Les déchets : Une spécialisation pas comme les autres

Véra Kempf poursuit ses analyses sur la gestion des déchets. Cet article est le resultat d'échanges avec un acteur du domaine.

Urbain Anselme Nkounkou a plusieurs casquettes. Vous le croiserez peut-être dans les rues de Clichy où il est adjoint au Directeur des Services de la Ville, dans les couloirs de l'Université du Mans où il enseigne depuis 1998, ou même encore à Pointe-Noire où ce brazzavillois passe quelques semaines par an auprès des étudiants de l'Ecole Supérieure Technique du littoral. Au cœur de toutes ses activités : les déchets, sous toutes leurs formes et tout au long de leur cycle de vie. Voici quelques éléments de discussion avec un homme qui se dit « tombé dans les poubelles très jeune » !

Un parcours terre-à-terre en France

Urbain Nkounkou est chimiste de formation. Commençant par étudier les comportements des sols, il finit par s'intéresser aux déchets comme l'un des composants qui, comme les organismes vivants, modifient l'écosystème. Au-delà des externalités négatives qu'ils génèrent en s'accumulant (pollution des sols, dépôts chimiques, etc), les déchets ont aussi souvent été utilisés en France pour réhabiliter des espaces, par exemple transformer des anciennes carrières en décharges municipales.

Pour sa thèse, Urbain Nkounkou planche sur la « Gestion des déchets en Ile de France : corrélations entre les lieux, l'espace habité et la composition des ordures ménagères ». Sujet dont on pourrait penser qu'il a facilement été traité à partir de statistiques, bien confortablement derrière un bureau. Bien au contraire, et parce qu'il a appris que pour appréhender un problème, il faut le côtoyer, le jeune Urbain s'est livré à une analyse de terrain microscopique des déchets générés par des communes de 5 000, 8 000, 15 000, 22 000, 50 000 et enfin 90 000 habitants. Type d'habitat, catégorie socio-professionnelle, structure du foyer : tout s'explique dans une poubelle. A contrario, « donnez-moi votre poubelle, je vous dirai qui vous êtes » dit-il en souriant !

Une compétence déployée en Afrique

Dans le cadre d'une coopération décentralisée entre la ville de Clichy et la commune de Ouakam au Sénégal, Urbain Nkounkou a eu l’occasion de transposer son savoir-faire au continent africain.

CIMG1003L'objet de sa mission était alors de planifier un système de pré-collecte des déchets, qui soit performant et adapté au terrain. Il a ainsi arpenté toutes les rues et ruelles de la ville afin d’établir une base de données sur le type d'habitat, les voies accessibles en camion ou avec une brouette, la présence de caniveaux ou de décharges sauvages, etc. Pour envisager le type et la quantité de déchets générés, ce sont les élus municipaux qui ont servi de cobayes. Avec son expérience au Sénégal, Urbain Nkounkou confirme l'enquête de la Banque Mondiale[1] : pour des raisons culturelles et d'habitudes alimentaires, la majorité des déchets générés par les ménages africains sont organiques, et par là biodégradables.

Les recommandations tirées de son enquête n'ont malheureusement pu aller bien plus loin. La collecte des déchets ménagers de Ouakam incombe en réalité à l'agglomération de Dakar. Si celle-ci s’est révélée défaillante, Ouakam ne peut changer seule la situation des déchets sur son territoire sans moyens supplémentaires. Des initiatives privées se sont alors organisées pour pallier ce manquement et assurer la salubrité du quartier. Lors de précédents articles, j'ai pu souligner à quel point je suis persuadée que le secteur privé a un rôle essentiel à jouer dans le secteur des déchets en Afrique, et qu'il peut y trouver son compte. Urbain Nkounkou pense pour sa part que sans Etat fort, rien ne sera possible à long-terme. Un cadre règlementaire pour la collecte des déchets existe bien souvent dans les pays africains, mais le principe de « celui qui a l'argent dans la rue décide si le camion poubelle passe» empêche son application.

En attendant, Urbain Nkounkou finit par reconnaître qu’il est possible de faire avancer la cause des déchets à court-terme, par des actions de sensibilisation et d’appui… au secteur privé !

Deux clés pour une gestion efficace des déchets

Conscientiser les populations. Pour ce faire, la ville de Clichy poursuit son action à Ouakam avec un budget de 630 000€ sur trois ans. Au programme, sensibiliser les habitants aux conséquences sanitaires de l'accumulation des déchets (maladies hydriques, moustiques, etc). Urbain Nkounkou a identifié les personnes ressources, les sages et les « écoutés », ceux qui pourront se faire les relais de cette information. Les femmes et les écoles occupent un rôle tout particulièrement important dans cette stratégie.

