Les Africains considèrent qu’ils n’ont pas contribué au changement climatique mais qu’ils sont les premiers à en subir les conséquences les plus lourdes[i]. Dans cette série d'articles, nous nous proposons d’apporter un éclairage sur le changement climatique, ses impacts en Afrique, ses enjeux. Quelles sont les stratégies d’adaptation?
Dans ce premier article, commençons par expliquer la variabilité du climat et l’effet de serre global.
AU COMMENCEMENT
Quelques jalons pour se fixer les idées: La Terre telle que nous la connaissons s’est formée il y a 4,6 milliards d’années. Il y a 2 milliards d’années, un processus qui avait conduit à l’arrivée massive de l’oxygène dans l’atmosphère terrestre primitive, aboutit à la formation des premières vies «oxygénées». Depuis, la composition de l’atmosphère terrestre, cette couche gazeuse qui entoure la surface du globe, a connu d’intenses variations, liées aux activités géologiques et astronomiques. Les conséquences pour l’ensemble du globe étaient des alternances de périodes de refroidissement intenses dites glacières et d’autres de réchauffement global. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, ces périodes ont occasionné la disparition de certaines espèces et l’apparition et/ou l’évolution d’autres. Leurs vestiges formeront plus tard les hydrocarbures. A l’aide des informations qu’ils recèlent, les scientifiques ont mis en évidence et étudié une variabilité naturelle du climat à différentes échelles spatio-temporelles. Le climat par définition explique les conditions de l'atmosphère au-dessus d'un lieu à moyen et long terme (à la différence de la météorologie qui s'intéresse au court terme).
Il y a seulement 200 000 ans, c’est-à-dire très récemment à l’échelle de l’évolution globale, apparaît l’homo sapiens que l’on peut qualifier d’ancêtre de l’humain actuel. A une échelle infiniment plus petite, il y a 260 ans, la révolution industrielle a lieu. Commence alors une période d’exploitation en masse des ressources terrestres qui se poursuit de nos jours. Cela a-t-il un impact sur le climat?
L’EFFET DE SERRE
L’air est constitué essentiellement de deux gaz (Azote 78%, oxygène (dioxygène) 21%). Parmi la très faible quantité d’autres gaz présents, il y a les gaz à effet de serre (GES) dont le fameux gaz carbonique (CO2). Leurs conséquences, en revanche sur la vie sont très importantes. Ces gaz n'empêchent pas la lumière du soleil d'arriver jusqu'à nous. Ainsi, la journée, le soleil chauffe la surface du globe. La nuit, cette dernière restitue une partie de la chaleur sous forme de rayonnement infrarouge. Les GES empêchent ce rayonnement de repartir vers l'espace. Ils font ainsi office de "couvercle" en retenant l'énergie, maintenant une température élevée près du sol. C’est l’effet de serre naturel, qui assure ainsi une température clémente à la surface (plus).
Cependant, plus la concentration des GES augmente, plus ces derniers captent l’énergie, réchauffant ainsi l’atmosphère. Depuis la révolution industrielle, la production de l’énergie, le fonctionnement du système industriel repose essentiellement sur la combustion des ressources fossiles: pétrole, gaz et charbon; brulés ils émettent des gaz à effet de serre supplémentaire dans l’atmosphère. A l’effet de serre naturel, s’ajoute alors un effet de serre d’origine humaine. L’équilibre du système est rompu entrainant entre autres une élévation de la température globale[ii].
On n’a jamais vu un phénomène naturel aussi accéléré. Au rythme actuel, la tendance du réchauffement climatique risque d’être irréversible à l’échelle humaine bouleversant complètement le mode de vie actuel[iii]. En Afrique de l’ouest par exemple, le climat est caractérisé par une migration saisonnière des précipitations de l’équateur vers les régions du Sahel ; celles-ci débutent en mai sur la côte guinéenne, gagnent le Sahel en août et redescendent vers le golfe de Guinée en novembre. Ce processus est et sera de plus en plus perturbé, entraînant des conséquences socio économiques et environnementales importantes.
PAS RESPONSABLE? L’AIR N’A PAS DE FRONTIERE…POUR L’INSTANT
Du fait de sa faible industrialisation et de son retard de développement, l’Afrique ne contribue que très peu au total des émissions de gaz à effet de serre.
Source: globalwarmingart
Conscients du changement climatique et préoccupés par ses effets, les États ont adopté la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CNUCC) en 1992 à Rio de Janeiro. Cette convention reconnaît la responsabilité commune mais différenciée des États et prône le principe de précaution. Sur les bases de la CNUCC, le protocole de Kyoto, un accord international légalement contraignant pour les pays industrialisés – jugés plus responsables – a mis en place un mécanisme de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Signé en 1997, il n’entrera en vigueur qu’en 2005. Des pays historiquement pollueurs tels que les Etats Unis refusent toutefois de le ratifier. Initialement valable jusqu’en 2012, le protocole restera en vigueur jusqu’en 2017; car les négociations pour trouver un accord post-kyoto n’ont pas aboutis. Pourquoi?
Dans les prochains articles nous analyserons les mécanismes mis en place par le protocole de Kyoto et nous verrons ce que l’Afrique en a tiré. Afin de mieux évaluer les impacts du changement climatique en Afrique, nous examinerons également les projections climatiques. Si ces dernières divergent d’une région à une autre y compris à l’intérieur du continent, alors quelle position africaine faudrait-il défendre dans les négociations climatiques?
Notons que d’un point de vue climatique, l’air ne connaît pas les frontières géographiques; les GES se mélangent rapidement dans l’atmosphère. Toute émission de GES d’où qu’elle vienne est potentiellement nuisible partout. Inversement les réductions d’émissions faites de n’importe quel point auront un effet sur l’ensemble.
Djamal Halawa
Crédits photo : Piotr Fajfer / Oxfam International Utilisation sous licence CC 2.0
[ii] Noter qu’il y a eu des Controverses_sur_le_réchauffement_climatique dont certains ont fait échos dans l’opinion publique. Toutefois nous pensons que cela reste du domaine des querelles scientifiques et qu’il ne change pas le consensus sur la réalité du changement global et la nécessité d’adaptation. Au besoin un article sera consacré à cet effet.
[iii] Voir la littérature sur le changement climatique http://www.un.org/fr/climatechange/reports.shtml Nous reviendrons sur ces aspects dans les prochains articles de cet opus notamment en étudiant le rapport du GIEC
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