Pourquoi nous gouverner par des « cadavres » ?

bouteflikaAu plus de fort son règne, l’ancien président béninois Mathieu Kérékou disait à ses concitoyens que le « Bénin étonnera le monde ». Une prophétie restée encore indélébile dans la mémoire collective de millions de béninois. Mais le vieux « caméléon », comme on l’aime si bien l’appeler au Bénin, ignorait encore tout de la portée de son assertion.  L’étonnement du monde n’est plus l’apanage des Béninois. Certes, le Bénin de ces dix dernières années se mue en une chimère étonnante pour le monde mais d’autres réalités du continent positionnent l’Afrique au cœur d’un océan d’indignation.

Connaissiez-vous la gouvernance par procuration ? Connaissiez-vous la gouvernance par délégation de pouvoir ? Sans aucunement injurier l’intelligence des millions d’africains, je pense que c’est bien maintenant que ces « maux » s’installent dans le dictionnaire de la politique sur le continent. Du moins, c’est le moment plus que jamais qu’ils deviennent la règle établie sur le continent.

Un simple regard sur la fantomatique élection présidentielle en Algérie est largement suffisant pour détecter le mal du mépris de millions d’africains. L’Afrique est-elle devenue le continent où seuls des « cadavres » ont la sagesse de gouverner ?

Dans cette partie du globe, les plus forts et intelligents sont les plus vieux. Ici ou là-bas (cela dépend bien de votre position sur la planète), le pouvoir n’aime pas les jeunes. Que dis-je, les jeunes n’ont pas le pouvoir. Tout se lie et se délie par un conglomérat de maladifs qui surfent sur une confiscation du fauteuil présidentiel pour gouverner.

Une situation bien rocambolesque que ni les urnes, les protestations, les révolutions, la rébellion ou la lutte armée dans le pire des cas n’ont vaincue. Chez nous, les « cadavres » ont encore la côte. Ils sont encore et pour longtemps encore les maîtres à penser d’un continent longtemps en quête d’un nouveau souffle. En tout cas, c’est ce que dit l’oracle.

Peu importe combien coûtent au budget national leurs soins de santé pour les tenir encore loin des cercueils, sans eux, pas de présidents, pas de démocratie. Même l’abracadabra du plus illustre des magiciens du monde ne leur fera trembler.

Et le cauchemar continue de plus beau. Abdelaziz Bouteflika, symbole mémorable de cette Afrique spoliée par quelques « véreux » peut tout de même se frotter les mains. Lui, élu président, malade depuis un fauteuil roulant n’a rien à envier à certains dinosaures accrochés au pouvoir depuis des lustres, vieillissants pour certains et mourants pour d’autres.  Inutile de faire la liste de ces présidents pépés qui font de l’Afrique un « géant jardin » d’enfants.

On ne se lassera au jamais de chanter le requiem d’une pratique avilissante pour un continent d’espoir. De mon intime conviction, l’indignation appelle à l’action. Et l’action appelle à la jeunesse. Mais hélas ! Que peut une jeunesse en manque de repère soumis aux désidératas d’un « cadavre » de président dans une Afrique gouvernée par quelques sbires du chef par procuration.

De-Rocher Chembessi

Sommet Union Européenne-Afrique: L’Afrique renonce-t-elle à la mendicité ?

ue-afriqueA Bruxelles, ils étaient comme des rois. Ils y étaient au nom de l’Afrique, de sa souveraineté économique et politique. La quarantaine de chefs d’Etats et de gouvernements africains ayant répondu présents au sommet Union Européenne-Afrique avaient un mot d’ordre dont la force symbolise le courage d’une Afrique unie.

Plus d’un leader de cette horde présidentielle aura chanté sur nombre de médias que l’Afrique présente en Bruxelles était celle de la renaissance. Pas une Afrique de la mendicité.

Quoi de plus beau d’entendre avec virilité des chefs d’Etats annoncer qu’ils participent à un sommet pour discuter d’égal à égal avec une puissance occidentale. Une puissance occidentale dont la plupart des composantes furent les bourreaux coloniaux de l’Afrique.

A ses mots de la clique des pseudos démocrates et autres dictateurs éclairés du continent, le crime de l’africain lambda serait de marquer une indifférence. La fierté d’une Afrique désormais hostile à la mendicité économique ne pourrait être que le quotidien de tous sur le continent.

Mais hélas ! La prophétie de la fin de la mendicité africaine n’aura duré que le temps de quelques déclarations tonitruantes. Certes, elle peut bien être économique, même si les signaux d’une Afrique économiquement libérée du biberon occidental sont bien loin d’être visibles mais elle a encore tout d’une utopie sur le plan de la gouvernance démocratique et la résolution des nombreuses crises qui alarment le continent.

Et l’un d’entre ces dirigeants africains de la messe bruxelloise l’aura bien martelé. Les échanges avec « les partenaires » de l’Europe, bien qu’ils soient déteints de « toute mendicité » étaient destinés à explorer avec ces derniers de nouvelles pistes pour « nous développer »… Toujours est-il qu’il a eu le mérite de préciser que ces échanges devraient permettre à l’Union Européenne de résister à la crise.