Valoriser. Un déchet ne pourra être valorisé localement en Afrique que s'il connaît déjà un débouché. Urbain Nkounkou est convaincu que la marche à suivre consiste à professionnaliser et à structurer les filières existantes, autrement dit valoriser le savoir-faire local et s’adapter aux réalités du terrain. En Afrique centrale par exemple, la ferraille, le bois, la sciure sont bien valorisés à petite échelle. Ils pourraient donc être à l’origine de projets de plus grande envergure. Suivant cette logique, il ne nous reste qu'à imaginer un système d'avantages comparatifs dans la revalorisation !

Les déchets ne sont pas seulement un gisement d'opportunités, une source de richesse incroyable, ils sont pour Urbain Nkounkou une véritable mine d'or ! A exploiter au plus vite, avant que  cet or ne  vienne plomber le développement.

 

Véra Kempf

 

 

 

 

 

 


[1]    Daniel Hoornweg and Perinaz Bhada-Tata, March 2012, No. 15, Urban development Series, commenté dans l'article Poubelles d'Afrique, http://terangaweb.com/poubelles-dafrique/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelle est la valeur du patrimoine écologique ? Le cas de Virunga (RDC)

La valorisation des écosystèmes est un sujet central du développement durable. En Afrique où plusieurs pays disposent d’un patrimoine écologique exceptionnel, cette question est essentielle dans leur planification stratégique. Cet article posera cette problématique à travers le cas de Virunga : un site classé mais qui attise la convoitise des pétroliers.

Nouvelle image (2)En décembre 2007, le gouvernement congolais (RDC) avait accordé des concessions pétrolières sur des blocs situés à l’est du pays. Le parc national de Virunga, un des plus anciens sites classé patrimoine mondial de l’UNESCO à cause de son exceptionnel biodiversité, en fait partie. SOCO International PLC, une des compagnies bénéficiaires de la concession, souhaite explorer dans et aux abords du site. En réponse à cela, l'ONG de protection de la nature WWF saisit par quelques organisations locales, a lancé plusieurs campagnes de sensibilisation et publié un rapport sur la valeur économique de ce parc ainsi que les conséquences des activités pétrolières sur l’environnement et l’économie locale. Le 7 octobre dernier, elle a déposé une plainte auprès de l’OCDE afin d’empêcher la  compagnie de poursuivre ses activités sur le site.

Les pouvoirs publics congolais ont accordé un permis de prospection pétrolière dans une zone que l’Etat lui-même avait demandé la classification afin de préserver son écosystème particulier et protéger les espèces qui y vivent, pour la plupart menacés. Faisant fi des dispositions réglementaires prohibant les activités nuisibles à l’environnement dans ces zones, le permis accordé se base en fait sur une exception permettant de pratiquer des « activités scientifiques » dans de tels milieux. SOCO évoque cette exception et le gouvernement avance l’argument des retombées économiques tout en estimant que le parc ne sera pas menacé. Face aux mannes pétrolières bien plus palpables, les arguments de protection de l’environnement ne semblent pas convaincants. Pour ces raisons, le WWF avait commandé une étude sur le potentiel économique de ce parc de Virunga. Le rapport publié en juillet dernier tente en effet de quantifier la valeur économique actuelle et potentielle de parc naturel. Elle a identifie également les risques sur l'environnement, liés aux différentes phases d'exploration et d'exploitation, et les risques sur le développement économique et social de la région.

 DES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIO-ECONOMQUES

Selon l’étude du WWF, les activités sismiques réalisées lors de la phase d’exploration du pétrole ont un impact sur l’environnement local. Les défrichages massifs effectués pour permettre l’acheminement des équipements et l’ouverture des nouvelles routes, entrainent la fragmentation de l’habitat naturel des espèces et l’introduction des plantes invasives dans ces milieux. La phase d’exploitation quant à elle engendrerait de pollution liée aux fuites sur les oléoducs ou aux déversements des hydrocarbures. La faiblesse institutionnelle et la corruption rendent le contrôle des activités des compagnies et l’application de la loi extrêmement difficile. Les conflits armés dans ces régions, souvent liés au contrôle des ressources, exposent aux risques de sabotage des infrastructures. Avec la recrudescence du braconnage, les conséquences peuvent être irréversibles sur les espèces menacés.

En plus des effets environnementaux relativement désastreux, le développement économique et social peut être impacté par les fluctuations du cours du pétrole. La compétition qui se fera de facto entre le secteur pétrolier et les autres secteurs économiques notamment le tourisme sera au détriment de ces derniers et compromettra à terme le développement de la région en déstabilisant l’économie locale. Pourtant les espaces naturels sont d’une richesse aussi importante que la manne pétrolière.

