Produisons l’électricité avec du sable !

Au XVIIè siècle, c’est l’observation de la chute d’une pomme dans un verger qui permit à Isaac Newton de tirer les conclusions d’une force d’attraction gravitationnelle universelle. A l’aube du XXIè siècle, cette même force d’attraction gravitationnelle devint pour Philippe Sessi le moteur d’une nouvelle invention : la Centrale Sablonique, une centrale électrique qui fonctionne avec du sable.

Terangaweb : Monsieur Sessi, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Philippe Sessi : Je suis ancien employé et correspondant de banques et, inventeur autodidacte par passion depuis 1974. Je suis d’ailleurs titulaire d’au moins trois brevets d’invention dont « le descenseur », qui est médaillé d’Argent au Concours Lépine. Je suis également dépositaire de « CENTIRO », le nom monétaire le plus étymologiquement correct pour désigner le centième de l’euro (et non le « cent » qui est le centième du dollar, ou encore le « centime » qui est le centième du franc). Par ailleurs, je suis investi dans plusieurs autres projets sociaux économiques et d’innovation.

Terangaweb : Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à étudier la question énergétique ?
C’est très simple. Comme le commun des mortels je suis sensible aux problèmes économiques et sociaux. Le problème avec les énergies fossiles c’est qu’elles entrainent un réchauffement climatique qui engendre la fonte des glaciers à l’origine de l’élévation du niveau des mers, et partant, de la disparition d’îles paradisiaque. Mais surtout, c’est l’expansion des zones désertiques qui est critique. Si rien ne change, dans une centaine d’années, la ville de Bamako se trouvera au milieu du désert. La « ceinture verte » ne suffira pas à endiguer ce phénomène. L’eau est la seule solution efficace, d’autant plus que le continent africain est entouré d’eau. Une partie de cette eau doit être transférée dans le désert pour qu’elle puisse ensuite s’évaporer. Pour cela, il faut une technologie alimentée par l’énergie. En effet, la création de nappes d’eau artificielles dans le désert est nécessaire pour humidifier l’atmosphère. Les pluies qui découleront de ce processus contiendront de l’eau buvable et non salée (le sel ne s’évapore pas) et permettront la pousse d’herbe. Les sols du désert sont remplis de graines qui n’attendent que l’eau pour germer. Après avoir tiré ces conclusions, j’ai fait des recherches à mon niveau afin de trouver la solution la plus adéquate.

Terangaweb : Pourquoi la centrale sablonique ?
Je me suis demandé comment produire de l’électricité. Je me suis inspiré du fonctionnement des centrales hydrauliques et thermiques. L’inconvénient de ces deux dernières solutions est que, toutes les deux, contribuent à la destruction de la nature. Je ne cite pas le nucléaire car il s’agit de la pire de toutes les solutions, d’ailleurs la voiture électrique est une bêtise humaine puisque l’électricité qui permet de faire fonctionner ces voitures est d’origine nucléaire. Pour produire de l’électricité, nous prélevons dans la nature et ensuite, nous utilisons une quantité donnée d’énergie (générée par l’eau dans le cas des centrales hydrauliques) pour produire une nouvelle énergie (l’électricité). S’il n’y a plus d’eau en l’occurrence, il n’est plus possible de produire de l’électricité. Aussi, les centrales hydrauliques tombent en panne en cas de sécheresse. C’est donc de la quantité de ressource disponible au départ que dépend la production d’énergie. D’où les nombreuses coupures d’électricité auxquelles doivent faire face les Africains (manque de pétrole, manque d’eau…).

Le coût de l’énergie que l’on utilise pour produire de l’électricité représente environ 70% du coût de l’électricité que l’on consomme. L’électricité d’origine nucléaire est plus dangereuse et plus coûteuse. Cependant, la France « profite » de l’uranium du Niger, c’est pourquoi on peut se permettre de continuer à produire de cette façon. Si on payait l’uranium à un prix normal, la France aurait déjà arrêté. Il ne faut pas oublier que nos déchets nucléaires sont aujourd’hui disséminés sur plus de 1 100 sites en France, et que ces déchets nucléaires ont une durée de vie de 300 000 ans ! Il fallait donc que je trouve une énergie sans les inconvénients inhérents aux solutions d’aujourd’hui, c’est-à-dire qui ne détruise pas la nature, qui soit la moins chère possible, disponible de façon abondante, et suffisamment puissante pour faire fonctionner des industries. Cela m’a pris des années.