Une Afrique au secours de l’Europe, trop juste pour être vrai. Trop juste pour sonner le glas de la légendaire mendicité « reconnue » au continent. Certes l’Afrique fait l’objet d’une grande convoitise internationale pour ses richesses naturelles et la vitalité actuelle de son économie en pleine croissance dans un monde agonisant.  Mais certains enjeux tels que ceux liés à la sécurité, la démocratie, les investissements, l’immigration font de cette prophétie un vœu pieux.

De mon intime conviction, l’espoir est permis. L’Afrique telle qu'elle se construit sur le plan économique, du moins dans certains pays avec une croissance économique au-dessus de la moyenne mondiale, a bien les bretelles pour s’extirper de cette malédiction vieille de plusieurs siècles.

Le malaise reste tout de même entier et presque insurmontable pour une partie du continent. Ces pays soumis au diktat économique de leur ancienne colonie avec un monopole indétrônable sur le contrôle de leur monnaie voire même leur vie politique ont tout pour être les maillons faibles de la chaîne de la renaissance de l’Afrique.

Par ailleurs, l’instabilité politique et sécuritaire ne donne en aucun cas l’assurance de la fin de la contestable hégémonie de l’occident sur l’Afrique. La stratégie de partenariat adoptée au dernier sommet de Libye qui dans les textes, accordait une marge de manœuvre à l’Afrique n’aura existé que dans les discours et les belles promesses. Faute aux troubles politiques nés du printemps arabe, des conflits, du terrorisme, royalement orchestrés dans nombre de pays du continent.

Mieux encore, décider d’une stratégie d’autonomisation et d’indépendance avec son « dominateur » a tout d’un trompe-l’œil. L’Afrique pourrait bien se défaire de l’étau européen mais le risque d’une domination des nouveaux empires asiatiques est autant élevé et dévastateur.

Renoncer à la mendicité de l’Afrique est bien mais s’y préparer est encore mieux…

De-Rocher Chembessi

Trop riches pour un continent très « pauvre » ?

DangoteOn connait désormais leurs noms ! Du moins leur nouveau positionnement sur le baromètre mondial de la fortune.  Le nigérian Aliko Dangote et ses autres compères peuvent encore se frotter les mains car leurs mannes financières restent solidement indétrônables sur le continent. Le classement des plus grosses fortunes du monde du célèbre magazine américain Forbes a malheureusement tout pour relancer la grosse polémique sur les inégalités dans le monde, et en particulier en Afrique.

Au-delà de la fierté que le nombre d’africains hissés dans le classement soit en nette progression, il est difficile de rester indifférent face au grandissime écart entre la masse de revenus de ces derniers et le reste de la population africaine. Avec une fortune de 25 milliards de dollars, le nigérian Aliko Dangote, première fortune du continent, pèse plus de 12.000 fois le budget annuel d’un pays comme le Bénin.

Il en est de même pour plusieurs autres pays du continent où les ressources financières nationales sont de très loin une infirme partie de la fortune du dernier du classement de Forbes. Par exemple, la femme la plus riche du continent détient dans son portefeuille le budget d’au moins deux pays Africains réunis.

Et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ces multimilliardaires n’ont connu que l’Afrique pour leur si légendaire prospérité. Chaque jour, le plus pauvre du continent contribue avec au moins un franc à affermir la fortune de ces dinosaures des affaires.  En Afrique de l’Ouest, il ne pourrait avoir un seul habitant qui ne vit avec dans sa chambre ou ait utilisé en une semaine un produit issu de l’empire « Dangote ».

Scénario identique dans les autres régions du continent où la fortune n’est qu’extraite des services vendus au bas peuple. Qu’il s’agisse des investissements miniers, pétroliers, technologiques, hôteliers, ou autres, l’immense fortune de cette minorité est bien tirée de la misère du peuple.

L’universalité de la chaîne d’enrichissement basée sur la vente des services et des biens aux populations les plus pauvres a tout d’une gigantesque spoliation. Et bien que certains de ce cercle restreint fassent preuve d’une philanthropie permanente, il est évident que cela ne suffit pas pour corriger le tir.

Si on se révolte contre cet excessif écart entre les fortunes personnelles d’une minorité du continent et les ressources financières des Etats, la colère atteint son pic quand on réalise que tout ceci se fait avec une accointance avec les pouvoirs publics du continent. Presqu’aucune de ces grosses fortunes ne prospère sans la bénédiction des pouvoirs publics.

Nombre d’éléments le prouvent si bien ! Une fille de Président comme femme la plus riche du continent en dit long. Une lourde aberration quand on se souvient des fonctions de l’Etat dans l’allocation des ressources, la redistribution des revenus et la stabilisation des économies nationales.

Certes, tout n’est pas criminel dans cet accaparement de la richesse par une minorité. En toute proportion gardée, ces derniers seraient les plus gros contributeurs à l’économie continentale, à la lutte contre le chômage et l’emploi des jeunes.

Mais tout ceci est l’esprit traditionnel du business qui se veut être l’antre des personnes prospères et en course permanente pour la richesse.

De-Rocher Chembessi

L’excellence d’abord, l’égalité après !

rosesElles sont des millions dans le monde à prendre d'assaut les places publiques pour des manifestations tout en couleur. A chaque journée internationale de la femme, le rituel est le même. Et bien des années que cela dure. Quelques pseudos « illuminées » d'entre ces mères s'érigent en des combattantes d'un concept encore sous l'emprise d'un monde fortement macho. Manifestations publiques, conférences et autres sont devenues indétrônable dans l'organisation de la journée internationale de la femme.