UN FORT POTENTIEL ECONOMIQUE

Nouvelle image (3)Selon l’étude du WWF, du tourisme à la pêche en passant par la pharmacologie, l’énergie, l'éducation et la recherche, la mise en valeur directe de ce milieu naturel contribuerait largement au développement socio-économique de la région. L’exploitation indirecte quant à elle engendrerait des revenues à travers la séquestration du carbone, l'approvisionnement en eau, la lutte contre l'érosion ainsi que le contrôle de la pollution. Le parc de Virunga générerait actuellement environ 49 millions $US par an. Dans une situation stable, en l’absence des conflits armés, avec la sécurisation d’accès au parc et suffisamment des ressources pour protéger l’écosystème, sa valeur peut dépasser le milliard de dollar par an (1,1 milliards $US/an). Comme l’illustre le tableau suivant, la pêche mais surtout le tourisme ont un potentiel énorme de développement (235 millions $US/an) issu de l’exploitation directe de cet écosystème. L’exploitation indirecte des ressources du parc telles que la vente des crédits carbone  génèrerait environ 64 millions de $US. L’ONG évalue jusqu’à 700 million $US par an la valeur de l’exploitation future du parc. Les activités économiques liées à ce milieu pourraient fournir du travail à plus de 45000 personnes.

POUR UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES

L’étude menée par le WWF a le mérite de chiffrer le potentiel économique d’un milieu naturel qui reste aux yeux de certains inutiles. Ces types d’arguments peuvent servir d’outils d’aide à la prise de décision. Toutefois, au delà de la valeur économique d’un site écologique, ce sont les couts liés à son éventuelle pollution ou disparition qui restent difficile à évaluer. Ces externalités sont au centre de la planification stratégique d’un développement durable.

Ce cas de Virunga illustre bien la complexité de la question de valorisation des écosystèmes en Afrique. Le patrimoine naturel, en dehors des considérations écologiques possède également une forte valeur économique lorsque des modes de gestion responsables et durables sont appliqués. L’incohérence des décisions telles que la concession pétrolière accordé sur cet espace protégé résulte-t-il d’un manque de stratégie claire ou d’une mauvaise gouvernance liée notamment à la corruption ? Par ailleurs au niveau régional, la gestion de ces espaces peut engendrer des tensions compte tenu de la souveraineté des Etats sur leurs territoires nationaux et les interconnexions entre les milieux naturels qui n'ont pas de frontières. La plainte déposée par l’ONG auprès de l’OCDE montre bien les difficultés des institutions africaines à défendre correctement leurs propres intérêts.

Qu'en est il des patrimoines écologiques des autres pays africains et quelles sont les stratégies nationales où régionales en la matière ? Ces questions feront l’objet de la suite de cet article.

  Djamal Halawa

 

Source des illustrations: The economic value of virunga national park, WWF 2013

Les déchets : gisement d’opportunités économiques au Congo

Cet article continue la série d'analyses développées par Vera Kempf sur la gestion des déchets et l'environnement en République du Congo. 

 

Le thème des déchets fait rarement la une, à tort. Réinventer du neuf avec du vieux, voilà une expérience innovante. C’est aussi le cœur de l’économie verte, ce nouveau concept dont le Congo Brazzaville a fait son fer de lance en matière de développement.

plastique Congo

Le Congo vise le statut de pays émergent d’ici 2025, et malgré ses 4 millions d’habitants, il observe aujourd’hui une croissance démographique rapide. Par conséquent, un niveau de vie en hausse et des habitudes de consommation plus polluantes sont à prévoir dans les prochaines décennies. A terme, une quantité de déchets plus importante va être générée.

Le gouvernement congolais, par le décret n° 2011 – 485 du 20 juillet 2011 [PDF], a interdit l’usage de sacs plastiques pour des biens de consommation, notamment alimentaires. Difficile aujourd’hui d’évaluer l’impact de cette loi, ses effets rebonds ou ses corollaires. Elle démontre cependant une prise de conscience des pouvoirs publics pour la question des déchets.

Entreprendre dans les déchets

Le manque de stratégie et de moyens publics en matière de déchets, ainsi que l’importance du travail à réaliser, ouvrent des opportunités réelles pour le secteur privé. Emergent ainsi à Pointe-Noire plusieurs PME bien décidées à s’emparer du marché. Parmi elles, nous avons rencontré SURYA et Healthy Environment. Deux exemples d’une application concrète de l’économie verte au Congo et une mise en avant des éléments qui freinent encore son développement.

Sans être philanthropiques, ces deux entreprises ont été créées avec le but affirmé de participer à l’amélioration des conditions de vie des populations. Elles ont un impact direct et observable sur la création d’emplois et sur la salubrité des quartiers dans lesquels elles opèrent.

