Une nouvelle politique du secteur de l’énergie pour l’Afrique

Avec un taux d’électrification de seulement 26%, le plus bas de toutes les régions du monde, l’Afrique pâtit d’un accès inadéquat aux services énergétiques. Pour la Banque Africaine de Développement (BAD), cette situation constitue un des principaux obstacles aux efforts de réduction de la pauvreté sur le continent.

Pour ce qui est de l’accessibilité aux services énergétiques, la BAD a identifié le coût des services et le revenu des ménages comme les deux facteurs déterminants. Concernant le premier facteur, il faut retenir qu’avec un Kwh estimé à 0,18 dollars, l’énergie en Afrique coûte deux à trois fois plus cher que la moyenne mondiale. Quant au revenu des populations, il reste en général faible et pour l’essentiel destiné à l’alimentation. Ces difficultés d’accès à l’électricité concerne aussi bien les villes où seule la moitié de la population a accès à l’électricité que le monde rural où ce ratio tombe à 8 %. De plus en plus, la récurrence des coupures irrite les populations. Il n’est donc pas rare que des émeutes surviennent dans certains pays particulièrement affectés ; les dernières en date ont eu lieu au Sénégal avec les violentes émeutes du 27 juin 2011.

Le problème énergétique en Afrique n’affecte pas seulement la vie domestique des populations : le manque d’accès à l’énergie pour un usage agricole, industriel ou commercial constitue également un frein majeur à la croissance économique et à la compétitivité de la région. Dans un rapport de 2009, la Banque Mondiale a estimé qu’avec plus de 30 pays qui connaissent des pannes d’électricité récurrentes, les coûts d’opportunité atteignent 2% de PIB. Quand on sait que ces chiffres ne tiennent compte que de l’économie formelle, on imagine un impact plus fort dans l’économie informelle avec par exemple les gérants de cyber-café et autres tailleurs dont l’activité cesse automatiquement à la moindre coupure d’électricité.

Si les tendances actuelles demeuraient inchangées, seule la moitié des pays africains réaliserait l’accès universel à l’électricité d’ici à 2050. Pour résoudre véritablement le problème, il faudra effectuer des investissements considérables. La BAD a travaillé sur un scenario d’accès universel à l’énergie électrique dans l’ensemble du continent à l’horizon 2030. La totalité des moyens nécessaires à la réalisation d’un tel scenario est estimé à 547 milliards de dollars, soit des besoins d’investissement annuel moyen de l’ordre de 23,8 milliards de dollars. Les besoins sont immenses et les risques de ces investissements considérables aussi bien pour les opérateurs privés que pour les Etats. 

La Banque Africaine de Développement vient donc de proposer une nouvelle Politique du Secteur de l’Energie dont le principal objectif est d’ « appuyer les pays africains dans leurs efforts visant à fournir à l’ensemble de leurs populations et aux secteurs productifs, l’accès à des infrastructures et à des services énergétiques modernes, fiables et à un coût abordable ». A cet effet, ont été définis 10 principes directeurs parmi lesquels une approche axée sur les pauvres, le renforcement de la gouvernance nationale, l’accroissement des flux financiers ou encore la responsabilité sociale et environnementale.

Il faut espérer que cette vision de la BAD soit partagée et surtout mise en œuvre par les Etats pour lesquels la question énergétique ne constitue pas seulement un problème économique mais aussi un enjeu de stabilité sociale et politique. Voici le lien vers l’intégralité du document de la Banque Africaine de Développement sur la nouvelle Politique du Secteur de l’Energie : http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Policy-Documents/Politique%20de%20l%27energie%20-pour%20consultation-30-06.pdf

Nicolas Simel