Cet article issu du numéro 47 du magazine « Economie Politique » est une analyse critique de l’ouvrage de Jean-Michel Severino et Olivier Rey Le Temps de l’Afrique paru en 2010 Chez Odile Jacob. Le magazine utilise en réalité analyse pour livrer sa propre vision de l’Afrique du XXIe siècle et des enjeux qui l’attendent. La palette des thèmes abordés est très large. Il en va aussi bien de la démographie et de la nécessaire gestion de l’ « explosion urbaine » en cours, que de la nouvelle structuration sociale africaine où les analyses sociologiques ont délaissé le modèle d’identité ethnique pour celui d’ « identité plurielle ».
Cela dit, le thème central reste l’économie. Le magazine revient notamment sur les raisons des crises africaines des décennies 1980 et 1990 ainsi que sur les « sources internes de la croissance » du continent depuis le début des années 2000.
En toile de fond de cette analyse, le magazine cherche surtout à expliquer comment l’Europe est en train de passer à côté de la croissance de l’Afrique à l’inverse de la Chine de l’Inde et du Brésil, se posant du même coup la question du réel poids des pays africains dans les négociations de contrats avec ces nouvelles puissances.
http://www.leconomiepolitique.fr/-le-temps-de-l-afrique—une-lecture-critique—quelles-politiques-publiques-pour-l-afrique-_fr_art_942_50118.html
Giovanni C. DJOSSOU
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Giovanni, ton article et le lien que tu nous proposes sont très intéressants!
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'analyse de l'ouvrage Le temps de l'Afrque. Deux aspects ont notamment attiré mon attention. Tout d'abord ce que les auteurs ont appelé "l'émergence des sources internes de croissance" avec un accent mis sur la densification des villes, la demande en biens de consommation de ces villes et comment les campagnes pourraient répondre à cette demande. Rapprocher ces éléments me parait déjà très pertienent dans la mesure où une agriculture particulièrement exportatrice comme c'est le cas aujourd'hui ne constitue pas un facteur stable de croissance globale. Autrement dit, produire des matières premières agricoles juste pour les échanger sur les marchés internationaux aux prix imposés aux agriculteurs n'est pas viable. Il faut donc favoriser une agriculture dont les débouchés seront les marchés locaux, pas seulement à l'échelle nationale d'ailleurs mais aussi et surtout sous-régionale.
Mais pour que cette production agricole réponde aux besoins de consommation des villes africaines, puisque c'est cela l'enjeu soulevé dans l'analyse du livre, il est nécessaire d'avoir des politiques publiques efficaces en matière de transformation industrielle ou semi industrielle des produits agricoles, avec un certain nombre d'éléments sur lesquels s'appuyer tels que la proximité des unités de transformation avec les espaces agricoles, l'implication des femmes notamment et des jeunes, et bien entendu une politique de financement associant aussi bien le secteur public que le secteur privé. Il y a déjà des exemples en Afrique, à l'instar du Maroc qui s'engage de plus en plus dans cette voie.
L'autre aspect qui a attiré mon attention est la question de la fiscalité. La nécessité de financer les dépenses publiques par des ressources autres que l'aide au développement, le développement de plus en plus effectif d'une certaine classe moyenne ainsi que les inégalités qui, il faut le souligner, se creusent dans beaucoup de pays du continent nécessitent de réfléchir sérieusement à cette question. pour l'heure, hélàs, la question est quasiment absente du débat public africain.
Totalement d'accord! Un des aspects que l'on oublie souvent lorsqu'on parle de pays développés c'est que ces derniers ont une agriculture très développée et le plus souvent, grâce au soutien de leurs États. De plus, étant donné que les structures nécessaires à son fonctionnement et son développement sont déjà en place, le reste coule de source.