Créer des emplois verts décents, voilà une des convictions du Bureau International du Travail (BIT) à propos de l’économie verte[1]. Un emploi stable, un salaire régulier, une profession valorisée, des conditions de travail sécurisées, et dans de nombreux pays africains, cela va de pair avec la sortie de l’informel. Les éboueurs informels sont encore nombreux dans les rues de Pointe-Noire, ils ont disparu des rues de Nkayi où la mairie a externalisé la gestion des déchets pour la confier à SURYA. En revanche, ce sont  190 emplois de créés à Nkayi et 90 à Pointe-Noire, pour ces seules deux entreprises actives sur le marché depuis deux ans et avec une parité hommes-femmes presque atteinte (48% – 52%). Après une période d’essai, les employés sont embauchés en contrat à durée déterminée renouvelable. Les éboueurs portent des tenues de travail adaptées à leur activité et reçoivent un salaire chaque mois, versé par un organisme de micro-finance.

Les difficultés du secteur

Patience et endurance sont nécessaires pour gagner la confiance des ménages qui s’en remettent souvent au secteur informel, pour démarcher des clients et collecter l’argent auprès des particuliers. Chaque entreprise a sa méthode de facturation : à la quantité, à la fréquence de collecte, à la distance… Même largement subventionnée comme à Nkayi, la contribution de 240 Fcfa demandée est parfois difficile à percevoir à la fin du mois. A cela se rajoutent les coûts élevés pour obtenir l’agrément étatique, et ceux de dépôts à la décharge municipale. A Pointe-Noire, pour 3m3 d’ordures les entreprises payent 3 500 Fcfa. Malgré ces difficultés de trésorerie et les coûts annexes, SURYA enregistrait en 2012 une progression de 21% de son chiffre d’affaires par rapport à 2011. Le green business est là, sous nos yeux.

Aller au-delà de la collecte

On ne change pas les mentalités en signant un contrat de service avec un ménage. Les immondices qui jonchent les rues ne rentrent pas dans les compétences des entreprises, elles constituent donc encore un risque important d’insalubrité dans les quartiers. Si l’on en croit cependant l’exemple de Nkayi après deux ans d’activité de SURYA, les décharges à ciel ouvert disparaitront avec le temps et le professionnalisme des entreprises, qui sensibilisent autant qu’elles assainissent.

L’implication du secteur privé dans les déchets permet une efficacité dans la collecte, premier maillon de la chaîne de gestion des ordures. Perdure la question du traitement et du stockage, que ces petites PME n’ont pas encore les moyens de prendre en charge. Enfouis dans les décharges municipales, ou incinérés, les déchets ne sont ni recyclés ni valorisés en dehors du secteur informel. Les entreprises le savent, et parlent d’avoir leur propre zone de stockage comme d’un objectif à atteindre à moyen terme, quand elles pourront vivre décemment de leur activité de collecte.

Pour rentrer complètement dans l’économie verte, les entreprises du secteur doivent encore relever l’enjeu de la valorisation. Pour cela, les financements demeurent essentiels. Un Fonds pour l’Economie verte en Afrique centrale devrait voir le jour sous peu. Espérons qu’il répondra à leur demande, ou que les mairies sauront inventer des partenariats dynamiques et exigeants pour le développement urbain.

Poubelles d’Afrique

Parler des poubelles est d’une banalité sans nom et sans intérêt en Europe, en tout cas en France. Le bruit du camion à poubelles est pour beaucoup de citadins l’unique dérangement causé par nos ordures. En Afrique, les déchets vous sautent aux yeux dès la première ruelle. Avec le temps, ils finissent par faire partie du décor. Les villes africaines doivent se doter dans les prochaines années d’une véritable stratégie de gestion des déchets, pour amorcer un pas de géant vers l’amélioration des conditions de vie de leurs populations.

Les déchets en Afrique

Je me souviens d’une citation glissée dans les papillotes de Noël qui m’amusait beaucoup: « tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut descendre la poubelle ». Sortir la poubelle. Ce geste, ancré dans le quotidien en Europe, est le préalable d’une longue chaîne de collecte, tri et recyclage. Un maillon primordial pour que nos rues soient propres et nos enfants en bonne santé. Dans des villes comme Paris, le réseau des égouts et le ramassage des ordures ont été mis en place après des épidémies meurtrières de choléra au XIXème siècle. L’Afrique a une croissance prospère, et la possibilité de bénéficier d’expertises du monde entier dans la gestion des déchets. Pour l’Afrique aussi, le développement durable et équitable commence par se pencher sur les poubelles.

A Pointe-Noire, au Congo, accepter de sortir la poubelle est une chose. Trouver l’endroit où la jeter en est une autre. Les tas d’immondices jonchant les rues indiquent où les gens déversent leurs ordures : partout, en dehors de leur parcelle, au gré des opportunités. Des bacs à ordures collectifs, il y en a. Mais cachés, éloignés, et vite saturés. En matière de déchets, le Congo et beaucoup d’autres pays d’Afrique jouent à la politique de l’autruche. Ils se voilent la face et déplacent le problème de la parcelle à la décharge municipale. Après, rien. Les entreprises reprennent le flambeau de ce service public délaissé par les pouvoirs locaux. Elles triment à organiser la récolte et ne sont pas assez structurées pour organiser la valorisation. Un portrait de ces nouveaux business, dans un article à venir.

