Les dictatures du football

Près d’un an après la première Coupe du Monde tenue sur le continent Africain, le monde du football est en ébullition. Ce n’est pas la première fois que des scandales éclatent pour rappeler les graves irrégularités que connaissent les instances de décision qui encadrent le sport, mais les événements des dernières semaines soulignent l’urgence d’engager de profondes réformes pour mettre fin à l’impunité qui a longtemps régné dans et autour des stades.

Au cœur de la polémique se trouve l’élection du président de la FIFA. Sepp Blatter, 75 ans, a en effet été réélu cette semaine pour un quatrième mandat à la tête de la FIFA, instance suprême du football mondial, à l’issue d’un vote dans lequel il était l’unique candidat. Son seul concurrent déclaré, le Qatari Mohamed Bin Hammam (Président de la Confédération Asiatique de Football), a du se retirer de la course  après l’ouverture d’une enquête pour corruption, alors que lui-même accusait son concurrent de faits similaires.

Après les critiques qui ont été soulevées suite à l’attribution de l’organisation du Mondial 2022 au Qatar, l’élection qui vient de se tenir remet sur le devant de la scène les luttes internes qui déchirent la FIFA et les irrégularités qui entachent son fonctionnement et sa crédibilité.  Un article du Monde sur « le théâtre du scandale permanent » que constitue la FIFA relate en détail la bataille qui s’est tenu à Zurich, détaillant le cadre et les péripéties de ce qu’elle compare à une mauvaise pièce de théâtre.  http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/06/01/la-fifa-theatre-du-scandale-permanent_1530290_3242.html

Les instances du football africain ne sont pas épargnées par les critiques. À l’échelle continentale, le Camerounais Issa Hayatou est à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF) depuis …24 ans. Elu une première fois en 1987, il exerce actuellement son sixième mandat, et est demeuré président de la CAF plus longtemps que Zine el-Abidine n’a été à la tête de la Tunisie ! Régulièrement critiqué pour sa gestion de l’organisation et souvent victime d’accusations de corruption,  sa démission est réclamé parfois au plus haut niveau, comme vient de le faire le Premier Ministre Sénégalais Souleymane Ndéné Ndiaye, l’estimant responsable d’un arbitrage jugé partial lors du dernier match Sénégal-Cameroun.

Outre son président, le siège même de la CAF (au Caire) est également problématique, dans la mesure ou l’Egypte est soupçonnée d’avoir une influence démesurée et de s’ingérer dans le fonctionnement de l’organisation en faveur de sa sélection nationale ou de ses clubs, qui sont perçus comme étant épargnés par le contrôle ou victimes de sanctions exceptionnellement clémentes comparativement à leurs homologues sur le continent, alimentant ainsi les accusations de deux poids, deux mesures. La gestion très controversée par la CAF de l’attaque contre le bus de l’équipe Togolaise à Cabinda en janvier 2010 reste par ailleurs une page noire dans l’histoire du football Africain. Comme en témoigne un article diffusé sur le site allAfrica.com, la CAF est souvent au centre des polémiques. http://fr.allafrica.com/stories/201105230578.html

Alors que le milieu du football se trouve entaché par d’innombrables scandales au niveau national, régional et mondial, il convient plus que jamais de redonner à ce sport les valeurs qui en font sa noblesse, à savoir le fair play et l’esprit d’équipe, le débarrassant des sombres intrigues et des scandales qui l’affectent depuis trop longtemps.

Nacim KAID-SLIMANE