Quel est le rôle de l’écrivain dans nos sociétés ?

L’Observatoire de la Diversité Culturelle et le cercle de réflexion TerangaWeb « L’Afrique des Idées » vous invitent à débattre avec Jean-Luc Raharimanana, Yahia Belaskri et Bernard Magnier sur le thème « Quel est le rôle de l'écrivain dans nos sociétés ? ». Cette manifestation se déroulera à l’Auditorium du Centre culturel Jean Cocteau, 35 place Charles de Gaulle, Les Lilas (M°ligne 11 Mairie des Lilas), le vendredi 4 Mai 2012, de 19h00 à 21h00. L'entrée est libre et la rencontre sera suivie d'une collation et d’un temps de dédicaces.

En compagnie des romanciers Jean-Luc Raharimanana, Yahia Belaskri, avec Bernard Magnier spécialiste des littératures africaines et directeur de la collection « Lettres africaines » aux éditions Actes Sud, il s'agira d’aborder et d'interroger des postures d’écriture (l’écrivain francophone est-il guide ou témoin ?), leur légitimité d'auteurs physiquement éloignés de leur terre d’inspiration tout autant que la réception de leurs œuvres (lectorat occidental, de la diaspora africaine et du continent). Au travers de son expertise sur les littératures africaines, Bernard Magnier apportera son regard d’éditeur sur ces questions et présentera la collection qu’il dirige chez Actes Sud.

La seconde phase de cette rencontre qui se veut interactive aura pour objet d’interpeler les publics présents, sur leur rapport en général à la littérature africaine. La rencontre sera animée par Réassi Ouabonzi, animateur du blog littéraire Chez Gangoueus et responsable de la rubrique culture de TerangaWeb. Des lectures des œuvres des auteurs seront faites.

copyright Thierry Hensgen/Institut Français. Jean-Luc Raharimanana, est un homme de lettres malgache, né en 1967 à Antananarivo. Il est l’auteur d’une œuvre dense à la croisée de plusieurs genres littéraires. Sa dernière publication est « Les cauchemars du gecko » paru chez Vents d’ailleurs suite à l’interprétation à Avignon de la pièce de théâtre du même nom qui n’a pas laissé indifférent le public du festival.

Yahia Belaskri, est un homme de lettres algérien, ancien journaliste, né en 1952 à Oran. Il a obtenu le Grand Prix Littéraire Ouest France/Etonnants voyageurs 2011 pour son roman « Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut » dans lequel l’auteur brosse un portrait très sombre de l’Algérie. Son nouveau roman « Une longue nuit d'absence » vient de paraitre chez Vents d’ailleurs.

Bernard Magnier est actuellement l’un des plus brillants spécialistes de la littérature africaine. Journaliste de profession, il travaille depuis plusieurs années avec Radio France Internationale et il dirige la collection «Lettres africaines» aux éditions Actes Sud. Il est également conseiller littéraire au Centre National du Livre, au Centre Georges Pompidou ou encore au théâtre Le Tarmac. Il est aussi programmateur du festival « Littératures métisses » d’Angoulême.

Contact ODC/Terangaweb : 01.48.46.07.20 / reassi.ouabonzi@terangaweb.com

Les organisateurs :
Observatoire de la Diversité Culturelle – promeut la citoyenneté par la diversité culturelle
www.diversité-culturelle.org

TerangaWeb « L’Afrique des idées » – est une association indépendante qui vise à promouvoir le débat d’idées et la réflexion sur des sujets liés à l’Afrique. Notre think tank est majoritairement composé d’étudiants, de doctorants et de jeunes professionnels africains, ainsi que de personnes tout simplement passionnées par – et bien informées sur – le continent africain.
http://www.terangaweb.com

Chez Gangoueus – Blog littéraire traitant des lettres venues d’Afrique des diasporas africaines
http://gangoueus.blogspot.fr

Alors, rendez-vous le 4 mai à l’Auditorium du Centre culturel Jean Cocteau,
35 place Charles de Gaulle, Les Lilas (Métro ligne 11, Station Mairie des Lilas), de 19h00 à 21h00.
Faites circuler l'information!

 

Réassi Ouabonzi

Nimrod et Sylvie Kandé, poètes dans la cité

Il vaut mieux tard que jamais dit l’adage. Je m’abriterai donc derrière ces quelques mots pour partager avec un peu de retard une très belle rencontre à laquelle j’ai récemment participé à l’auditorium du Centre culturel Jean Cocteau des Lilas, près de Paris. J’avais en effet été convié à Poètes dans la cité co-organisée par l’Observatoire de la Diversité Culturelle et Poécités. Au programme, deux poètes que je ne connaissais que de nom et de réputation :

– la franco-sénégalaise Sylvie Kandé basée à New-York, enseignante, femme de lettres
– le tchadien Nimrod, picard d’adoption, poète, romancier.

La rencontre a été lancée par un jeune violoncelliste, Guillaume Bongiraud qui, tout de suite, a élevé les débats dans une interprétation habitée d’un morceau de Bach. Hum ! La passion, c’est quelque chose de particulier. Et ce jeune homme avec son violoncelle formait un couple très particulier avec un résultat qui eut le mérite de me faire rentrer dans l’esprit de la soirée.