Dans ce premier article sur les déchets, commençons par le commencement. Parlons concrètement de la composition des poubelles africaines et de la participation de l’Afrique sub-saharienne à la quantité mondiale de production de déchets. Les données en la matière sont bien entendu difficiles à obtenir. Le rapport de la Banque Mondiale, WHAT A WASTE – A Global Review of Solid Waste Management[1], offre une comparaison des situations et des pratiques sur les différents continents. Les chiffres des pays africains datent de plusieurs années, mais les grandes tendances sont présentées. Un maître mot : anticiper. Anticiper la croissance économique, démographique et urbaine, en particulier ses conséquences sur la production de déchets (industriels, ménagers, etc).

La part de l’Afrique dans la production totale de déchets

Cela est dit et répété, le continent africain est celui qui pollue le moins. Il existe une très forte corrélation entre le niveau d’émission de gaz à effet de serre et la quantité de déchets produite. L’Afrique émet encore peu de déchets, en comparaison avec les autres parties du monde.

Le graphique ci-dessous détaille la contribution des différentes parties du monde à la production mondiale de déchets. Avec ses 5%, l’Afrique sub-saharienne a de quoi se réjouir.

waste by region

Source : Banque Mondiale

Les villes contribuant significativement plus à la production nationale de déchets, l’urbanisation croissante des métropoles africaines sera un facteur déterminant dans la génération future de déchets par le continent africain.

Au lieu d’imaginer avec horreur un monticule d’ordures grandissant, voyons les agglomérations africaines comme de fabuleux laboratoires pour expérimenter et innover dans la gestion des déchets.

Qu’y a-t-il dans les poubelles africaines ?

Ce deuxième graphe permet d’identifier rapidement les plus grandes composantes des déchets en Afrique. Les déchets organiques constituent la part la plus importante des déchets émis dans les villes africaines, et dans les pays à faible revenu en général.

type of waste

Source : Banque Mondiale

A courte vue, cela laisse espérer une amélioration aisée et rapide de la chaîne de gestion des ordures. Mieux organisée, la filière pourrait se concentrer rapidement sur ces déchets biodégradables, valorisables sans trop de difficulté. Il s’agit sans conteste d’une nécessité.

N’oublions cependant pas les tendances qui lient la croissance économique et démographique à la production de déchets solides. Comme l’expliquent très bien les auteurs de la publication Banque Mondiale, plus les ménages s’enrichissent, plus les biens consommés sont complexes et utilisent de papier, de métal et de plastique. La part des déchets organiques dans la production totale de déchets des pays de l’OCDE tombe relativement à 27% et celle des déchets papiers augmente à 32%. Les pays africains, compte tenue de la croissance économique en cours ou à venir, doivent donc avoir une approche globale de la gestion des déchets. Réfléchir à la gestion des déchets non-organiques s’impose dans une perspective de pays émergents en devenir.

Investir dans la gestion des déchets = investir dans le développement

Sans conteste, la question des déchets s’inscrit parmi les plus grands défis à relever par les pays africains. Comme dans de nombreux domaines, les technologies actuellement disponibles permettent de déployer rapidement des initiatives innovantes en la matière. Valorisation, recyclage, transformation, les débouchés économiques sont certains. La création de nouveaux emplois et l’amélioration des conditions sanitaires dans les villes permettent d’envisager les déchets comme une nouvelle source de richesse, et un axe central du développement de l’économie verte dans les pays africains.

[1] Daniel Hoornweg and Perinaz Bhada-Tata, March 2012, No. 15, Urban development Series

 

 

Rôle des Chambres de Commerce : Interview avec Sylvestre Didier Mavouenzela

OLYMPUS DIGITAL CAMERALes personnalités qui font tout pour garder les pieds sur terre ne sont pas répandues. Didier Mavouenzela fait partie de ces hommes qui préfèrent faire avancer leur cause plutôt que de s’attarder sous les projecteurs. Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie, d’Agriculture et des Métiers (CCIAM) de Pointe-Noire depuis 1999, il revendique avant tout le dialogue pour améliorer le climat des affaires et le dynamisme du secteur privé au Congo. Une rencontre tout en simplicité.

L’Homme

Quel est votre parcours et depuis quand vous intéressez-vous aux entreprises congolaises ?

J’ai fait une License de gestion à l’université de Brazzaville. Nous avions alors un chef de département qui avait à cœur de développer les PME congolaises et nous avons été trois étudiants qu’on avait envoyés en stage auprès de ces PME. Voilà où se situe mon premier contact avec les entreprises. Dès ce moment-là, m’est venue l’envie d’aider les PME congolaises parce que je me suis rendu compte qu’elles avaient des problèmes que ne rencontraient pas les grosses entreprises gérées par des occidentaux.

