Étiquette : Joël Assoko
Kofi Annan, en position de missionnaire
Homophobie : « l’Afrique » comme excuse
Au fond, qu’est-ce qui les choque dans le mariage homosexuel ? De voir deux hommes se tenir la main, s’embrasser (parce que l’homosexualité féminine est considérée comme un épiphénomène, un fantasme masculin, deux femmes qui s’embrassent suivent leur pente sensuelle et féminine, au pire c’est un divertissement, au mieux des préliminaires, on a tous, déjà, rêvé d’un « plan à trois ») ? De voir les fondements de la famille s’ébouler ? Alors pourquoi interdire le mariage forcé et autoriser le divorce ?Si le plus important est que la famille (père-mère-enfants) soit maintenue intacte pourquoi autoriser des comportements qui la détruise ? Si le reflexe est celui de conservation, l’espèce humaine devant se perpétuer, pourquoi ne pas interdire aux femmes et hommes stériles de se marier ? Pourquoi ne pas engager des éducateurs familiaux qui vérifieront que toute femme s’acquitte de son devoir de fécondité ?Je suis opposé au mariage en tant que tel, parce que ce n’est qu’un contrat, comme celui qu’on signe au début d’une location, à l’achat d’une voiture, quand on rejoint l’armée. Rien de plus, qu’un simple papier paraphé. C’est déjà une calamité qu’autant de gens succombent à ce dispendieux luxe, pourquoi devrait-on autoriser d’autres groupes humains à s’y adonner ? Mais dès lors qu’on est pour le mariage, je ne vois pas très bien sur quelles bases on refuserait les serments des « folles ».Je crois que ce qui les ulcère dans le mariage homosexuel, c’est de voir deux hommes trahir leur statut d’homme pour se rabaisser à celui de « femme ». Ils se font une idée tellement vague et bête de l’homosexualité qu’ils la considèrent comme une déchéance. La réduisant à une simple pénétration sodomite. Ils se font une idée tellement mesquine de la liberté humaine, qu’ils pensent que l’humanité est libre d’agir comme eux agissent et point autrement. Liberté d’imiter. Liberté de se taire. Liberté de mentir. Liberté de feindre. Liberté de la fermer.Oh, je suis moi aussi totalement opposé aux revendications communautaires, à la gay pride, en vérité festival de débauche et flagrant attentat à la pudeur. Mais personne ne me convaincra qu’il est bon et juste de laisser des adolescents se suicider parce qu’ils se pensent différents et qu’ils n’ont jamais été attirés par les « seins des filles » alors qu’ils succombent si vite au charme d’une poitrine virile et ferme. Personne ne pourra plus me persuader qu’il est juste et bon de pendre des homosexuels parce qu’ils s’adonnent à des activités contraires à la volonté d’un dieu nouveau qui n’existait pas ou se taisait du temps d’Hadrien et de Walt Whitman.La « communauté » homosexuelle aura beaucoup fait pour être ghettoïsé et accentuer sa mise à l’index. Mais jamais ces excès ne compenseront le silence d’un Mauriac, l’opprobre qui s’abattit sur Jacob Bean, les absences des autorités publiques durant les années Sida.Ces ombres chinoises qui nous observent et que nos regards baissés, nos poings serrés alors qu’elles espéraient des mains tendues, ont laissé à l’abandon, nous jugent de l’au-delà, nous dévisagent et nous jaugent : hommes de peu de cœur.Ceux-là ne sentent pas que c’est un peu de leur liberté qu’ils perdent lorsqu’ils ignorent les atteintes aux libertés des autres. Les cons. Il faudrait être juif pour être épouvanté par la Shoah?
Et puis, j’ai déjà voyagé par-delà le mur de la haine, je l’ai vue, l’ai embrassée. J’en suis revenu désillusionné et individualiste à un degré difficilement imaginable. Ce que je veux, ce n’est pas « pour la soif universelle, pour la faim universelle », c’est par pur égoïsme que je le souhaite.De toute façon, d’avance, je me garde le droit de visiter toutes les rives du fleuve.
Autopsie d’asticots
Se pare qui voudra des noms de ses aïeux :
Moi, je ne veux porter que moi-même en tous lieux ;
Je ne veux rien devoir à ceux qui m'ont fait naître,
(…)
Ma valeur est ma race, et mon bras est mon père
Pierre Corneille, Don Sanche d’Aragon, Acte I, Scène III
Il y a une obsession des racines comme il y en a une de la pureté, qui est une maladie infantile, la seule peut-être que je n’aurai jamais eu. J’ai déclenché, une fois, un mini-cataclysme sur Facebook en contestant ironiquement, me basant sur Desproges, le fait que les Nantais fussent Bretons. Je n’avais rien contre Nantes, ni contre les Bretons, mais je trouvais simplement risible et lamentable cette espèce de quête, de fièvre identitaire ambiante. Tout le monde veut être Breton ou Corse ou Alsacien, Tout le monde veut retrouver son patronyme Juif abandonné durant l’occupation par des grands-parents plus soucieux de leur survie que de s’appeler Lévy ou Blumenthal. Tout le monde veut être quelqu’un d’autre, rattaché à quelque chose qui le dépasse et sublime l’identité qu’il pense avoir déficitaire.
Personne n’a envie d’assumer seul ses soixante-dix kilos d’eau et d’os. On a besoin d’un grand-père qui a fait ou fui la guerre, on a besoin de faire partie d’une minorité, coûte que coûte. Alors on cherche par tous les moyens de trouver ce qui peut nous rattacher à un autre groupe, supérieur à soi-même mais suffisamment restreint pour ne pas que l’identité acquise se dilue. Et ce n’est pas là le constat de quelqu’un qui « renie » son arbre généalogique. Je suis simplement indifférent à tout ce folklore. Je me fiche de savoir si mon sang vient de Tolède ou de Tombouctou. Que mes ancêtres aient lâchement abandonné le champ de bataille ou se soient fait attachés à leur monture pour ne le quitter que mort ou victorieux m’indiffère au plus haut point. Que mon trisaïeul ait vendu des esclaves ou vu son frère emporté vers l’Amérique ne m’intéresse pas.
Que d’aucuns perdent leur temps à ces gamineries qui constituent, en elles-mêmes, un aveu de faiblesse, me sidère. On est toujours le fils d’un lâche, c'est-à-dire d’un homme qui refusa qu’avec sa mort sa race ne s’éteigne. Toute recherche généalogique est autopsie d’asticots.
Joël Té Lessia