Figure historique de la Révolution Algérienne, Ahmed Ben Bella s’est éteint le mois dernier à l’âge de 96 ans, et n’aura pas pu célébrer le cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays le 5 juillet prochain. Premier président de l’Algérie indépendante, il fut aussi un soutien important aux mouvements révolutionnaires africains et sud-américains, (notamment en accueillant Che Guevara et Nelson Mandela) l’un des acteurs du Tiers-Monde émergent.
Ben Bella est né le 25 décembre 1916 à Maghnia, commune de l’ouest de l’Algérie frontalière avec le Maroc. Arès des études secondaires à Tlemcen, il effectue son service militaire à Marseille, puis est mobilisé en 1943 aux cotés des Alliés en Italie. Il se distingue à la bataille de Monte Cassino, durant laquelle sa conduite héroïque lui vaudra d’être cité quatre fois et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle en personne.
Comme pour bon nombre d'Algériens, l'engagement Ben Bella dans le militantisme actif pour l'indépendance débute en 1945, suites aux massacres commis par les forces coloniales françaises dans l’est de l’Algérie, particulièrement à Sétif. Ben Bella devient très vite responsable local du Parti du peuple algérien (PPA), puis du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), fondés par Messali Hadj. Elu conseiller municipal dans sa commune natale, il doit basculer dans la clandestinité pour faire faces à la répression de la police française. Il met alors son expérience militaire au service de l'organisation spéciale (OS), bras armé du MLTD, dont il devient l’un des leaders. En mai 1950, il est arrêté pour avoir organisé et mené l'attaque de la Grande Poste d'Oran, destinée à fournir l’argent et les armes nécessaires à la lutte. Arrêté et condamné à sept ans de prison, il s'évade deux ans plus tard, et parvient à gagner l’Egypte, où un noyau de dirigeants indépendantistes est installé avec le soutien du président Nasser.
Un des chefs historiques du Front de Libération Nationale (FLN), qui lancera la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie le 1er novembre 1954, Ben Bella est chargé des relations extérieures du FLN. Mais deux ans plus tard, il est arrêté en compagnie de quatre dirigeants indépendantistes lorsque l’avion qui devait les emmener du Maroc à Tunis est détourné dans l'espace international par des avions de chasse français, et contraint de se poser à Alger. La couverture médiatique mondiale de cette arrestation fera de Ben Bella l’un des symboles de la lutte pour l'indépendance du peuple algérien. Emprisonné en France jusqu’en 1962, il continue de suivre la lutte menée par le peuple Algérien et devient un enjeu dans les négociations entre le général de Gaulle le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
Il est libéré suite aux accords d’Evian du 18 mars 1962, et rentre en Algérie en triomphateur. Son passé de militant de la première heure et son emprisonnement ont fait de lui une figure mythique de la lutte pour l’indépendance. Premier président de la République algérienne indépendante, élu le 15 septembre 1963, il met en place les fondements de l’Etat Algérien socialiste de sa politique étrangère volontariste, s’attachant à incarner la lutte anti-impérialiste et le non-alignement du Tiers-Monde émergent.
Nacim Kaid-Slimane
Laisser uncommentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués par *