Cet été j'ai lu, à l'occasion de la coupe du monde de football en Afrique du Sud, un recueil de onze nouvelles consacré à ce sport avec autant d'auteurs. J'avais été marqué par la violence et la justesse de l'une d'entre elles écrite par Yahia Belaskri. Aussi, c'est avec une certaine satisfaction que je me suis plongé dans ce deuxième roman édité chez Vents d'ailleurs.
Adel quant à lui est un cadre supérieur consciencieux. Issu des milieux les plus modestes, il est parvenu à se faire une place au soleil à force d'instruction et en rompant avec le fief familial pour s'établir dans une autre grande ville du pays. Compétent, probe, il fait partie de ces hommes intègres qui souhaitent améliorer le cadre de travail et la productivité des structures dans lesquelles il évolue, mais qui se heurtent au népotisme, au clientélisme, à la corruption et autres maux qui gangrènent cette société.
Quand l'amour pointe son bout du nez, laissant de nouvelles perspectives à Adel, un acte terroriste réduit à néant tous ses espoirs, écrasant sous les décombres le corps sans vie de l'être aimé…
C'est une reconstruction commune que tentent ensembles Adel et Déhia loin de cette terre de violence, de l'autre côté de la Méditérrannée…
Mais quelques formes que puissent prendre l'exil physique, peut-on réellement échapper, se soustraire à son passé?
C'est la question qui me taraude l'esprit en terminant cet ouvrage. Le point de vue de Belaskri est intéressant. Si je n'ai pas accroché sur une partie du parcours de Déhia qui traite de manière brutale du fondamentalisme religieux qui façonne la société dans laquelle elle vit, j'ai été beaucoup plus sensible au portrait d'Adel et surtout de Badil qui est un peu la surprise dans la construction de ce roman. Je n'en dirai pas plus sinon j'en dirai trop sur les développements autour de Badil, frère cadet pommé d'Adel.
Belaskri nous conte très bien toute cette violence. On la retrouve dans sa manière d'écrire, dans l'enchainement des verbes, avec une forme d'essoufflement du coureur grec qui annonce la victoire de Marathon. Les descriptions sans être trop longues sont imprégnées de ce rythme très marqué dans la narration des deux personnages d'Adel et Badil. Un livre dur, qui nous parle d'un monde qui se déshumanise. La pluie ne vient pas toujours d'en haut.
Lareus Gangoueus
Article initiallement paru Chez Gangoueus
Yahia Belaskri, Si tu cherches la pluie, elle vient d'en haut
Editions Vents d'ailleurs, 124 pages, 1ère parution en 2010
Source photo – Vents d'Ailleurs
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