Celles d'Afrique ne peuvent pas se dérober à la tradition. Elles sont mêmes de la cohorte de celles qui donnent encore tout un sens à cette journée. Mais chez nous, la « malédiction » politique est à son paroxysme. Elle sévit au point où ces manifestations de la journée internationale de la femme se transforment au plus vite en meeting politique. Et très souvent en faveur des partis au pouvoir.

Point de drame m'a chanté une de ces amazones des temps modernes car c'est au pouvoir que revient la décision de mettre en œuvre le contenu de leur plateforme « revendicative ». Mais une plateforme « revendicative » dont le leitmotiv depuis des années résonne comme une incantation pour nombre d'africains. Ça chante l'égalité et réclame la parité. Normal pour un monde dans lequel on parle tous de justice et d'équité sociale. Normal pour un monde que l'on veut être celui de la solidarité.

Et l'édition 2014 de la Journée Internationale de la Femme n'a rien oublié de cette obsession d'une hypothétique égalité entre l'homme et la femme. Loin de ressasser les histoires des siècles anciens, de l'époque d'avant Jésus-Christ, de la Grèce Antique, du règne des Empires dans la région ouest-africaine, des royaumes et autres civilisations traditionnelles dans l'Afrique Centrale et Australe, des premières heures de l'islamisation du Maghreb, de l'Afrique de l'Est, ou tout simplement de l'évangélisation de l'Afrique, la danse contemporaine de l'égalité entre l'homme et la femme est sans cadence.

égalitéIl faut donc revoir la note musicale ! Nul n'ignore un seul instant que l'éducation d'une Nation passe par celle de la fille. Cette corrélation se justifie autant dans les chiffres que dans les actes. Toutes les femmes éduquées, c'est au moins 52% de l'humanité 50% au moins des familles prédestinées à une vie « normale ». Est-ce suffisant pour décréter l'égalité ? Le progrès pour tous de l'égalité des sexes bien que statistiquement significatif, est bien loin d'être une évidence aussi parfaite qu'on le pense. Les inégalités internes aux femmes dans l'accès à l'éducation, aux soins de santé, aux revenus, à l'emploi, aux logements et autres sont bien des obstacles à une certaine égalité globale entre les sexes.

De mon intime conviction, le salut a bien un nom. L'excellence ! Des femmes excellentissimes dans toutes les sphères de la vie publique ou privée ne seraient rien d'autres qu'un accélérateur de cette égalité ou parité tant fredonnée. Et comme miraculeusement, tout part de l'éducation. Des millions de dollars éjectés pour des pompeuses activités publiques pour que l'on décrète l'égalité ou la parité semblent s'incinérer pour du leurre. Investir dans l'éducation des filles, leur formation parascolaire, leur autonomisation entrepreneuriale et économique, leur leadership politique et associatif vaut mille fois mieux que le cirque actuel.

A chacun de revoir sa copie !

De-Rocher Chembessi

Cette folie homophobe est dangereuse pour l’Afrique

107911548« Ce sont des gens normaux avec des comportements anormaux ». Voici en quelques mots le cliché que répand depuis quelques semaines dans l’opinion mondiale le président ougandais, Yoweri Museveni, sur les homosexuels. Une anormalité « suffisante » pour une certaine classe populiste du continent pour lancer la chasse aux personnes gays.  

L’Afrique connue pour son hospitalité légendaire a vite été transformée en une terre hostile à des millions de personnes. Même s’il serait difficile d’estimer le nombre d’africains de la communauté homosexuelle,  la guerre ouverte orchestrée contre eux sur le continent est un mauvais signe pour la fraternité et la solidarité légendairement connues aux africains.

Le calvaire judiciaire des homosexuels au Cameroun est le signe avant-gardiste du revers de ces lois anti-homosexuels votées sous fond de populisme politique. De simples dénonciations suffiraient largement pour faire subir à quiconque la pire facette de la loi anti-homosexuel du pays. Et des personnes mal intentionnées s’en servent, aussi abusivement que possible, pour régler des comptes. De cette machination, des familles se sont révoltées contre leurs propres enfants, des jeunes diplômés mis au chômage, certaines personnes contraintes à raser les murs, d’autres à faire le choix de l’exil forcé en raison de leur orientation sexuelle. Seul moyen pour ne pas compter ses jours dans les geôles du pays. Mais pourquoi ce regain de l’homophobie sur le continent africain ?

On connaissait les crimes organisés contre les homosexuels dans certains pays de l’Afrique de l’Est. On savait que tout soupçon d’homosexualité est un passeport direct pour la prison dans nombre de pays du continent. On savait aussi qu’au nom de la loi islamique, les homosexuels étaient plus qu’indésirables dans le Maghreb. Mais jamais cette guéguerre contre les homosexuels n’a été une si sérieuse affaire d’Etat. Elle fait la quintessence des déclarations de plusieurs chefs d’Etat. Et c’est là ou le bât blesse.

Aucun serment présidentiel ne proclame la violation du respect des droits de la personne humaine. Des agissements qui donnent raison à Joël Té-Léssia qui disait deux années plus tôt que « l’homophobie est devenue une excuse » pour les leaders politiques de l’Afrique. Un nouveau moyen de prédilection pour se « sauver » des nombreux échecs des programmes de développement notamment en Afrique subsaharienne. L’homosexualité n’est donc pas la malédiction qui retarde notre développement et hypothèque notre émergence depuis des lustres.

