La prostitution ou le plus vieux métier du monde peut être définie comme un fléau social qui gangrène nos sociétés africaines. Ce terme vient du latin «prostitution » et désigne une activité consistant à échanger des relations sexuelles contre une rémunération. Les Programmes d’ajustement structurel (PAS) des années 1990 et les effets pervers de la globalisation ont causé la paupérisation et la désintégration du tissu social et familial qui ont permis le développement de la prostitution. La prostitution est de nos jours une véritable industrie qui fait vivre des milliers de personnes en Afrique de l’ouest. Les jeunes filles de tout âge, neuf ans parfois1 s’adonnent à la prostitution volontairement ou de force, dans la quête de leur pitance quotidienne sous le regard passif de la société, qui ne fait que creuser les inégalités sociales. En témoignent la crise économique de 2008 qui a été suivie par de nombreuses vagues de protestations appelées « émeutes de la faim » en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Sénégal, Mali, Togo, etc.) où les pauvres demandaient des comptes aux plus riches.
La prostitution n’est pas légale dans la plupart des états de l’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal a légalisé la prostitution en 1969. Au Mali, la prostitution n’est pas interdite. La constitution malienne stipule que : La personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à l’intégrité physique de sa personne, par contre le fait de pousser une personne à se prostituer, ou par exemple de recevoir l’argent de la prostituée, est sanctionné par la loi2.
Au Ghana, Burkina-Faso, Togo, Guinée-Conakry, Nigéria, la prostitution n’est pas reconnue comme une activité légale.
Les textes en la matière en Afrique de l’Ouest interdisent le racolage et l’exploitation sexuelle. Le racolage est une forme de prostitution qui consiste à arpenter les artères des grandes villes a la recherche d’un partenaire sexuel.
Les filles mineures sont intégrées dans le cercle vicieux de la prostitution. Utilisées comme « des bêtes sexuelles » par des réseaux mafieux et criminels afin d’assouvir les appétits sexuels démesurés de leurs clients. Elles sont de plus en plus nombreuses en Afrique de l’Ouest, ces jeunes adolescentes qui se prostituent. Selon les services officiels du Togo, 27 000 prostituées travaillent dans le grand Lomé ; 31% d’entre elles ont moins de 18 ans. Au Ghana selon le Service de santé du Ghana (GHS, 2012), 750 000 adolescentes âgées de 15 à 19 ans tombent enceintes chaque année et 15,5% ont eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans.
Une étude menée par l’Alliance pour les droits de la santé reproductive (ARHR) a révélé que, l’âge du premier rapport sexuel dans certains districts du Ghana est aussi bas que huit (8) ans.
Les adolescentes sont victimes d’esclavage sexuel orchestré par les gourous du proxénétisme. L’Afrique de l’Ouest est aussi en proie au tourisme sexuel et selon Raoul Mbog, journaliste à Slate Afrique cela est du à La faiblesse d’une réglementation dissuasive et une population libérée du poids des traditions qui font de l'Afrique un nouveau repaire pour touristes sexuels. Des pays comme la Gambie, le Sénégal, Mali, Burkina-Faso y sont confrontés.
A ce type de prostitution comme crime organisé, s’ajoute les réseaux de prostitutions africains en Europe qui ont aussi des antennes de recrutement des futures esclaves sexuels en Afrique de l’ouest.
La Suisse est considérée comme L'eldorado européen de la prostitution africaine. Selon l'inspecteur Sylvain Lienhard de la brigade des mœurs de Lausanne, le Cameroun et le Nigeria sont les deux pays les plus représentés dans le milieu de la prostitution africaine en Suisse. Les prostitués nigérianes et ghanéennes rivalisent d’ardeur. Celles des nigérianes sous l’influence des mamas (terme nigérian utilisé pour désigner les marraines du proxénétisme) arpentent les rues des capitales européennes (Rome, Genève, Londres, etc.).
Le choix de notre sujet s’inscrit dans un contexte de dénaturation et d’exploitation croissante de la personne humaine. Nos objectifs peuvent se résumer a la volonté d’aboutir a une lutte nationale et sous régionale en Afrique de l’Ouest contre la prostitution et surtout celle des mineurs par les réseaux mafieux et le proxénétisme africain en Europe et en Afrique, par l’élaboration régionale des politiques et textes juridiques communs en la matière mais une coopération régional beaucoup plus accrue entre les services de sécurité.
Octave Bayili
(1) Imoro T. Ayibani, Isidore Kpotufe, Prostitution des mineurs en Afrique de l’Ouest : des enfants de 9 ans dans la pratique publiée le mardi 24 juin 2014 | Sidwaya
(2) Bassala Touré, Source : La Nouvelle Patrie du 24 déc. 2014 – Plus de données : http://maliactu.net/mali-la-prostitution-feminine-un-phenomene-qui-prend-de-lampleur/#sthash.8htGCErl.dpuf.
(3) Photo à la une Matthias Kihr
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