D’emblée, il est important de relever que la gestion des déchets domestiques à Abidjan a toujours été à la charge des pouvoirs publics (l’Etat de 1960 à 1980 puis la Ville d’Abidjan et maintenant le District d’Abidjan) dans la mesure où ils ont toujours été le maitre d’œuvre de celle-ci. L’analyse de la gestion du secteur montre que 2 grands systèmes l’ont marqué : un système avec monopole et un système sans monopole[i]. Chacun de ses systèmes a connu des évolutions, tant législatives qu’institutionnelles. Ainsi la gestion de ce service public a connu quatre grandes périodes depuis l’indépendance de la Cote d'Ivoire :
- de 1960 à 1980 : système de privatisation avec monopole, géré par l’Etat ;
- de 1980 à 1999 : système de privatisation avec monopole, géré par la Mairie Centrale d’Abidjan ;
- de 2003 à 2007 : système de privatisation sans monopole, géré par le District et les Communes ;
- depuis 2008 : système de privatisation sans monopole, géré par l’Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (ANASUR).
De ces différentes périodes, il ressort que ce service public a toujours été privatisé (excepté pendant la très courte période allant de Janvier 1992 à Août 1992, période de transition).
L’organisation institutionnelle découlant de l’application des textes législatifs et réglementaires fait intervenir 2 types d’acteurs : les acteurs politico-administratifs et les acteurs techniques.
Les acteurs politico-administratifs sont :
- les collectivités territoriales ;
- le Ministère de tutelle technique ;
- le Ministère de l’Intérieur ;
- la Direction et Contrôle des Grands Travaux (DCGTx), et le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD) par la suite ont aidé les collectivités territoriales à superviser la gestion des ordures ménagères.
Les tâches dévolues à ces 4 entités sont aujourd’hui du ressort de l’ANASUR.
- le Ministère de l’Economie et des Finances ;
Les acteurs techniques qui interviennent dans la gestion des déchets ménagers ont évolué au fil du temps.
De 1960 à 1999, dans le système de privatisation avec monopole, la SITAF (1960 à 1992) puis ASH International (1992 à 1999) assurait la collecte, le nettoyage des voies principales et la mise en décharge. Cette collecte était réalisée soit par le porte-à-porte à l’aide de camions-tasseurs, soit à l’aide de conteneurs placés dans les lieux publics tels que les écoles et les marchés. Les déchets, une fois collectés, sont acheminés vers une station de transfert puis transportés vers la décharge. Toutes ces opérations, de 1960 à 1999 étaient réalisées par les entreprises prestataires (SITAF puis ASH International).
Il est important de noter qu’après la résiliation du contrat de SITAF avec la Ville d’Abidjan, il est revenu à cette dernière d’assurer la gestion des déchets domestiques de la ville entre Janvier 1992 à Août 1992.
A partir de 1999, avec le système de privatisation sans monopole, plusieurs entreprises, en plus de ASH International, ont fait leur apparition dans le système de gestion des déchets ménagers. Ces entreprises assurent chacune sur un territoire défini par les autorités, la pré-collecte, la collecte, le transport des déchets jusqu’à la décharge.
Au-delà des entreprises du secteur formel, un important secteur informel s’est développé autour du système de gestion des déchets domestiques à Abidjan, depuis la défaillance de la SITAF, avec l’apparition des pré-collecteurs. Ils récupèrent les déchets domestiques en faisant du porte à porte et les acheminent à l’aide de brouettes ou de pousse-pousse vers les centres de groupage et de transfert.
Le système de gestion des déchets domestiques est caractérisé principalement par la production moyenne journalière qui s’élevait en 2009 à environ 3500t[ii], soit environ 0.95kg/habitant/jour (en supposant qu’Abidjan a 3.692.570[iii] habitants).
Il est important de noter que le budget alloué par la Ville d’Abidjan en 2000 pour la gestion des déchets est d’environ 3 milliards de francs CFA. Aussi la décharge d’Akouédo, la plus grande d’Abidjan ouverte en 1965[iv] pour une période initiale de 25 à 30 ans, reçoit entre 2 000et 2 500 tonnes de déchets par jour.
Cette belle architecture organisationnelle souffre, à l’évidence, d’un manque d’efficacité, vu les tas d’immondices qui jonchent les rues de la « Perle des Lagunes ». Sans un diagnostic plus approfondi, il n’est pas raisonnable de pointer le doigt vers tel ou tel acteur du système. Néanmoins il faut souligner que :
- le caractère informel de l’activité et le manque de formation des pré-collecteurs sont souvent à la base de dépôts anarchiques dans la ville d’Abidjan,
- les entreprises qui ont la charge de la collecte et du transport de ces déchets ne possèdent pas toujours les matériels adaptés et le personnel qualifié,
- le contrôle des différents acteurs du système par les pouvoirs publics n’est pas toujours efficient
- la décharge d’Akouédo, principale décharge du pays est saturée depuis belle lurette.
Il importe donc, au vu du niveau du budget alloué par les pouvoirs publics au secteur, que tous les acteurs du système de gestion des déchets domestiques réfléchissent à une organisation qui puissent garantir une plus grande efficacité de ce service public et à une valorisation (pourquoi pas énergétique) de ces déchets.
Stéphane Madou
[i] Source : « Gestion des ordures ménagères d’Abidjan : Diagnostic », Mémoire de fin d’étude de Monsieur N’Guettia Kouakou Yves.
[ii] Article de Maurice Kouassi http://www.penseesnoires.info/2011/03/23/ordures-menageres-a-abidjan-quelles-solutions/
[iv] « La politique de gestion de l’environnement dans les capitales africaines : le cas de la ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire » de G. Touré page 94
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bonjour,
J aimerais r3ntrer en contact avzc M.Madou. raison profesionnel, sur la gestion des dechets a abj.
Bonjour, j'aimerais connaître la date de parution de l'article svp merci de me repondre.
J’aimerais entrer en contact avec M. Madou pour raison professionnel; car malgré tous les efforts déployés par les autorités les grandes villes croupissent encore sous le poids des ordures ménagères.
-Les législation de nos pays en la matière ne sont-elles pas à passer en revue au niveau de tous acteurs?
-Sa connaissance par les acteurs, les rôles de chacun, le mode d’enlèvement est-il conforme à la prescription?