La Côte d’Ivoire en Afrique et dans le monde

Un pays de 322 000 km² pour une population de 22 millions d’habitants soit une densité de 68 habitants au kilomètre carré. L’économie de la Côte d’Ivoire, avec un PIB par habitant qui s’élève à environ 980 dollars fait partie des économies en voie de développement. L’indice de pauvreté atteint 50 % en 2011. La monnaie du pays est le franc CFA, dont la parité avec l’euro est fixe (1 euro = 655,957 francs CFA). La Côte d’Ivoire est un « petit pays » soumis aux aléas de la conjoncture internationale, à qui les prix de ses produits sont donnés (price taker). Les progrès constatés au cours des quinze premières années de l’indépendance (le miracle ivoirien) ont fait place à une longue période de récession, favorisée par la chute des cours mondiaux des matières premières agricoles (café-cacao) et aggravée par divers facteurs dont la crise politico-militaire déclenchée en 2002 pour prendre fin seulement en avril 2011.

En 2005, le Conseil de Sécurité de l’ONU a interdit l’exportation des diamants ivoiriens, soupçonnés de financer le trafic d’armes qui alimente les guerres civiles dans le pays. Les Etats Unis ont fait autant par la résolution 508 (Foreign Assistance Act). En conséquence, L’économie de la Côte d’Ivoire a progressivement décliné depuis le déclenchement de la rébellion armée en septembre 2002, qui a eu pour conséquence une réduction drastique de la plupart des aides extérieures (sauf l’aide humanitaire), augmentant ainsi la dette domestique et extérieure et entraînant un ralentissement sévère de l’investissement étranger et domestique. Le niveau de vie de la population n’a cessé de se dégrader depuis 2002. Près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté aujourd’hui. De pays à revenu intermédiaire dans les années 70-80 (plus de 1000 dollars par tête), la Côte d'Ivoire est descendue à moins de 1000 dollars par tête aujourd’hui. D’un niveau de développement équivalent à celui de la Corée du Sud dans les années 60, la Cote d’Ivoire demeure un pays sous développé 50 ans après.

Une économie extravertie
L’économie ivoirienne est une économie extravertie qui dépend largement de facteurs exogènes, tels que les conditions climatiques le prix des matières premières sur le marché international et la demande extérieure. Dans le contexte de la crise financière mondiale, En 2009, la valeur des échanges a baissé de près de 10 % par rapport à l’année précédente cette situation s’explique en grande partie par les effets de la crise internationale sur les économies des principaux partenaires commerciaux de la Côte d’Ivoire. Cependant, l’activité économique ivoirienne a relativement bien résisté. Bien que le taux de chômage ait augmenté (près de 16 % en 2009), l’inflation est restée sous contrôle (environ 3 %), même si on assiste présentement à une flambée des prix.

La Côte d’Ivoire est membre de l’Union Economique et monétaire ouest-africaine, dont la monnaie, le franc CFA est arrimé à l’euro. Le but de cet arrimage est d’assurer la stabilité de la monnaie et de profiter de la crédibilité de la Banque centrale européenne, indépendante des pouvoirs politiques. La Côte d’Ivoire, dès le début des années 1960 axe sa politique de développement sur l’expansion des exportations de matières premières et la substitution aux importations reposant sur quelques industries. Les stratégies mises en œuvre sont alors particulièrement adaptées aux contraintes extérieures et à l’environnement général. Une forte croissance est enregistrée et les changements structurels s’opèrent sans véritables déséquilibres internes ou externes. Le taux de croissance moyen reste élevé (plus de 8 %) pendant les quinze premières années de l’indépendance du pays (1960-1975). C’est le Miracle Ivoirien.
Des problèmes de corruption liés à l’exécution de projets financés par l’Union Européenne ainsi que les arriérés de paiement des dettes contractées auprès des institutions internationales, conduisent, en 1998, celles-ci à rompre leur partenariat avec la Côte d’Ivoire. L’impact négatif de cette situation sur l’économie est aggravé par le coup de force militaire de décembre 1999 et l’instabilité politique qui en résulte. Le pays sombre dans une nouvelle dépression et le taux de croissance en 2000 est négatif : – 2,3 %. La crise politico-militaire qui éclate en 2002 aggrave encore la situation et plonge le pays dans une « décennie perdue » Le miracle pas soutenu par un développent technologique conséquent s’est mué en mirage.

