Un nouveau riz pour l’Afrique : Nerica

Le riz constitue la principale nourriture en Afrique et plus particulièrement au sud du Sahara. Actuellement, un Africain consomme environ 21 kilos de riz par an et cette quantité est en constante progression. En Afrique sub-saharienne plus particulièrement, la consommation annuelle de riz par habitant est de 42 kilos. Cette forte consommation du riz induit une demande de plus en plus importante sur le marché locale qui ne suffit plus. Dès lors, l’Afrique importe 40% de sa consommation en riz, ce qui représente 30% des importations mondiales de riz. Face à ce constat, des chercheurs agronomes ont mis en place une nouvelle espèce de riz dénommé « NERICA » (new rice for africa). Le succès de cette nouvelle espèce est décrit dans un récent rapport de la Banque Mondiale intitulé : Améliorer l’efficacité et la production agricole à travers des interventions ciblées.

La mise en place du NERICA répond aux insuffisances inhérentes aux deux plus importantes espèces de riz habituellement cultivées en Afrique ; notamment le glaberrima et le sativa. Le glaberrima est une espèce originaire d’Afrique ayant une productivité très faible mais possède une capacité de résistance plus forte aux conditions climatiques africaines et aux attaques d’insectes. Au contraire, le sativa, originaire d’Asie, a une plus forte productivité mais reste plus vulnérable que le glaberrima. Le NERICA a été mis sur pied pour combiner les avantages des deux premières espèces ; notamment une forte productivité et une meilleure résistance aux conditions climatiques. Eu égard à cette combinaison d’avantages, le NERICA a pu être cultivé à la fois sur les plaines et sur les collines avec une très grande productivité. Néanmoins, son adoption n’est pas encore complète.

En dépit de ses atouts, cette nouvelle espèce de riz n’est pas encore adoptée partout en Afrique. La plupart des pays ont seulement atteint moins du quart de leur potentiel d’adoption. Ce faible taux d’adoption est lié au développement récent de l’espèce et aux procédures de sélection des variétés. Ces procédures peuvent prendre plusieurs années à cause du temps de la moisson et la comparaison des résultats entre l’ancienne espèce et les nouvelles variétés. Actuellement, une nouvelle approche plus rapide dénommée « Méthodologie participative de sélection des variétés » a été mise en place pour accélérer la sélection des variétés et l’adoption de NERICA par les agriculteurs. Avec cette nouvelle approche, la durée de sélection est passée de 10 ans à 3 ans. Avec toutes ces innovations, l’adoption de NERICA est en constante progression et les premières cultures montrent déjà une plus forte productivité et une capacité de résistance accrue. Dès lors, sa culture est susceptible d’augmenter le revenu des planteurs ; voire réduire la pauvreté et les inégalités de revenu.

En termes d’impact économique, l’augmentation du taux d’adoption va réduire significativement les importations de riz à destination de l’Afrique et assurer une plus grande autosuffisance alimentaire des populations. Par ailleurs, les premiers résultats d’évaluation suggèrent que l’introduction de l’espèce NERICA a permis d’augmenter le revenu des producteurs en moyenne de 30$ US. Cette augmentation de revenu vient principalement de l’accroissement des rendements. De plus, l’impact se révèlent être plus important chez les femmes que chez les hommes car les ménages agricoles dirigés par les femmes sont en général plus pauvres et son plus enclins à adopter la culture du NERICA. Toutefois, l’impact global est hétérogène et diffère selon les pays.

En outre, deux principaux défis restent à relever dans le secteur du riz. D’une part, il s’agit d’augmenter le nombre de chercheurs travaillant sur les innovations dans la culture du riz. D’autre part, l’accélération de l’adoption de cette nouvelle espèce est primordiale pour assurer l’autosuffisance alimentaire en riz de l’Afrique. Une fois le potentiel d’adoption atteint, le continent n’aura quasiment plus besoin d’importer le riz. Dès lors, les milliards de dollars dépensés dans cette importation peuvent servir à la mise en œuvre de politiques sociales, gage de développement.

 

Georges-Vivien Houngbonon

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