Entrepreneuriat féminin : LAFEENT, l’association qui accompagne les entrepreneures africaines

LAFEENTL’association « L’Africaine, Femme Entrepreneur » (LAFEENT) est une association à but non lucratif qui a pour objetif de promouvoir l’entreprenariat des femmes africaines, en Afrique et ailleurs. Ses activités sont centrées autour du conseil , de la formation et de l’emploi. Discussion avec sa présidente, Meyia NTOLO.

« Les femmes africaines représentent aujourd’hui plus de 50% de la population du continent Africain. Elles sont donc des actrices incontournables, des forces pour son développement », déclare d’emblée Meyia NTOLO, Présidente et fondatrice de l’association. 

« Nous avons l’ambition de travailler à transmettre aux femmes Africaines les connaissances et informations nécessaires pour leurs projets de création d’entreprise , de sensibiliser le plus grand nombre à l’entreprenariat, d’aider au développement de PME et TPE déjà existantes, de travailler avec les différents états et organisations à la réduction du secteur informel par l’information, la formation et l’accompagnement».

Les missions que s’est donnée l’association LAFEENT sont diverses : (i) faire la promotion de l’entreprenariat des femmes africaines en Afrique ; (ii) accompagner les femmes africaines dans leurs projets ; (iii) encourager les femmes hésitantes à créer leur propre emploi ; (iv) promouvoir la conscience professionnelle dans le monde du travail et (v) intéresser les femmes et jeunes femmes/filles à l’entreprenariat

« Nous apprenons aux femmes à découvrir et développer leurs talents. Nous travaillons à valoriser leurs intelligences, leurs compétences, ainsi que leurs réalisations», ajoute Meyia NTOLO. L’association se donne comme objectifs de former les femmes pour leur fournir les connaissances indispensables dans leurs projets de création et de gestion d’entreprises. Il s’agit d’aider les femmes africaines à s’épanouir professionnellement en Afrique et ailleurs.

LAFEENT entend également accompagner les femmes dans leurs recherches d’emplois en Afrique, et permettre le développement de leurs compétences et talents (notamment à travers des ateliers). Enfin, l’association permettra de former un réseau de femmes entrepreneurs pour assurer un échange d’expériences et l’entraide entre ses membres, en particulier en informant les femmes Africaines de la diaspora souhaitant investir ou s’installer en Afrique sur les modalités de création d’entreprise dans leurs pays d’origine.

Le lancement des activités est prévu en fin d’année 2016.

Retrouvez toutes les informations sur LAFEENT sur son site internet. Vous pouvez aussi suivre l'association sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram

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Entretien avec Nunu Ntshingila, future directrice de Facebook en Afrique

12c509eLorsqu’elle débute sa carrière dans le secteur de la publicité à la fin des années 80 en Afrique du Sud, Nunu Ntshingila découvre un univers qu’elle décrit comme étant « très blanc et très masculin ». Retour sur une Afrique en pleine (r)évolution digitale, au travers du regard d’une femme qui prône l’afro-responsabilité sur le continent.

Une militante de l’accès des femmes au leadership

« Après un séjour aux Etats-Unis pour mes études, je suis rentrée en Afrique du Sud pour travailler chez Nike en communication. A mon retour dans le secteur de la publicité, l’Afrique du Sud se démocratisait. Je me souviens particulièrement des débats sur le rôle des femmes dans le développement du pays post-apartheid. C’était rassurant de nous savoir incluses dans ce genre de discussions. » raconte Nunu Ntshingila qui a bientôt 50 ans, et s’apprête à quitter le monde de la publicité pour prendre la tête de Facebook en Afrique.  En 2011, Nunu Ntshingila rejoignait le comité de direction d’Ogilvy & Mather, devenant ainsi la seule représentante du continent africain à siéger parmi une trentaine de cadres.

« L’accès des femmes à un poste de direction est un facteur d’autant plus déterminant dans l’industrie créative où les femmes doivent prendre la parole pour être représentées avec respect ». La représentation, explique Nunu Ntshingila, passe également par la question de la race, une question qui, selon elle, n’est pas prête de disparaître si facilement en Afrique du Sud. Elle estime qu'une meilleure répartition des richesses serait une bonne solution pour remédier aux tensions raciales qui divisent encore le pays: «  Nous devons nous assurer que la diversité puisse prendre racine dans notre environnement. Tout le capital appartient aujourd’hui à la minorité blanche, nous devons nous assurer que ce capital appartienne à la majorité. »

Un marché publicitaire plus fort grâce aux nouvelles technologies

En 2015, la croissance du marché publicitaire en Afrique est estimé à 8%, contre 5% sur le reste du marché mondial. A ce sujet, Nunu Ntshingila confirme « Il est vrai que le marché évolue énormément. Mais j’insiste sur le fait que nous devons conduire cette évolution par nous-même. Quand on parle de l’Afrique en mouvement, il est d’abord important que les Africains s’approprient ce discours. Je suis sceptique quand ce message provient de l’extérieur du continent. Nous devons grandir l’Afrique en tant qu’Africains. Les gens ici veulent aujourd’hui vivre dans de meilleures conditions. C’est à ce titre que la diaspora se rend compte du potentiel du continent et rentre en Afrique. »

