Approche en chiffres de l’économie Camerounaise
Le Cameroun dispose de ressources naturelles agricoles (bananes, cacao, café, coton,miel), forestières, minières et pétrolières. Son PIB (environ 42.750 Mds de $ au total pour 3.923 Mds de budget de l’État en 2009 et par habitant 2300 $ en PPA) représente la moitié de celui de la Comunauté économique et monétaires de l’Afrique Centrale (CEMAC), ce qui lui confère une place importante au niveau régional. Le taux de croissance du PIB, en 2008 était de 3.9 %, la dette publique constitue 14.3 % du PIB ( 2009), ce qui lui confère le 116e rang mondial .La dette extérieure est de 2,929 milliards $ (2009).
Il a connu la valorisation de sa croissance économique vers les années 70 avec l’exploitation et la valorisation de ses gisements de pétrole , celle de ses exportations agricoles et de l’élevage qui était exercé en grande partie par les « peulhs ».
Le financement de l’économie Camerounaise
La littérature économique distingue deux définitions de la liquidité : une définition étroite appelée « liquidité de financement » et une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la « liquidité des marchés ». Au sens étroit, la notion de liquidité recouvre les espèces ou les actifs susceptibles d’être convertis rapidement en espèces et détenus à cet effet pour satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme émanant des contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans cette approche, la liquidité est principalement liée à l’activité de transformation traditionnellement pratiquée par les banques.
Au sens large, la liquidité correspond à la capacité des banques à liquider un actif non monétaire, par exemple un titre d’investissement acquis à l’origine pour être détenu jusqu’à l’échéance, dans le cadre d’une opération de refinancement en monnaie de la banque centrale. La liquidité des marchés est au cœur des préoccupations de stabilité financière des banques centrales. L’absence de liquidité des marchés peut non seulement engendrer une inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur un marché peut aussi dégénérer en crise systémique (Fouda, 2005).
Dans le premier cas, on est en présence d’un système bancaire qui refuse de prêter aux entreprises nationales et préfère détenir des actifs liquides mais à faible rendement auprès de la banque centrale. Dans le deuxième cas, le Cameroun comme tous les pays de la CEMAC préfèrent financer l’économie française aux dépends de leur propre économie à travers le mécanisme du « compte d’opérations ». Cette situation, n’étant pas une anomalie passagère, soulève plusieurs interrogations (Garsuault et Priami, 1997). Premièrement ne traduirait-elle pas une profonde défaillance de l’ensemble des mécanismes monétaires ? Deuxièmement, la solution adoptée actuellement qui consiste à mettre en place des Fonds pour les Générations Futures (FGF) ne remet-elle pas en question le principe même de solidarité à la base de la zone FCFA ? Troisièmement, dans ce contexte, quelles sont les différentes options qui s’offrent au Cameroun pour le financement de son économie ?
Cette surliquidité bancaire est commune à plusieurs pays à travers le monde. Elle survient lorsque la somme du compte courant et des réserves libres des institutions de crédit auprès de la banque centrale excède de manière persistante le niveau des réserves obligatoires. Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer l’excédent de liquidité dans la zone CEMAC en générale et au Cameroun en particulier. Nous notons le recyclage des excédents des ressources pétrolières; l’entrée des devises suite aux privatisations des entreprises publiques ; le risque élevé que représentent les prêts pour les banques, en raison des difficultés juridiques que soulève le recouvrement effectif des créances en cas de défaut ; les inefficiences importantes du système bancaire au niveau régional, qui freinent la transmission de fonds des banques très liquides de certains pays membres aux banques d’autres pays dans lesquels la demande de crédit est relativement forte ; le manque de concurrence entre les banques, en particulier au niveau régional ; la faiblesse de la demande de crédit d’un certain nombre de gros emprunteurs habituels, en particulier dans le secteur axé sur l’exportation, qui ont connu une amélioration substantielle de leur liquidité ainsi qu’un meilleur accès au crédit extérieur après la dévaluation de 1994.
Le paradoxe de la surliquidité se manifeste par une concomitance entre une surliquidité persistante et une insuffisance de financement du secteur réel. C’est le cas actuellement de la zone CEMAC. En effet, l’économie réelle de la zone CEMAC est en manque de moyens de financement externe, alors que le secteur bancaire dispose de liquidités excédentaires qu’il ne parvient pas à employer. Par sa persistance, le paradoxe de la surliquidité bancaire de la zone CEMAC dépasse un simple phénomène conjoncturel, laissant à penser que le problème de financement est celui de l’intermédiation financière et qu’il puise sa source dans l’histoire institutionnelle de la zone FCFA. Les tentatives d’explications de ce paradoxe avancées jusqu’à présent ne tiennent pas compte de cet aspect fondamental. Elles sont principalement de trois ordres.