Le premier poète a passé au crible de l’animateur fut Nimrod à l’œuvre déjà dense. L’amateur de prose que je suis a surtout retenu des titres comme Bal des princes, L’or des rivières sur la douzaine de publications de l’auteur. Très rapidement, l’entretien a eu un caractère très intimiste remontant le cours de la vie de Nimrod, explorant l’enfance, la difficulté de porter un nom si singulier que Nimrod.

Question en apparence anodine quand on n'a rien lu de l’auteur. Pourquoi un père affuble-t-il ses enfants de prénoms si pittoresques ? Le père. Au fil de l’échange, on entend cette quête, ce désir de comprendre le père, pasteur luthérien en terre animiste. On voit se former l’identité de Nimrod, forgée sur le sillon de la singularité, lui le fils du protestant, dans une ethnie animiste minoritaire du Tchad. Une singularité qui paradoxalement ouvre cet artiste à l’universel.

Nimrod est un séducteur qui s’exprime avec charisme. Si à prime abord, on pourrait le percevoir comme étant un peu pédant, la suite de l’échange entrecoupée par les textes de poésie qui viennent illustrer les différents épisodes de sa vie, a le mérite de déconstruire cette première impression. Nimrod nous livre une réflexion sur l’enfance, le père, la mère, le Tchad en guerre, l’exil, la nature. Il s’exprime sur l’influence de l’éducation chrétienne dans son écriture. Il répond avec beaucoup de simplicité sur l’accusation qui lui fût adressée d’abandonner la thématique de l’exil pour une poésie panthéiste. Et je pense à ce niveau ma rédaction que l’introduction à Nimrod a été parfaitement réalisée par l'animateur et elle explique l’orientation de l’œuvre du poète. Il a été question de poésie stratosphérique, de poésie phénoménologique, des points parfois un peu complexes mais très rapidement rendus accessibles au profane par le biais des lectures faites. Et de ce point de vue, le travail réalisé en amont dans le choix des textes à lire fut remarquable. L’émotion du poète s’en est ressentie.

Le parcours de Sylvie Kandé est très différent de celui de Nimrod, même si en analysant les récits, on réalise que la singularité caractérisant leurs identités respectives est un point commun entre les deux invités de l’Observatoire de la Diversité Culturelle. Avec la déduction évidente que le poète est forcément un marginal. Je pense. La marginalité, Sylvie Kandé la découvre quand, après une enfance tranquille et au cours de son adolescence, elle est renvoyée à une identité de mulâtre. Elle est en effet bretonne par sa mère et sénégalaise par son père. C'est cette révélation et le besoin de se positionner autour de cette question qui va totalement habiter le projet à la fois professionnel et artistique de Sylvie Kandé. Des études en lettres classiques puis en histoire sur la perception diversifiée des africains par les grecs. Et un besoin de dater la naissance du racisme, qui de son point de vue, est lié à la Traite négrière.

Sylvie Kandé est une universitaire et son intervention est marquée par la tonalité technique de son propos. Mais ce que je trouve très intéressant dans ses développement c’est, je précise qu’il s’agit d’une interprétation personnelle, la quête d’une forme d’équilibre dans sa création artistique. Equilibre entre les deux pôles du métissage. Alors, il est passionnant de l’entendre s’exprimer sur des procédés puisés dans le Hip-Hop comme le sampling pour la construction de certaines de ses oeuvres.

Elle donne sa définition de la poésie qui travaille selon elle sur l’obscur. Elle est un moyen de creuser l’obscur, le mystère. Ecrire lui permet d’oublier. Pour la poétesse, le travail sur une question même inaboutie lui permet de passer à autres choses. On retrouve cette question de l’équilibre, quand elle évoque la culture de l’écrit dans laquelle elle a été élevée et son désir de reconquérir la littérature orale, dimension africaine… Que dire alors quand Sylvie Kandé reprend les mythes grecs autour d’Orphée ou de Sémélé ? C’est une conséquence de l’imaginaire recomposé assumé de la poétesse. Une démarche qui donne envie d’en savoir plus sur son travail.

Deux auteurs très différents. De belles lectures. Des écritures différentes. Des thématiques singulières. Un travail de fond sur les œuvres de poésie pour en extraire le substrat. Bref, deux heures passionnantes à écouter des auteurs tous deux de qualité et que je lirai très prochainement. J'ai passé un bon moment.

 

Lareus Gangoueus, billet initialement paru sur son blog

 

NDLR : Crédit photo : Thibaud Willette. Sur la photo, de gauche à droite : Sylvie Kandé, Fulvio Caccia, Nimrod.

Les rendez-vous littéraires en mars sur Paris

Comme c’est souvent le cas, mars est le mois riche en événement tournant autour de la littérature en général. Et pour cause, le salon du livre aidant, on retrouve de nombreux écrivains migrants comme des oiseaux vers ce lieu de rencontres, de promotion en pleine capitale de la francophonie, j’ai nommé Paris. Bref, trêve de papotage comme dirait Guy-Alexandre Sounda. Je vous glisse le menu et puis, après, c’est vous qui voyez.