Mais dites-moi, l’orientation sexuelle n’est-elle pas un droit humain au même titre que le droit à la liberté de penser et de religion ?

Certain que nombre d’entre vous diront que les coutumes africaines ne l’autorisent pas. Vous seriez bien nombreux à arguer que c’est une fabrication occidentale. Une fausse imagination commune. Les archives historiques de l’Afrique le montrent si bien qu’ils faillent arrêter cette intoxication qui divise, oppose les frères d’un même continent. Et le Rwanda et l’Afrique du Sud l’ont si bien compris que ces deux pays n’ont aucun mal à soutenir le Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité. 

Et si tous les africains en faisaient de même…

De-Rocher Chembessi

Au nom de la justice climatique, l’appel de Gorée !

floodLe monde brûle ! La terre s’inonde ! Les catastrophes naturelles s’enchaînent d’une région à une autre. Et l’Afrique n’est pas du reste. Le berceau de l’humanité, est secoué dans sa plus forte colonne vertébrale par les changements climatiques. Plus grave, les populations locales croupissent encore sous le poids des difficultés d’adaptation aux changements climatiques. Leur résilience est encore fragile ! Cette Afrique victime des effets néfastes des changements climatiques ne manque pas d’irriter certains de ses enfants. Une saine colère pour dénoncer les nombreux échecs des négociations autour des accords de préservation de la nature notamment ceux liés au cadrage et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Contraints à la concession, parfois même au silence, les négociateurs africains, du moins les gouvernements du continent, connaissent les difficultés les plus monstrueuses pour faire entendre leurs positions lors des grandes négociations sur le climat. Des positions qu’ils ont même du mal à concilier pour une voix africaine commune. Sans doute parce que les intérêts ne sont pas les mêmes.

La demande énergétique de l’Afrique du Sud, ou encore l’exploitation pétrolière du Nigéria, de l’uranium du Niger, du gaz algérien ne sont sans doute pas de bons signes pour avoir une Afrique gouvernementale entièrement acquise au contrôle du réchauffement climatique. La nécessité pour le continent est de disposer des ressources pour enfin, amorcer son développement. Dans cette situation invraisemblable, il y a quand même des voix indépendantes qui croient à une prise de conscience collective et un engagement commun de tous les pays du monde autour des changements climatiques.

Conduire le monde à un engagement citoyen sur les changements climatiques, ce n’est pas une affaire d’aventuriers. Au-delà de la volonté, il faut de l’audace. Et en prime une stratégie d’actions bien ficelée pour des résultats probants. Cette stratégie, la société civile africaine y pense. Elle la détient presque. Et encore quelques mois pour qu’elle la déroule. Une stratégie qu’elle a décidée d’adopter sur la mémorable île de Gorée au Sénégal.  Cette détermination, que l’Afrique doit à l’Alliance Panafricaine de la Justice Climatique (PACJA), est un symbole de la lutte contre ce qu’on appelle désormais « l’esclavage climatique ».

L’appel de Gorée, a tout d’une intensification des interventions alternatives loin des négociations habituelles afin d’accroître la pression sur les gouvernements. Dans l’espoir qu’il aboutira à un triomphe de la justice climatique, l’appel de Gorée a tout l’air d’unifier l’Afrique autour de la fin des mésaventures climatiques. Est-il l’instrument attendu pour la fin des errements autour de la gestion des changements climatiques dans le monde ? La maturité de ces initiateurs a bien voulu qu’on attende l’après 2015 pour s’en convaincre. Comme à tout hasard, pour ceux qui connaissent une partie de l’histoire de la traite négrière, c’est en France, lors que la Conférence des Parties (CoP 21) sur le climat que l’appel de Gorée devrait boucler le premier round de sa mission. Celle de décrocher un partenariat mondial autour des changements climatiques et du développement durable.

Mais en attendant, l’appel de Gorée se veut être le symbole du renouveau de la justice climatique…

De-Rocher Chembessi

Ces comédies au sommet de l’Afrique !