Philippe Sessi

Un jour, j’ai laissé tomber un objet. Cet objet avait bougé par une force qui n’avait pas été exercée par moi. Or, aucun objet ne bouge sans avoir subi une force quelconque. D’où venait cette force ? De l’attraction terrestre. C’était simple, mais il fallait y penser. Cette force est simple, disponible partout, puissante, utilisée par la nature même. Comment l’utiliser pour produire de l’électricité ? La centrale sablonique consiste en un grand immeuble de dix étages avec, à chaque étage, un alternateur avec des turbines. Une courroie avec des godets entoure l’ensemble des turbos alternateurs. Une partie de ces godets sont remplis de sable et leur poids tire la courroie vers le bas. Une fois arrivé en bas, le sable est déversé sur un plancher incliné puis est aspiré par un tuyau pour être reversé de nouveau dans les godets en haut de l’immeuble. Il s’agit toujours du même sable, les ressources nécessaires sont donc faible. L’énergie consommée, pour le tuyau par exemple, est autoalimentée par la centrale sablonique. Cette centrale de dix étages doit pouvoir produire 69 mégawatts. Un autre, deux fois plus grande peut produire 138 mégawatts, ce qui est suffisant pour alimenter une ville comme Paris.

Dans le brevet déposé, la centrale comporte également une production d’eau intégrée: il s’agit de la centrale sablonique ou sablo-électrique avec citerne d’eau potable. L’eau produite est directement prélevée dans les nappes souterraines. Il y a sous le désert du Sahara, en effet, d’immenses nappes phréatiques. La centrale sablonique n’utilise aucun combustible, n’est soumise à aucune condition climatique, dispose de la gravité universelle qui est la force la plus puissante, la plus disponible sur terre et sous terre (il est possible de construire des centrales sous-marines), la plus sûre, et en plus elle est gratuite.

Terangaweb  Le brevet pour cette invention vous a été délivré par l’INPI en 2009. Allez-vous étendre la protection de cette invention dans le monde entier ?
Bien entendu, le brevet sera étendu au-delà de l’Europe. Une procédure PCT est actuellement en cours.

Terangaweb : D’où provient le financement de cette invention ?
Le financement sera assuré par une entité canadienne. Je devrais recevoir très rapidement les fonds pour réaliser les prototypes, ainsi que les dossiers complets de licence car je ne souhaite pas exploiter cette invention moi-même.

Terangaweb : Dans combien de temps cette innovation sera-t-elle exploitable ?
Dans 18 mois les prototypes auront normalement été réalisés et testés, et les dossiers de licence devraient être prêts. Je prends mon temps car j’ai à cœur de bien faire les choses et de ne pas sortir n’importe quoi.

Terangaweb : La construction de ce type d’infrastructure nécessite souvent un financement de projet, suite à un appel d’offre, et des partenariats publics-privés. Le remboursement du montage financier se fait généralement via un contrat de concession de service publique qui peut durer 20 ans voire plus. Quel sera le coût de la centrale sablonique ?
Je peux dire que la centrale sablonique coûtera en moyenne 50% moins chère qu’une centrale ordinaire. Je ferais en sorte que toutes les conditions soient réunies pour éviter les abus, l’objectif étant que l’électricité soit accessible à tous, jusque dans les villages.

Terangaweb :  Il s’agit là d’une invention qui devrait changer la face du monde. Vous devez en tirer une grande fierté.

Il est normal que chacun contribue à l’amélioration de nos conditions de vie. Je n’ai pas inventé l’électricité, j’apporte seulement un nouveau moyen de le produire. Je n’ai donc pas de quoi me vanter. Si je parviens effectivement à améliorer la condition des êtres humains, je serais un homme heureux.

 

Interview réalisée par Awa Sacko