Le monde brûle ! La terre s’inonde ! Les catastrophes naturelles s’enchaînent d’une région à une autre. Et l’Afrique n’est pas du reste. Le berceau de l’humanité, est secoué dans sa plus forte colonne vertébrale par les changements climatiques. Plus grave, les populations locales croupissent encore sous le poids des difficultés d’adaptation aux changements climatiques. Leur résilience est encore fragile ! Cette Afrique victime des effets néfastes des changements climatiques ne manque pas d’irriter certains de ses enfants. Une saine colère pour dénoncer les nombreux échecs des négociations autour des accords de préservation de la nature notamment ceux liés au cadrage et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Contraints à la concession, parfois même au silence, les négociateurs africains, du moins les gouvernements du continent, connaissent les difficultés les plus monstrueuses pour faire entendre leurs positions lors des grandes négociations sur le climat. Des positions qu’ils ont même du mal à concilier pour une voix africaine commune. Sans doute parce que les intérêts ne sont pas les mêmes.
La demande énergétique de l’Afrique du Sud, ou encore l’exploitation pétrolière du Nigéria, de l’uranium du Niger, du gaz algérien ne sont sans doute pas de bons signes pour avoir une Afrique gouvernementale entièrement acquise au contrôle du réchauffement climatique. La nécessité pour le continent est de disposer des ressources pour enfin, amorcer son développement. Dans cette situation invraisemblable, il y a quand même des voix indépendantes qui croient à une prise de conscience collective et un engagement commun de tous les pays du monde autour des changements climatiques.
Conduire le monde à un engagement citoyen sur les changements climatiques, ce n’est pas une affaire d’aventuriers. Au-delà de la volonté, il faut de l’audace. Et en prime une stratégie d’actions bien ficelée pour des résultats probants. Cette stratégie, la société civile africaine y pense. Elle la détient presque. Et encore quelques mois pour qu’elle la déroule. Une stratégie qu’elle a décidée d’adopter sur la mémorable île de Gorée au Sénégal. Cette détermination, que l’Afrique doit à l’Alliance Panafricaine de la Justice Climatique (PACJA), est un symbole de la lutte contre ce qu’on appelle désormais « l’esclavage climatique ».
L’appel de Gorée, a tout d’une intensification des interventions alternatives loin des négociations habituelles afin d’accroître la pression sur les gouvernements. Dans l’espoir qu’il aboutira à un triomphe de la justice climatique, l’appel de Gorée a tout l’air d’unifier l’Afrique autour de la fin des mésaventures climatiques. Est-il l’instrument attendu pour la fin des errements autour de la gestion des changements climatiques dans le monde ? La maturité de ces initiateurs a bien voulu qu’on attende l’après 2015 pour s’en convaincre. Comme à tout hasard, pour ceux qui connaissent une partie de l’histoire de la traite négrière, c’est en France, lors que la Conférence des Parties (CoP 21) sur le climat que l’appel de Gorée devrait boucler le premier round de sa mission. Celle de décrocher un partenariat mondial autour des changements climatiques et du développement durable.
Mais en attendant, l’appel de Gorée se veut être le symbole du renouveau de la justice climatique…
De-Rocher Chembessi