union_africaineQui a pu lui souffler cette idée ? Comme vous sans doute, j’ai entendu, le ministre nigérien des affaires étrangères, Mohamed Bazoum, dire au cours de sa dernière visite en France « qu’il faut que ceux qui ont fabriqué le terrorisme dans le Sahel en éliminant, l’ancien guide libyen Mouammar  Kadhafi puissent donner les moyens de le combattre. »  Expressément, il en appelait à la réaction de la France et des Etats-Unis.
En bon artisan d’une Afrique nouvelle, quel empressement de ma part pour saluer le courage d’un homme qui, a dit très haut et bien haut même ce que mijotait tout bas le peuple africain. Sur le continent, tout le monde est bien conscient que le mal du sahel est une émanation de la chute scabreuse de Kadhafi. Euphorique devant ses appels à l’ « ordre » du chef de la diplomatie nigérienne, je l’étais !
Mais soudain, une question me surplombe. Le fantôme de Kadhafi pèse-t-il encore sur l’Afrique ? Non ! me répondit ma conscience. Ce qui hante l’Afrique, c’est tout simplement la comédie au plus haut sommet du continent.
Je n’étais point un soutien de Kadhafi ! Je ne l’aurais jamais été ! Mais cet appel pressant au secours, quelques semaines après le fiasco autour de la situation sécuritaire en Centrafrique au sommet de l’Union Africaine montre ô combien l’Afrique manque de constance.
Ces dirigeants, ne savaient-ils pas que la chute de Kadhafi donnait libre cours à une déstabilisation de la région du Sahel ? Ne savaient-ils pas que Kadhafi, dégommé de son empire libyen ferait des dépenses supplémentaires pour leur sécurité nationale ? Voire même un manque à gagner en termes d’aide extérieure au développement dans le cadre de la coopération sud-sud ?
En filigrane, ça dénote d’une ignorance pathologique de ces leaders du continent. Aucun d’eux, presque n’avait haussé la voix au bon moment. Une ignorance caractéristique d’une comédie de la plus grande bassesse. Au dernier sommet de l’Union Africaine, on n’était pas bien loin du grand cabaret de Paris pour une représentation théâtrale d’un groupe souvent mal inspiré.
Le seul cas de la Centrafrique en dit long. Alpha Condé, président de la République de Guinée, président du Conseil de Sécurité de l’Union Africaine, qui se fait taper sur les doigts par ses pairs car il se montre ouvertement favorable à l’envoi des casques bleus dans le pays. Son ministre des affaires étrangères, toujours eux, fera marche arrière en prétextant que son président ne parlait pas au nom du conseil de sécurité mais en son nom propre.  Quelle aberration ?
Dans la foulée, le Tchadien Idriss Deby Itno montrera qu’à lui tout seul, il peut faire désavouer tous ses collègues! Il réussit à leur faire avaler, en attendant sa matérialisation, le principe d’envoi des casques bleus de l’ONU. Belle comédie présidentielle au plus haut sommet de l’Afrique.
Que dire de Jacob Zuma, le président sud-africain qui en pleine négociation encore incertaine de la commission de l’Union Africaine pour l’adhésion du royaume de Maroc fait des éloges en pleine tribune sur la République démocratique du Sahara Occidental. Une blague de très mauvais goût tout simplement. Suffisant pour faire dire à cet ancien journaliste béninois, que les sommets de chefs d’Etats en Afrique n’est rien d’autre qu’une partie entre des présidents mal élus pour sabler le champagne.
L’Afrique des miracles, qui se rêve et se vit sur le continent n’a sans doute pas besoin de ces comédies au plus haut sommet de la sphère continentale.
 

De-Rocher Chembessi

Le mal du délestage en Afrique…

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Comme la plupart des chroniqueurs, j’aurais pu en cette première semaine du mois de Février jeter mes dévolus sur le dernier sommet de l’Union Africaine. Malgré moi, larmes aux yeux, le sommet de l’Union Africaine, le 22ème du genre, tenu la semaine dernière sur la terre africaine d’Addis-Abeba sera dans le futur. Espérons, dans un tout simple futur, mais pas aux calendres grecques.

Certainement que vous vous demandez ce qui se trame derrière cette excuse, presque interminable. Et pourquoi pas d’Union Africaine en cette semaine de l’Union Africaine.

Dans le somptueux monument, expression de la forte aliénation chinoise sur le continent, les dirigeants de l’Afrique, manifestement éhontés, avaient, derrière chacun dans son pays, un panier désespérément impérissable de grandes difficultés. Aussi montagneuses que le Kilimandjaro, et étendues que le Nil, ces difficultés n’ont que légendaire réputation, le ralentissement d’une Afrique pourtant prédestinée à la gloire.

Etiez-vous au Bénin cette semaine ? Aviez-vous connu le malheur de séjourner au Sénégal ? Êtes-vous maladroitement invités dans les deux Congo ? L’Afrique du Sud et le Maghreb vous-ont-ils accueilli une fois pour le plus court séjour que possible ?

Si vous aviez connu l’Afrique, vous connaissez le délestage. Ces coupures interminables de l’électricité, qui des heures durant pour le mieux, ou des jours pour le pis, font de l’Afrique, un continent potentiellement adepte du noir.

Et c’est bien, faute de coupure d’électricité que cette chronique n’aurait jamais existé. Soixante douze heures durant, j’étais, comme nombre d’habitants de ma ville de Parakou, au nord du Bénin, royalement plongé dans un noir, caractéristique pathologique de l’échec des politiques énergétiques de nombre de pays africains.

La crise de l’électricité en Afrique, c’est un mal dangereusement ancré dans le quotidien du continent, mais dont les impacts vont bien au-delà du domaine économique et du développement. Saviez-vous combien sont morts en cause de ces pratiques viscérales ? Aviez-vous une idée de combien sont-ils, ces africains qui perdent mille et une autre opportunités pour raison de délestage ? La réalité est bien triste.

A Parakou, le dernier délestage de la semaine fera encore parler de lui. Et pour des années encore ! Il aura donné la mort à deux jeunes braves individus. Qui, pour s’extraire du noir du délestage se sont asphyxiés par le monoxyde de carbone d’un groupe électrogène. Un drame qui fait grand bruit dans le coin.