Toutes ces difficultés sont liées à l’Histoire. Trois ans après l’indépendance, notre pays avait fait le choix du marxisme-léninisme, où la propriété privée n’était pas autorisée et seuls entreprenaient ceux qui n’avaient pas réussi à faire d’études. Il n’y a pas longtemps encore, si on avait fait de belles études, la voix royale c’était la fonction publique. Personne ne parlait d’entrepreneuriat. Les chefs d’entreprises ne savaient pas lire ni écrire, compter sûrement parce qu’il fallait compter les sous. Une bonne partie des chefs congolais se sont donc faits sur le tas.

Ensuite, je suis allé à l’université d’Orléans, où j’ai fait une maîtrise de sciences économiques et un DESS en contrôle de gestion des organisations.

Après mes études, j’ai intégré une PME gérée par un congolais de 1987 à 2004 où j’occupais les fonctions de Directeur Général Adjoint. En 2004, j’ai décidé de voler de mes propres ailes et j’ai créé ma première société, Nord-Sud Conseil et Réalisation, qui fait du contrôle et qui fait des travaux de bâtiments. L’année dernière, nous avons monté avec des partenaires l’entreprise MAYI[1], la première holding verte du Congo pour produire de l’eau minérale et la rendre accessible à tous les congolais. Les premières productions devraient voir le jour d’ici la mi-juillet.

Et comment êtes-vous arrivé à la Chambre de commerce ?

Disons que je suis arrivé à la CCIAM par accident. En 1997, le gouvernement de l’époque avait décidé de réformer les Chambres de commerce qui ne rendaient pas les services qu’on attendait d’elles. Quatre chambres autonomes ont vu le jour : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso. Pour parachever l’autonomisation, il fallait procéder à des élections, mais comme personne ne savait ce qu’était une Chambre de commerce et que les Chambres n’avaient pas une bonne image, ils ont vraiment cherché les quelques bonnes volontés pour être candidat à l’Assemblée générale. C’est d’ailleurs sous cette fonction que je suis rentré à la Chambre. On a mis en place un Bureau, qui a été rapidement dissous en raison de mésentente entre les membres. Une commission ad hoc a alors été mise en place, où j’ai pris le poste de Trésorier. Deux mois après, j’ai été élu Vice-président. Malgré tout, nous étions un certain nombre à ne pas être satisfait de ce qui se faisait, nous trouvions que ceux qui dirigeaient manquaient de vision. Nous avons commencé à démarcher des Présidents mais malheureusement nous n’en avons pas trouvé.  Puis, ceux qui voulaient changer les choses m’ont dit qu’il fallait que je me présente, ce que je ne voulais pas au départ. Finalement j’ai accepté et c’est comme ça que je suis devenu Président en 1999. Depuis lors, je préside aux destinées de la CCIAM.

En 2002, nous nous sommes engagés avec d’autres structures d’appui et les grandes entreprises locales dans le projet Pointe-Noire Industrielle. Le but, c’est de favoriser l’émergence des PME à Pointe-Noire et dans le département du Kouilou. La méthode a commencé par l’identification des problèmes et la proposition d’actions. Rapidement, nous avons opté pour la création d’une association qui mette en place ces projets. J’ai été élu Président de l’Association Pointe-Noire Industrielle (APNI) en 2003.

En tant que Président, comment concevez-vous votre rôle ?

Mon rôle, c’est d’être au service des entreprises, conformément au mandat de la Chambre. Je conçois mon rôle comme quelqu’un au service de la communauté des affaires. Je ne me suis jamais considéré comme un Président. Je crois que le jour où ça arrivera, ce sera la fin, ça va me couper de la réalité. J’essaye simplement de favoriser l’environnement dans lequel les entreprises évoluent et je sers d’aiguillon pour inciter les entreprises à se mobiliser autour d’un intérêt commun. C’est le sens de nos engagements, notamment en matière d’économie verte et de l’organisation du Forum International sur le Green Business qui va connaître cette année sa quatrième édition[2].

CCIAM

La Chambre de Commerce, d’Industrie, d’Agriculture et des Métiers de Pointe-Noire

Etre enregistré à la Chambre de commerce locale est une obligation légale pour toute entreprise au Congo. Le montant des cotisations à la CCIAM est fixé en fonction du secteur d’activités, un système que Didier Mavouenzela considère comme encore imparfait mais plus pragmatique que le montant du Chiffre d’Affaires – souvent tronqué. La CCIAM gère aujourd’hui un budget variant de 500 à 650 millions de Francs CFA.

Pour revenir à la Chambre de commerce, quelles sont ses missions?

