Le salon du tourisme de Côte d’Ivoire (SITA) s’est tenu récemment à Abidjan (2 au 8 avril). Il a été, pour une semaine la vitrine de la Côte d’Ivoire à travers le monde et la preuve des nouvelles ambitions du pays. Si le Ministère du tourisme et tout le gouvernement, ont fait de cette manifestation un moment crucial, c’est parce qu’à travers le tourisme, de nombreux projets sont mis en jeu.
Le ministère du Tourisme avait sorti l’artillerie lourde pour faire la promotion de son salon annuel : 15 000 plaquettes, 4 spots publicitaires de 30 secondes chacun, par jour. Invitation de plusieurs grands groupes audiovisuels : Voix d’Amérique, TV5, Raï, etc.
Les pays de la zone CEDEAO sont mis à l’honneur cette année ce qui n’a pas empêché la présence d’opérateurs économiques du Vieux Continent (France, Italie, Espagne, Allemagne…), zone géographique d’où proviennent le plus de touristes (hors Afrique).
Le SITA avait besoin d’une telle promotion, compte tenu des événements de l’année précédente. La crise avait empêché la tenue du salon. Si le SITA apparaît comme une énième initiative pour restaurer la confiance des investisseurs, il ne faut pas oublier que le secteur touristique était, avec la filière café-cacao, l’une des principales sources de richesse avant les crises successives.
Ce salon a permis aussi et surtout le lancement de plusieurs projets parallèles destinés à « retrouver la Côte d’Ivoire , à nouveau, dans les brochures des tour operators en novembre prochain », selon les propres mots du Commissaire Général désigné au tourisme, M. Marc Vicens, mais aussi et surtout participer à la croissance globale.
Sur le plan purement touristique d’abord, un programme de réhabilitation hôtelière est mis en place. Créations d’hôtels à Abidjan et à l’intérieur du pays. Création, également, de l’écotourisme, inédit en Afrique subsaharienne, à savoir, des « week-ends safari » dans lesquels seraient inclus des hôtels modestes (5 000 Fcfa la nuit = 7,5€), des visites à l’intérieur du pays. Cette offre serait destinée à la clientèle européenne fatiguée des séjours en ville, mais aussi destinée au tourisme domestique.
Ces projets touristiques impliquent d’autres initiatives. L’objectif sur 5 ans : atteindre les 500 000 touristes l’année, créer 4000 nouvelles chambres d’hôtel. Selon le ministère du tourisme permettrait la création de 4 000 emplois directs et 8 000 indirects.
Le problème principal restant celui des visas biométriques. « Quand vous habitez autre part que dans la capitale de votre pays, c’est le parcours du combattant pour pouvoir avoir un visa pour la Côte d’Ivoire », d’après M.Vicens. « Quand vous êtes à Marseille, vous êtes obligé de monter à Paris faire votre demande. Attendre deux voire trois jours sur place pour l’obtenir et repartir. Il faut simplifier tout cela ! », Promet-il.
Par ailleurs, la cherté de l’aéroport d’Abidjan et, par conséquent, les prix élevés des billets, sont autant de freins à l’affluence de touristes. En Février dernier, Air France KLM annonçait sa participation dans la création prochaine d’Air Ivoire, compagnie aux tarifs abordables et étudiés pour la clientèle d’Afrique de l’Ouest.
Si l’on comprend l’importance que revêt le tourisme dans l’économie ivoirienne, on peut néanmoins se questionner sur l’ordre des priorités. Beaucoup de chantiers ont été ouverts depuis la mise en place du nouveau pouvoir. Mais alors que l’on parle abondemment de tourisme, alors que le président Ouattara annonce à qui veut l’entendre que « la Côte d’Ivoire is back », rien n’a encore été entrepris pour traiter les grands problèmes d’insalubrité d’Abidjan. Peu de choses ont été faites pour désarmer les civils dans la période « post-crise ». Rien n’a été réellement mis en œuvre pour faire reculer l’insécurité.
Le tourisme est un élément important dans le développement à venir de la Côte d’Ivoire. Mais que ce problème semble loin des préoccupations quotidiennes du « citoyen moyen ».
Giovanni DJOSSOU