La première tiendrait à la non coïncidence dans les temporalités de l’offre et de la demande. En effet, les banques de la zone CEMAC disposent essentiellement de ressources à court terme, alors que le secteur non financier recherche principalement le financement à plus long terme. Traumatisé par une très forte incertitude inhérente à la crise de la fin de la décennie quatre vingt, le système financier de la zone CEMAC s’avère actuellement incapable d’assurer une transformation effective des ressources.
Sources et Chiffres : BCEA
Sidi Ahmad Gueye
Article initiallement paru chez Njaccaar Le Courrier du Visionnaire
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J'ai du mal à comprendre cette rationalité des banques de la zone franc qui veut q'elles detiennent des encaisses monétaires totalement oisives qu'elles éprouvent une forte aversion au crédit surtout long et qu'elles affichent une nette préference à financer les grosses entreprises et les Etats alors qu'en face la demande de financement de la part des PME et des ménages,moteurs de l'investissement productif et de la consommation au service de la croissance est de plus en forte.Vous n'avez pas ou peu évoqué des pistes de solutions pour combattre ce mal structuel d'une intermédaition bancaire inefficace.
L'explication de l'absence de financement de l'économie réelle camerounaise par ses banques reste technocratique et ne donne pas les raisons pratiques, très simples, dont la principale est le coût prohibitif de l'accès à la banque pour les PME. Les banques se livrent à un tel racket des usagers qu'il vaut mieux se passer d'elles. Dernière expérience : pour faire une simple procuration il faut payer 6000 Fcfa. Pour avoir un compte bancaire sans carnet de chèque cela coûte 12000 Fcfa par mois, 20000 avec carnet de chèques. Chaque tampon pour domicilier une facture (obligatoire pour la douane) coûte 6000 Fcfa. Une demande de relevé coûte 1500 Fcfa et le reste à l'avenant. La banque est une véritable entrave à l'activité économique. Je pense que c'est délibéré ce rôle de frein. Imaginons la même chose en France, les 3/4 des clients ne peuvent plus avoir un compte bancaire. On retourne au bas de laine et à l'économie de troc.
Je suppose que cet article n'est que le premier d'une série. D'ailleurs, en conclusion, S.A. Gueye évoque trois possibles explications mais n'en développe qu'une seule…
Un aspect (trop) rapidement survolé est l'insécurité juridique. Dès lors que l'incertitude juridique se rajoute au risque financier en tant que tel, le rôle d'intermédiaire joué par les banques perd en intelligibilité et en efficacité. Un second élément, capital, à mon avis, reste la concentration bancaire : tant qu'il sera impossible à de nouveaux acteurs, plus décidés à prendre des risques et rompre les ententes actuelles sur les tarifs, de pénétrer sur le marché, il est certain que les dysfonctionnements et incohérences indiqués dans l'article persisteront. Et encore, le poids des acteurs politiques n'a pas été suffisamment examiné.
Mettons que les articles suivants apporteront plus de réponses.
Je me garderai de discourir sur les aspects techniques de cette question des banques, mais j'ai mon idée, simple, pragmatique et malheureuse: Incompétence généralisée des cadres politiques africains, ajouté à un manque totale de projection et d'empathie par rapport au reste de la population.
Faites une enquête sur ce que font réellement les cadres de la BEAC qui, à l'époque, s'occupaient (ou étaient censés) de la politique monétaire. Un service totalement inutile, de personnages qui ne servent à rien et qui ont des salaires au-delà de l'imagination des peuples au service desquels ils sont censés travailler.
Ce ne sont pas les compétences techniques qui manquent aux structures africaines, c'est le total manque de leadership politique. A mon humble avis
Quelques pistes de solutions pour combattre ce mal.
Avant de présenter les pistes de solutions, je tiens à souligner que nous avions (un collectif d'anciens statisticiens et economistes de l'ISSEA et certains travaillant à la BEAC) discuter de ce thème sur notre forum nommé Alumni ISSEA.
Avant de donner les pistes de solutions, et de loin de vouloir reprendre l'article qui déjà à été bien écrit, je voudrais rappeler en mettant en exergue certains points qui n'ont pas été suffisamment mentionnée ici.
Constat
Nous soe en surliquidité bancaire (semble-t-il) en zone CEMAC. Les banques préféreraient constituer des encaisses oisives et profiter d’une situation de rente plutôt que de participer au financement actif de l’économie (PME, PMI).
De quoi s’agit-il ? :
Il y a deux assertions conjointes de liquidité utilisées fréquemment en finance : i) la liquidité de marché qui désigne la capacité d’un actif détenu dans un bilan à se transformer en monnaie sans perte de valeur et la liquidité de financement qui mesure la capacité d’une entité économique à mobiliser des ressources disponibles pour couvrir ses exigibilités d’échéance courtes.
Les banques commerciales, nous le savons, sont exposées aux risques de transformation par le fait qu’elles procèdent à des financements de long terme par la mobilisation des ressources par essence courtes et hautement exigibles. La détention d’une certaine quantité de liquidité par une banque est donc nécessaire. Et la gestion, délicate, de la liquidité conduit à une ambivalence entre nécessité de prudence et objectif de rentabilité.