Commençons par le salon du Livre 2012. Pour la troisième édition, le stand des auteurs du Bassin du Congo sera l’attraction de tout ce qui fait d'intéressant sur le plan de la littérature sub-saharéenne. Vous trouverez ci-dessous le planning de quelques rencontres avec des auteurs à rencontrer. Deux autres attractions que je ne manquerai pas également seront les stands de Cultures Sud (Institut français) avec des débats toujours très intéressants et celui de la maison d’éditions Vents d’ailleurs qui recueille de merveilleuses pépites que j’ai parfois chroniquées. La collection Continents noirs de Gallimard organise un table ronde animée par Boniface Mongo-Mboussa entouré des principaux auteurs dans le cadre sympathique de la Maison de l’Amérique latine, ce lundi 12 Mars à partir de 19h avec Henri Lopès, Jacques Dalodé, Mamadou Mahmoud Ndongo ou Scholastique Mukasonga.

A noter également que dans la cadre de Mahogany March, le musée Dapper de Paris donne carte blanche à Léonora Miano (Grand Prix littéraire d'Afrique noire 2012) pour l’organisation de quatre rencontres passionnantes dans ce musée du 14 au 24 mars 2012. En parallèle, des dégustations littéraires continuent du côté Montparnasse autour des différents auteurs qui concourent au Prix Mahogany. Une occasion loin du brouhaha d’un salon littéraire pour discuter tranquillement avec les auteurs. Plus d'information sur la page Facebook de Mahogany.

Le roman Black Bazar d’Alain Mabanckou avait été remarquablement interprété au théâtre par Modeste Nzapassara, et alors que le projet cinématographique fait son petit bonhomme de chemin, l’album de rumba inspiré du récit de l’auteur congolais sort sous le fameux titre Black Bazar. Des dates de concerts sont déjà prévues en mars (au New Morning entre autres, le 22 mars). Toutes les infos sont sur le site de ce projet musical.

L’auditorium du Centre culturel Jean Cocteau des Lilas recevra deux poètes sous l’impulsion de l’Observatoire de la diversité culturelle et avec le soutien de TerangaWeb : le tchadien Nimrod dont la production littéraire continue de s’étoffer au fil des années et Sylvie Kandé. Cette rencontre se déroulera sous la forme d'un entretien-récital, et donnera lieu à un accompagnement par Guillaume Bongiraud, violoncelliste. Né au Tchad, Nimrod est poète, romancier, essayiste. Il a con­sacré deux essais à Léopold Sédar Senghor (Le temps qu’il fait, 2003 et Seghers, coll. « Poètes d’au­jourd’hui », 2006). Son œuvre poétique est pu­bliée aux éditions Obsidiane. Son œuvre a reçu les prix littéraires suivants : Prix de La vocation pour Pierre, poussière (poèmes, Obsidiane, 1989), Prix Louise Labé pour Passage à l’infini (poèmes, Obsidiane, 1999), Bourse Thyde Monnier de la Société des Gens des Lettres pour Les jambes d’Alice (roman, Actes Sud, 2001), les Prix Benjamin Fondane, Édouard Glis­sant et Ahmadou Kourouma pour Le bal des princes (roman, Actes Sud, 2008) et le Prix Max Jacob 2011 pour Babel, Babylone (Obsidiane, 2010). Sylvie Kandé est née à Paris de mère française et de père sénégalais. Elle est titulaire d'une maîtrise de lettres classiques (Paris IV-Sorbonne) sur l'image du Noir dans l'art et la littérature grecs du Vème au 1er siècle av. J.C. et d'un doctorat en histoire de l'Afrique (Paris VII). En l'an 2000, elle a publié chez Gallimard un long poème en prose intitulé Lagon, Lagunes,avec une postface d'Edouard Glissant. Pendant 6 ans, elle a enseigné la littérature francophone africaine et caribéenne au département de français et les études africaines dans le cadre du programme d'études Africana à New York University. Elle vient de publier l'an dernier la quête infinie de l’autre rive, une épopée en trois chants aux éditions Gallimard .
Rendez-vous vendredi 09 Mars 2012 à 19h. Métro Mairie des Lilas. 35 Place du Général de Gaulle aux Lilas.

Enfin, on garde le meilleur pour la fin, le 27 mars, ce sera la 11ème édition des palabres autour des Arts sur le thème du choc des cultures et ce qu’il en reste. L’artiste palabreur sera l’écrivain algérien Yahia Belaskri, auteur du très beau roman Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut (Grand prix de littérature Ouest France/Etonnants voyageurs 2011). Une occasion d’écouter cet auteur engagé et touchant. Rendez-vous à 19h au Restaurant Le Loyo, 18 rue Bachelet, Paris 18ème arrondissement. Métro 4 Chateau rouge ou Métro 12 Lamarck Caulaincourt. Plus d'informations sur la page Facebook des Palabres autour des Arts.
 

Lareus Gangoueus