Appel à la défense de la liberté d’expression au Burkina : l’affaire Sams’K le Jah

La liberté d’expression fait partie des droits imprescriptibles de la Constitution burkinabé. Tout Burkinabè, dans un espace privé comme public, est appelé à se prononcer sur tous les sujets touchant à la vie publique sans être intimidé, inquiété, en un mot censuré. Malheureusement, cette réalité reste assez limitée et même de plus en plus embrigadée par les instances de régulation, au premier chef desquelles le Conseil Supérieur de la Communication (CSC). La possibilité pour chaque citoyen de s’indigner contre cette situation nous amène à protester face aux derniers cas en date de censure, celle de l’émission ‘’Affairages’’ et les émissions de l’animateur SAMA Karim dit Sams’K Le Jah, qui interpellent tous les défenseurs de la liberté d’expression.

Musicien militant, fidèle défenseur de la justice, SAMA KARIM est désormais l’ex directeur des programmes de la radio Ouaga FM. Animateur des émissions Roots rock reggae et de Zion vibes les vendredis soirs entre 20h et 22heures et les dimanches de 11H et 12H, cet infatigable éveilleur de consciences, défenseur des droits fondamentaux, de la démocratie et promoteur de la culture africaine, Sams’K Le Jah s’est vu licencier le 18 mai dernier par le promoteur de la radio Joachim Baki.
Sur fond de philosophie rasta, cet animateur très populaire auprès de la jeunesse dénonçait sur les ondes de la radio les dérives du système de la quatrième république, la mal-gouvernance et réclamait justice pour les crimes impunis tels ceux du capitaine président Thomas Sankara, Dabo Boukary, bien évidemment Norbert Zongo et tous les autres.

Cette liberté de parole et cet engagement en faveur du peuple ne lui ont pas attiré que des sympathisants. Maintes fois menacé, sa voiture de service a déjà été incendiée en septembre 2007. Cela ne l’a pourtant pas conduit à renoncer à son militantisme. Avec le musicien Smockey, ils soutiennent la lutte des étudiants réprimée en 2008, leur dédiant un single « on est dans la rue ». Sur la même lancée, il lance avec d’autres artistes tels Tiken Jah Fakoly, Didier Awadi, Ismael Isaac et bien d’autres, l’album 10 ans d’impunité pour réclamer la réouverture du dossier classé de Norbert Zongo. Sa popularité et son activisme vont déranger plus d’uns, conduisant le CSC a multiplié les pressions pour lui fermer ses moyens d’expression grand public. Durant toute la campagne présidentielle de 2010, il est interdit d’animer, sans qu’un motif sérieux soit présenté pour justifier cette décision. A partir de janvier 2011, il lui est interdit de jouer tous titres portant sur Sankara, Norbert Zongo où tous les illustres qui ont forgé la mémoire de ce pays.

Son écho auprès du public ne diminuant pas malgré ces mesures, le CSC a suspendu les émissions précitées en avril 2011, alors que le pays des hommes intègres était en pleine ébullition militaire. Une note datant du 30 avril 2011 signée par le promoteur Baki Joachim a également interdit à Samsk Le Jah l’accès au matériel et aux locaux de la radio. Enfin, par courrier du 18 mai 2011, l’animateur est informé de son licenciement pour avoir joué un titre « Ce président là, il faut qu’il parte et il partira », bien qu’il passait en boucle lors de la préparation du concert du 04 mars 2011 au Reemdogo. Après douze années de sa vie passées au sein de radio Ouaga FM, c’est ainsi qu’il s'est vu récompenser après avoir contribué à sa juste valeur à lui donner son rayonnement et son statut de radio de toutes les générations.

Nous, auditeurs et fans de Samsk le Jah, nous menons actuellement une lutte pour contester ce licenciement abusif à des fins politiques et pour défendre la liberté d’expression au Burkina. Dans ce cadre, nous avons créé une page Facebook, “ TOUS POUR SAMSK Le JAH et pour la libre parole au Faso“. Malgré les pressions du pouvoir en place, nous comptons participer à la 13e commémoration de l’assassinat de Norbert Zongo, afin de mettre un terme à la censure de la liberté d’expression et de faire de ce droit inaliénable une réalité dans notre pays.

 

Le collectif « Ensemble contre la censure de la liberté au Faso »