Afrique

Le cloud peut intéresser toutes les entreprises, petites, moyennes et grandes. L'informatisation des entreprises est forte en Afrique comme dans le reste du monde et prends des proportions de plus en plus importantes. De grands groupes sont déjà implantés en Afrique (IBM, Google, …) et il est fort à parier qu'ils vont surfer sur cette tendance pour séduire de nouveaux clients. Un article publié par ITmag.sn fait état de l'intérêt des professionnels du secteur en Afrique de l'Ouest pour cette technologie. Google, et son représentant pour la région Tidjane Deme, semblent être parmi les plus actifs promoteurs de Cloud dans cette région. 

Le cloud devrait aussi avoir un impact sur le développement des potentialités d'exploitation du web par les internautes africains. Par exemple, les blogs ou tout autre plate-forme de gestion de contenu utilisent aujourd'hui des services mutualisés (c'est-à-dire sur des serveurs partagé avec d’autre). Il est possible à tout internaute de se créer un compte en moins de 5 minutes et d'avoir accès à une interface d'administration et ainsi publier et être lu sur le net. Derrière tout cela nous avons des serveurs, un logiciel de gestion de contenu, un espace de données etc… Le cloud c'est cela aussi, avoir accès, presque sans le savoir à un ensemble de service et de fonctionnalité, qui se paient… évidement. Il ne faut pas oublier qu'en Afrique le réseau mobile a explosé et que les habitants ont plus de téléphone portable que de téléphone fixe. Le Cloud computing permet aussi l’accès aux données ou au services à travers n'importe quel support (PC fixe, PC portable, PDA, Smartphone…).

Autre exemple de l'utilité du Cloud, le stockage en ligne. Aujourd'hui le prix du stockage est dérisoire, par contre l'infrastructure pour stocker, dupliquer, garantir un rétablissement des données sans perte est important et c'est un métier à part entière. Avoir un système de stockage en ligne permettrait de s'affranchir de cet aspect et de dormir tranquille en cas de "problèmes informatiques" – Panne de PC, panne de courant, perte de réseau, etc…. Il n'est pas nécessaire d'avoir une connexion permanente pour effectuer un stockage.

Les limites du cloud computing

Reste que le cloud, pour pouvoir fonctionner correctement suppose d'avoir une liaison permanente à Internet, ce qui, comme tout le monde le sait est loin d'être le cas dans nos pays. Mais la bonne nouvelle, c’est que de Dakar à Djibouti, on observe que des efforts sont consentis par les acteurs des NTIC pour améliorer la connectivité. L’infrastructure existante utilisant la fibre optique a contribué à une utilisation optimisée d'Internet sur le continent au cours de ces deux dernières années. Le cloud est un marché à suivre de près et pour les directions informatiques il convient de se poser la question régulièrement pour voir si le passage en mode cloud est possible ou pas, souhaitable ou non. Le cloud reste une formidable opportunité pour une entreprise d'utiliser des outils de pointe pour la réalisation d'un projet en se focalisant sur son cœur de métier sans perdre du temps sur les outils. Le cloud peut aussi être un concept intéressant pour les étudiants, pour les créateurs d'entreprises. Sans investissements lourd initial (licence logiciel), les utilisateurs peuvent avoir accès à des services nécessaires à leur activité.

Reste que par définition, le cloud vous oblige à déporter vos données chez le prestataire de service. Mais avec un niveau de confidentialité à définir est-ce vraiment un frein ? Les prestataires de services se doivent de rassurer sur ce point. Aujourd'hui la plupart d'entre nous visualise leur compte bancaire via Internet et ne se pose plus la question de la sécurité. Reste qu'il faut évidement passer du temps à choisir LE bon partenaire informatique.

Trois SSII africaines spécialisées sur le cloud

Ajiel, SSII Marocaine, a lancé en 2007 le premier service cloud pour un logiciel de gestion comptable, financière et RH, à l’adresse des PME–PMI.
SMART HOST : start-up tunisienne a annoncé qu’elle sera le premier opérateur B2B entièrement dédié au cloud computing en Afrique du Nord.
SlapOS (Cote d'Ivoire) a mis en place un logiciel libre de cloud décentralisé. Ce système a été sélectionné par le Ministère de l'Intérieur de Côte d'Ivoire pour superviser ses centres serveurs et héberger 10 applications critiques pour 30 000 utilisateurs.

 

Philippe Jean