Grignotés de toutes parts, ballotés entre régimes autocratiques et fanatismes religieux, les droits élémentaires des Africains se trouvent laminés entre le marteau et l’enclume. La mondialisation débridée, la financiarisation à outrance de l’économie, le réchauffement climatique entre autres aggravent un tableau déjà sombre, plongeant le continent (bientôt le plus peuplé du monde) dans une léthargie qui hypothèque la jeunesse africaine. Les Défis de l’Afrique sont politiques, économiques et religieux. Tour d’horizon.
Nous sommes en face d’une classe politique incapable
Nos dirigeants, qui sont trop occupés à s’enrichir impunément et à se maintenir au pouvoir envers et contre tout, ont oublié de planifier le développement, pendant que la corruption généralisée et l’absence d’institutions judiciaires fiables finissent de décourager les investisseurs.
Dans une récente tribune reprise par Terangaweb et consacrée à l’Union africaine qu’il qualifie d’ailleurs d’ « union affreuse », le journaliste sénégalais Adama Gaye peint une Afrique ruinée par « une classe de leaders-dealers, spoliateurs des biens publics et complices d’une recolonisation consentie ».
Une croissance trompeuse ?
L’Afrique décrite par les médias et les discours laudateurs comme le futur eldorado économique est loin de tenir ses promesses. La hausse transitoire des prix des matières premières a suscité un vent d’euphorie et laissé croire que l’Afrique se réveillait enfin économiquement. Mais l’industrie extractive s’est révélée peu créatrice d’emplois laissant ainsi le chômage progresser indéfiniment.
La pandémie du Sida semble reculer et de plus en plus de jeunes fréquentent l’école, certes. Mais le continent affiche encore désespérément un grand retard dans la plupart des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). La pauvreté n’a presque pas baissé et les rangs des « sans travail » ne cessent de gonfler.
Les 15 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi pourraient compter sur les richesses naturelles du continent, si elles ne profitaient qu’à une petite oligarchie, qui la brade à tout va. L’industrie des services (hôtellerie, téléphonie, etc.) n’en absorbe qu’une minorité. L’économie informelle et les emplois précaires sont le lot quotidien de beaucoup d’Africains, dont certains se laissent tenter par l’aventure migratoire, au péril de leur vie.
Pendant que toute l’Afrique prie, une partie stagne et l’autre s’enfonce.
Des présidents prédateurs, parfois prédicateurs, ont effectivement mis le continent sous leur coupe réglée, tout en cédant au syncrétisme politico-religieux. Parallèlement au retour des vieux démons de la dictature, l’intégrisme et l’explosion de courants religieux de tous genre ont fini par donner raison à Régis Debray : « La religion n’est plus l’opium du peuple mais la vitamine du faible ». Si son diagnostic se confirme, les Africains risquent une overdose. Mais il ne faut pas leur jeter une pierre. La croyance ne gêne réellement que quand elle est imposée de force ! Tant qu’elle reste dans la sphère privée, l’Etat doit la protéger et la faire respecter. Voici la laïcité dans sa plus simple définition, qui ne fait pas plaisir aux intégristes de tout acabit.
Des handicaps qui se transforment en forces
Les défis qui attendent le continent de tous les extrêmes sont incommensurables, mais paradoxalement ils représentent un vivier d’emplois et un grand levier de croissance. Presque tout est à faire ou à refaire :
– l’éducation professionnalisante de la jeunesse,
– le développement de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises,
– la lutte contre le réchauffement climatique et le développement des énergies renouvelables,
– la mise en œuvre d’une industrie de transformation,
– le retour d’une partie de la diaspora africaine.
Mais la liberté consiste d’abord à sortir du sous-développement et de la misère. Face à la montée des tyrannies de toutes sortes qui l’empêchent d’avancer, la jeunesse africaine doit se battre par les urnes pour faire émerger de vrais hommes d’Etat, capables de placer l’intégration régionale africaine au premier plan, car l’union fait la force.
Afin de réveiller une conscience nouvelle, des états généraux de la liberté semblent indispensables à travers toute l’Afrique. Parce que les urgences s’accumulent frénétiquement et risquent de compromettre pour longtemps la liberté des Africains. Les défis qui attendent le continent le plus pauvre sont trop importants pour être confiés uniquement aux politiciens actuels, qui ont tant failli et trahi !
Afrique martyrisée, Afrique ridiculisée, mais, Afrique bientôt libérée par ses fils et filles qui auront participé aux états généraux de la liberté.
Quand l’Afrique s’éveille entre le marteau et l’enclume, L’urgence de forger une résistance tous azimuts discute des solutions qui s’offrent au contient et le rôle que pourra effectivement y jouer ces fils et filles.
Paul Samba.
* NDLR : Paul Samba est l’auteur de l’ouvrage Quand l’Afrique s’éveille entre le marteau et l’enclume, L’urgence de forger une résistance tous azimuts (BOD éditeurs juin 2016)
Cet article a été publié le 10/09/2016