Les Chambres de commerce congolaises sont calquées sur le modèle français, elles ont les mêmes missions : représentation, formation, information, promotion, interface entre le public et le privé, défense des intérêts. C’est à partir de nos missions traditionnelles que nous mettons en œuvre des actions qui nous permettent de répondre aux problèmes des entreprises à Pointe-Noire et dans le Kouilou.

Comment s’organise la CCIAM?

L’organe suprême, c’est l’Assemblée générale qui compte 55 membres, issus des 7 sections (industrie, commerce, eau forêts pêche, agriculture, métiers, travaux publics, services). Tous les membres des sections élisent un représentant qui devient Vice-président. L’AG élit le Trésorier et le Président, ce qui fait un bureau de 9 membres pour mener la politique de la Chambre, laquelle est autonome aussi bien administrativement que financièrement. Pour mettre en œuvre cette politique, un secrétariat général a en charge l’administration qui compte environ trente salariés.

Quelle est votre relation avec les autres Chambres consulaires ?

Au Congo, nous informons chaque Chambre de nos actions.

En Afrique, il y a ces Chambres avec lesquelles nous avons des partenariats : pour accueillir des délégations, pour échanger des informations, pour participer à des actions de promotion. Nous le faisons avec la Chambre du Burkina et du Gabon.

Nous bénéficions souvent aussi de l’appui des Chambres consulaires Européennes, notamment pour la formation. Nos agents effectuent par exemple des stages d’immersion. Le Centre de mécanique dont nous sommes responsables a vu le jour avec le soutien de la CCI de Seine St-Denis et l’Ambassade de France. Nous avons récemment conclu avec la CCI Versailles val d’Oise pour la création de l’Ecole Supérieure de Commerce et d’Industrie de Pointe-Noire qui aura des masters reconnus en Hygiène Qualité Sécurité Environnement (HQSE) et contrôle de gestion.

 Notre réseau de Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF) permet également d’organiser des projets communs, dans lesquels nous cherchons à être acteur, pas spectateur.

africa-business-7Le secteur privé au Congo

Quelle est votre lecture du climat des affaires au Congo ?

Elle ne va pas être différente du classement Doing business de la Banque Mondiale. Il y a énormément de choses à faire. A notre échelle, nous continuons à discuter avec les autorités. L’amélioration du climat des affaires est un processus dynamique. Il faut du dialogue et de la pédagogie pour faire comprendre aux autorités que ce sont les entreprises qui créent de la richesse et qu’il faut donc mettre en place les conditions de la création de ces richesses.

Quels rapports les PME congolaises entretiennent-elles avec les entreprises étrangères présentes à Pointe-Noire?

Il faut savoir qu’il y a quelque temps encore, les PME congolaises n’avaient pratiquement pas de contact avec les entreprises étrangères. Le sens de notre engagement à l’APNI est de mettre en place un cadre de dialogue. Cela revient à la définition que je donne du secteur privé au Congo. Il y a le secteur privé expatrié qui est structuré, le secteur privé émergent qui est généralement constitué par les entreprises congolaises qui essayent de se structurer. Puis il y a le secteur privé informel, avec des entreprises qui essayent de faire leur place. L’APNI a permis aux uns et aux autres de mieux se connaître, et je crois que c’est dans cette direction qu’il faut persévérer. Nous cherchons à ce que les entreprises congolaises connaissent aussi mieux les entreprises étrangères et leurs pré-requis pour travailler avec elles. Nous menons par exemple une action au bénéfice de grappes d’entreprises dans les secteurs de la logistique portuaire et de la sous-traitance pétrolière.

La CCIAM, quelque soit sa volonté ou sa capacité, ne peut pas répondre directement aux difficultés de tous ses membres. C’est pourquoi, nous avons soutenu la mise en place d’associations professionnelles, que nous appuyons du mieux possible.

Au terme de cette rencontre, il ressort que la CCIAM joue un rôle clé dans l'organisation et le développement du secteur privé à Pointe Noire et plus généralement au Congo. Il existe certainement d’autres Chambres de commerce Africaines qui sont à son image. Cependant, beaucoup reste à faire pour que l’entreprenariat soit à la portée de tous en Afrique. Entre autres, l’accès aux crédits bancaires et aux marchés internationaux sont indéniablement des axes d’actions sur lesquels les Chambres de Commerce ont un rôle à jouer pour l’émergence du secteur privé en Afrique.

Véra Kempf

 

 

 

 

 

 

 


[1] L’eau en lingala

 

 

 

 

 

 

[2] Forum International Green Business, les 28, 29 et 30 juin 2013 : greenbusinesscciampnr@yahoo.fr

 

 

 

 

 

 

L’agriculture biologique permettra-t-elle de nourrir l’Afrique à sa faim ?

