De la cohésion sociale en Afrique

Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan marocainLe 13 avril dernier s’est tenu à Rabat, un colloque initié par le Centre de développement de l’OCDE ainsi que le Haut Commissaire au Plan marocain, M. Ahmed Lahlimi, avec pour thème central : La cohésion sociale en Afrique.
Selon M. Lahlimi, la cohésion sociale est un élément essentiel dans la bonne marche vers le développement des pays d’Afrique. Cet aspect est, à son goût, bien trop délaissé au profit de critères économiques. Pourtant, toujours selon le Haut Commissaire au Plan, la bonne tenue économique n’est pas suffisante pour enrayer les inégalités persistantes sur le continent. Il en appelle donc aux forces vives des différentes nations, en leur demandant de participer davantage à la vie politique.
Ce comportement est d’autant plus indispensable, dans une période de crise comme celle-ci, où la déstabilisation des outils de la croissance a entrainé de plus grandes disparités économiques entre les couches des populations des pays en voie de développement.
Pour M. Pezzini, directeur du Centre de Développement de l’OCDE, les inégalités économiques sont clairement un frein important à la bonne croissance actuelle des pays africains. Pour renforcer la cohésion sociale, M.Pezzini délivre trois idées majeures : des systèmes de protection sociale, des welfare states garantissant des taux d’emploi élevés et une combinaison des objectifs entre les pays africains.
Si ce colloque avait sans aucun doute un intérêt majeur dans l’avenir des pays du continent noir, on s’aperçoit vite, de la limite des propositions effectuées.
M. Lahlimi, à aucun moment, n’est clair dans ce qu’il appelle « la participation des populations dans la vie politique et sociale ».La question étant : quel pouvoir a le citoyen ? Le pouvoir de voter, s’il a la chance d’évoluer dans un pays démocratique. Le pouvoir de travailler, afin de contribuer, à son échelle, à la croissance de son pays. A part cela, quels autres pouvoirs possède-t-il ? Le pouvoir de créer des organes de contre-pouvoir ? Associations, groupes de pression, presse ? Peut-être. Je crois néanmoins qu’il existe ici un décalage entre les perspectives de M.Lahlimi et la réalité des situations dans lesdits pays. Si la croissance économique ne fait pas tout, comme il semble le dire, force est de constater qu’elle fait tout de même beaucoup. Créer des organes puissants de contre-pouvoir s’avèrerait être un luxe pour beaucoup de pays africains. La croissance économique aiderait sûrement dans ce domaine là. Le serpent se mort la queue.
Les propositions du directeur du Centre de Développement de l’OCDE sont nettement plus concrètes. Elles laissent néanmoins sous-entendre  que les pays africains, surendettés pour la plupart, détiennent en leurs budgets, la capacité de financer des projets de protection sociale, solides sur le long terme. L’idée la plus réaliste et la plus prometteuse restant la réforme fiscale pour le développement de l’investissement public.
Giovanni C. Djossou