Interrogée sur l’impact du digital, elle admet ne pas croire en un aspect négatif de cette révolution pour le marché de la publicité. « La presse était un pilier de nos stratégies et on sent bien en Afrique du Sud une orientation du marché publicitaire vers le digital. Il faut s’adapter aux nouvelles technologies »

Des nouvelles technologies, comme le mobile

Selon une étude révélée en début d’année par Frost & Sullivan sur les tendance d’usage du mobile en Afrique subsaharienne, le taux de pénétration mobile devrait atteindre 79% en 2020.   « Le mobile a permis un bond en avant sur notre façon de communiquer avec les consommateurs. La technologie permet de réduire l’écart entre le milieu urbain et le milieu rural. C’est aussi un outil puissant pour entendre les voix des plus pauvres. Il a même transformer notre manière de communiquer entre pays. L’époque ici est à l’effacement des frontières », affirme celle qui a participé au développement du groupe international de publicité dans quatorze pays africains.

Malgré le regard optimiste qu’elle porte sur l’état actuel du marché publicitaire africain, Nunu Ntshingila demeure lucide sur le chemin qu’il reste à parcourir. Il existe des disparités notamment entre le Maghreb, l’Afrique du Sud et le reste de l’Afrique subsaharienne. Un rapport de l’Alliance For Affordable Internet (L’Alliance pour un internet abordable) montre que les pays d’Afrique francophone sont d’autant plus touchés par les coûts élevés du haut-débit. « En Afrique, ce qui va déterminer l’évolution de la publicité, c’est le coût du haut-débit », déclare-t-elle. Ce coût compte parmi les nombreux obstacles auxquels la future directrice de Facebook devra faire face pour développer le réseau social sur le continent africain dès le mois de septembre.

Interviewé réalisé par Ndeye Diobaye pour l'Afrique des Idées

Juste une femme

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Dans notre époque de liberté et d’égalité (celle d’Obama et du porno gratuit, si l’on veut), exiger un traitement différencié et préférentiel pour une catégorie de la population est un signe d’arriération. La marque distinctive du has-been est de penser que les Femmes (toujours avec une majuscule, évidemment) doivent être protégées et respectées. Après tout, une femme est un homme comme un autre – qui fait juste pipi assis.

L’élégant Jean-luc Raharimanana dans "Enlacement(s)" son dernier recueil de poèmes rappelle admirablement que le « rôle » d’une femme est de « recommencer le monde ». C’est peut-être une référence au poème de Kipling « la femelle de l’espèce » (1911) : « (…) de peur que les générations ne viennent à manquer/ La femelle de l’espèce doit être plus meurtrière que le mâle. / Elle qui affronte la mort dans la torture avec chaque vie en son sein / Ne peut se permettre le doute ou la pitié ».

 Aujourd’hui, même les intentions les plus « nobles » n’y peuvent rien : associer des termes aussi désagréables que « rôle » ou « place » à la gent féminine est l’affaire d’un goujat ou d’un réac. J’écrivais dans « la terre de nos pères » que notre génération n’avait hérité que de la révolution sexuelle et des ONG (« godemichets et Bernard Kouchner » pour faire court). Je n’ai hélas pas assez insisté sur l’ampleur du phénomène. La libéralisation a tourné au libertinisme, au tout-érotique et au tout-sexuel. S’en étonner, ou pire s’en offusquer est du plus mauvais goût. L’heure n’est pas loin où les cours d’éducation sexuelle incluront une séance de masturbation surveillée.

Ces deux courants, égalitarisme exacerbé et banalisation de la sexualité, vont désormais de pair. Pour protester contre les violences faites aux femmes et l’érotisation extrême de leur corps, il est désormais tout à fait acceptable que des femmes manifestent… à moitié nues dans des Eglises. On est prié d’applaudir lorsqu’une « grève du vagin » est organisée, parce que leur sexe est évidemment l’arme la plus puissante dont elles disposent. La prostitution devient elle aussi « un boulot comme un autre. » Des gens autrement sérieux, se posent sérieusement la question : « qu’est-ce qui est pire, en fin de compte être un enfant de putain ou le père d’une putain ? »

Et n’allons pas croire que tout cela n’est qu’une autre manifestation de la « décadence de l’Occident ». C’en est peut-être une, mais il ne s’agit point d’un phénomène seulement occidental.