Un pays pauvre et inégalitaire
L’indice de pauvreté en Côte d’Ivoire (proportions de personnes en dessous du seuil de développement humain admis) atteint 40,3 % en 2004, mettant le pays au 92e rang de 108 pays en développement. La Côte d’Ivoire reste donc pays à économie sous-développée. La pauvreté s’est fortement aggravée durant la période précédant la crise. L’indice de pauvreté est ainsi passé de 32,3 % en 1993 à 36,8 % en 1995. En 2003, il s’est situé entre 42 % et 44,2 % pour se situer aujourd’hui à près de 50%. Les premiers chiffres connus de la Cote d’Ivoire en termes d’Indice de Développement Humain datent de 1975 avec un IDH d’environ 0,42. Il a progressé en moyenne jusqu’en 1985 pour se retrouver à un niveau de 0,452. Depuis lors, il est en perpétuelle baisse avec un niveau de 0,393 en 1987. Il est à 0,400 en 2011 pour être 170ieme sur 187 pays, donc mal classée avec une espérance de vie moyenne à la naissance de 54,4 ans et une durée moyenne de scolarisation de 3,3 ans.

La décennie perdue pour la Côte d’Ivoire du fait de la grave crise socio-économique qu’elle a connue, l’a fait reculer de plusieurs positions au niveau de nombreux indicateurs du développement. Les statistiques de cette période révèlent, entre autres maux : En matière de sante, 12% des pauvres n’ont pas accès à un centre de sante et 26% des pauvres n’ont pas accès à un hôpital général ; en ce qui concerne l’éducation, 46% des pauvres n’ont pas accès aux universités et grandes écoles, 34% à l’école maternelle et 26% à l’école secondaire ; les chômeurs sont majoritairement jeunes car les 2/3 d’entre eux ont moins de 30 ans. Ces chiffres sont plus alarmants en termes de taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, d’accès à une source d’eau potable, etc. Les inégalités restent très marquées, et se sont accentuées en 2002. Les 10 % des plus riches cumulaient 36 % du revenu national contre 20 % pour les 50 % les plus pauvres.
La Côte d’Ivoire reste donc, l’un des pays les plus pauvres de la planète et également une contrée fragile au plan social. Malgré la fin progressive de la crise, les problèmes et conséquences liés à l’inégalité restent encore visibles. Le taux de couverture en eau potable sur Abidjan est de 82 % et de 75 % sur l’ensemble du territoire national. Le reste de la population consomme l’eau de puits privés, celle distribuée par des vendeurs d’eau informels, ou encore celle des rivières ou autres sources d’eau non hygiéniques.

Et pourtant, une économie qui compte
La Côte d’Ivoire reste toutefois un poids économique important pour la sous-région ouest-africaine : elle représente 39 % de la masse monétaire ouest-africaine (UEMOA). Le pays est la 2ème grande économie de la CEDEAO après le Nigéria. Depuis l’instauration du commerce triangulaire lors des premiers contacts avec les explorateurs, l’économie est dominée par l’exportation de produits dits de rente, en particulier le café et le cacao, pour lesquels la Côte d’Ivoire occupe de bons rangs sur le plan mondial : Premier pour le cacao et troisième pour le café. L’économie de la Côte d’Ivoire est principalement fondée sur l’agriculture. Le secteur contribue à près 30 % du PIB et emploie les deux tiers de la population active du pays. La Côte d’Ivoire est le plus grand producteur de cacao et aussi le plus grand exportateur de graines de cacao, et l’un des plus grands exportateurs de café et d’huile de palme du monde. La production ivoirienne de caoutchouc a augmenté de manière substantielle ces dernières années.

Si l’économie ivoirienne repose à titre principal sur le secteur agricole que favorise un climat chaud et humide, l’apport de l’industrie au PIB n’est pas négligeable et est évalué à 20 % et celui du secteur tertiaire à 50 %. La Côte d’Ivoire possède de beaucoup de potentialités minières non négligeables. En effet, la Côte d’Ivoire est un pays producteur de pétrole et de gaz. Le secteur pétrolier commence à prendre une place importante dans l’économie du pays, avec un taux de croissance de 1,2 % depuis l’année 2008. Certaines activités d’extraction ont lieu dans le pays, notamment l’or, le diamant et le nickel. Elle produit en outre de l’électricité, dont une partie est revendue aux pays voisins. La Côte d’Ivoire est le centre des activités économiques et commerciales en Afrique de l’ouest. La part du commerce extérieur dans le PIB du pays est de 90 %. La Cote d’Ivoire est membre de l’UEMOA qui impose un Tarif Extérieur Commun (TEC en décembre 2008). La Côte d’Ivoire appartient également à la zone franç. La Côte d’Ivoire a également signé un Accord de Partenariat Economique d’étape (APE) avec l’union Européenne en novembre 2008. Cet accord vise essentiellement à préserver le système de préférences. La Côte d’Ivoire est membre des institutions de Breton Woods, membre et siège de la BAD et de beaucoup d’autres institutions du Monde et de l’Afrique. Elle a ratifié plusieurs conventions chartes et traités internationaux.

