CÔTE-D’IVOIRE 2.0

 

Traiter de l’Afrique ne se résume pas à des constats désastreux sur la guerre, la famine, les maladies, les conditions économiques et sociales difficiles. Alors si on parlait nouvelles technologies ? Privée de réformes dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) depuis plus de 15 ans (1995), la Côte-d’Ivoire semble faire, aujourd’hui, le pari de la modernisation.

Dans le processus global de redressement de la Côte-d’Ivoire, après les bouleversements politiques qui ont accompagné la première moitié de l’année 2011, il est intéressant de s’attarder sur un élément essentiel dans le développement d’un pays mais dont on ne parle que très peu lorsqu’il s’agit d’Afrique : les nouvelles technologies.

Et en Côte-d’Ivoire, les nouvelles technologies ont joué un rôle prépondérant dans l’essor économique du pays. Les TIC, portées essentiellement par la téléphonie mobile, ont un apport non négligeable dans l’économie générale. Ce secteur, qui représente aujourd’hui plus de 5% du PIB, a créé 6000 emplois directs et près de 100 000 emplois dans les secteurs dépendants des TIC. Depuis 2001, ce sont plus de 1200 milliards de Francs CFA qui ont été investis dans ce secteur d’activité. Par ailleurs, les TIC rapportent environ 200 milliards de Francs CFA aux pouvoirs publics.

 Pourtant, la Côte-d’Ivoire n’était, jusqu’à présent, pas vraiment avant-gardiste dans le domaine. La dernière reforme des TIC, dans le pays, a eu lieu en 1995 et portait essentiellement sur le lancement de la téléphonie mobile et la privatisation de Côte-d’Ivoire Télécom. Si la Côte-d’Ivoire a connu une progression importante dans les TIC, elle le doit avant tout à la téléphonie mobile précisément. La part des Ivoiriens utilisant les mobiles a connu une augmentation foudroyante en quelques années. Dans le même temps, la concurrence acharnée que se livrent les opérateurs privés, de plus en plus nombreux, permet une diminution mécanique des prix, qui, elle-même, assure une accessibilité plus grande à la téléphonie, pour la population.

 Cela dit, les efforts sont encore insuffisants et le Ministère des Postes et des Technologies de l’Information et de la Communication, dirigé par Bruno Nabagné KONE, cherche aujourd’hui à donner une ligne directrice aux projets dans les TIC. Dans les pages de Réseau Télécom Network, le ministre revient sur l’idée force de son projet, à savoir : « (…) développer, promouvoir et vulgariser les technologies de l’information et de la communication » ainsi que « (…) former une expertise nationale en matière de TIC. ». Aujourd’hui le monde professionnel est très largement dépendant des TIC. Aucun secteur d’activité ne semble y échapper et le ministre l’a bien compris « Les TIC doivent être utilisées comme effet de levier pour l’ensemble de notre vie sociale et de notre économie. » Ce que souhaite M. Koné  pour l’avenir, c’est le développement d’une véritable économie numérique.

 Si le projet semble alléchant et ambitieux, il n’en est pas moins semé d’embûches. A l’heure actuelle, de nombreuses contraintes, structurelles et conjoncturelles viennent freiner ces velléités de développement des TIC.

Le cadre juridique, par exemple, est inadapté au développement de l’économie numérique. Pire encore, la Côte-d’Ivoire, comme bien des pays d’Afrique, accuse un retard phénoménal dans le lancement de la 3G.  Par ailleurs, si on a observé une massification de la téléphonie mobile depuis 1995, il n’en va pas du tout de même pour les autres équipements informatiques, à commencer par la couverture internet. Le trop petit nombre de personnes formées aux TIC provoque une pénurie en ressources humaines par rapport à la multiplication des usagers, ce qui tend également à freiner le développement du secteur.

Enfin, la cybercriminalité reste un problème très mal appréhendé par les pouvoir publics.

 Si le développement des TIC est une idée complexe, dont la mise en pratique s’avérera certainement très longue, la Côte-d’Ivoire a néanmoins eu le mérite de lancer un projet ambitieux alors qu’elle sort tout juste de plusieurs mois de troubles. Au ministre de conclure : « Nous sommes encouragés par le Président de la République et le Premier ministre, tous deux convaincus de la fabuleuse opportunité que représente les TIC pour notre pays. »

Giovanni C. DJOSSOU

Sources : 

http://www.csdptt.org

– l'entretien accordé par le ministre ivoirien des Postes & TIC au magazine Réseau Télécom Network (n°49 Septembre/Octobre 2011).