Savoir, c’est bien ; Savoir-apprendre, c’est mieux

La promotion de connaissances, compétences et qualifications critiques est un préalable incontournable à un développement soutenu et durable en Afrique. C’est autour de ce thème que se tiendra en décembre 2011 la Triennale de l’ADEA1 à Ouagadougou. En préparation de cette réunion, l’Association a récemment publié une note stratégique2 à visée pragmatique. Idées et discours autour du rôle de l’éducation et de la formation dans l’essor économique ne manquent pas. Il s’agit ici de savoir quelles orientations concrètes doivent prendre les pouvoirs publics concernant le développement des compétences techniques et professionnelles.

La première recommandation est conceptuelle. Si jusque là la question était traitée en termes d’éducation et de formation, le passage à la notion de compétence est nécessaire, car plus pertinent. Des politiques tournées vers les compétences permettront en effet plus de souplesse et des réponses plus immédiates aux besoins du marché du travail.

Par ailleurs, le système classique d’éducation et de formation se concentre sur l’acquisition de qualifications adaptées à un emploi dans le secteur formel. Il ne dote pas les travailleurs des compétences permettant l’insertion dans l’emploi informel. Pourtant ce dernier représente plus de 80% du taux d’emploi dans nombre de pays africains. A ce jour, seuls le Bénin, le Togo et le Mali ont initié des politiques liant l’apprentissage traditionnel au système formel d’éducation et de formation.

Cela requiert de fait que l’Etat assure la gestion efficace et la cohérence de l’offre de formation. La note cite en exemple le Maroc dont la réforme des programmes de 2008 aurait permis à plus de 50% des diplômés d’accéder à un emploi moins de 9 mois après l’obtention de leur diplôme. L’Etat doit ainsi assurer la qualité de la formation des enseignants qui doivent être dotés non seulement d’une excellente compétence pédagogique, mais aussi d’une expérience du monde du travail.

L’action publique doit aussi encourager une éducation de base solide qui seule permettra aux futurs travailleurs de développer, par la suite, les compétences non-techniques. Celles-là même qui sont indispensables aux activités à forte valeur ajoutée, comme la capacité d’innovation dans les TIC. L’exemple de la Corée du Sud est ici emblématique : enseignement général et formation professionnelle y partagent jusqu’à 75% d’un tronc commun.

Dans l’économie de la connaissance du XXIème siècle, ce que l’on sait compte moins que ce que l’on est capable d’apprendre.

En Ethiopie, au Malawi, au Mozambique et en Zambie, les jeunes connaissent environ cinq années d’inactivité avant de décrocher leur premier emploi. Contrecarrer ce piètre état de fait nécessite, selon l’ADEA, la création de mécanismes de prévision et de suivi des dynamiques du marché du travail. Pourront alors être mis en place des programmes de formation adaptés améliorant l’employabilité des jeunes.
Il faudrait aussi, au regard du peu d’opportunités qu’offre l’économie formelle, éduquer élèves et étudiants à l’entrepreneuriat. Enfin –et c’est sans doute le plus important- toute formation devrait, à côté de l’acquisition de connaissances techniques et spécialisées, « apprendre à apprendre ». Idéalement, le développement des compétences devrait représenter, en Afrique, une page prioritaire des agendas politiques. La note estime que si tel était le cas, cela favoriserait la sécurité de l’emploi, la productivité économique, la prospérité et la cohésion sociale nationale.

Pour lire l’intégralité de la note : http://www.adeanet.org/triennale/basedocs/DOCS/0e80b6bc24d5aaf5edc43c94cca04309.pdf

 

Et sur le même sujet :
http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/in-depth/developing-technical-and-vocational-skills-in-africa-2008/financing-technical-and-vocational-skills-development/

 

Tidiane Ly

 

1 Association pour le développement en Afrique 

2 Voir le lien en fin d’article