Les Préoccupations des Béninois : L’eau potable et les infrastructures routières (Actes 5 et 6)

expozinsouQuelles sont les principales préoccupations des béninois ? C’est pour apporter des éléments de réponse à ces questions que la fondation Zinsou, présente au Bénin et dédiée à l’art africain, a commandé un sondage réalisé auprès des populations béninoises. Les dix grands thèmes qui ressortent du sondage sont dans le désordre: l’accès à l’éducation, la régularisation de la circulation, l’augmentation des salaires des fonctionnaires, l’aide aux cultivateurs, l’accès à l’eau potable, le renforcement de la sécurité, la réparation des routes, l’accès à l’électricité, l’aide aux éleveurs et l’accès aux soins.

La Fondation Zinsou a rencontré Kifouli Dossou, artiste sculpteur béninois, et lui a demandé de réaliser une représentation artistique de ces grandes questions pour en porter le message. L’artiste  a choisi, pour ce faire, de sculpter des masques Guèlèdè, représentant chacun l’une de ces dix préoccupations majeures. Ces masques ont fait l’objet d’une exposition gratuite  dans les locaux de la fondation Zinsou basée à Cotonou.

Nous abordons tour à tour ces 10 thèmes dans une série d’articles illustrée par les photographies des masques sculptés par l’artiste – qui ont été gracieusement mises à notre disposition par ladite fondation. Après avoir abordé successivement la revalorisation du salaire des fonctionnaires, la modernisation de l’agriculture et les questions de sécurité (sécurité sur les routes et sécurité des biens), nous nous penchons sur l’accès à l’eau potable et les problèmes d’infrastructures routières. 

 

On veut de leau potable, Sinzinzin. Sculpture de Kifouli Dossou, Peinture de Kifouli Dossou, 2010 - 2011
On veut de leau potable, Sinzinzin. Sculpture de Kifouli Dossou, Peinture de Kifouli Dossou, 2010 – 2011
5. L'accès à l'eau potable

Le 28 juillet 2010, l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a reconnu, par le biais d’une résolution, le droit à une eau potable propre et de qualité, comme un droit fondamental de l’homme, essentiel au plein exercice du droit à la vie et des autres droits fondamentaux. Le Bénin, en pays signataire, a répondu favorablement à ce vote qui s’inscrit dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), horizon 2015.

Si le Bénin de par son réseau hydrographique est un pays qui ne manque pas d’eau, en 2009, seulement 63,6% de sa population avait accès à une source améliorée d’eau potable. Un accès insuffisant à l’eau potable surtout dans les zones rurales. Le vrai problème qui se pose n’est pas le manque d’eau mais bien l’eau sale. Comme l’illustre le masque Guélédé, dans de nombreux villages, les femmes font de longues distances pour trouver de l’eau souvent polluée par des animaux ou par d’autres villageois qui s’y lavent ou y font leurs besoins. Les enfants sont souvent affectés par des maladies hydriques comme la diarrhée, la dysenterie, la fièvre typhoïde, le choléra, etc. Certaines filles abandonnent l’école parce qu’elles sont obligées d’aller chercher de l’eau à la rivière pour aider leurs mères dans les tâches ménagères. Le manque d’eau potable entraîne de nombreux problèmes qui vont au-delà des problèmes de santé.

Il semble que le gouvernement béninois ait pris la mesure des enjeux relatifs à l’eau potable et qu’il veuille atteindre l’objectif de l’accès à l’eau potable pour tous les béninois d’ici 2015 (conforme aux OMD). En milieu urbain et surtout en milieu rural, le taux de couverture est sans cesse amélioré par la construction de plus de 550 points d’eau par an et ce, depuis 1990. Depuis 1992, bien plus de 8 000 installations  hydrauliques (forages équipés de pompes à motricité humaine, puits cimentés à grand diamètre, adductions d’eau villageoises) ont été réalisées. La cadence de construction de points d’eau a doublé sur les dernières années mais n’est toujours pas suffisante puisqu’on estime qu’environ 1500 « équivalents point d’eau » (EPE) et 200 réhabilitations par an sont nécessaires pour atteindre l’OMD en matière d’eau.

Les populations béninoises, surtout en milieu  rural, attendent que les efforts du gouvernement en la matière soient accrus et qu’au-delà de la construction de points d’eau, de plus amples moyens soient mobilisés pour aider les zones reculées à gérer, maintenir en bon état et tirer le meilleur parti des infrastructures d’eau potable et d’assainissement.

04.Réparer les routes6. Améliorer les infrastructures routières

Le réseau routier national du Bénin qui fait un peu plus de 6000 km de long est composé de 7 routes classées Inter-Etats et de 39 routes classées Nationales. A ce réseau classé s’ajoutent les voies urbaines des villes principales comme Cotonou et Porto-Novo et les pistes de desserte rurale aménagées. L’inspection du réseau en 2007 a permis de constater que seulement un quart du réseau était en bon état, 54% en état passable, 14% en mauvais état et le reste, en chantier d’aménagement. L’on peut donc apprécier l’étendue du défi posé au Fonds routier, l’organisme en charge des infrastructures routières depuis 1996, qui, au-delà de la réalisation des grands travaux en chantier, gère le programme de maintenance des routes.

La maintenance d’une route requiert en fonction de son âge et de sa constitution technique trois types d’interventions : un entretien courant normal permettant le maintien de la route en bon état, un entretien améliorant permettant de corriger certaines sections de la route fortement dégradées et un entretien périodique pour renouveler entièrement la couche de roulement. Le programme de maintenance est essentiel quand on sait l’importance d’un réseau routier de qualité pour la bonne marche d’un pays.

Les routes en mauvais état limitent le transport des biens et des personnes et gardent certaines zones, enclavées. C’est un frein à l’écoulement des produits agricoles et des marchandises et de façon générale aux échanges et au développement. Cette situation est également responsable de maints accidents de la route et favorise l’insécurité comme on a pu le voir dans le troisième article de cette série.

Devant l’importance de ces enjeux, l’on ne saurait continuer à construire des routes sans y apporter la qualité nécessaire – gage de durabilité – et à rester en deçà des exigences en matière de maintenance. Il est vrai qu’ici et là des chantiers de construction de routes et d’échangeurs sont en cours ou terminés mais les béninois attendent une plus grande volonté politique en la matière, pour leur garantir ce bien public vital.

 

Tite Yokossi

Copyright de la seconde image: Reparer les routes, Alileniyon. Sculpture de Kifouli Dossou, Peinture de Kifouli Dossou 2010 – 2011