Maman Maggy reçoit le Prix de la Fondation Chirac

 

Ce 24 novembre 2011, Kofi Annan, prix Nobel de la paix et ancien Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a remis, pour sa troisième édition, le Prix de la fondation  Chirac, à la « Mère Teresa » burundaise. « Chère Maggy, vous êtes un exemple pour votre pays, pour l’Afrique et  pour le monde. Vous êtes une femme de foi, de courage et d’espérance au service de la jeunesse du Burundi », a déclaré le premier ministre François Fillon dans son discours. « Je suis contente et fière d’être une burundaise qui a remporté ce prix.  Je suis encouragée de voir toutes ses hautes personnalités et des burundais venant de différents coins du monde, s’être  déplacés pour me soutenir », a-t-elle confié.

Deux prix pour deux femmes exemplaires

La Fondation Chirac décerne chaque année deux distinctions : le Prix de la Fondation Chirac récompense une ou des personnes de la société civile et le Prix Spécial du Jury, une ou des personnalités publiques. Si semblables mais si différentes, les deux lauréates 2011, ont des parcours opposés.

L’une, Marguerite Barankitse, est enseignante de formation, et mène une vie de mère entièrement dévouée aux enfants victimes de la guerre. Ce Prix, doté de 100 000 euros va lui permettre de poursuivre son action en faveur de la réconciliation au Burundi.

Et l’autre, la Canadienne Louise Arbour est juriste et s’attaque avec détermination aux criminels de guerre. Elle a été le premier procureur du Tribunal Pénal international (TPI) pour l’Ex-Yougoslavie et du TPI pour le Rwanda. Le Prix Spécial du Jury  la récompense notamment pour ses innovations majeures qui ont permis à la justice internationale de s’affirmer contre l’esprit d’impunité. Ses nombreuses initiatives, notamment les « actes d’accusations scellés » (inculpations gardées secrètes contre des criminels de guerre, des auteurs d’actes de génocide, qu’ils soient hauts responsables politiques ou militaires), et la sensibilisation des médias au travail du TPI ont largement contribué à renforcer la justice internationale. Les inculpations prononcées aujourd’hui par la CPI témoignent de ce processus désormais inéluctable.

Une rescapée de guerre au service des enfants

L’action  de Maman Maggy a commencé en  1993, lorsque 72 personnes ont été massacrées devant ses yeux, elle-même y ayant échappé de justesse. Courageuse, elle est allée sur les champs de bataille recueillir les blessés. Elle a rassemblé  des orphelins sans distinction ethnique. Grâce à l’apport de certains bienfaiteurs, elle a pu construire la Maison Shalom de Ruyigi où vivent aujourd’hui 20 000 enfants. Un centre d’apprentissage des métiers de plomberie, menuiserie, agriculture, élevage, et couture est mis à disposition des orphelins. Marguerite Barankitse a aussi fait construire à Ruyigi l’hôpital Rema qui prend en charge la protection maternelle et infantile. Un centre de dépistage du VIH/SIDA  accueille aussi les séropositives ; les patientes y reçoivent des conseils, des antiviraux, de la nourriture.

Une ambassadrice de bonne volonté pour le Burundi

Dans certains médias internationaux, Maman Maggy  est comparée à Nelson Mandela, pour  sa lutte contre la discrimination ethnique. D’autres la comparent à Mère Teresa pour son engagement envers les enfants. Une semaine avant la  remise de son prix,  des grandes affiches ont été arborées sur les murs de différentes stations de métros  parisiens, des RER de l’île de France, et  sur le grand boulevard des champs Elysées. Grâce à l’action de Maman Maggy et à la récompense de la Fondation Chirac, de plus en plus de personnes découvrent le Burundi. Maman Maggy fait la fierté de ce pays  à l’étranger et offre un bel exemple d’engagement social.

Landry Rukingamubiri