AFRIQUE: Attraction des Investissements Directs Etrangers

une_ideLa destination de choix pour les investissements directs étrangers (IDE) ; ainsi a été nommée l’Afrique dans le rapport sur l’investissement dans le monde de l’année 2013. En effet à l’inverse de toutes les autres régions du monde, les flux d’IDE vers l’Afrique sont en nette augmentation depuis 2011 avec une hausse de 5% pour atteindre en 2012 un montant de 50 milliards de dollars[1]. Cependant ces 50 milliards de dollars représentent seulement 3,7% des flux mondiaux d’IDE, ce qui classe très mal l’Afrique  parmi les régions récepteurs d’IDE dans le monde. Il semble donc que le continent africain n’utilise pas efficacement son potentiel et a du mal à mettre en œuvre les bonnes politiques et stratégies pour davantage d’IDE.

Les flux moyens d’IDE entrants sur le continent africain ont connu des hauts et des bas. La réception des IDE par le continent africain a commencé dans les années 70 avec une moyenne de 24.4 millions US$ dollar sur la période 1970-74, atteignant une moyenne de 55.4 millions US$ dollar sur la période 1985-89 et finissant par atteindre le milliard de dollar sur la période 2005-09. Ces dernières années, l’augmentation du cours des matières premières et la relative stabilité politique dans certains pays africains ont boosté les investissements sur le continent plus précisément dans les pays comme : l’Afrique du Sud, l’Angola, le Mozambique, l’Ouganda, la République Démocratique du Congo et la Guinée Equatoriale. Malgré cette avancée les flux d’IDE accueillis par l’Afrique sont minimes comparativement à ceux des autres régions du monde.

graph1_ideComme le montre le graphique ci-contre, les pays développés, l’Asie, l’Amérique Latine et les Caraïbes surpassent largement l’Afrique en ce qui concerne l’attraction des IDE. En plus, force est de constater que la majeure partie des investissements étrangers reçue par le continent africain est répertoriée dans le domaine des industries extractives. En effet, la richesse en ressources naturelles du continent constitue le premier moyen d’attraction d’IDE en Afrique. Comme Morisset (2000), Asiedu (2002, 2004), et Anyanwu (2012), beaucoup d’autres auteurs ont discuté de l’attraction d’IDE sur le continent africain et sont arrivés à la conclusion suivante: les ressources naturelles et le marché de consommation que représente l’Afrique sont les principaux avantages du continent qui attire les IDE. Pire, les pays africains sont très mal placés dans le classement des pays du monde par rapport à la facilité de faire des affaires. Le premier pays africain du classement est l’Afrique du Sud qui est située à la 39ème place suivie de la Tunisie à la 50ème et du Rwanda à la 52ème tandis que la majorité des pays africains se retrouvent au bas du classement.

Classement moyen des indicateurs doing business [Source: Doing business 2013 (Banque Mondiale, IFC)]

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Les IDE sont d’une importance cruciale pour l’économie des pays et plus précisément pour ceux en voie de développement. Ils sont appréciés à cause de leurs caractères durables et leurs effets d’entrainements sur la croissance relativement plus important que tout autre type d’investissement[2]. Etant considérés comme un vecteur essentiel au processus de développement économique, les IDE gratifient l’économie bénéficiaire de plusieurs effets positifs comme : l’augmentation du niveau de stock de capital privé, la stimulation de la compétitivité sur le marché local, la création d’emplois, et l’accroissement du niveau de stock de connaissances par la fourniture de nouveaux équipements et le transfert de savoir faire pour n’en citer que ceux là.

En se basant sur les explications données plus haut on peut déjà affirmer que l’Afrique n’a pas seulement un problème d’attraction des IDE mais de diversification. L’attraction et la diversification des IDE reposent sur trois axes principaux: un niveau minimum d’éducation et un capital humain important, une stabilité politique et économique, et enfin l’amélioration de l’environnement des affaires.

