A l’aube d’une relative période de paix et avec l’ambition affichée d’émerger à l’horizon 2025, le Tchad s’est doté d’un nouveau schéma directeur de l’énergie[i] pour atteindre ses objectifs. Cet article se propose de faire le point sur le secteur électrique dans le pays.
Il n y a pas lieu de s’attarder sur les chiffres, le Tchad à l’instar de la plupart des pays africains connait une crise énergétique majeure. Il est l’un des plus mal approvisionnés en électricité. Un petit rappel suffit à saisir l’ampleur du problème:
- La consommation électrique représente seulement 0,5% de la consommation totale de l’énergie dans le pays
- Plus de 90% de la consommation énergétique est issu de combustibles ligneux – bois et charbon de bois- 3% seulement de produits pétroliers
- Le taux d’accès à l’électricité de la population tchadienne est de 4%. Il varie de 14% dans la capitale à 1% dans les provinces.
- La capacité de production de la Société Nationale d’Electricité (SNE)- principal opérateur du secteur- est inferieur à 200 MW
- 53 MW disponible pour 349 000 MWh produit en 2010) essentiellement par des centrales thermiques à gazoil.
- Le coût de ce dernier absorbe la quasi-totalité des recettes de la société.
- La capitale N’Djamena totalise 80% de la production électrique du pays mais le délestage est fréquent.
- Seul le tiers de la ville est alimenté régulièrement.
- Moins d’une dizaine de villes sont électrifiées et disposent de réseau de distribution.
La sécurité avant tout
Cette situation est le produit de plusieurs facteurs techniques, structurels, institutionnels, financiers qui plombent l’essor économique et social du pays. Juste après son indépendance acquit en 1960, le pays est rentré dans un cycle de violence et de conflit qui aura duré plus de trente ans. Le Tchad n’a connu une véritable période de paix que ces quatre dernières années. Les efforts ont été longtemps tournés vers la sécurité au détriment de tout développement d’infrastructures. La faiblesse institutionnelle liée à l’instabilité, la mauvaise gouvernance, la corruption sont autant de facteurs qui ont aggravé la situation énergétique du pays. Ces conditions n’ont pas favorisé les investissements public et privé et malgré la libéralisation du secteur en 1999, la SNE détient toujours le monopole dans le secteur électrique.
Une dépendance de l’extérieur jusqu’à en 2011 en matière d’hydrocarbures, un manque de savoir-faire et de maintenance des équipements, une performance médiocre de la société opératrice en matière de recouvrement des créances, des pertes commerciales dues aux branchements illégaux et à la vétusté du réseau ont conduit à faire de l’électricité au Tchad, l’une des plus chères au monde. Malgré une large subvention gouvernementale, le tarif moyen de vente du kWh par la SNE était par exemple de 145 FCFA en 2007 ; largement à perte car le coût de revient du kWh était estimé à 250 FCFA au même moment.
Nouveaux revenus
Exportateur de pétrole depuis octobre 2003, l’Etat a profité des nouveaux revenus (issus essentiellement des royalties versées par les compagnies opératrices et des taxes) pour développer les infrastructures notamment énergétiques. Il s’est doté d’un schéma directeur de l’énergie et entend mettre en œuvre un nouveau code de l’électricité. Ainsi plus de 150 milliards de FCFA ont été investi ces deux dernières années pour améliorer la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique dans les principales villes du pays.
En juin 2011, une raffinerie a été mise en activité à Djarmaya situé à 50 km au Nord de la capitale. Elle a permis l’arrivée sur le marché intérieur des produits pétroliers locaux. Elle fournira également 20 MW à la SNE pour ravitailler les quartiers périphériques de la capitale. Une ligne haute tension vient d’être construite pour l’acheminement de l’électricité.
Production électrique non-raccordée au grand public
Il faut noter que la plus grande unité de production électrique au Tchad est une centrale de 120 MW installée au terminal pétrolier de Komé et propriété de la multinationale ESSO. Malgré cette puissance, elle n’est malheureusement pas raccordée au réseau public. A l’instar de ce qui s’est fait avec la raffinerie de Djarmaya, les autorités tchadiennes doivent négocier systématiquement avec les entreprises pétrolières par exemple une fourniture d’énergie aux régions de leurs installations. Cela peut rentrer dans le cadre de la responsabilité sociétale et environnementale RSE des entreprises qui n’y sont pas forcement hostiles quand elles se font accompagnées par l’Etat.