On peut rire en se rappelant que l’Eglise catholique avait condamné le Tango, danse sexuelle diabolique comme chacun sait. On peut aussi rire, si on y tient vraiment, en voyant l’éclosion du « Surra de Bunda » au Brésil ou du Daggering en Jamaïque, du Kuitata et du Boboraba en Côte d’Ivoire. Ou pleurer. Qui bronche et conteste ce rabaissement des femmes est aussitôt confronté à un faux dilemme : c'est ça ou le retour au système de mariages forcés ? Non? Alors vogue la galère ! Femmes libérées, camarade ! Yé vivé ! La chirurgie esthétique et les pilules amaigrissantes font fureur dans le Nord. Au Sud, le Tia Foin, les vitamines grossissantes, les injections de botox dans les fessiers, le khessal, tout est bon ! Si d’une petite voix on rappelle qu’en Mauritanie les mêmes résultats sont obtenus par le gavage des jeunes filles, le malappris est prié de quitter la salle.

C’est dans l’air du temps. Foin de puritain et de tartufes. Tout est désormais autorisé. Jeune Afrique peut même publier l’affiche de l’agence de communication ouest-africaine « Voodoo ». Qu’est-ce qui peut bien choquer dans le fait de montrer une femme nue, à quatre pattes, le cul en l’air, une queue (de lion) pendant de sa bouche ? Qu’est-ce qui peut être choquant dans ça ?

C’est juste une paire de fesses qui n’en a jamais vu ? C’est juste une femme qui gagne sa vie, qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? C’est juste un journal qui reprend une réclame, qu’est-ce qui est criminel là ? C’est une photo comme une autre. Pas grand-chose. Oui, c’est vrai. Après tout : "ce n'est rien, c'est une femme qui se noie." Juste une femme…

 
Mise à jour : l'article a été mis à jour le 17 avril 2013.

 

Dommage qu’elle soit une p*****

When the facts change, I change my mind. What do you do, sir?
J. M. Keynes

Ce qu’il y a de terrible avec les « mea culpa », c’est que ça ne finit jamais.

Il apparaît aujourd’hui que la victime présumée du viol dont est accusé l’ancien Directeur Général du FMI est une excellente comédienne, capable de raconter, le regard mouillé, tremblant de la tête au pied, au bord de l’évanouissement, avoir été victime d’un viol collectif ou qu’elle est la veuve d’un martyr de la démocratie guinéenne, puis reconnaître ensuite, impassible, qu’il n’en est rien. D’autres détails encore plus sordides sont repris depuis deux jours par la presse mondiale : elle aurait un petit ami « dealer de drogue » ; en deux ans, 100.000$ auraient été déposés, par petits virements sur son compte ; elle annonçait au téléphone, deux jours après son agression qu’elle savait ce qu’elle faisait et que son « agresseur » avait beaucoup d’argent ; elle fraudait le fisc… et la liste continue qui dresse le portrait-robot d’une manipulatrice et d’une affabulatrice. Mais voilà, « on peut être à la fois femme de petite vertu et femme violée ».

Je n’utiliserai même pas cette astuce, bien misérable parade, en vérité. Parce que le problème posé par le cas N.D. est colossal et ses conséquences, au-delà de l’avenir de Dominique Strauss-Kahn, sont effroyables. Il y a un mois, elle était toutes les victimes : mère seule, immigrée, pauvre, soumise, abandonnée, violentée. Aujourd’hui, – la surenchère et les emportements de son avocat ne font d’ailleurs qu’ajouter au malaise – elle reste une icône, mais d’un genre bien différent.
Les vieux clichés ne tarderont pas à réapparaître, la droite radicale en Europe et au États-Unis trouvera dans cette affaire l’illustration idéale. Immigrée, elle confirmera les poncifs les plus nauséabonds distillés sur les immigrés toujours fraudeurs, fourbes, trafiquants ; femme donc forcement vénale et volage ; mère célibataire, traduisez «catin » ; « réfugiée » ? Ils savent bien, eux, qu’il n’y a que des immigrés économiques ; « violée », elle devait certainement être demandeuse ; etc. Ce n’est plus Ève, c’est Lilith.

Je ne renie pas la note écrite sur ce viol présumé. À la relecture, je la trouve d’ailleurs fort prudente et retrouve les milles hésitations qui me tiraillaient, l’impossibilité de relier ces accusations à l’image que j’avais en tête de mon ancien professeur d’économie. Le viol est et reste un crime abominable. L’essentiel de ce que je notais, à l’époque, à ce sujet est vrai. Mais l’honnêteté commande de reconnaître que j’avais cédé moi aussi à l’idéalisation de la victime présumée, ne décrivant l’accusé qu’à travers elle, par rapport à elle. J’avais tort.

J’écrivais, il y a un mois : « Il semble ancré, quelque part, dans l’inconscient collectif qu’une femme noire qui dit avoir été violentée ne peut mentir ou faire partie d’une quelconque cabale. On ne doute pas de l’orphelin qui, en pleurs, jure avoir revu sa mère. Je ne sais si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle. »

Grâce ou à cause de N.D. ce n’est plus vrai aujourd’hui. Et ça, pour le coup, je le réalise brutalement, c’est un désastre.

Joël Té Léssia

 

PS : le titre est utilisé ici, bien évidemment, pour sa force "sonore", en référence à la pièce du dramaturge Anglais John Ford.