Analyse Economique

Selon M. Lahlimi, la cohésion sociale est un élément essentiel dans la bonne marche vers le développement des pays d’Afrique. Cet aspect est, à son goût, bien trop délaissé au profit de critères économiques. Pourtant, toujours selon le Haut Commissaire au Plan, la bonne tenue économique n’est pas suffisante pour enrayer les inégalités persistantes sur le continent. Il en appelle donc aux forces vives des différentes nations, en leur demandant de participer davantage à la vie politique.
Ce comportement est d’autant plus indispensable, dans une période de crise comme celle-ci, où la déstabilisation des outils de la croissance a entrainé de plus grandes disparités économiques entre les couches des populations des pays en voie de développement.
Pour M. Pezzini, directeur du Centre de Développement de l’OCDE, les inégalités économiques sont clairement un frein important à la bonne croissance actuelle des pays africains. Pour renforcer la cohésion sociale, M.Pezzini délivre trois idées majeures : des systèmes de protection sociale, des welfare states garantissant des taux d’emploi élevés et une combinaison des objectifs entre les pays africains.
Si ce colloque avait sans aucun doute un intérêt majeur dans l’avenir des pays du continent noir, on s’aperçoit vite, de la limite des propositions effectuées.
M. Lahlimi, à aucun moment, n’est clair dans ce qu’il appelle « la participation des populations dans la vie politique et sociale ».La question étant : quel pouvoir a le citoyen ? Le pouvoir de voter, s’il a la chance d’évoluer dans un pays démocratique. Le pouvoir de travailler, afin de contribuer, à son échelle, à la croissance de son pays. A part cela, quels autres pouvoirs possède-t-il ? Le pouvoir de créer des organes de contre-pouvoir ? Associations, groupes de pression, presse ? Peut-être. Je crois néanmoins qu’il existe ici un décalage entre les perspectives de M.Lahlimi et la réalité des situations dans lesdits pays. Si la croissance économique ne fait pas tout, comme il semble le dire, force est de constater qu’elle fait tout de même beaucoup. Créer des organes puissants de contre-pouvoir s’avèrerait être un luxe pour beaucoup de pays africains. La croissance économique aiderait sûrement dans ce domaine là. Le serpent se mort la queue.
Les propositions du directeur du Centre de Développement de l’OCDE sont nettement plus concrètes. Elles laissent néanmoins sous-entendre que les pays africains, surendettés pour la plupart, détiennent en leurs budgets, la capacité de financer des projets de protection sociale, solides sur le long terme. L’idée la plus réaliste et la plus prometteuse restant la réforme fiscale pour le développement de l’investissement public.
Giovanni C. Djossou
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D'accord avec M. Pezzini. Il faudrait mettre en place de véritables systèmes de protection sociale, sans quoi la plupart des pays africains resteront constitués en Etats incomplets. Mais bon, il y a loin de l'injonction à l'institutionnalisation. La fragilité politique et financière des Etats – est-il besoin de citer la Côte d'ivoire, en guise d'illustration ?- et le poids de l'économie informelle sont des questions qui doivent être traitées au préalable.
Je vous trouve un peu dur avec M. Lahlimi. Il me semble en effet que la cohésion sociale est l'un des plus grands défis auxquels sont confrontés même les pays les plus développés. D'où l'idée de construire de nouveaux indicateurs tels que l'indice de bien-être au détriment du froid PIB. L'idée de M.Lahlimi est de rappeler qu'il ne faut pas la croissance pour la croissance mais une croissance au service d'une véritable politique sociale de réduction de la pauvreté et des inégalités.