Seulement, au-delà du « coefficient de liquidité » établit par le législateur (COBAC), une banque qui accumule de la liquidité est considérée comme surliquide. Cette banque a 3 options: i) prêter à la clientèle (particuliers, entreprises PME,PMI , intermédiaires bancaires ou financiers, Etats), ii) conserver auprès de la Banque centrale et iii) conserver auprès d’elle-même.
D’ou cela vient-il ?
D’après la littérature en la matière, quelques situations ramassées ici sans priorisation et non exhaustives, ont contribué à l’accroissement de la surliquidité en zone UMAC:
– Crises bancaires des années 90 avec son corollaire la crise de confiance (credit crunch)
– La dévaluation de 94 subséquente à une position extérieure nette négative sur plusieurs périodes. Il devient alors impératif (bien qu’en convertibilité illimité garantie) de rétablir la couverture externe de la monnaie en reconstituant des réserves. Les banques, pièce centrale dans les opérations de change, constituaient d’énorme liquidité pour profiter des marges sur les opérations de trésorerie des commerçants.
– L’accroissement rapide et conséquent des avoirs après l’envolé des cours des matières 1eres…
Qu’a-t-on fait jusqu’à là ?
La question du paradoxe de la surliquidité commença par se poser vers les années 2000 avec acuité et les politiques adoptées aujourd’hui de son recyclage ne feront qu’empirer la situation :
a) au départ, elle donnait lieu à des dépôts oisifs auprès de la Banque centrale (BC) ;
b) une hausse de la fraction des réserves obligatoires n’y fait rien : on obtiendrait ce qu’on voudrais combattre : des nouveaux fonds oisifs contre d’anciens fonds oisifs. Et on risque aussi l’assèchement des liquidités ;
c) elle est ensuite recyclée en partie pour financer les dettes souveraines. Seulement, avec un risque pays qui freinerait nombres de possibilités de financement étranger et devant l’impossibilité de recourir à la BC pour financer les dépenses budgétaires, la déjà faible épargne interne destinée au financement du secteur réel sera absorbé entièrement par l’accroissement des émissions des titres publics.
d) Le marché des titres publics constituera une nouvelle opportunité rentière pour les banques, ce qui va accentué cette tendance.
Qu’a-t-on resolu ?
Avec les projets ambitieux de nos gouvernements (émergence 2035) qui donnent des beaux jours au financement bancaire du budget, l’on a cru résoudre la question de la surliquidité. Sauf qu’au final, le problème de surliquidité n’est pas totalement résolu et la problématique de financement de l’économie a simplement changé de nature. Et n’oublions pas en filigrane l’effet d’éviction.
En l’absence de toute réforme, cette situation n’est ni favorable aux intermédiaires bancaires, perte d’opportunité dans le financement du privé moyen, ni aux entreprises qui sont les agents à besoins de financement.
Si par le mécanisme d’intermédiation des banques, il y a risque de transformation, ce risque est inhérent à leur activité et est le principal gage du recyclage des ressources disponibles dans l’économie. Recyclage d’ailleurs propre aux économies de marché (le fameux V de la théorie quantitative de la monnaie).
Quelles reformes faut-il pour résoudre la problématique surliquidité bancaire et financement du secteur productif?
Quant aux pistes de solutions :
Levier en instrument monétaire (propositions conjoncturelles)
1.action par les taux d'intérêts (baisser les taux pour encourager les prêts)
2.i) Taxer les dépôt oisifs à la BC
ii) augmenter la fraction des réserves obligatoires
iii) ou simplement ne pas les rémunérer
(soustrayant ainsi aux banques leurs liquidités : on éliminera les niches rentières (dépôt à la BC), on les incitera à prendre le risque car elles y seront contraintes donc financement de l'économie, on les liera au besoin de la monnaie BC rendant efficace les décisions par les taux)
Reforme non monétaire (structurelles) (excusez cette facile discrimination)
3. Fond de garanti des prêteurs (rembourser les banques en cas de défaillance des préteurs)
4. Mécanismes pour faciliter la mutualisation des risques
(l’action monétaire n’ayant que peut d’impact sur les taux du marché, une action de garantie servira à réduire le coût du risque tant cher aux banque commerciales)
5. i) Reformer les droits de propriétés, la justice et la rendre plus indépendante, la lutte contre la corruption
ii) développer la confiance de la population à l'égard du système bancaire afin d'accroître le niveau d'épargne à long terme (pour rompre avec le flight to quality)
6. i)Fonctionnement de la COBAC
ii)mettre en place un marché financier plus compétitif
Je suis entrain de rediger ma these sur l'analyse de l'incertitude de liquidité bancaire dans le processus de transmission de la politique monetaire en RDC. parmi les incertitude, il ya la surliquidité des banques. je voudrais m'echanger avec vous pour enrichir ma recherche est-ce possible? Merci