Par ailleurs, on estime que la puissance totale des groupes diesel des auto-producteurs industriels est de l’ordre de 20 MW, sans compter les micros groupes électrogènes privés (de l’ordre de quelques kW chacun) pratiquement présentent dans chaque foyer à N’djaména et au-delà essentiellement pour des besoins d’éclairage et de petite consommation. Un potentiel énorme de consommation existe cependant pour peu que les infrastructures se mettent en place. Le renforcement des cadres institutionnel et réglementaire permettrait les investissements privés, l’organisation et l’émergence d’un véritable marché moderne de l’électricité et de l’énergie globalement.
Pas de réseau électrique national interconnecté
L’immensité du territoire national (1284 000 km², 2000 Km du sud au nord et 1000 km d’est en ouest), conjuguée à la faible densité de population contribuent à priviligier des réseaux locaux isolés. Le pays de par sa position géographique possède un grand potentiel d’énergie renouvelable : Un très bon gisement solaire sur l’ensemble du territoire, un bon gisement éolien au Nord et un bon gisement de biomasse dans le sud. Bien que le coût des énergies renouvelables demeure encore élevé par rapport à l’énergie fossile (au moins sur du court terme) dans certains pays, dans le contexte Tchadien avec une électricité déjà chère, le mix électrique est une solution à la crise Tchadienne.
[i] Les données citées dans cet article sont essentiellement tirées du Schéma directeur de l’énergie, FICHTNER 2012
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Merci Djamal, super intéressant et instructif ce focus !
A Mr Djamel
Merci pour cet article,,
La solution energie electrique se trouve avec moi, si l'état veut augmenter la couvertuer et le taux d'acces par population à l'électricité il faut imperativement construire des mini centrales de 10MW extensibles dans chaque localité dont la population depasse 20.000habitants, comme ça ces localités seront autonomes, l'état économise les frais de transport d'éléctricité par pylones, les minicentrales decervirons les autres villages et localités sur un rayon de 20 km.
Pour celà il faut que l'état tchadien, propose ces projets pour financement aux institutions financières regionales et internationales, qui vont participé dans ce projet.
La construction de 07minicentrales, de 11mw chacune,, dont 02 à N'djaména, sera un grand evenement pour toute la population et le gouernement actuelle pourra faire valoir ses réalisations lors des prochaines elections.
Pour cequi est du financement, j'ai un partenaire financier qui peut accompagner l'état du Tchad à réaliser ce projet grandiose.
Pour ce qui est de ou des sociétés de réalisation elles sont pretes à intervenir,, et toutes les centrales demarerons ensemble et finirons ensemble.
La durée de réalisation set de 10 mois maximum 12 mois, le budget pour une centrale de 11MW est de 29 millions d'Euros tous compris sauf le transport du port de douala vers N'djamena.
Le budget global pour la réalisation des 7 centrales est de 203 millions de d'Euros.
Je suis de nationalité algérienne, j'ai participer à la réalisation dde la centrale de Bamako- MALI de (5x11MW) 55MW , une autre à Ouagadougou de (3x18MW) 54MW.
J'ai une longie experience dans la gestion des projets energetiques.
Je suis pret à vous mettre en réalisation ce projet, si la volonté pour celà existe.
Le Tchad est un pays qu'on aime,, j'aime le peuple qui est un peuple fière et pacifiste.
Merci
voici mon numero 0022675248625
mon numero est 0022675248925
Salut Djamal,
Ton analyse est vraiment pertinente et ej voudrais bien faire une recherche sur la potentialite de l'energie solaire au Tchad et la faisabilite. merci pour ces info.
Cher Madjisembaye,
l'Etat tchadien a crée une agence pour le developpement des énergies renouvelables (ADER). Je vous conseille donc de se rapprocher auprès de l'agence.