Mais l’espoir est permis. Un espoir uniquement, pour ceux dont les pays prennent conscience de la réorientation de la politique énergétique. Un espoir aussi pour ceux qui fondent leur salut/indépendance énergétique sur les énergies renouvelables. C’est un grand potentiel pour l’Afrique avec ce soleil aussi rayonnant que violent qui fait le charme et la richesse du continent. Si solidarité, il y en avait, et objectivité devenait une valeur partagée sur le continent, un pas de géant vient d’être fait pour extraire toute l’Afrique du mal du délestage avec l’annonce de la construction d’un troisième barrage électrique sur le fleuve Congo (Projet Inga 3).

Une Afrique aux mille lumières, le rêve est permis… 

De-Rocher Chembessi

L’Afrique, la convoitée ?

afriqueL’Afrique est en plein essor économique ! Une croissance économique estimée en moyenne à 5%. Même bien loin de l’apothéose et des performances miracles de l’économique asiatique de ces dernières années, c’est une prouesse mondialement reconnue. Du coup, « l’Afrique est un continent d’avenir », se plaisent-ils à défendre. Un continent d’avenir qui suscite maintes convoitises.  

Longtemps, c’est la France-Afrique qui cristallisait les attentions. Bien que décriée cette France-Afrique, aucun politique français n’aura finalement réussi à marquer la rupture avec cette tradition aussi « vieille » que le monde contemporain. François Hollande, grand défenseur « oral » de la fin de la France-Afrique en a appris à ses dépens. Et le récent sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique en est bien une illustration poignante. Au-delà des questions sécuritaires, il a été l’occasion pour la France, au détour d’un forum économique l’ayant précédé, de « quémander » une part considérable dans l’économie africaine. En effet, la France semble avoir perdu de grosses parts d’investissements sur le marché africain même dans ses anciennes colonies. Une situation, déjà trop catastrophique pour le pouvoir de Hollande, conscient que l’Afrique est le continent d’ « avenir ». Selon l’Elysée, le sommet aurait servi à élucider la question « comment travailler ensemble pour que la croissance du continent africain puisse être bénéfique à tous ? »  Un modèle franco-africain de croissance qui contribuera à sortir les Africains de la misère et de la pauvreté, la France et plus largement l’Europe à juguler sa crise économique.

Et si Hollande s’évertue à remettre de la France au cœur de l’Afrique économique, la faute est sans doute à ces nombreux pays qui, à chaque instant s’intéressent à l’Afrique. La Chine, en tête de peloton serait le maître d’ouvrage du renouveau africain. Avec un modèle de coopération ultra économique avec l’Afrique, la Chine s’impose dans toutes les sphères de l’économie africaine. Des échanges commerciaux estimés à plus 180 milliards de dollars en 2012, la construction et le don du siège de l’Union de l’Africaine à Addis-Abeba à plus de 200 millions de dollars, la construction de routes, d’écoles, d’hôpitaux, de stades, de raffineries de sucre, et une part importante dans le pétrole du continent, la Chine va au-delà d’une simple convoitise de l’Afrique. Et le dernier forum de coopération sino-africaine a été une nouvelle occasion pour les dirigeants de l’empire du milieu de donner la preuve de leur profond « amour » pour l’Afrique.

L’Afrique de demain, ils sont bien nombreux de pays à participer à son édification. Chacun y va de sa stratégie et de son modèle de coopération. Les émirs pétroliers du Golfe arabo-persique, usent d’une stratégie de bienfaisance et d’assistance humanitaire, qui fait déjà son effet. Le Fonds Koweitien d’investissement, la Banque Islamique d’Investissement et de Commerce, la Fondation du Qatar, et dans une moindre mesure la Turquie réussissent tant bien que mal à s’imposer dans nombre de secteurs porteurs pour l’économie africaine dont notamment l’agriculture et le pétrole.

Au nom de la coopération Sud-Sud, l’Inde, le Brésil et même l’Afrique du sud veulent sortir de l’ombre de grandes puissances économiques sur le continent. S’il existe un modèle de coopération Indafrique bien connu basé sur la migration massive des indiens sur le continent pour des investissements d’affaires dans le secteur minier en Afrique du Sud, sylvicole, agricole et dans l’exportation des produits cosmétiques sur le reste du continent, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Russie et les autres repensent sans doute les leurs. Dans le magazine African Business en 2011, le premier ministre indien Manmohan Singh, déclarait lors d’un forum Afrique-Inde au siège de l’Union Africaine « Ce sommet est une occasion pour les deux partenaires de renforcer leur coopération dans divers secteurs allant de l’agriculture à la télémédecine en passant par les infrastructures, la formation et le transfert des technologies, ainsi que la sécurité alimentaire et le partage des informations. » Aussi, insistera-t-il que « l’Inde et l’Afrique ont la particularité de disposer d’immenses ressources humaines et naturelles. Notre principe est de ne pas imposer nos valeurs aux pays africains ».

L’avenir du monde se joue-t-il autant en Afrique ?

Avec la récente tournée du premier ministre japonais Shinzo Abe en Afrique, l’annonce faite par l’administration Obama d’organiser à la Maison Blanche en Août prochain un sommet Etats-Unis-Afrique, précédé d’une rencontre avec les jeunes leaders du continent dans le cadre du Young African Leadership Programme (YALI), l’Afrique, bien qu’il reste beaucoup à faire pour tenir ce rang du poumon de l’économie mondiale de demain, est sans équivoque le centre des grandes convoitises mondiales. Des convoitises qui se jouent autour de son fort potentiel en matières premières, le grand marché d’écoulement de produits manufacturés qu’elle représente pour le futur, la jeunesse de sa population qui servira de main d’œuvre « bon marché » pour les grosses firmes industrielles ancrées dans la délocalisation et la co-localisation.

