Les difficultés d’accès au financement, tous les entrepreneurs les expérimentent au moment de lancer leur projet. Les investisseurs vous demandent de leur montrer des résultats d’activité (que vous n’avez pas puisque vous commencez). Les banques vous proposent des taux d’intérêt beaucoup trop lourds pour la nouvelle startup que vous êtes, les prêts d’honneur sont trop rares pour être des sources sures d’investissement et il est difficile de trop se tourner vers vos amis et familles …
Depuis quelques années, les entrepreneurs utilisent un outil qui avait été originellement pensé pour financer les artistes qui ne trouvaient plus de fonds pour enregistrer et commercialiser leur musique : le crowdfunding. L’expérience dans l’univers musical a été tellement concluante que le concept a rapidement été détourné. Aujourd’hui, le crowdfunding est considéré par beaucoup d’entrepreneurs comme un moyen efficace de lever leurs premiers fonds.
Qu'est ce que le crowdfunding?
Le « crowdfunding » est un terme anglo-saxon qui désigne le « financement par la foule », ou « financement participatif ». Lancer une campagne de crowdfunding consiste à inscrire son projet sur un site dédié, à fixer des objectifs de campagne (un montant à lever dans un temps déterminé), à proposer des contreparties aux futurs donateurs et à diffuser la campagne pour que tous puissent y contribuer. Si le projet plait aux internautes, ils contribuent simplement à la campagne. Si à la fin du temps défini le montant fixé n’est pas atteint, l’entrepreneur perd l’ensemble de la somme et les donateurs récupèrent leurs dons. Dans le cas contraire, l’entrepreneur peut toucher l’argent collecté et envoyer les contreparties qu’il avait proposées aux donateurs !
En Europe, les chiffres sont particuliérement encourageants : 300 plateformes de crowdfunding, 350 000 entreprises financées, pour 3 milliards euros levés en 2014, chiffre qui pourrait doubler en 2015 selon le cabinet Ernst & Young. Pourquoi ce succès ? Parce que les plateformes de crowdfunding offrent aux donateurs l’occasion de donner directement à un entrepreneur, pour un projet précis. Le crowdfunding est également un moyen de redynamiser les logiques de don en rapprochant les donateurs de la finalité de leur don. Du côté des entrepreneurs, ces plateformes offrent une grande liberté et simplicité d’une part et vont au-delà des services offerts par les sites spécialisés en micro-finance. Une autre clef du succès est la reconnaissance juridique de ce type de financement : que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, le crowdfunding est encadré par des textes spécifiques,en favorisant ainsi le développement.
Les débuts du crowdfunding en Afrique
Et en Afrique ? Pour l’instant, le crowdfunding ne touche que très peu de promoteurs, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les plateformes de crowdfunding africaines étaient jusqu’à récemment inexistantes. Les seuls entrepreneurs africains qui y avaient recours passaient par des plateformes étrangères dont ils avaient connaissance. Par ailleurs, cet outil essentiellement en ligne reste peu adapté pour une large partie des entrepreneurs africains, en mal de bonne connexion internet. Notons également que les donateurs sont souvent réticents à opérer des dons en ligne en raison des faibles garanties de sécurité de paiement sur leurs réseaux. Enfin, et frein de taille, jusqu’à présent la quasi-totalité des plateformes de crowdfunding se heurtent au problème de la faible bancarisation du continent africain : sans carte bancaire, impossible de contribuer à la plupart des collectes. L’outil se trouve vite limité sur le continent.
Et pourtant, créer un pot commun pour que les proches et les proches de proches contribuent au projet d’une personne ou d’un groupe ne devrait pas poser de problèmes dans nos régions. Finalement, la mutualisation des ressources est aussi anciennement ancrée dans les habitudes que les tontines. Par ailleurs, l’idée de financer les projets « par la foule » grâce à de simples outils comme les plateformes de crowdfunding permettrait aux projets africains d’être financés par des africains, donnant ainsi une autre dimension aux questions de développement.
Les premières plateformes africaines de crowdfunding
Alors, comment adapter ces outils au contexte africain ? Certains s’y sont essayés et des initiatives (essentiellement anglophones) voient peu à peu le jour aux 4 coins du continent :
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Zoomaal (Afrique du Nord) est une plateforme spécialisée pour les projets maghrébins. La plateforme donne la possibilité de réaliser les dons hors ligne (en chèque, liquide ou transfert) pour permettre aux personnes ne disposant pas de carte bancaire d’effectuer des dons.
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Cofundy (Tunisie) dédiée aux projets d’Afrique du Nord et qui oriente sa communication vers les africains de la diaspora, en leur donnant un outil pour soutenir le développement de projets dans leur pays d’origine.
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Smalaandco (Maroc) qui est dédiée aux projets d’intérêt général et d’entrepreneuriat social au Maroc, et qui propose également de régler les dons hors ligne.
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Atadamone (Maroc) qui est plutôt orienté vers les projets qui comportent une forte composante d’innovation.
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JumpStart Africa (Maroc) est une toute jeune plateforme panafricaine et ouverte à tout type de projets innovants et créatifs.
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Fundfind (Afrique du Sud) pour tous les projets sud-africains, sans critère particulier de sélection.
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Startme (Afrique du Sud) pour tout projet entrepreneurial ou créatif.
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ThundaFund (Afrique du Sud) pour les projets sud-africains, dont l’impact social et économique est significatif.
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M-Changa (Kenya) qui est ouverte aux porteurs de toutes les nationalités. Cette plateforme a trouvé un moyen de dépasser la barrière que représente la carte bancaire : les dons peuvent s’y faire par Mobile Money !
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Fadev (première plateforme francophone en Afrique) qui propose de l’equity : les donateurs investissent dans une société qui investit elle-même dans le projet soutenu. Les projets sont préalablement sélectionnés avant d’être soumis au public et les livrables sont plus complexes que dans des plateformes classiques. Les projets sélectionnés doivent participer à un développement du pays et valoriser les savoir faire locaux.
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DevHope (Cameroun) qui est une plateforme ouverte à tous les projets africains d’intérêt général.
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Kapital Plus Plus ( Madagascar) qui est une plateforme ouverte à tous les projets économiques et commercials à Madagascar.