Ø  Un niveau élevé de l’éducation et du capital humain:

Ce critère est considéré par les économistes comme étant une condition sinequanone à la création de la richesse ce qui est l’un des buts fondamentaux de tout investissement. Avec un taux d’alphabétisation des adultes inferieurs à 50% dans beaucoup de pays africains, les gouvernements peinent toujours à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour rehausser le niveau de l’éducation. En effet comme l’explique le rapport de l’UNESCO sur l’alphabétisation et l’éducation non-formelle au Sénégal, dans la plupart des pays africains seulement 1% du budget de l’éducation nationale est consacré à l’alphabétisation. Le continent doit y remédier en accordant plus d’importance au problème à travers l’augmentation de sa part dans le budget. Il devrait aussi lancer en partenariat avec les organisations internationales des projets et initiatives en faveur de l’alphabétisation.

Sachant que le capital humain d’un individu est évalué grâce à ses compétences, expériences et savoirs faires il est plus qu’important que l’Afrique stimule sa croissance endogène pour réduire le chômage qui frôle des niveaux très élevés sur le continent.

Ø  Une stabilité politique et économique :

L’instabilité politique est l’une des raisons principales qui entraine la fuite des capitaux étrangers. Aucun investisseur ne mettrait son argent dans un environnement où sévit des guerres civiles, des grèves intempestives des travailleurs ou des manifestations politiques incessantes. Sur le plan économique, une stabilité des agrégats importants comme l’inflation et le taux de change, et une croissance économique avec un niveau acceptable du PIB (Produit Intérieur Brut) sont cruciaux dans l’attraction des IDE. Ceci sous-entend que les différents pays africains doivent avoir un niveau de développement économique minimum avec les infrastructures nécessaires et aussi limiter les crises politiques pour attirer les investisseurs étrangers.

Ø  Une amélioration de l’environnement des affaires :

Morisset (2000) un pionnier de l’analyse des déterminants des IDE en Afrique a affirmé grâce à ses études que le continent africain est capable d’attirer des IDE non seulement en se basant sur ses ressources naturelles et son marché local mais aussi en améliorant l’environnement des affaires. Cette affirmation est largement partagée par la majorité des économistes et des experts dans le domaine. L’amélioration de cet environnement passe par la mise en place de bonnes politiques et de réformes allant dans le sens de l’investissement. Voici quelques politiques et reformes à succès dont l’Afrique doit s’inspirer pour attirer plus d’IDE :

          ·            Ouvrir l’économie sur l’international grâce à la libéralisation du commerce, la promotion de l’export, et le lancement d’un programme de privatisation à l’égard des investisseurs étrangers.

          ·            Alléger les procédures de création d’entreprise, d’obtention de permis de travail, et de prêts bancaires.

        ·            Renforcer et moderniser les institutions juridiques plus précisément le code de l’investissement avec le vote de nouvelles lois en vue de protéger les investisseurs, régler les problèmes d’insolvabilité, et d’exécution des contrats.

          ·            Adopter et appliquer les nouvelles réglementations internationales qui régissent les IDE.

          ·            Utiliser les figures importantes du pays y compris le président pour promouvoir l’investissement.

Après toutes les considérations et les analyses faites on peut espérer voir l’Afrique attirer plus d’IDE que l’Amérique latine et les Caraïbes voire l’Asie. Grâce aux recommandations données en s’inspirant des pays qui ont brillamment attiré des IDE tout en partant de rien comme l’Ireland, le Singapour et Hong Kong, l’Afrique peut elle aussi augmenter ses IDE en améliorant son niveau d’éducation et de capital humain, son environnement des affaires et aussi en assurant une stabilité politique et économique.

 

Daniel Sessi

 

 

 


[1]  Rapport sur l’investissement dans le monde (2013)

 

 

[2]  Evolution des investissements directs étrangers dans les pays de l’UEMOA au cours de la période 2000-2011