Des convoitises qui peuvent bien donner lieu à des conflits entre ces grandes puissances. La Chine a-t-elle vu d’un bon œil la visite sur le continent du premier ministre nippon Shizo Abe, qui comme une provocation s’est achevée en Ethiopie ? L’Ethiopie considérée comme la base arrière de la Chine sur le continent. Une chose est certaine, le Japon, « pays du soleil levant » veut se défaire de sa tunique d’éternel donateur pour se muer en un véritable partenaire commercial de l’Afrique.

Et que dira la France de la nouvelle formule d’Obama ? Barak Obama, lui qui depuis sa prise de pouvoir en 2008 s’est montré peu regardant sur l’Afrique. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il existe depuis des années des facilités d’échanges commerciaux que les Etats-Unis accordent à certains pays africains pour l’exportation sur le sol américain de certains produits.

De la convoitise extrême d’un continent, l’Afrique, à une guerre plus que géostratégique entre les grandes puissances, nous y sommes presque !

De-Rocher Chembessi

Ecoutez, vos querelles politiques tuent nos économies…

politiqueL’Afrique tangue ! Chacun y va de son expertise pour trouver les causes d’un malaise vieux de plusieurs siècles. Selon cette cohorte de « spécialistes » de l’Afrique, sa pauvreté serait liée à sa tumultueuse histoire marquée de nombreuses crises de civilisations. Pas sérieux, je l’espère bien, d’autres rattachent la frénésie économique du continent « berceau de l’humanité » dans sa position géographique. La pauvreté serait au sud du globe. D’accord ! Mais que disent-ils des dernières récessions économiques qui ont foudroyé les pays du nord ? Certes l’Afrique n’était pas épargnée, mais elles auront le mérite de redonner confiance à ceux qui sont convaincus qu’elle n’est point un continent damné.

Mais voilà, l’Afrique vivote encore ! Du moins certains pays où la ligne de conduite des leaders politiques semble plonger le continent dans une spirale d’échecs. Il ne se passe presque pas une année sans qu’un pays du continent se livre à de féroces agitations politiques. Des guerres d’intérêts particuliers qui embrasent des pays entiers. Des querelles politiques qui repoussent les indicateurs économiques dans un lointain passé. Une destruction du symbole africain de la solidarité qui polarise tout un continent.

De l’Egypte enfouie dans une tension politique post printemps arabe mal maîtrisé, à la République Centrafricaine (RCA) décimée par les agissements d’une rébellion pirate, au Soudan du Sud annihilé dans une guerre fratricide pour le contrôle du pouvoir et du pétrole, en passant par le Mali qui renaît des séquelles de l’agression islamiste, à la Somalie et la République Démocratique du Congo (RDC) devenues irrécupérables des animosités politico-militaires, l’Afrique n’est pas loin de détenir la palme d’or des querelles dans le monde.

Mais un faux palmarès avec de lourdes conséquences. Pas besoin d’une grosse loupe d’observateurs pour réaliser qu’il existe un nombre considérable d’Etats bien faibles sur le continent. Affligé par des oppositions politiques monstrueusement « rebelles », le pouvoir d’Etat se retrouve finalement dans la rue. Honneur au plus premier venu à condition qu’il soit endurant pour le ramasser.

C’est à croire qu’ils ignorent qu’aussi longtemps que le jeu politique se fera sous fonds de haine et d’agressions militaires, l’Afrique trainera le pas. Toutes ces prévisions qui font de lui un continent d’avenir n’auraient été que vaines. La situation économique serait plus difficile.

Les signaux passeront plus au rouge. Les entreprises privées tourneront au ralenti. La seule option pour les investisseurs ne sera que de nous fuir. Bien que vous me diriez que les chinois s’en moquent. Mais les capitaux chinois ne pourront au grand jamais combler toutes les pertes liées à ces fracassantes agitations politiques.

Dans le seul cas de la RCA, les querelles politiques ont mis un pays à genou. Une économie centrafricaine passée dans une récession de moins 15%, un trésor public à l’étiage, des fonctionnaires sans salaires. Au plus profond de la crise ivoirienne, c’est toute une économie sous régionale qui été prise dans une spirale de décroissance par endroit, et d’instabilité chronique ailleurs.

Cette situation peu nouvelle des crises politiques devenue le quotidien de l’Afrique, ajournerait inéluctablement la productivité et la compétitivité de l’économie continentale.

Le coût économique de la violence politique n’est pas des moindres…

 

De-Rocher Chembessi

L’Afrique a des Idées…

logo« Chantons les Africains, Chantons la Belle Afrique, Chantons les beaux paniers, … ». Cette Afrique des beaux paniers existe-elle encore ? Légitime interrogation pour de millions de jeunes africains qui, dans leurs parcours scolaires ont eu la chance d’entonner cette célèbre chanson.

