L'Afrique des idées revient sur une expérience culturelle qui s'est déroulée dans la Région des Grands Lacs en décembre 2013. Article relayé du site Ishyo Arts Centre, partenaire de L'Afrique des idées.
Après quatre jours de vie de troubadour, de littérature et de rires la première Caravane du Livre de la sous-région touche à sa fin. Quatre jours durant lesquels la Caravane, composée des auteurs Dominique Mwankumi (RDC), Alain Amrah Horutanga (Burundi/RDC) et Dorcy Rugamba (Rwanda), mais aussi du centre culturel Ishyo et de la librairie Ikirezi, a fait le tour des jeunes et moins jeunes rwandais dans le but de promouvoir la lecture et la littérature.
L’épopée a commencé à Bujumbura, encadrée par la plateforme littéraire Sembura et la librairie Savoir Plus Faire Plus. Après dix jours au Burundi, les auteurs sont arrivés le 5 décembre dernier, après un (très) long voyage au Rwanda. Grande première de l’histoire des Caravanes du Livre, car elle fut la première à traverser deux pays!
Malgré quelques imprévus à la douane, une crevaison et un auteur improvisé garagiste, la caravane est arrivée à Butare en fin de soirée. Là, le cercle de jeunes poètes et comédiens local attendait patiemment, au fil de chants et de danse que la soirée brodée autour du thème de la filiation ne commence. Un thème hommage à l’auteur rwandais de la caravane : Dorcy Rugamba, fils de Cyprien Rugamba, poète et chanteur traditionnel originaire de Butare.
Les jeunes avaient préparé des représentations de textes de Dorcy Rugamba et d’Alain Horutanga, slammeur, bloggeur et poète congo-burundais.
Suite à cet échange, chacun s’en alla de son côté, priant secrètement que le reste du séjour se déroulât avec moins d’encombres!
Au fil des jours, les auteurs sont partis à la rencontre de jeunes, notamment avec des visites dans les écoles Green Hills et le Lycée Français Antoine de St Exupéry, et au Centre des Jeunes de Muhanga.
Lors de ces rencontres, les plus âgés se réunissaient autour d’Alain Horutanga et de Dorcy Rugamba, et leurs échanges s’articulaient autour d’une première partie pendant laquelle les élèves jouaient ou déclamaient les textes de ces auteurs. S’ensuivait après une discussion sur les messages proposés par les auteurs et les problématiques soulevées.
Chez les plus jeunes, Dominique Mwankumi, auteur et illustrateur de livres pour enfants racontait et illustrait “en direct” une histoire aux élèves. Ceux-ci étaient ensuite invités à produire à leur tour le dessin d’un passage clé de l’histoire qu’ils venaient d’entendre.
À Muhanga, la rencontre fut un peu particulière. Nous eûmes tout d’abord de la concurrence : un énorme stand de publicité pour Airtel aux hauts-parleurs tonitruants.
S’ajouta à cela une participation largement minoritaire de francophones. Les enfants présents ne parlaient pour la plupart que le kinyarwanda, une membre d’Ishyo fit donc office de traductrice pour l’occasion. L’événement fut ceci dit un succès, en ce qu’il ameuta une foule d’enfants tous très attentifs aux récits de Dominique Mwankumi et qui se prirent au jeu lorsqu’il s’agit de dessiner à leur tour.
Mais la caravane ne cherchait pas à atteindre uniquement les plus petits, des ateliers professionnels avec les auteurs furent organisés pour les jeunes écrivains, comédiens et peintres en herbe.
Ishyo et la librairie Ikirezi organisèrent également un café littéraire qui, malgré la petite participation et la timidité du public, ne manqua pas de plaire à plus d’un et cela grâce aux mises en scènes, pleines d’entrain, des textes des trois auteurs par de jeunes comédiens et chanteurs renommés.
Le bilan de cette première caravane dans la région est encourageant. Malgré quelques soucis organisationnels, un partenariat réduit, une participation quelque peu timide au café littéraire, ainsi que de faibles ventes de livres lors de la tournée de la caravane, force est d’admettre que le public a été globalement réceptif aux activités qui leur étaient proposées. Et c’est là tout l’enjeu de la Caravane du Livre : attiser la curiosité, intéresser, ouvrir la voie à la littérature. Nous avons bon espoir que les (bonnes) habitudes s’apprennent avec le temps, que le livre deviendra aussi accessible que la radio, que la promotion de la lecture prendra toute son importance dans les écoles, les centres de jeunes, chez les parents… La route est longue pour ce qui en est de la promotion de la lecture chez nous, mais nous la ferons ensemble jusqu’à sa répansion!
Marie Ingabire Royer
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