Au plan commercial, les trois principaux clients du pays sont l’Allemagne, le Nigéria et les Pays-Bas. Elle exporte principalement du cacao (40 %) des revenus d’exportations. Les trois principaux fournisseurs de la Côte d’Ivoire sont le Nigéria, la France et la Chine. Les articles importés sont les carburants minéraux, les véhicules, les bateaux, les machines et les céréales
Ainsi, la France n’est plus que le deuxième fournisseur de la Côte d’Ivoire, derrière le Nigéria (respectivement 20 % et 26 % des importations ivoiriennes), La Côte d’Ivoire commerce avec tous les pays du monde et accueille en son sein une large mosaïque de cultures et de nationalités. Mais elle offre surtout aux investisseurs l’avantage d’être un pôle économique qui ouvre sur tous les marchés de la sous-région. Ceci lui a permis de conforter son 4e rang au sein des pays africains au sud du Sahara, derrière l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria en termes de flux entrants d’IDE et son 78e rang des pays d’accueil des stocks d’IDE dans le monde. Le pays jusqu’en 2002 ne faisait pas partie des Etats africains les plus affectés par le recul global des investissements directs étrangers, selon la CNUCED. Depuis 2002 cependant, la courbe d’investissement a fléchi. L’investissement privé a stagné en 2004 par rapport à 2003, et s’est contracté en 2005. Bien que l’économie du pays repose encore en grande partie sur les investissements français, ceux-ci sont cependant, d’un niveau relativement moyen : 3,5 milliards d’euros. Ils ont en fait beaucoup diminué depuis que Sucden (sucres et denrées) a été supplanté par l’américain Philbro dans le contrôle des matières premières de Côte d’Ivoire. Le nombre de Français est ainsi passé de 50 000 à 16 000 des années 1980 aux débuts des années 2000.

Fort des signes de vitalité et d’opportunités de diversification à la faveur de la relance économique actuelle, le pays cherche à séduire les investisseurs, en améliorant l’environnement des affaires notamment le code des investissements. L’objectif affiché étant d’attirer le plus d’investissements internationaux possibles, la Côte d’Ivoire procède non seulement, à un renforcement du partenariat public-privé, mais aussi à diversifier les partenaires, tout en continuant à s’appuyer sur son partenaire traditionnel, la France. Dans un contexte de reconstruction, les besoins s’avèrent énormes, les autorités ivoiriennes se veulent accueillantes et les structures d’accueil telles que le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), la chambre du commerce et de l’industrie (CCI-CI) et la Chambre du Commerce et d’Industrie Française en Côte d’Ivoire (CCIFCI) font montre de dynamisme à cet égard. La diaspora gagne en importance, surtout depuis la crise et joue un rôle de plus en plus essentiel dans l’économie du pays. Elle est estimée à environ 1 500 000 personnes dont 127 000 dans la seule Île de France auxquels s’ajoutent ceux des autres villes françaises, des autres pays d’Europe (Belgique, Suisse, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie…) et de ceux d’Amérique du Nord.

Elle constitue un véritable soutien pour les familles restées au pays, mais aussi pour l’ensemble de l’activité économique. Dans certains secteurs, elle constitue un pourcentage non négligeable de la clientèle des entreprises. C’est le cas plus particulièrement du marché de l’immobilier pour lequel la diaspora ivoirienne représente entre 25 et 40 % des acheteurs. La Côte d’Ivoire, un pays économiquement dynamique et envié, cependant socialement mal classé. Au total, la Côte d’Ivoire est un petit pays pauvre, mais qui compte au plan économique aussi bien dans le monde qu’en Afrique. Si la Côte d’Ivoire économique promet, la Côte d’Ivoire sociale reste à construire.

 

Pierre Roche Seka, article initialement paru chez notre partenaire La Diplomatique d'Abidjan