Ma rentrée sur l’Afrique des Idées, je la dédie à cette Belle Afrique. N’en déplaise aux détracteurs, l’Afrique a bien des Idées. Des Idées aussi ingénieuses qu’innovantes, l’Afrique n’en manque pas.

Dans tous les coins et recoins du continent, il y a bien des choses qui se font pour mettre l’Afrique sur le droit chemin. Désolé, pour que l’Afrique se fasse respecter. Trop de ragots sur un continent, qui malgré tout, en attendant d’autres résultats scientifiques, conserve son titre plus qu’honorifique du « berceau de l’Humanité ».

En Afrique, la Conscience Collective s’accorde sur les monstrueuses difficultés politiques, économiques, sociales et depuis culturelles. N’empêche, elle fait bien naître des génies. Des génies qui ne se lasseront pas de faire briller une Afrique au passé tragique. Même l’autre, quand il chante que « l’homme noir n’est pas bien entré dans l’histoire », savait au tréfonds de son âme que l’Afrique a des Idées. Il en donnait déjà la preuve avec sa formule très polémiquée de l’ « immigration choisie ».

Mais bien heureusement, pas vraiment besoin de serpenter les rues des faubourgs d’Europe et d’Amérique ou encore de l’Asie, pour dénicher ces talents qui donnent du sens à l’Afrique. Tous n’ont pas eu besoin de faire les classes dans ce qu’on appelle très affectueusement les grandes écoles occidentales. D’autres ont même le mérite d’avoir abandonné des conditions « exceptionnelles » de ces pays scientifiquement confirmés pour s’offrir des années de réflexion sur l’Afrique en Afrique. Et que dire de ces génies qui n’ont jamais goûté aux délices d’un vol intercontinental pour certifier tout fièrement que l’Afrique a des Idées.

Je me souviens comme toujours de ce monumental chanteur béninois qui n’hésite point à clamer haut et fort que « les grands de ce monde viennent d’Afrique ». Sagbohan Danialou, puisque c’est de lui qu’il s’agit était-il dans le secret des dieux ? Certainement pas, mais des Africains convaincus d’une Afrique positive, une Afrique qui gagne, Une Afrique pionnière, ils sont bien des millions à travers le monde.

Que les uns, nationalistes de France, manifestent un extrémisme absolu d’une époque révolue; que les autres, flics de leur Etat, déshumanisent des migrants africains, parce qu’ils auraient gagné clandestinement leur pays en proie à des difficultés économiques monstrueuses, qu’ils se souviennent qu’il y a bien une Afrique qui innove. Qu’ils se rappellent qu’il y a bien une Afrique de demain. Une Afrique des Idées dont la lumière embraserait l’Humanité toute entière.

Cette Afrique, c’est celle de grands noms et de grandes icônes. De la Politique à l’Economie, de la Musique au Sport, du Cinéma au Théâtre, ils n’ont qu’un seul dénominateur commun : Prouver que l’Afrique grouille d’idées aussi pharaoniques que merveilleuses. Marcher dans cette Afrique, c’est aller sur la terre de Nelson Mandela, Kofi Anan, Barak Obama, Bertin Nahum, Agélique Kidjo, Djimon Houssou et bien d’autres dont les racines sont ancrées dans l’audace d’un continent super « convoité » depuis des générations.

Qui d’entre vous pourrait sonder la joie qui était la mienne d’apprendre qu’un togolais, médecin de son Etat se met dans l’invention d’une imprimante 3D à base d’objets recyclés. Quel bonheur est le mien de savoir que même dans son Congo natal décimé par des années de conflits que le génie de Vérone Mankou ne tarit point, et que Victor Agbegnegou, compte offrir à l’Afrique en général et à son Togo d’origine en particulier les mêmes conditions de téléphonie mobile que partout dans le monde.

Même Goldbach, depuis sa tombe, aurait ses yeux rivés sur l’Afrique. Pour qui ne le sait pas, Ibrahima Sambégou Diallo, jeune guinéen, serait en train de devenir le premier mathématicien africain à avoir élaboré un théorème. Ce dernier aurait réussi à trouver la solution à la conjecture de Goldbach.

Et point de mots pour reconnaître le mérite de ces petits génies du Liberia, du Nigeria et de plusieurs autres pays du continent qui, à peine instruits, font parler l’immensité de leur génie par des solutions miracles à des problèmes communautaires de longue date. De l’invention d’une station radio ou d’un générateur à base d’objets recyclés ou des débris d’armes de guerre, plus qu’à l’Afrique, c’est au monde qu’il donne des idées. Un regard vers la formidable trouvaille du technicien informatique sud-africain Steve Song permet de s’assurer que l’Afrique de demain se bâtit dans tous les coins du continent. En tout cas, lui pourra fournir de l’accès à internet à des milliers de villageois grâce à une technologie Wi-Fi à partir des boîtes de conserve.

Saviez-vous quelle est et sera mon estime pour cette belle cohorte de jeunes africains bien inspirés qui tirent de l’éclosion des nouvelles technologies des inventions révolutionnaires et futuristes pour l’Afrique ?

Non ! Je ne pense pas un seul instant que vous en saviez quelque chose. En tout cas, pour nous, c’est une première, un marché d’idées à l’africaine qu’on fête et qu’on ne cessera jamais de célébrer.

Mais attention ! Que l’euphorie ne l’emporte point. L’Afrique a des idées…

De-Rocher Chembessi