A l’heure où nourrir les populations représente encore un défi dans certains pays africains, il peut sembler utopique de s’intéresser à l’agriculture biologique, et aux bénéfices dont pourraient en tirer les économies africaines. Pourtant ce type d’agriculture permettrait de lutter contre la désertification progressive qui sévit sur le continent, et de garantir une meilleure autosuffisance alimentaire.

L’agriculture biologique en Afrique se résume pour certains à un doux rêve de bobo idéaliste. Pour d’autres, il est souhaitable que les pays africains se tournent vers ce type d’agriculture dans une perspective de durabilité des ressources.  L’on conçoit souvent l’autosuffisance alimentaire comme le résultat d’une agriculture intensive, dont les hauts rendements exigent l’utilisation d’engrais industriels et de pesticides. En bref, faut-il vraiment produire plus pour manger plus ?

Une étude publiée par l’Institut de Développement durable basé à Addis Abbeba, en partenariat avec la FAO et la Société suisse pour la conservation de la nature retrace l’une des premières expériences scientifiques d’agriculture biologique menée sur la période 2000-2006. Les recherches ont porté sur la région de Tigray, située au nord de l’Ethiopie, où les terres agricoles ont subi une forte dégradation dans un contexte de sécheresse persistante. La conversion des terres en terrains biologique, qui nécessite trois à quatre ans, a permis de doubler les rendements dans la région, notamment grâce à l’utilisation de fertilisants naturels, à une meilleure gestion des eaux de pluies, et à la réintroduction de végétaux permettant de lutter contre l’érosion des sols.

Cette expérience a le mérite de démontrer que la désertification progressive du continent n’est pas une fatalité. L’agriculture biologique, en optimisant et modernisant les méthodes de l’agriculture traditionnelle constitue une solution efficace face à la dégradation des terres cultivables et l’érosion des sols. L’intensification agricole de ces dernières années a eu de lourdes conséquences sur  la qualité des sols africains : les monocultures, le sûrpaturage, l’agriculture sur brûlis et l’irrigation mal maîtrisée ont considérablement appauvri les terres cultivables, et la transition agricole tant attendue ne s’est pas accompagnée d’une hausse réelle des rendements. La lutte contre le processus de désertification à travers la généralisation de l’agriculture durable permettrait ainsi d’accroître la production et de réduire la dépendance alimentaire du continent.

 L’agriculture biologique est pourtant loin de faire l’unananimité chez les experts africains. Lors d’une conférence au Rwanda en octobre dernier, le CIALCA (Consortium for Improving Agriculture-based Livelihoods in Central Africa) a écarté l’idée d’un débat idéologique opposant agriculture intensive et biologique, les deux approches étant selon eux complémentaires et pertinentes à des stades de développement différents. Cette approche pragmatique part du constat que l’agriculture africaine est par nature biologique, avec la faible utilisation d’engrais et de pesticides, qui conduit à de faibles rendements. La « troisième voie » proposée, celle de « l’intensification durable », combine ainsi les deux approches, dans l’objectif d’éradiquer la faim dans les régions sous forte pression démographique, à travers l’introduction de variétés de fruits et légumes améliorées, et de cultures intercalaires (juxtaposition de plusieurs cultures, pour bénéficier de synergies de production).

Au-delà de la préservation des terres, le développement de l’agriculture biologique permettrait à terme aux populations locales d’obtenir une meilleure rémunération de leur travail, les produits issus de ce type d’agriculture offrant de meilleures marges que les produits standards. La demande de produits biologiques est en forte croissance dans les pays européens, et les producteurs africains tournés vers les marchés export pourraient sensiblement améliorer la rentabilité de leurs exploitations après la conversion de leurs surfaces en terres biologiques. L’agriculture biologique convient d’ailleurs particulièrement aux petites exploitations, qui cultivent souvant les terres selon les méthodes traditionnelles. Certains pays ont bien compris la manne que pourrait représenter une production agricole biologique de qualité, et encouragent les producteurs dans leurs démarches de certification grâce à des programmes financés par la FAO, la certification étant indispensable pour exporter sur les marchés européens. Les pays bénéficiant aujourd’hui des plus grandes surfaces agricoles biologiques sont l’Ouganda, la Tunisie, l’Ethiopie et la Tanzanie, avec des cultures dites de rente comme le café, le coton, le cacao et l’huile de palme.

Face à l’échec de l’intensification agricole de ces dernières années, l’agriculture biologique présente de réels avantages pour les producteurs africains : proche de l’agriculture traditionnelle, elle contribue à limiter l’érosion des sols, et permet aux populations de bénéficier de ressources durables dans un contexte de forte pression démographique. La structuration progressive des filières export, notamment  grâce à la certification, constitue une assurance pour les exploitants africains de vendre leurs produits à bon prix, se protégeant ainsi contre les fluctuations des marchés agricoles mondiaux.

Leïla Morghad